Il semblerait sans doute présomptueux pour ceux qui n'ont jamais connu les privations et la faim de prétendre qu'ils comprennent les souffrances des multitudes – sans ressources, souvent affamées et abandonnées à leur sort – vivant dans la rue ou sur des terrains vagues. Mais quand on y pense, beaucoup d'entre nous, et ce fut mon cas, ont aussi été confrontés à des situations quelque peu analogues, par exemple à la suite d'un foyer brisé, d'une perte d'emploi rendant difficile de trouver à se loger ou lorsque nous avons fini par nous sentir rejeté, superflu, seul, déraciné.
En y réfléchissant, j'ai acquis la conviction que tous les aspects de ce terrible problème, sous toutes ses formes et pour tous ceux qu'il touche, ont des points communs. Et cette conviction m'a amenée à me sentir proche de mes semblables, si nombreux, que la société aujord'hui qualifie de «sans-abri». A mes yeux, ils ne forment plus une masse anonyme, très éloignée de moi. Je me sens très sincèrement liée à eux. Et j'aspire encore davantage à les aider.
On peut naturellement verser des dons à des œuvres de bienfaisance afin de répondre aux besoins immédiats de nourriture ou de logement. Cependant, que faire pour contribuer à l'élimination de ce problème pour nous tous, dans le sens le plus large et à longue échéance voilà la question que je me suis posée.
La Science Chrétienne m'a donné la réponse: Je peux prier – non pas en demandant simplement de l'aide à Dieu, mais en prenant si bien conscience de l'éternelle présence et de la puissance de Dieu que Sa loi d'harmonie agira sur le problème, avec des résultats tangibles. Le pouvoir de la prière nous a certainement été démontré par Jésus-Christ, quand il a nourri les multitudes dans le désert et rendu l'espoir aux malheureux.
Dieu ne cause pas la souffrance et Il n'est pas responsable des conceptions mortelles erronées qui sont à la base de la souffrance. Grâce à la Science Chrétienne, nous comprenons que Dieu est le Principe créateur, ou Je suis, qui est entièrement bon et est seulement à l'origine du bien. La Science Chrétienne, en harmonie avec la Bible, montre que Dieu est l'Esprit infini, à la base de toute réalité véritable, l'Entendement parfaitement ordonné, ou conscience divine toujours présente, dans lequel nous avons réellement notre être. La Science nous enseigne à regarder au-delà de la fausse image de l'homme qu'offre le monde – l'homme qui serait un mortel composé de matière et serait, par conséquent, défectueux et fragile, victime potentielle de forces capricieuses et destructrices. Nous apprenons à voir l'homme en termes spirituels, complet et harmonieux, reflétant son Créateur, l'Entendement parfait. Dieu est la cause parfaite et l'homme est Son effet parfait. Ils sont un, comme Père et fils! Sur cette base, nous pouvons revendiquer dans nos prières le droit divin au bien-être pour toute l'humanité, en comprenant que chaque individu demeure en réalité dans un état de conscience spirituelle où l'absence de foyer n'est pas à redouter et ne peut pas devenir une réalité.
Quelles sont les croyances erronées qui semblent déclencher la réaction en chaîne conduisant à l'indigence? Et quelles sont les vérités spirituelles grâce auxquelles nous pouvons annuler ces erreurs dans nos prières?
Avant d'examiner ces questions, élevons d'abord notre concept de ce qu'est le foyer en réalité. Ainsi que le révèle la Vérité divine, le foyer est beaucoup plus que quatre murs et un toit situés à un endroit précis. Ce n'est pas quelque chose que nous attendons et qui nous est donné par quelqu'un d'autre. Le foyer, c'est quelque chose de subjectif, un état mental. C'est en réalité une idée spirituelle inhérente à l'homme créé par Dieu, faisant partie intégrante de notre être spirituel. Il représente la conscience Christ de notre sécurité et de notre plénitude divines à Son image, conscience où nous nous sommes enracinés dans le Principe divin, nourris, entourés, à l'abri dans l'amour de Dieu. Là, nous ne chancelons pas, mais nous avons la stabilité – pas de dénuement ni de chagrin. Pas de vide. Pas de manque. Le foyer est cette conscience céleste où la voix de Dieu est entendue et obéie, où l'affection et la compréhension gagnent en profondeur, et gardent leur douceur. Nous pourrions comparer le foyer à un centre d'où notre amour s'épanche afin d'aider chacun, en tous lieux, afin de réconforter ceux qui sont abattus et de nourrir les affamés.
