C'était un soir d'avril. Il était 21h30, dans le Queens, un quartier de New York. Je marchais dans une rue animée, bordée de magasins. Soudain, j'ai été attaqué par un gang.
Cinq ou six gars m'ont brutalement jeté à terre, ils m'ont poussé sur la chaussée, m'ont pris mes affaires et ont commencé à me frapper en m'insultant comme si je les avais trahis. Ils semblaient en vouloir à ma vie. Je ne les avais pourtant jamais vus. Je n'habitais même pas dans ce quartier.
J'étais roulé en boule, sans défense, encaissant les coups violents qui pleuvaient. Malgré tout, j'ai réussi à regarder ces hommes dans les yeux et je me suis mis à prier à haute voix en m'adressant à eux: « Vous êtes les enfants de Dieu. Chacun de vous est l'enfant de Dieu. Vous aimez et vous êtes aimés. » Je parlais avec calme parce que je n'avais pas peur.
Je n'avais pas peur parce que j'avais appris trois points très importants quand j'étais à l'école du dimanche de la Christian Science: Dieu est Amour; Dieu est le Père et la Mère de tous; puisque nous sommes tous les enfants de Dieu, Son reflet, nous n'avons rien d'autre que des qualités divines. Cela ne laissait aucune place à la haine ou à l'agressivité. Donc, il était impossible que nous soyons les instigateurs d'une situation dangereuse ou que nous en soyons les victimes. Ces idées m'ont permis de ne pas céder à la peur pendant qu'ils me frappaient.
Mais alors... comment expliquer cette agression, les attentats terroristes et les innombrables autres choses qui se passent dans le monde ? J'avais appris encore autre chose à l'école du dimanche: Dieu est Esprit. Ce qui veut dire que nous, les enfants de Dieu, devons forcément être spirituels. Et même s'il arrive que ce que nous voyons, entendons ou ressentons contredise totalement ce fait, il n'est en réalité pas possible de frapper une idée spirituelle. Comprendre ce concept de notre nature spirituelle m'avait déjà bien souvent réconforté et guéri sur le plan mental et physique. Ce soir-là, à New York, cela m'a valu d'être grandement protégé. Tandis que les gars me frappaient, je continuais à leur dire: « Dieu vous aime et vous a donné tout ce dont vous avez besoin. »
Au bout de quelques minutes, qui m'ont paru des heures, la police est arrivée sur les lieux. Les policiers se sont interposés et ont menotté les membres du gang. Puis, l'un des policiers a offert d'appeler une ambulance. J'étais à présent assis par terre en tailleur. Je me suis vite relevé et j'ai répondu que je n'avais pas besoin d'une ambulance, que je me sentais bien. Je ne mentais pas. J'avais quelques petites ecchymoses sur une jambe et sur un bras, et une égratignure au-dessus de l'arcade sourcilière. C'était toute l'étendue de mes blessures.
Ce soir-là, j'ai passé plusieurs heures au poste de police à répondre aux questions des inspecteurs. Un membre du service d'aide médicale d'urgence est venu m'examiner et s'est rapidement exclamé: « Ça alors, vous n'avez rien ! C'est un vrai miracle, parce que vous auriez pu... »
A mes yeux, ce n'était pas un miracle si je m'en étais sorti pratiquement indemne. Le fait que j'aie été protégé de ce que la police considérait comme une attaque où j'aurais pu perdre la vie était en réalité le résultat parfaitement naturel de la prière, de la prise de conscience des faits spirituels dont nous parlons ici. La prière n'apporte pas simplement un calme intérieur et elle n'est pas non plus un moyen de fuir momentanément une situation de crise. La prière guérit. Elle consiste à écouter Dieu paisiblement, avec ferveur et humilité, à reconnaître que Dieu gouverne chaque événement de notre existence, même quand cela n'en a pas du tout l'air.
J'avais besoin de voir ces hommes tels que Dieu les voyait.
J'étais énormément reconnaissant d'avoir été protégé lors de cette agression, mais j'ai dû relever d'autres défis après. Devais-je pardonner à mes agresseurs ? Pouvais-je leur pardonner ? Allaient-ils me frapper encore ou même pire ? Mes amis et ma famille me soutenaient, mais n'étaient pas vraiment rassurants. « Fais attention, me disait-on, la police t'a secouru une fois, il faut espérer qu'elle sera encore là la prochaine fois. »
Du coup, je me sentais vulnérable et bien seul. Alors j'ai prié davantage. J'ai affirmé, comme je l'avais fait le soir de l'agression, que Dieu était bon et qu'il était tout. Le fait que la prière m'ait protégé ce soir-là me donnait de l'assurance. J'ai alors eu la conviction absolue que Dieu continuerait de me protéger.
Cependant, je me suis rendu compte qu'afin de neutraliser totalement la peur, je devais prier encore plus profondément. J'avais besoin de comprendre que je ne courais pas le risque d'être agressé, parce que Dieu n'avait jamais créé d'agresseurs. Dieu est l'Entendement universel, à l'origine du bien. Seuls existent les enfants de Dieu, des idées de l'Entendement aimantes, douces et inteligentes. La Bible nous dit ceci concernant notre identité spirituelle: « Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. » (Gal. 3:28)
En priant ainsi, j'ai commencé à bien comprendre que les hommes qui m'avaient attaqué étaient en réalité les enfants de Dieu et que j'étais capable de leur pardonner. J'avais besoin de voir ces hommes tels que Dieu les voyait, en tant que Ses enfants parfaits, inoffensifs et bons. Les faire comparaître en justice, c'était le travail de la police et du procureur. Mais prier, me rappeler l'identité spirituelle que Dieu nous a donnée à tous, ça, c'était mon travail. Et c'est ce que j'ai fait.
Cet incident m'a donné encore plus confiance en Dieu et me L'a fait mieux comprendre. Et je sais, au fond de mon cœur, que ces hommes aussi ont été bénis.
Avant cette agression, j'avais souvent réfléchi à un article intitulé « Aimez vos ennemis ». On y lit ceci: « “Aime tes ennemis” revient à dire: “Tu n'as pas d'ennemis.” » (Mary Baker Eddy, Écrits divers, p. 9) Je crois que la puissance de cette phrase m'a protégé physiquement et m'a sauvé de la haine et de la peur. Cela m'a réellement aidé. J'espère qu'elle vous aidera aussi.