Imaginons que, quelque part dans un village de la Galilée, vous et moi ayons entendu Jésus parler. Et offrons-nous le bénéfice du doute: supposons que nous soyons le genre de public qu'il appelait la « bonne terre » et dans laquelle ses paroles donnent du « fruit au centuple » (voir Luc 8:8).
Qu'aurions-nous fait ensuite ?
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais quant à moi, je suis pratiquement sûr que j'aurais eu besoin de prendre le temps de réfléchir, et peut-être même d'avoir la possibilité de m'entretenir avec vous ou avec d'autres personnes qui auraient entendu et vu les mêmes choses que moi. Nous nous serions peut-être posé des questions comme celle-ci: « Est-il possible que Dieu soit aussi aimant, aussi réel, aussi proche que le dit Jésus ? » Et nous nous serions sans doute demandé comment il est possible que des malades soient guéris instantanément, que des infirmes se mettent à marcher et que des aveugles voient.
Tout cela représenterait beaucoup à assimiler: beaucoup d'implications à saisir et beaucoup d'efforts à faire pour comprendre ce qu'il faut peut-être changer dans notre vie, si nous désirons embrasser les enseignements de Jésus. Pourtant, bien avant que nous ayons pu mettre de l'ordre dans nos idées, nous nous serions sentis poussés à en parler à d'autres personnes. Le jour même certainement. Qui voudrait garder pour lui ces idées révolutionnaires et ces guérisons étonnantes ? Même si nos amis, nos voisins et les membres de notre famille n'étaient pas intéressés, ou même s'ils pensaient que nous sommes fous, nous ne pourrions pas nous empêcher de leur en parler.
Certains décideraient d'aller écouter Jésus eux-mêmes. Ils en parleraient à d'autres et, parmi eux, il y en aurait peut-être un grand nombre qui se mettraient aussi à croire. Très vite, nous aurions fait partie du groupe qui se développait rapidement et que nous appelons aujourd'hui l'Église chrétienne primitive.
D'après les récits bibliques, les idées et les actes de Jésus frappaient les gens comme la foudre et attiraient des milliers de personnes qui venaient l'écouter. L'effet exaltant de ses idées s'est propagé dans le monde entier, dans les années qui ont suivi son ministère et jusqu'à aujourd'hui. L'élément actif de cette réaction en chaîne était alors, et demeure encore maintenant, les individus touchés par le Christ, la Vérité que Jésus vivait, les gens se sentant incités à faire connaître la bonne nouvelle. Des millions de personnes ont ressenti ce pouvoir au cours des deux mille dernières années. Et en conséquence, de cœur en cœur, le christianisme s'est répandu au fil des siècles.
Avant que le christianisme ait des églises, des leaders ou même un nom, une impulsion impérieuse réunissait les chrétiens. Aujourd'hui comme autrefois, cette impulsion se présente sous deux formes: le désir de parler du message de Jésus avec ceux qui le comprennent déjà et le désir de le faire connaître à ceux qui l'ignorent. Dans les récits bibliques de Paul, de Barnabas et d'Apollos — ainsi que dans les premières églises qu'ils fondèrent et visitèrent — ces deux formes de partage apparaissent comme la raison d'être de ces églises. Et ces deux formes de partage se nourrissaient mutuellement. S'entretenir avec ses frères dans la foi soutenait, inspirait et remplissait d'enthousiasme. Et ce soutien était à l'origine de nouvelles idées et d'une résolution nouvelle de continuer de propager le message et de faire connaître les œuvres du Christ. En outre, l'hostilité des autorités religieuses en place donnait aux nouveaux croyants des raisons supplémentaires de se regrouper: ils trouvaient ainsi réconfort, abri et sécurité.