Supposons cependant que nous soyons démoralisés, accablés par la crainte, la désillusion et le désespoir, devant tous les maux auxquels nous devons faire face aujourd'hui, tant au niveau du gouvernement que dans notre vie privée – la corruption, la cruauté, la violence, l'indifférence. Peut-être sommes-nous alors tentés de tout abandonner ou de chercher refuge dans la drogue ou la sensualité – de tout faire pour ne pas avoir à affronter le tir de barrage de l'erreur et assumer la responsabilité d'y mettre fin. Si c'est le cas, nous devons nous tourner avec plus de confiance encore vers Dieu qui nous aime. Il est l'Entendement que nous reflétons. Nous pouvons compter sur Lui: Il nous conduira, pas à pas, sur une meilleure voie. L'Amour divin n'abandonne pas le cœur honnête qui aspire ardemment au réconfort et à la régénération.
Le foyer est beaucoup plus que quatre murs et un toit. C'est en réalité une idée spirituelle inhérente à l'homme créé par Dieu.
Comprendre le pouvoir suprême et l'infinitude de Dieu, et nous y attacher, agit dans la conscience comme une loi qui élimine le mal sous toutes ses formes. Nous pouvons prendre position en nous appuyant sur cette vérité puissante: le seul pouvoir qu'a le mal est de se trahir et de se détruire. L'homme créé par Dieu est motivé non par le mal mais par le bien dans toutes ses activités. L'Amour est la réalité, et l'Amour nous donne la paix. Cette idée est ainsi exprimée dans un cantique:
En l'Amour pur, universel,
Son cœur ne peut être inquiet ;
Il reste au foyer paternel
Où le Seigneur le garde en paix. Hymnaire de la Science Chrétienne, n° 93.
Et nous pouvons trouver le réconfort dans la déclaration du livre d'étude de la Science Chrétienne de Mary Baker Eddy: «Le mal n'est pas suprême; le bien n'est pas impuissant; les prétendues lois de la matière ne sont pas non plus au premier rang et la loi de l'Esprit au second.» Et on lit plus loin: «Il n'y a qu'une cause première. Donc il ne peut y avoir d'effet d'aucune autre cause, et il ne peut y avoir de réalité en quoi que ce soit qui ne procède de cette grande et unique cause.» Science et Santé, p. 207. Telle est la vérité de l'être dans laquelle nous pouvons nous envelopper mentalement en incluant tous ceux qui errent, affamés, dans le désert. L'amour du Christ est plus grand que la haine, la cruauté et l'affliction!
Supposons que nous soyons l'objet de toutes sortes de verdicts pessimistes liés à l'hérédité, à la race, au rang social, à la nationalité, à l'environnement, à l'âge, à l'éducation, au manque d'instruction. Supposons que la pensée mortelle prétende qu'ayant été irrévocablement programmés par ces facteurs, nous devons nous comporter d'une façon qui ne conduit pas au succès ni ne nous permet de connaître la chaleur d'un foyer. Or,tout cela n'a rien à voir avec le plan que Dieu a pour nous ! Nous devons nous rebeller contre de telles faussetés! Elles ne viennent pas de Dieu et ne sont donc pas valables. Nous pouvons nous efforcer de penser à chacun, y compris à nous-mêmes, libre de tout handicap et non entravé par des facteurs semblant nous limiter. Nous avons la possibilité de savoir que l'homme est pour toujours béni dans l'Amour du Père, qu'il est l'enfant bien-aimé de Dieu, honoré et apprécié, progressant à jamais, exprimant utilité et domination.
