La révélation de la Christian Science consistait, selon Sa découvreuse, Mary Baker Eddy, en deux parties dépendantes l'une de l'autre: la découverte et la preuve par la démonstration. Voir Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 123.
De même, saisir la lettre de cette Science va de pair avec sa mise en pratique quotidienne. Les parties sont liées entre elles. Cette Science et sa manifestation pratique sont associées et ne peuvent être séparées. L'une enrichit l'autre. Et ce fait est prouvé par la spiritualité — par une existence qui est l'expression même de Dieu, l'Esprit, c'est-à-dire notre vraie nature telle que la Science nous la révèle.
Pratiquer la Science divine, c'est vraiment tout un art. Cela suppose l'utilisation de notre sens spirituel, de notre intuition spirituelle et également — ce qui est extrêmement important — cela implique de bien faire le lien entre la métaphysique scientifique et sa mise en application. Et la spiritualité, s'exprimant non seulement dans un attachement aux choses spirituelles mais aussi dans un amour pour l'humanité, tempère les extrêmes, que ce soit accorder tant d'importance à la métaphysique au point de négliger son application au genre humain, ou au contraire, se soucier d'avoir l'esprit pratique au point de tourner presque complètement le dos aux exigences métaphysiques et scientifiques qui rendent sa mise en pratique efficace.
La métaphysique divine est la clef de voûte de la Science du Christ. Néanmoins, ne connaître la métaphysique qu'en théorie ne fait absolument pas de nous des Scientistes Chrétiens. Dans ce cas, nous approfondissons la métaphysique, la lettre de la Science, sans nous immerger dans la réalité que nous révèle la métaphysique. Ou bien nous allons avoir beaucoup de pensées métaphysiques, mais peu de sentiments charitables. Nous comprenons peut-être un grand nombre de notions métaphysiques, mais avons peu de certitudes absolues.
Une spiritualité solide nous empêche de tant nous absorber dans les mots de la métaphysique divine ou dans une vision floue de ce qu'est l'existence spirituelle que nous négligeons la démonstration. Le biographe Robert Peel fait cette remarque à propos de Mary Baker Eddy: « ... elle se montrait peu patiente avec les Scientistes Chrétiens si ivres de vision qu'ils manquaient de faire les pas indispensables à sa concrétisation. “Votre tête est là-haut dans les étoiles, reprocha-t-elle à un élève, pendant que l'ennemi crible votre corps de balles.” »Mary Baker Eddy: The Years of Authority (Boston: The Christian Science Publishing Society, publié à l'origine par Holt, Rinehart et Winston, 1977), p. 214.
La spiritualité, qui implique d'aimer la vérité de l'être et de reconnaître intuitivement que la vérité doit être vécue et prouvée, nous préserve de la tentation de nous envelopper dans un tissu de mots métaphysiques et de nous enfermer confortablement dans la notion floue que la Science doit rester une abstraction. La spiritualité nous empêche de baigner dans la métaphysique au point d'en arriver à ne plus nous occuper suffisamment d'éléments importants de l'existence humaine comme nos responsabilités financières ou nos besoins physiques ou à ne pas prendre soin de ceux dont nous avons moralement la charge. La spiritualité consolide les liens légitimes. Elle élève la qualité des soins que nous prodiguons aux autres. Elle nous met en garde contre l'indifférence pour le bien-être des membres de notre famille. Elle nous permet de ne pas exclure de notre pensée ni de nos activités quotidiennes un fils, une fille, un conjoint qui a une vision de la religion différente de la nôtre ou qui n'a pas de religion du tout. La Christian Science et la spiritualité nous rendent capables d'assumer beaucoup mieux les responsabilités qui nous incombent.
La spiritualité nous préserve de la tentation de nous envelopper dans un tissu de mots métaphysiques et de nous enfermer dans la notion que la Science doit rester une abstraction.
Mary Baker Eddy désapprouvait l'attitude consistant à laisser la métaphysique dans une sorte de vide. Elle fit l'observation suivante: « Les stades progressifs en Science Chrétienne se gagnent par la croissance, non par l'accumulation; l'oisiveté est l'ennemie du progrès. Et la croissance scientifique ne manifeste aucune faiblesse, aucune émasculation, aucune vision illusoire, aucune rêverie vagabonde, aucune insubordination aux lois qui existent, aucune perte ni manque de ce qui constitue la nature véritable de l'homme. »Écrits divers, p. 206.
Nous asseoir confortablement dans l'abstraction de la métaphysique scientifique pourrait nous donner l'impression, pour un court instant, d'être emportés dans le panier d'une magnifique montgolfière. Cependant, de telles sensations erronées seraient sensuelles, et ne représenteraient pas ce qui se passe réellement dans la Science. La spiritualité constitue une défense solide contre ces sentiments.
Lorsque nous travaillons à affiner notre spiritualité, nous ne nous plongeons pas dans la métaphysique au point d'avoir l'air absent. Par ailleurs, nous ne sommes pas occupés à mettre la Christian Science en pratique au point de nous concentrer sur les résultats matériels, voire sur des questions matérialistes, et de passer à côté des exigences spirituelles et métaphysiques de la Science divine. Grâce à la spiritualité, nous n'oublions pas la grandeur de la Science. Nous demeurons conscients de son aspect essentiellement spirituel.
