Il y a quelques mois, j'ai éprouvé une grande joie après avoir obtenu une guérison physique. Mon état s'était amélioré, et tout danger avait disparu; tout allait bien de nouveau. Au milieu de ma joie, les paroles suivantes prononcées par Jésus-Christ me sont venues à l'esprit: «... ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis; mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux.» Luc 10:20. Jésus s'adressait aux soixante-dix disciples qui se réjouissaient des nombreuses guérisons dont ils avaient été témoins.
J'interprétais ce message ainsi: «Ne te réjouis pas simplement parce que l'aspect physique s'est amélioré, réjouis-toi plutôt de faire partie de la création harmonieuse de Dieu, l'Esprit, d'être en sécurité, toujours gouvernée par la loi divine – réjouis-toi seulement au sujet des circonstances spirituelles.»
Presqu'immédiatement, je me suis rendu compte de l'erreur subtile qui se glissait dans ma pensée. La situation humaine est précaire. Il est certes légitime, et conforme à loi divine, de s'attendre à la santé et à l'harmonie dans son existence. Cependant, se réjouir uniquement d'une bonne santé physique et de circonstances matérielles favorables, c'est vraiment entretenir un concept erroné de la sécurité. C'est placer notre confiance dans des circonstances extérieures et non en Dieu. Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de dépendre d'un soi-disant bien matériel. Il nous faut apprendre à éprouver de la joie seulement parce que nous comprenons ce qu'est la réalité spirituelle, toujours bonne.
Les circonstances harmonieuses dans lesquelles nous nous trouvons proviennent des conditions de vie de l'homme ordonnées par l'Amour divin, Dieu. Dans la création spirituelle, chaque identité exprime la nature divine, et, par conséquent, demeure pour toujours parfaite et libre, libre de toutes croyances, libérée du concept de la vie dans la matière. L'Amour divin a créé l'homme, et c'est l'Amour qui détermine les circonstances dans lesquelles l'homme vit. Ces douces circonstances ne peuvent pas plus être troublées ni changées que ne le peut l'identité. Ne tombant jamais malade, ne manquant jamais de rien, ne connaissant jamais l'inharmonie, notre identité spirituelle véritable se réjouit d'un bonheur ininterrompu, de circonstances harmonieuses. Ces dernières ne s'altèrent jamais.
L'Amour divin a créé l'homme, et c'est l'Amour qui détermine les circonstances dans lesquelles l'homme vit.
Le livre d'étude de la Science Chrétienne, Science et Santé de Mary Baker Eddy, fait passer le lecteur du concept erroné de la vie dans la matière au vrai concept de la vie dans l'Esprit. Par exemple, on y lit ceci: «Les objets perçus par les sens physiques n'ont pas la réalité de la substance. Ils sont seulement ce que la croyance mortelle les appelle. La matière, le péché et la mortalité perdent toute conscience supposée ou toute prétention à la vie ou existence, à mesure que les mortels se dépouillent d'un faux sens de vie, de substance et d'intelligence. Maisl'homme spirituel et éternel n'est pas affecté par ces phases de la mortalité.» Science et Santé, p. 311.
Il est important de saisir que nous ne sommes pas en réalité à la merci des fluctuations d'une situation mortelle et matérielle. Notre identité et notre environnement réels sont spirituels et gouvernés par Dieu dans une harmonie parfaite. Les circonstances spirituelles ne sont pas modifiées par ce qui paraît être une cause et un effet matériels. Le spirituel est toujours le réel, et le matériel, l'irréel.
Science et Santé déclare: «La croyance matérielle (le sens matériel de la vie) et la Vérité immortelle (le sens spirituel) sont l'ivraie et le froment, que le progrès n'unit pas, mais qu'il sépare.
«La perfection ne s'exprime pas au moyen de l'imperfection. L'Esprit ne se manifeste pas au moyen de la matière, l'antipode de l'Esprit. L'erreur n'est pas un tamis commode pour tamiser la vérité.» Ibid., p. 72.
Face à la maladie ou à toute autre discordance, souvenons-nous que le faux concept de la vie dans la matière, avec ses circonstances qui changent sans cesse, n'est rien d'autre qu'un faux concept. Il ne discerne pas la vérité spirituelle de la création ni ne contemple l'harmonie omniprésente du gouvernement divin. Cependant, en prenant conscience de la vérité spirituelle, nous pouvons être guéris de la discordance, qui n'a aucune substance ni existence véritable.
Il est important de saisir que nous ne sommes pas en réalité à la merci des fluctuations d'une situation mortelle et matérielle.
Le concept de la guérison obtenue uniquement par des moyens spirituels est souvent mal compris. Par exemple, aux yeux de celui qui s'en remet aux sens matériels pour définir la condition d'un homme, la guérison semble être un processus au cours duquel la prière apporte la santé et l'harmonie à un malade. Dans la réalité spirituelle, rien, y compris l'homme, ne tombe malade ni ne connaît l'inharmonie sous le gouvernement divin. La guérison se produit lorsqu'on comprend qu'il n'y a rien à guérir dans la création spirituelle. La création de l'Amour divin est parfaite et cohérente pour l'éternité, elle est présente là où le royaume matériel, avec son péché et sa souffrance, semble se trouver. Sous le gouvernement de l'Amour divin, rien n'a besoin d'être guéri à aucun moment, malgré ce qui paraît être des circonstances matérielles très réelles, voire menaçantes.
Ainsi, le thérapeute chrétien n'est pas un thérapeute dans le sens que le monde donne à ce mot. Il n'est pas réellement un facteur d'amélioration, puisque tout demeure spirituel et parfait pour l'éternité. Or, dans la Science Chrétienne, la prière amène la guérison concrète et indiscutable du péché, de la maladie et de toute autre discordance humaine. La prière met en lumière – d'un point de vue humain – l'harmonie de l'être qui s'applique à une difficulté particulière. L'activité primordiale de celui qui pratique la guérison chrétienne consiste donc à bien voir. Il regarde le réel – les circonstances spirituelles et célestes de l'être de l'homme et de la place qu'il occupe dans l'ordre divin de l'Amour. Bien voir, c'est tout ce dont on a besoin, car c'est corriger la pensée, et le tableau matériel réagit au changement de pensée, à une perception de l'être illuminée par l'Esprit.
Alors que nous contemplons l'état harmonieux de l'homme, les circonstances humaines s'accorderont avec la vision céleste. Bien qu'invisible aux cinq sens corporels, la création spirituelle, dans sa gloire éternelle, est toujours présente, prête à être discernée et démontrée.
La perception de l'harmonie céleste au milieu de la discordance humaine est suggérée par le poète Thomas Hardy, dans la dernière strophe de son poème The Darkling Thrush [La grive sombre], décrivant un oiseau qui chante au milieu des ravages de la guerre:
Une raison si faible de chanter
Avec tant d'extase
Se lisait sur les choses terrestres,
Proches ou lointaines,
Et je pensais que tremblait,
Dans sa joyeuse sérénade,
Un espoir béni qu'il ressentait,
Et dont je n'avais pas conscience. The Pocket Book of Modern Verse, ed. Oscar Williams (New York: Washington Square Press, Inc. 1958), p. 117 (traduction libre).
En priant et en purifiant notre pensée, nous demeurerons conscients des circonstances harmonieuses. Et nous les verrons se manifester dans la santé et l'harmonie là où nous nous trouvons.