Quand nous apprenons à voir dans le travail non pas simplement «un emploi» mais un reflet spirituel – avec Dieu, l'origine de notre existence et le dispensateur de tout bien – nous cessons de perdre notre temps à rendre l'économie ou quelque autre facteur responsables de nos échecs. Nous sommes en mesure de faire face aux défis du monde du travail avec calme et sagesse. Dans l'infinitude du royaume de l'Amour, nul n'est superflu, indésirable ou susceptible d'être écarté. Reconnaissant que notre but dans la vie est de glorifier Dieu et Sa bonté, et nous efforçant d'atteindre ce but, nous prospérerons certainement dans notre travail, et le foyer se manifestera sous une forme appropriée.
Comme une autre strophe du cantique cité plus haut l'indique:
Là, dans ce hâvre bienheureux,
Tous les orages sont calmés
Voulant toujours ce que Dieu veut,
Il trouve la sérénité.
Supposons que le sentiment d'avoir toujours raison et notre mauvais caractère aient empoisonné nos relations à tel point que l'amertume, la rivalité et la rancune règnent dans notre foyer et que la vie y soit devenue insupportable. Voilà certainement une source d'échec! Mais le fait demeure que, selon la Science, Dieu est le seul Ego, l'Ego que nous reflétons car nous sommes l'idée de l'Entendement divin. Nous n'exprimons donc aucune qualité contraire à la nature divine. En cédant humblement à cette vérité, nous sommes en mesure de surmonter les tendances négatives. Nous acquérons aussi la conviction que nous ne dépendons pas des opinions de la pensée mortelle à notre égard. «Efforce-toi de te présenter devant Dieu comme un homme éprouvé» Il Tim. 2:15., lit-on dans la Seconde épître à Timothée. Devant Dieu, non devant l'entendement mortel! Puisque nous sommes l'expression de Dieu, nous possédons la patience et la grâce. Elles ont le pouvoir d'apaiser le conflit.
Cependant, la question suivante va peut-être venir s'insinuer dans notre esprit: «Comment ma prière à elle seule peut-elle avoir un effet sur un problème aussi monstrueux que celui des sans-abri à l'échelle mondiale?» Rappelons-nous que si Jésus n'avait pas eu foi dans la prière individuelle, il n'aurait pas pu instaurer l'ère chrétienne. Et, sans une telle foi, l'apôtre Paul ne nous aurait pas donné ses précieuses épîtres. Et Mary Baker Eddy n'aurait pas pu accomplir la tâche colossale de présenter la Science Chrétienne à un monde sceptique. Oh oui, notre prière est assez puissante pour aider toute l'humanité!
Quel privilège ! Être capables de comprendre que les sans-abri et les désespérés – à chaque niveau de l'existence humaine – sont inclus dans cet amour qui guérit et qui, à l'époque de Moïse, a conduit les multitudes ! Cette puissante force curative est encore avec nous, opérant dans nos prières, et elle ne peut être rendue inefficace ou stérile.
Dans l'infinitude du royaume de l'Amour, nul n'est superflu, indésirable ou susceptible d'être écarté.
Nous pouvons nous éveiller au fait que, dans l'infinitude de l'Amour divin, il n'existe pas un seul individu qui ne soit divinement doté du droit spirituel à un foyer. Par conséquent, chacun a la possibilité, grâce à la force curative de la prière, de faire connaître les bienfaits tangibles qui résultent de l'idée juste que Dieu nous donne du foyer. Ce passage bien connu des écrits de Mary Baker Eddy – extrait d'une lettre à une église de la Science Chrétienne – fournit une base solide à notre prière pour nous-mêmes et pour chacun de nos semblables: « Ainsi fondés sur le roc du Christ, quand l'orage et la tempête se déchaînent contre cette fondation solide, vous qui êtes bien à l'abri dans la forteresse de l'espérance, de la foi et de l'Amour, vous êtes les oisillons de Dieu; et Il vous couvrira de Ses ailes jusqu'à ce que l'orage se soit éloigné. Dans Son havre de l'Ame il ne pénètre aucun élément terrestre qui puisse chasser les anges et réduire au silence l'intuition juste qui vous conduit à votre demeure en toute sécurité.» Écrits divers, p. 152.