Dans une réponse que donna Mary Baker Eddy à une question suggérant que la métaphysique était aride et abstraite, nous voyons très nettement le lien qui existe entre sa découverte et l'utilité de celle-ci. Voici ce qu'elle dit à propos de la métaphysique qu'elle enseignait: « C'est une Science qui est animée de l'esprit de la Vérité. Le fait de l'appliquer pratiquement pour faire du bien à l'humanité, guérir les malades, éclairer et réformer les pécheurs, rend la métaphysique divine nécessaire, indispensable. »Ibid., p. 38.
S'attacher aux valeurs spirituelles nous aide à conserver un certain équilibre. Nous ne négligeons pas l'intégrité spirituelle, mais nous évitons d'aller trop loin dans le sens pratique comme si c'était un but en soi. Nous sommes de moins en moins tentés d'employer la Christian Science uniquement pour améliorer notre existence personnelle, même si nous avons de bonnes raisons de nous attendre à une amélioration découlant de notre plus grande spiritualité.
Tandis que nous nous efforçons, à bon droit, d'avoir l'esprit pratique, la spiritualité élimine toute tendance à abuser de la Science dans le but d'accumuler des richesses matérielles et de construire des « greniers » encore plus grands. Jésus-Christ se sert de cette image dans une parabole qui montre la sottise de s'enrichir pour ressentir un plaisir vide de sens. Voir Luc 12:16–21. Nous n'utiliserions pas la Science simplement pour aggrandir notre affaire ni pour étendre une réputation professionnelle solide et avantageuse, même si, bien évidemment, ce sont des choses qui pourraient très bien se produire à mesure que nous mettons en pratique les choses de l'Esprit. De même, remettre en état un corps matériel ne devrait pas être le but principal à atteindre, bien que nous nous attendions à ce que la guérison soit la conséquence de progrès spirituels véritables.
L'art de pratiquer la Science consiste à garder ses deux aspects, le côté purement métaphysique et la mise en application pratique, en relation et en équilibre dans notre existence.
La Christian Science a un aspect éminemment pratique, cependant, la vraie spiritualité nous empêche d'essayer de la rendre pratique à tout prix ou de faire étalage de ses exploits, au point d'en arriver à voir dans l'existence terrestre une réalité. En outre, la spiritualité réprime le seul désir humain, ou même la fierté d'appartenir à une religion, sentiments qui conduisent à vouloir montrer au monde la puissance de la doctrine enseignée. Des motifs erronés ne feraient que renforcer la croyance dans l'existence d'un univers atomique, alors que la création divine est spirituelle et complète.
En approfondissant les valeurs éternelles en laissant les choses de l'Esprit avoir plus d'importance pour nous que les choses matérielles et personnelles — nous refrénons les tendances à être si ouvertement pragmatiques dans notre étude de la Christian Science que nous mettons beaucoup trop l'accent sur l'existence terrestre et les améliorations matérielles ou sur un corps en meilleure forme, comme s'il s'agissait de réalités permanentes. C'est l'intégrité spirituelle constante qui prouve que la Science est pratique qui favorise vraiment la guérison sous toutes ses formes et parle le mieux à la pensée de l'humanité.
On posa un jour à Mary Baker Eddy la question suivante: « La base de la guérison-Entendement n'est-elle pas la destruction de l'évidence des sens matériels et le rétablissement de l'évidence vraie du sens spirituel ? » Ce clair énoncé de métaphysique en soi ne sembla pas particulièrement impressionner Mary Baker Eddy. Voici un extrait de sa réponse: « Si; elle l'est dans la mesure où vous percevez et comprenez ce prédicat et postulat de la guérison-Entendement; mais c'est en la démontrant pratiquement que l'on comprend le mieux la Science de la guérison-Entendement. La preuve de ce que vous saisissez, fournie par la forme de guérison déterminée et absolue la plus simple, peut seule dire jusqu'à quel point vous comprenez la guérison-Entendement en Science Chrétienne. »Rudiments de la Science divine, p. 6. 7 Apoc. 21:1.
Au sens large, le lien entre la religion scientifique et la vie n'est pas seulement important pour nous sur le plan individuel. Étant à la base de la paix et de la prospérité durables, il est important pour le monde entier. A mesure que nous comprenons ce lien et l'utilisons dans la vie, nous accomplissons quelque chose d'essentiel pour chacun.
L'art de pratiquer la Science consiste à garder ses deux aspects, le côté purement métaphysique et la mise en application pratique, en relation et en équilibre dans notre existence grâce à la spiritualité qui imprègne notre vie, en laissant l'un nourrir et entretenir l'autre. De véritables progrès spirituels nous montrent de plus en plus clairement qu'il existe un seul univers, celui de l'Esprit. Il n'y a pas deux créations, l'une faite de vérité et de réalité et l'autre faite de problèmes, comme si la première et la seconde « réalités » devaient communiquer entre elles afin que nous puissions sortir du conflit. Comprendre clairement que l'infinitude de l'Esprit et de sa manifestation constitue la seule réalité, voilà ce qui guérit.
Ce qui constitue le fait chrétien et métaphysique sur lequel nous nous appuyons constitue aussi la réalité éternelle — universelle. Il a pour base la Cause parfaite, Dieu, et l'expression divine parfaite et immuable. Pour la vision spirituelle, il n'existe pas de pièce de monnaie à deux faces, mais une seule forme et un seul stade d'existence. Cette vision s'apparente à celle que décrit saint Jean: « Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre; car le premier ciel et la première terre avaient disparu...»6