Il existe des ressemblances frappantes entre les débuts du mouvement chrétien et ceux du mouvement de la Christian Science. D'abord vinrent la découverte que fit Mary Baker Eddy et le développement du nouveau système de guérison spirituelle, qu'elle nomma « Christian Science ». A mesure qu'elle faisait connaître cette science, des individus étaient guéris et voyaient leur vie se transformer. Et, comme les premiers chrétiens, ils éprouvèrent l'envie irrésistible de s'unir et de faire partager ces idées transformatrices à ceux qui n'en avaient pas encore entendu parler. Bientôt une communauté de disciples dévoués se forma. Puis, avec la publication en 1875 du livre de Mary Baker Eddy, Science et Santé avec la Clef des Écritures, la nouvelle de la découverte de la Christian Science et de ses effets de guérison spectaculaires se propagea comme une traînée de poudre.
Le nombre de croyants grandissait et Mary Baker Eddy, avec un petit groupe de chrétiens, répondit au besoin, en 1879, en fondant une Église destinée à « rétablir le christianisme primitif et son élément perdu de guérison » (voir Manuel de l'Église, p. 17). Au cours des décennies qui suivirent, elle y répondit aussi en fondant Le Héraut de la Christian Science ainsi que d'autres publications, les écoles du dimanche, les salles de lecture dans lesquelles sont vendus les magazines de la Christian Science, un conseil de conférenciers et un quotidien.
Que voulait dire Mary Baker Eddy au juste par « christianisme primitif » ? La réponse pourrait avoir un lien avec les premiers chrétiens et leurs églises. Mais le plus important, c'est que le christianisme primitif concerne l'impact que le Christ a sur la vie de chacun. Le vif désir d'harmoniser notre existence avec cette vérité et l'impulsion d'en parler au monde entier, voilà ce que vous et moi aurions ressenti si nous avions entendu parler Jésus.
C'est exactement cet esprit qui fut à l'origine de la croissance exponentielle de la Christian Science à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. En l'espace de quelques années, elle devint la religion qui se développait le plus rapidement aux États-Unis.
« Les fruits de la Science Chrétienne », le chapitre de Science et Santé dans lequel des personnes parlent de la façon dont le livre les a guéries et a transformé leur vie, prouve que cette communication d'un individu à l'autre était l'élément actif de cette croissance des premiers temps de la Christian Science.
Parmi ces 84 témoignages, 55 expliquent comment leur auteur a entendu parler de Science et Santé. Parmi ceux-ci, 51 (soit 93 %) disent qu'ils ont eu le livre grâce à quelqu'en qui le leur a donné, prêté ou qui les a vivement encouragés à le lire. Dans quatre cas seulement, le message fut reçu d'une autre façon. Et même si les 25 autres ne disent pas comment Science et Santé est entré dans leur vie, il est probable que, dans un fort pourcentage de ces cas, ce soit une personne qui ait eu la bonté de leur offrir le message de la Christian Science par l'intermédiaire de Science et Santé.
La transmission du message du Christ constitue l'élément actif du christianisme primitif. C'est le catalyseur qui donne vie à l'institution de l'église, à ses activités, ses publications, ses assemblées. A l'époque du christianisme primitif, la communauté de l'église existait pour soutenir la diffusion du message qui s'étendait de plus en plus. Et ses membres devaient leur santé et leur force à l'active consécration dont ils faisaient preuve pour communiquer ce message.
Jésus insista sur cet esprit dans ses deux commandements: « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Matth. 22:37, 39) Mary Baker Eddy décrivit un jour comment cet esprit d'amour pousse un membre d'église à l'action: « Partie active d'un tout prodigieux, la bonté identifie l'homme au bien universel. Puisse ainsi chaque membre de cette église s'élever au-dessus de la question si souvent posée: Que suis-je ? jusqu'à la réponse: Je suis capable de communiquer la vérité, la santé et le bonheur, et c'est là le rocher de mon salut et ma raison d'être. » (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 165)
La capacité de communiquer la vérité, c'est ce qui fait un chrétien, et un scientiste chrétien. C'est ce qui unit les chrétiens d'aujourd'hui aux premiers chrétiens et à l'esprit du christianisme primitif.
    