Quand j’étais enfant, j’allais rendre visite à ma tante Marthe dans sa campagne savoyarde et elle me donnait, au moment de la traite de ses quatre vaches, un bol de lait mousseux juste tiré du pis de la vache — un lait cru venant d’une vache qui n’avait jamais mangé de farines animales. Aujourd’hui, le yoghourt que j’achète au supermarché est fabriqué avec du lait pasteurisé, homogénéisé et, parfois, additionné de colorants, d’arômes, d’épaississants — un lait qui contient éventuellement des résidus d’antibiotiques administrés aux animaux. Dans certains cas, le fabricant a ajouté des vitamines ou autres substances dites « de vitalité », faisant en sorte que la nourriture devienne un agent thérapeutique.
Alors que des millions de personnes dans le monde souffrent de malnutrition et de faim, d’autres, notamment en Europe, sont inquiètes des risques pour la santé que présentent à leurs yeux un nombre grandissant d’aliments. Suite aux diverses crises alimentaires, y compris celle dite de la “vache folle”, manger ou aller faire ses courses ces temps-ci est devenu laborieux pour beaucoup: le consommateur regarde avec attention la composition du produit qu’il achète. Non seulement les consommateurs sont concernés, mais aussi les agriculteurs, les industriels et les pouvoirs publics.
Ces problèmes nous offrent l’occasion de revoir le concept de la santé et de la nourriture et d’aller aux racines du problème pour trouver une solution à long terme. Ils nous offrent l’occasion de prier. Nous pouvons découvrir alors que la prière ne répond pas seulement aux besoins individuels mais aussi aux besoins collectifs.
Développer un appétit pour le spirituel afin de connaître la vraie santé
La façon dont nous pensons, ce qui alimente notre pensée, ou ce à quoi nous nous attendons dans la vie sont des facteurs importants de santé. Croire que la santé est seulement un état de bien-être physique qui doit être préservé pas des méthodes matérielles est une vue qui est peu à peu en train de changer.
Si nous développons notre appétit pour le spirituel, nous nous sentirons encouragés à goûter de cette nourriture de base qui est donnée par la connaissance de ce qu’est Dieu et de ce que nous sommes réellement, c’est-à-dire, Son reflet.
Dans ses écrits, Mary Baker Eddy, qui a découvert la Christian Science a dit: « La vraie conscience est la vraie santé. » (Écrits divers, p. 298) et « La conscience construit un corps meilleur lorsque la foi en la matière a été vaincue. » (Science et Santé, p. 425) Notre vrai corps est notre identité spirituelle telle que Dieu l’a conçue, c’est-à-dire bonne, selon ce qui est dit au tout début de la Genèse, dans la Bible. La vraie identité de l’homme est faite de qualités divines. En réalité, l’homme ne vit pas dans la matière. Ce n’est peutêtre pas facile à accepter parce que les cinq sens physiques nous présentent un autre tableau, mais c’est ce concept spirituel du corps qui permit à Jésus de traverser des crises et de guérir les malades et qui nous permet de le faire encore de nos jours.
L’homme est en réalité l’expression de la Vie qui est Dieu. La santé fait partie de cette Vie divine. C’est un bien qui nous appartient même si on ne le voit pas momentanément. Ce n’est pas parce qu’on ne voit pas le chiffre 9 que 9 n’existe pas. Ce chiffre existe indépendamment de son écriture sur un support et il est disponible pour tous à tout moment. De même pour la santé, on n’a pas à la fabriquer. C’est un fait présent, soutenu et maintenu par Dieu.
Quand nous prions pour comprendre notre nature spirituelle, nous découvrons que nous exprimons cette nature sous forme de qualités. Si nous assaisonnons copieusement nos pensées, nos paroles et nos actes d’intégrité, de générosité, de gratitude, de désir de loyauté, nous verrons que ces ingrédients apportent davantage de saveur à nos journées et qu’ils sont un facteur préventif de la maladie.
Quand j’étais enfant, ma tante Marthe me donnait un bol de lait mousseux juste tiré du pis de la vache.
