Ce n'est pas un conflit de personnalités

Dans l'une de ses fables, Ésope nous dit que « le vent du nord et le soleil soutenaient tous deux qu'il serait le premier à obliger un voyageur à retirer son manteau. Le vent commença.

Il souffla de toutes ses forces, en pensant qu'il dépouillerait l'homme de son manteau par sa simple puissance. Or, le voyageur résista; il tint son manteau encore plus fermement et l'enroula bien serré autour de son corps en avançant contre le vent. Puis le soleil apparut: ses rayons bienfaisants dissipèrent le froid glacial; le voyageur sentait la douce chaleur sur ses épaules, et alors que le soleil brillait de tous ses rayons, il s'assit, épuisé par la chaleur et ôta son manteau. » La morale de cette histoire est qu' « il vaut mieux agir par la persuasion que par la force » ^{Aesop's Fables, traduit en anglais par John Warrington (Londres: J. M. Dent & Sons Ltd., 1961), p. 39.}. J'aime penser à cette morale à la lumière des enseignements de Jésus-Christ et de leur explication par la Christian Science, car j'ai constaté qu'ils nous aident à résoudre les problèmes par la prière et le raisonnement spirituel au lieu de faire usage de volonté ou de force humaines.

Jésus, le Guide de l'humanité, nous montre comment agir conformément à la volonté de Dieu. Il vint pour prouver la suprématie de l'Esprit, pour démontrer le pouvoir qu'exerce Dieu, le bien, sur le mal. Cette révélation du pouvoir qu'a Dieu de guérir provoqua le « vent » et le « froid glacial » du scepticisme, de l'envie, de la haine, du ridicule et de la méchanceté qui soufflèrent sur Jésus pendant l'accomplissement de sa mission. Néanmoins, celui-ci continua de s'occuper des affaires de son Père, car il savait qu'il ne pourrait jamais être séparé de Lui. Il dit à ses disciples: « Moi et le Père nous sommes un » et « Mon père agit jusqu'à présent; moi aussi, j'agis » ^{Jean 10:30; 5:17.}. Il vécut dans la lumière du soleil de la Vérité et triompha du « froid glacial » des passions mortelles. On pourrait comparer le Christ, que Jésus démontra, aux rayons du soleil. Le Christ apporte la paix et le réconfort à la conscience humaine, parce que cette lumière de la Vérité guérit. Elle est impartiale, elle nous bénit tous, elle nous révèle que nous sommes tous l'image et la ressemblance de Dieu, de l'Amour.

Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy donne l'interprétation métaphysique de certains termes employés dans la Bible, afin de mieux faire ressortir la signification des passages bibliques correspondants. Voici une partie de l'interprétation du mot « vent »: « Destruction; colère; passions mortelles. » ^{Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 597.} Ces termes décrivent les éléments nuisibles, despotiques de l'entendement humain. Ils représentent la croyance selon laquelle l'homme a un entendement distinct de l'Entendement divin, qui est Dieu. Pour reprendre la fable, on pourrait dire que ces tendances mortelles de la pensée essayèrent de manipuler le voyageur, mais il s'efforça de se protéger en serrant son manteau contre lui avec encore plus de fermeté.

L'apparition du soleil rappelle l'interprétation métaphysique du mot « soleil »: « Le symbole de l'Ame gouvernant l'homme – le symbole de la Vérité, de la Vie et de l'Amour. » ^{Ibid., p. 595.} L'Ame, la Vie, la Vérité et l'Amour sont des synonymes de Dieu qu'on trouve dans la Bible. J'aime penser que la « douce chaleur » que ressent le voyageur symbolise la présence de l'Ame, de la Vérité, de la Vie et de l'Amour qui le gouvernent. Les rayons du Christ qui guérit et sauve détruisent le « froid glacial » de la « destruction; [de la] colère; [des] passions mortelles ». Lorsque le voyageur retire son manteau et s'assoit, c'est un peu comme s'il abandonnait la volonté humaine, cessait de résister et acceptait la totalité de l'amour de Dieu. C'est ce qui se produit quand la guérison-Christ a lieu. Science et Santé donne l'explication suivante: « La Vérité, la Vie et l'Amour sont une loi d'annihilation contre tout ce qui leur est dissemblable, parce qu'ils n'expriment rien d'autre que Dieu. » ^{Ibid., p. 243.} Par conséquent, qu'est-ce qui résout le problème ? La « douce chaleur » de la présence de l'Amour ressentie et les qualités de l'Amour exprimées. Elles guérissent.

Il n'est pas sage de se laisser hypnotiser par la tentation d'agir comme le vent du nord. Je l'ai découvert à mes dépens, au moment où ma fille a commencé à prendre des leçons de piano. Elle progressait très rapidement et il était évident qu'elle avait un don pour cet instrument. Cependant, au bout d'un an, elle a cessé presque complètement de s'exercer. J'essayais de la persuader de continuer, mais cela menait à des disputes qui parfois s'envenimaient pour tourner au conflit ouvert. Quand venait l'heure de ses exercices, elle montait dans un arbre du jardin, allait se cacher ou s'asseyait au piano pour lire une bande dessinée. J'étais exaspérée.

