On passe parfois beaucoup de temps à penser à quelqu'un. Or, qu'arrive-t-il si ce « quelqu'un » est déjà marié ou si on l'est déjà ?
Il semble admis dans notre société que les gens sont incapables de maîtriser de telles pensées ou de tels sentiments. On pense qu'au mieux, ceux qui sont désespérément attirés par le conjoint d'un autre peuvent essayer de résister à ces impulsions et qu'au pire, ils leur céderont. Cependant, il y a une autre solution. Elle repose sur une compréhension approfondie de Dieu et de Son amour pour l'homme, Son image et Sa ressemblance spirituelles. L'enfant de Dieu est déjà complet. Cela signifie que chacun de nous est entouré, dès à présent, d'un amour véritable. Nous n'avons pas besoin d'un autre être humain pour recevoir cet amour. En réalité, l'affection sincère exprimée dans l'amitié, le mariage, la famille, est l'émanation de l'amour que Dieu nous porte. Dieu nous donne des preuves tangibles de Son amour, qui nous permettent de ressentir Son affection chaque jour. A travers le sourire d'un enfant, une histoire drôle racontée par un collègue, la beauté d'un coucher de soleil. Nous voyons ces signes de l'Amour divin dans notre existence et nous nous rendons compte que Son amour est pur et parfait et qu'il nous inspire.
L'affection que nous éprouvons envers nos semblables doit refléter l'amour de Dieu. Elle doit être pure, ne pas blesser, ne pas irriter ni provoquer de remords. Elle ne peut prendre part à un adultère. Science et Santé décrit ainsi « l'infidélité au pacte du mariage »: « ... le fléau social de toutes les races, "la peste qui marche dans les ténèbres... la contagion qui frappe en plein midi". Le commandement: "Tu ne commettras point d'adultère", n'est pas moins impératif que celui-ci: "Tu ne tueras point." » Science et Santé, p. 56. Et Jésus-Christ indiqua que l'adultère est autant une question de pensées que d'actes: « Quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur. » Matth. 5:28.
Quand j'étais adolescente, j'ai été attirée par un ami marié. Je savais à quel point ces sentiments étaient illégitimes, mais ils ont persisté pendant plusieurs mois. Et même s'ils ont fini par disparaître, j'ai continué à me sentir coupable. Plusieurs années plus tard, j'ai de nouveau éprouvé de l'attirance pour un collègue marié. Cette fois-ci, j'ai su immédiatement qu'il y avait mieux à faire qu'à attendre que les sentiments s'évanouissent. Je me suis tournée vers Dieu en priant. J'ai aussi étudié un article de Mary Baker Eddy intitulé « Amour ». En voici un court extrait: « Les mortels dénaturent l'affection et la nomment improprement; ils en font ce qu'elle n'est pas, et doutent de ce qu'elle est. La prétendue affection qui poursuit sa victime fait penser au boucher engraissant l'agneau pour le tuer. Ce qui est exprimé par les penchants inférieurs devrait être réprimé par les sentiments. Aucun mot n'est plus mal interprété, aucun sentiment n'est moins compris. La signification divine de l'Amour est déformée en se réduisant à des qualités humaines qui, abandonnées à l'humain, deviennent jalousie et haine. » Écrits divers, p. 250.
En étudiant ce passage, j'ai compris que l'amour sincère que je portais à cette personne ne pouvait pas être perverti de sorte à faire souffrir. J'en suis aussi venue à comprendre que le chagrin occasionné par ces sentiments provenait de la croyance à une obligation de ne plus aimer cette personne. J'ai appris au contraire que je pouvais aimer autant que je le souhaitais, mais que je devais aimer de la bonne façon. La société voudrait nous faire croire qu'il existe deux sortes d'amour: l'amour que nous ressentons pour l'humanité et l'amour personnel que chacun de nous choisit d'accorder à un petit groupe de parents et d'amis. Cependant, la phrase suivante tirée de Science et Santé m'a permis de mettre en question cette façon de voir les choses: « L'Amour est impartial et universel dans son adaptation et dans ses dispensations. » Science et Santé, p. 13.