La prière est un exercice salutaire qui permet de retirer de notre pensée tout polluant (toute toxine!) tels que la colère et l’égoïsme, même sous la forme édulcorée du commérage ou de la négligence, en somme, tout ce qui voudrait dénaturer la manifestation de Dieu en nous.
Par ailleurs, en élargissant la sphère de nos prières au domaine des problèmes collectifs, on accélère souvent la solution de problèmes individuels, de santé ou autre.
Revendiquer le droit à ce qui est bon
Jésus a dit: « Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous serez vêtus. » (Luc 12:22) Est-ce à dire qu’on peut manger n’importe quoi ou que l’industrie alimentaire peut produire n’importe quoi? Certainement pas. Le christianisme a toujours donné beaucoup de valeur à l’éthique. L’honnêteté et la pureté sont des facteurs importants de bien-être.
Dieu maintient le bien dans son univers donc il n’y a pas de risques provenant de Dieu. Dans ce qu’on pourrait appeler « l’économie divine », la manière dont Dieu gère Sa création, il n’y a pas de malhonnêteté ni de mauvaise gestion des ressources et l’homme n’est pas identifié en tant qu’objet économique.
L’homme, expression de l’Amour divin, est fait pour donner et non pour prendre. L’homme donne parce que Dieu donne. « Les riches en esprit aident les pauvres, formant une grande fraternité, ayant tous le même Principe, ou Père; et béni est celui qui voit le besoin de son frère et y pourvoit, trouvant son propre bien en cherchant celui d’autrui. » (Science et Santé, p. 518) Le profit aux dépens du bien-être d’autrui et l’appât du gain ne viennent pas de Dieu et n’ont pas d’autorité divine donc pas de pouvoir. Ce qui nous aide à prier dans ce sens est de savoir que nous faisons tous partie d’une même famille universelle, où il n’y a pas une multiplicité d’egos, mais un seul Moi, le « Je suis » divin.
Dieu s’exprime en l’homme sous forme de bons mobiles et à leur tour ces bons mobiles font partie de la panoplie d’ingrédients qui font lever la pâte des aspirations et des réalisations humaines.
Améliorer notre concept de la nourriture
Améliorer notre concept de la nourriture aide aussi à rétablir une atmosphère propice à la solution de la crise alimentaire. Quand on invite quelqu’un à déjeuner, on veut lui offrir ce qu’il y a de mieux car on a de la considération pour cette personne. On ne regarde pas la personne comme étrangère mais comme faisant partie de la famille. Peut-on donner un mauvais cadeau à celui qu’on aime et qu’on respecte? Le concept de nourriture est inclus dans notre amour du prochain.
Dans l’Ancien Testament, la nourriture était très liée à la notion de famille, d’appartenace et d’amitié. Par exemple dans la Genèse (43:11), le père de Joseph a conseillé à ses fils de porter à leur frère de bons produits: « Prenez dans vos sacs des meilleures productions du pays, pour en porter un présent à cet homme. » L’amour manifesté dans ce récit reflétait l’Amour divin. La nourriture était un excellent cadeau.
Rechercher avec diligence une connaissance plus précise et plus satisfaisante de Dieu en tant qu’Amour veut dire communier avec cet Amour à chaque occasion — même, éventuellement, pendant les repas — en le remerciant d’être notre vraie conscience et en incluant toutes Ses créations dans cet amour, notamment, tous ceux et celles qui ont produit notre nourriture, ceux qui l’ont préparée et transportée jusqu’à nous. Ce sens de la fraternité et de la vie dans l’Amour est le pain de vie dont parlait Jésus, un pain qui devient de plus en plus nourrissant au fur et à mesure que nous y recourrons: « ... celui qui me mange vivra par moi. » (Jean 6:57)
Chaque jour nous sommes invités, grâce à l’écoute spirituelle, au banquet de l’Amour car nous sommes tous, en permanence, les hôtes de Dieu. Dans cette relation de co-invités de l’Amour il n’y a plus aucune crainte. Ce statut d’hôte nous donne la vitalité nécessaire pour faire face à toute agression, alimentaire ou autre, et pour apprécier ce que Dieu a réellement préparé pour nous.