Un jour, après une nouvelle querelle, j'ai soudain éprouvé une vive douleur dans la poitrine au point de ne plus pouvoir respirer. Je me suis assise et me suis mise à prier en affirmant que Dieu est la Vie et que la Vie divine est ma vie. Je me sentais faible et j'avais peur. Je continuais de revendiquer mon unité avec Dieu, de déclarer sans cesse que Dieu était bien là avec moi, que mon identité véritable n'était pas matérielle, mais spirituelle et que la loi divine me gouvernait, par conséquent je n'avais aucune raison d'avoir peur. J'étais aussi attentive, afin d'entendre les messages de guérison qui me seraient révélés, et j'affirmais les vérités spirituelles qui me venaient à l'esprit, les vérités concernant Dieu et l'homme. J'ai retrouvé une respiration normale, et la douleur a disparu. Je me suis alors promis de ne plus m'obstiner – de surveiller ma pensée et de prier pour me libérer de toute volonté humaine.

Cet incident m'a appris quelque chose dont j'avais besoin. A présent, je déclarais « Que Ta volonté soit faite » et non « Que ma volonté soit faite » pour ma fille et pour moi. Ma pensée se transformait de façon radicale. Je me suis rappelé ce que m'apprenait la Christian Science. J'apprenais à voir ma fille telle que Dieu l'avait créée: à Son image et à Sa ressemblance, spirituelle et parfaite. Je savais qu'elle exprimait de merveilleuses qualités. Elle avait un sens artistique et était intelligente, sensible et adroite de ses mains (en plus de savoir monter aux arbres avec agilité !). La désobéissance ne faisait pas partie de sa nature véritable; c'était plutôt une réaction face à mon propre entêtement. Puisqu'elle était l'enfant de Dieu, elle serait réceptive à Sa volonté et je pouvais la confier aux bons soins de Dieu qui la guiderait. J'ai décidé que je n'interviendrais plus. La Bible nous dit: « Rejetez loin de vous toutes les transgressions par lesquelles vous avez péché; faites-vous un cœur nouveau et un esprit nouveau. » ^{Ézéch. 18:31.} Je suis rentrée dans la pièce voisine, où j'ai trouvé ma fille allongée, en train de lire, ignorante de ma lutte intérieure et n'ayant toujours pas fait ses exercices !

Chaque jour, je déclarais que Dieu était son Père-Mère, qu'elle était Son enfant, que Dieu l'aimait et qu'elle Lui était précieuse. J'étais prête à admettre que chaque détail de son existence était et est toujours gouverné par Dieu. Je ne me suis plus sentie obligée d'exercer une emprise sur ma fille, et je suis devenue moins possessive envers mes enfants en général. Je prenais soin d'eux, je les aimais et les soutenais du mieux que je pouvais.

Ma fille a pris des leçons de piano pendant cinq ans, sur sa demande. Elle a été reçue à différents concours et jouait très bien sans que je doive la pousser ! Lors d'une réunion entre les parents et les professeurs, le professeur de musique a fait remarquer qu'elle était très assidue à jouer et à pratiquer le piano à l'école.

Science et Santé nous dit: « Mettons l'erreur à nu. Alors, quand souffleront les vents de Dieu, nous ne serrerons pas contre nous nos haillons. » ^{Science et Santé, p 201.} Il est sage de se débarrasser des passions mortelles comme la colère, la peur, la volonté opiniâtre et l'agressivité qui sont des éléments de l'entendement mortel. Ce prétendu entendement, l'entendement charnel, maintient que l'homme est un mortel fait de chair et de sang, qu'il est seul, séparé de son Créateur et qu'il doit se battre pour survivre. Or, en réalité, l'homme n'a pas un entendement ou une identité distincts de Dieu, et nous sommes en droit d'abandonner cette croyance en comprenant que l'homme réel est spirituel, qu'il est le reflet du seul Entendement divin, héritier de tout ce que Dieu est et possède. Nous ne sommes pas des victimes – Dieu est présent et Il nous a donné la domination sur les fausses croyances et leurs effets apparents. Mais il nous faut le savoir et l'accepter. Et il nous faut obéir à la Parole de Dieu.

Jésus n'exprima-t-il pas de l'amour, de la miséricorde, de la charité, de la douceur, de la bonté pendant tout l'accomplissement de sa mission ? Ces qualités sont l'expression du pouvoir de l'Amour divin; elles « mett[ent] l'erreur à nu », elles guérissent et apportent de grands bienfaits. Voici la première partie de la description du mot « vent » dans Science et Santé: « Ce qui indique la puissance de l'omnipotence et les mouvements du gouvernement spirituel de Dieu, embrassant toutes choses. » ^{Ibid., p. 597.} L'univers est véritablement gouverné par Dieu, qui est l'Entendement divin omnipotent et omniprésent. La loi et l'ordre, non le chaos, règnent dans Sa création. Il est sage que nous nous laissions gouverner par la loi divine, et que nous laissions les autres être gouvernés par cette même loi. Sinon, nous nous attachons à un concept erroné de l'existence et connaissons l'instabilité, les luttes, le péché, la maladie et la mort qui l'accompagnent.

Désirer que « [la] volonté [de Dieu] soit faite sur la terre comme au ciel » ^{Matth. 6:10.} ainsi que Jésus nous a appris à prier, et ne pas vouloir obstinément que les choses aillent dans notre sens, c'est nous débarrasser des fardeaux que nous nous sommes imposés et laisser le soleil de l'Ame apporter sa chaleur, sa lumière et la guérison à toutes les personnes concernées.