J'ai cessé de penser qu'il était tout à fait normal d'aimer ma famille et mes amis d'un amour différent de celui que j'éprouvais pour le reste du genre humain. Je devais aimer chacun de façon égale et impartiale, parce que la véritable nature de l'Amour est infinie. J'étais parfaitement capable d'irradier l'amour de l'Amour ! Cela m'a aidée à ne plus personnaliser mon affection, et je me suis mise à aimer ce collègue de la manière dont j'aime chaque enfant de Dieu.
Malgré ce que j'avais compris, je me suis rendu compte que j'avais encore tendance à entretenir des rêveries romantiques concernant cet ami et que je devais mettre fin à cet état de choses. D'abord, j'ai été tentée de ne pas m'en soucier puisqu'elles ne faisaient de mal à personne. Néanmoins, à mesure que je priais, j'ai été amenée à sonder les Écritures afin d'être guidée quant aux problèmes et aux peines encourus lorsque quelqu'un rêve ou dort alors qu'il devrait être éveillé et vigilant. Dans le Nouveau Testament, la parabole de Jésus où il est question de dix vierges qui se sont endormies en attendant l'époux en est une illustration. Voir Matth. 25:1–13. Elle montre combien il est important de rester éveillé et vigilant. C'était aussi ce dont les disciples de Jésus avaient besoin quand ils se sont endormis dans le jardin de Gethsémané, alors que Jésus leur avait demandé de demeurer éveillés afin de veiller et de prier avec lui. Voir Matth. 26:36–45.
Le progrès vient en exprimant l'amour véritable.
Mon étude me fit voir que l'amour est actif, non passif. Je progresserais en exprimant l'amour véritable, non en rêvant. Cela signifiait que je devais constamment surveiller ma pensée. J'ai suivi ces directives de Science et Santé: « Les effets de la douleur ou du plaisir proviennent forcément de l'entendement, et, comme une sentinelle abandonnant son poste, nous laissons entrer cette croyance importune, oubliant que, grâce au secours divin, nous pouvons lui interdire l'accès de notre pensée. » Science et Santé, p. 392. A chaque fois que j'étais tentée de repartir dans mes rêveries, j'écartais ces pensées immédiatement pour me concentrer sur les qualités que mon ami avait reçues de Dieu. Cela n'a pas été une tâche facile, mais à mesure que je progressais dans mon étude et dans mes prières, je me rapprochais du but. Je ne voulais plus m'accrocher à une affection limitée que je portais à une personne. Je suis parvenue à ressentir l'amour dont Dieu m'entourait, et à seulement désirer attester de Son rôle actif dans ma vie.
Dans certains cas, lorsqu'une attirance illégitime tente de s'exercer sur nous, il est sans doute sage de nous éloigner de la personne concernée. Ce serait particulièrement indispensable si l'attirance était mutuelle. En ce qui me concerne, je me suis rapidement sentie moins désespérée, moins seule et plus gaie; bientôt, le sentiment que j'éprouvais a disparu. Des relations normales se sont rétablies entre mon collègue et moi, et elles se poursuivent encore aujourd'hui. Peu de temps après, on m'a demandé de participer à différentes organisations commerciales et sociales qui venaient de se créer. Le concept que j'avais de l'amour s'étant élargi, les occasions d'exprimer cet amour se sont multipliées. Et grâce à cette compréhension plus large de ce qu'est l'Amour, de plus en plus d'amour s'est exprimé envers moi. Chaque jour, je vois et je sens l'affection de ma famille, de mes amis, de mes collègues et des membres de mon église se manifester envers moi de façon de plus en plus variée. En exprimant l'Amour sous une forme plus élevée, je me vois à présent entourée d'affection comme je ne l'aurais jamais cru possible auparavant, quand je n'avais d'yeux que pour une personne.
Il est tout à fait possible de nous rendre maîtres de nos sentiments et de nos émotions. Et lorsque nous y parvenons, nous sommes comblés de bienfaits plus nombreux que tout ce que nous avions imaginé, parce que nos sentiments véritables sont ceux qui reflètent l'amour que Dieu porte à tous.
