Lorsque nous avons annoncé nos fiançailles, les membres de nos familles respectives ont marqué leur désapprobation et ont essayé de nous en dissuader. C'était essentiellement pour des raisons religieuses et ethniques. Quand nous nous sommes mariés, la famille de mon fiancé l'a déshérité.
Ce n'était pas moi qui avais été déshéritée, mais je me suis sentie rejetée, indigne et j'ai craint d'avoir fait de la peine à toute une famille. Je me suis mise à prier. Le livre de Ruth dans la Bible raconte une histoire illustrant ce qui fait la force d'une famille; Ruth croyait en un Dieu unique — le Dieu du peuple de son mari — et ne s'est pas découragée face aux difficultés humaines que lui ont valu ses convictions profondes. Elle est restée auprès de sa belle-mère, Naomi, et il semblait qu'elle allait ainsi se priver d'un foyer. Cependant, grâce à la vertu de Ruth, tous ont été bénis, et elle-même s'est mariée et a eu un enfant.
Il m'est soudain apparu que ma propre famille était complète, définie et soutenue par Dieu. Dieu n'avait jamais cessé de nous aimer, mon mari et moi. Nous étions tous soutenus et dirigés par un seul Dieu. Dans Son amour, les points de vue antagonistes et la discorde n'avaient aucune place. Ma famille était intacte et bénie.
Et ce qui était tout aussi important, l'amour que Dieu portait aux parents de mon mari et aux miens n'avait jamais faibli. Je compris que, pour me sentir entourée de cet amour, je devais aimer tout ce qu'Il aimait. Dieu aimait toutes les qualités spirituelles que ces parents exprimaient — foi, tendresse, sagesse, gentillesse, honnêteté, courage. Nous faisions tous partie de la famille divine; nous avions tous un seul Père-Mère Dieu. Dieu était le Père et la Mère de chacun de nous, et n'excluait personne. Ces idées inspirées m'ont permis de trouver la paix.
Bientôt nous attendions notre premier enfant. Mon mari était dans les forces armées, et, avec l'aide par la prière d'un aumônier de la Science Chrétienne, nous nous sommes préparés à cet heureux événement en nous tournant vers Dieu afin de comprendre les faits spirituels concernant la naissance. Cet enfant était l'idée de Dieu — complet, parfait, entouré de Son amour. Rien ne pouvait empêcher qui que ce soit dans notre famille d'attester ce fait, en pensée ou en acte. Ce verset de la Bible, «Un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et parmi tous, et en tous » (Éph. 4:6), m'a apporté la sérénité. J'ai compris que la famille de Dieu n'est pas divisée en différentes catégories de personnes jeunes, vieilles ou entre deux âges, car nous sommes tous les enfants, sans âge, de Dieu.
Un dimanche, un mois avant terme, l'enfant s'est annoncé. Nous avons écouté un service de la Science Chrétienne diffusé à la radio; les cantiques et les passages lus m'ont beaucoup aidée à élever ma pensée.
L'hôpital militaire où nous devions aller pour la naissance m'a informée que je ne devais pas venir avant que certains signes physiques ne se manifestent. A ce moment-là, j'ai compris que je devais aussi inclure dans mes prières les médecins et les infirmières, comme faisant partie de la famille de Dieu. Étant Scientiste Chrétienne, je n'étais pas d'accord avec eux sur toutes leurs méthodes de soins, mais cela ne voulait pas dire que les uns avaient raison et les autres tort, ni ne privait les uns ou les autres de l'amour de Dieu, qu'Il dispense à chaque enfant de Sa famille.
Mon état physique n'avait pas changé, mais j'ai annoncé qu'il était temps de partir pour l'hôpital. Notre fille est née quinze minutes après mon arrivée. C'était une journée de festivités dans la culture à laquelle appartient ma famille. C'était aussi la première fille qui naissait dans la famille de mon beau-père, depuis des générations. Les parents de mon mari ont eu envie de renouer avec leur fils, et souhaité connaître leur petite-fille.
Au moment de quitter l'hôpital, il nous a été possible d'emmener notre fille avec nous, bien que son poids fût au minimum requis pour cela. C'était un bébé heureux et satisfait, mais au cours de la première année elle n'a pas pris beaucoup de poids.
Nous avons prié avec humilité pour être guidés et pour être libérés de la crainte — la crainte de ne pas être des parents à la hauteur de la tâche, la crainte que suscitait en nous la fragilité apparente de notre fille. Nous avons prié pour prendre conscience des qualités spirituelles qui faisaient de nous de bons parents, que leur amour pour Dieu mettait à même de répondre aux besoins de leur enfant. Nous avons aussi compris que la véritable nourriture de l'homme vient de Dieu seul, la « source d'eau vive».
Nous avons continué de prier spécifiquement pour notre fille. Lorsqu'elle est entrée à l'école primaire, elle était encore menue, mais elle a grandi peu à peu, et, deux ans plus tard, sa taille et son poids étaient normaux.
J'ai vu clairement, dès le début, qu'elle ne m'appartenait pas; elle était l'enfant de Dieu. En qualité de parents, nous étions chargés de lui fournir une atmosphère pleine d'amour où elle pourrait exprimer son identité unique, qui était spirituelle dans son essence même. Cette prise de conscience nous a, depuis lors, donné à tous beaucoup de liberté, et lui a permis de mûrir et de manifester de belles qualités.
La guérison qui s'est ainsi produite à cette époque dans notre famille continue de nous apporter à tous beaucoup de joie. Je suis très reconnaissante à Mary Baker Eddy de s'être attachée toute sa vie à présenter la Science Chrétienne au monde, afin que tous puissent être guéris grâce à ses enseignements.
Ray Brook (New York), U.S.A.
