Le dentiste m'a fait entrer dans la pièce où Doug, mon fils de six ans, venait d'avoir son premier détartrage.
— Regardez ça, m'a-t-il dit en approchant une radio de la lumière. Moi, je regardais la tête du dentiste. Il avait l'air grave.
— Vous pouvez commencer à faire des économies, m'a-t-il dit gentiment, puis il a ajouté: Cet enfant va avoir besoin d'un appareil.
— Quoi ?
Je ne m'attendais pas à ça. Pour lui, c'était comme si c'était fait.
— Pourquoi ? ai-je demandé.
— Vous voyez ça ? Cette dent pousse complètement de travers.
J'ai enfin regardé la radio sur laquelle il pointait un crayon. Je lui ai demandé de me suivre dans le couloir.
— Elle ne va pas se redresser toute seule ?
— Ce n'est pas comme ça que ça se passe, m'a-t-il répondu avec assurance.
En plus, Doug avait les quatre dents de devant trop avancées. Elles avaient poussé très espacées les unes des autres.
Il y avait maintenant presque vingt ans que nous allions chez ce dentiste, ma famille et moi. C'était un ami et il savait que nous étions scientistes chrétiens. Je l'ai remercié de m'avoir exposé le problème et j'ai ajouté que j'aimerais prier avant de prendre une décision. Il a haussé les épaules, mais il a accepté.
Nous sommes repartis. Je roulais lentement.
— Hé bien, on a du pain sur la planche ! ai-je lancé à Doug après un long silence. J'essayais d'avoir l'air optimiste.
— Pourquoi ? m'a-t-il demandé, la tête tournée vers la fenêtre pour éviter de me regarder.
— Tu n'as pas entendu ce qu'a dit le dentiste ? Il va falloir sérieusement se mettre à prier. Je me préparais à sa réponse, mais je ne m'attendais pas à ce qui est sorti de sa bouche.
— Mais la Christian Science ne marche pas vraiment, maman.
Je n'en croyais pas mes oreilles. Voilà un enfant qui allait à l'école du dimanche. Depuis des décennies, divers membres de la famille s'étaient appuyés sur la prière pour guérir. Qu'est-ce qui avait bien pu lui mettre ça dans la tête ? Je me suis dit qu'il avait peut-être parlé avec quelqu'un et qu'il avait demandé à cette personne si la Christian Science était efficace. Ou bien il en était venu à cette conclusion tout seul. J'avais besoin de renseignements supplémentaires.
— Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
Il a réfléchi pendant un long moment.
— Ça aide peut-être pour un mal de tête, mais pas pour quelque chose de grave.
— Comme quoi par exemple ?
— Comme une crise cardiaque.
Il n'aurait pas pu choisir un meilleur exemple !
— Je viens justement de lire le récit d'une guérison de crise cardiaque dans le Sentinel [n.d.r.: magazine de la Christian Science publié en anglais].
— Ah bon ? Il avait l'air réellement surpris.
— Tu n'as jamais entendu parler des témoignages à la fin du Sentinel ?
— Non.
— Dès qu'on arrive à la maison, je te les montre.
Une fois à la maison, nous avons ressorti des Christian Science Sentinels. Nous les avons feuilletés pendant au moins une heure. Nous avons lu ensemble un témoignage après l'autre qui présentait différents types de guérison. Ce fut un véritable festin. J'ai retrouvé la guérison de la crise cardiaque. Un homme était parti pêcher seul dans son bateau. Il n'y avait personne pour l'aider et il a prié pour lui-même. Il a été guéri tout de suite.
Ce fut un moment décisif pour Doug. Pourquoi avais-je supposé qu'il avait entendu parler des récits de guérisons ? Je suis sûre que je les lui avais déjà mentionnés, mais peut-être qu'il a cru que je lui répétais des histoires qu'on m'avait racontées. A présent, il était assez grand pour voir lui-même les mots sur le papier.
Je me suis attachée à faire davantage confiance à Dieu et j'ai essayé de moins m'inquiéter.
Comment savoir exactement quand les enfants commencent à passer par une transition, c'est-à-dire à mettre en pratique eux-mêmes les principes de la Christian Science, au lieu de simplement écouter ce qu'on leur enseigne ? Nous n'avons aucun moyen de le savoir. Tout ce que je sais, c'est que cette transition s'est amorcée ce jour-là. Elle est venue très naturellement, parce qu'elle était nécessaire. Et Doug a trouvé une réponse à sa question dans ce témoignage.
Au cours des mois qui ont suivi, nous avons cherché des récits de guérisons relatives au dents. Nous avons noté des passages à étudier dans la Bible et Science et Santé.
Je surveillais aussi ma pensée afin d'y déceler tout ce qui aurait besoin d'être ajusté. Je me suis rendu compte que ma situation financière était instable à mes yeux. Je m'inquiétais sans cesse en me demandant comment joindre les deux bouts. J'ai trouvé une réponse en lisant ceci dans Science Santé:
« Question. – Qu'est-ce que la substance ?
« Réponse. – La substance est ce qui est éternel et incapable de discordance et de décomposition. » (p. 468)
J'avais déjà médité ce passage en relation avec les caries parce que nous avons aussi prié à ce sujet au cours des années. Or, cette phrase disait que la substance de notre vie était « incapable de discordance ». L'inharmonie n'avait pas le droit d'exister. Cette idée me plaisait beaucoup. J'avais le sentiment qu'il allait être répondu à tous mes besoins.
Je me suis attachée à faire davantage confiance à Dieu et j'ai essayé de moins m'inquiéter. Peu à peu, cette année-là, les dents de Doug ont commencé à se déplacer et à remplir les espaces vides. Dans le même temps, la dent qui poussait de travers s'est mise en place.
Chaque fois que je sentais que nous avions passé suffisamment de temps sur un fait concernant Dieu, je passais à un autre. C'était une manière de prier reposante et basée sur la confiance. Nous n'imposions aucune limite de temps au travail de Dieu, et je n'ai jamais eu l'impression que Doug était gêné de sourire.
Au cours des années qui ont suivi, nous avons continué à prier. Cette strophe d'un cantique m'a remplie de joie tandis que je voyais la dentition de Doug se transformer:
La gratitude dans nos cœurs
Est un jardin béni, Où croissent, en divines fleurs, Les grâces de l'Esprit. (Hymnaire de la Science Chrétienne, nº 3)
Aujourd'hui, à dix-huit ans, Doug a des dents parfaitement alignées et il n'a jamais eu de caries. (Il vient de se faire examiner.) Quand je lui ai dit que j'écrivais cet article, il est allé dans la salle de bains pour se regarder dans la glace.
Il est revenu en souriant et m'a dit: « J'avais complètement oublié l'espace qu'il y avait entre mes deux dents de devant. Je me suis aperçu, il n'y a pas longtemps, qu'il avait disparu. »