Deux Problèmes Distincts assombrissaient mon existence. Ma mère, qui était en visite chez nous, n’avait pas sa vitalité habituelle. Apathique et indifférente, elle se déplaçait avec lenteur et maladresse, ce qui était, selon son médecin, la conséquence d’une légère attaque. Et deux amies, membres de mon église, qui étaient irritées l’une contre l’autre, déversaient toutes deux leurs doléances sur moi.
Scientiste Chrétienne, je connaissais la puissance curative de la prière, mais ni mes amies ni ma mère (qui n’était pas Scientiste Chrétienne) ne m’avaient demandé de prier pour elles. J’apprenais pourtant que, même si la Règle d’or nous interdit de nous mêler des affaires d’autrui, l’engagement de suivre l’exemple de Christ Jésus exigeait que j’exprime cet amour spirituel qui n’accepte pas passivement la discorde et la souffrance. Une nuit, je me suis réveillée bien avant l’aube, toujours tourmentée, et j’ai compris que j’avais davantage besoin de prier que de dormir. Je me suis donc tournée vers Dieu pour trouver l’inspiration.
J’ai pris un des ouvrages de Mary Baker Eddy, et le passage suivant a retenu mon attention: « Je recommande que les Scientistes ne fassent aucune distinction entre les personnes, mais pensent, parlent, enseignent et écrivent la vérité de la Science Chrétienne sans tenir compte de la personnalité bonne ou mauvaise dans ce champ d’activité. Laissez au Père, dont la sagesse est infaillible et l’amour universel, le soin de distinguer entre les caractères individuels, de les séparer et de les guider. »Non et oui, p. 7. Grâce à l’étude de la Science Chrétienne, j’apprenais que, lorsqu’on pratique le christianisme, l’amour du prochain n’est pas facultatif.
Le Nouveau Testament nous exhorte ainsi: « Ayant purifié vos âmes en obéissant à la vérité pour avoir un amour fraternel sincère, aimez-vous ardemment les uns les autres, de tout votre cœur. » I Pierre 1:22. L’amour est l’essence du christianisme. Il communique à la pensée individuelle la puissance de Dieu, l’Amour divin, et apporte un souffle guérisseur à tout ce qui retient son attention, comme une seule personne qui porte une lumière éclaire tous ceux qui l’entourent. L’amour accomplit la loi curative du Christ, résumée par Jésus dans les deux commandements qui nous enjoignent d’aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre pensée, et d’aimer notre prochain comme nous-mêmes.
L’amour n’est pas quelque chose qui doive se cultiver chez une personne peu aimable. En fait, il est normal pour l’homme d’aimer. Puisque Dieu est l’Amour et que l’homme est Son image, il est tout naturel pour l’homme de refléter l’Amour. Et puisque l’amour reflète l’Amour, Dieu, il n’est jamais privé de la puissance, de la beauté et de la grâce divines. Chaque expression de cet Amour puissant possède donc ces caractéristiques spirituelles. L’Amour est immortel; par conséquent, la faculté qu’a l’homme d’exprimer l’Amour est immortelle, ininterrompue et à jamais active. Dieu en est la source et l’homme l’expression. Puisque la source est universelle, il s’agit, en toute logique, d’un amour universel, et le fait que l’homme est l’expression de l’Amour qui inclut tout nous permet de discerner le bien exprimé par nos semblables et de les honorer sans restriction ni discrimination parce qu’ils sont les fils et les filles de Dieu.
Que faire lorsque nous percevons les difficultés d’autrui tout en sachant que nous devons respecter le droit de chacun de se tourner vers la solution de son choix? La réponse à cette question m’est apparue avec une évidente clarté en cette nuit troublée: il n’y a qu’à obéir à Christ Jésus, qui nous a demandé d’aimer sans réserve. L’anxiété et la crainte ont été balayées par une vague d’amour lorsque j’ai vu combien il était facile d’aimer l’enfant de Dieu en chacun. J’ai pensé, avec reconnaissance, à tout ce que mes amies faisaient pour l’Église, et mes préoccupations à leur sujet se sont évanouies. Puis, au lieu d’être accablée par l’état inquiétant de ma mère, j’ai évoqué avec joie l’influence positive qu’elle avait eue sur mon existence, tout ce que je devais à sa gentillesse et à son entrain. Je me suis recouchée en éprouvant un amour indicible pour toutes les personnes concernées et j’ai dormi en paix jusqu’au matin.
Le lendemain, ma mère a manifesté le désir de faire une excursion. Nous avons parcouru les montagnes, emprunté des sentiers sinueux, visité de petits magasins, pique-niqué au bord d’un torrent, et, vers cinq heures de l’après-midi, l’une de nous était prête à retourner au bercail, mais ce n’était pas ma mère ! Elle désirait prolonger le plaisir. Sa faiblesse avait totalement disparu. Je n’ai rien mentionné du changement qui s’était opéré dans mes pensées la nuit précédente, mais, plus tard dans la soirée, ma mère m’a dit avec beaucoup de douceur: « Je ne comprends pas ta religion, mais je sais qu’elle m’a guérie. »
Comment cela a-t-il bien pu se produire ? La Science Chrétienne nous enseigne que l’amour, qui vient de Dieu, est un puissant agent guérisseur. Partout où un amour pur est exprimé avec persévérance, il s’effectue une prise de conscience de la présence du Christ, qui éclaire et guérit. Lorsque Jésus exprimait un tel amour, les multitudes étaient guéries. L’amour spirituel ne nous demande pas d’accepter que le bien et le mal soient tous deux réels dans la nature humaine. Il nous amène en revanche à aimer le bien que nous percevons maintenant, il nous encourage à accomplir les progrès spirituels qui nous permettront de toujours mieux discerner la ressemblance de Dieu en nous-mêmes et chez les autres, et d’aimer cette identité spirituelle de tout notre cœur.
Et qu’advint-il des deux amies qui se querellaient ? Au cours des nombreuses années qui ont suivi, je n’en ai plus jamais entendu une critiquer l’autre. Elles se témoignent le respect sincère qui caractérise l’unité chrétienne.
L’amour spirituel qui illumine notre chemin est quelque chose de bien plus grand qu’une émotion humaine; c’est l’effet de la loi libératrice de Dieu. De même que la lumière chasse les ténèbres, cette puissante influence curative dissout tout ce qui lui est dissemblable. L’amour, le souffle de Dieu, qui guérit et met un terme aux divisions, a le pouvoir d’apaiser les conflits qui opposent les factions, les races et les nations en introduisant la compréhension et la patience.
Mary Baker Eddy connaissait le pouvoir guérisseur de l’amour et son influence sur le cœur de chacun. A propos de l’amour, elle écrivit: « Quel mot ! Il m’inspire un profond respect. Sur quelle infinité de mondes il s’étend et règne souverainement ! le primordial, l’incomparable, l’infini Tout du bien, le seul Dieu, c’est l’Amour. »3 Si nous aspirons à soulager les souffrances de l’humanité et à contribuer à ses progrès, reconnaissons la force extraordinaire de l’amour spirituel et sachons bien que la faculté d’exprimer l’Amour divin est inhérente à chacun. L’amour mutuel est naturel lorsque nous aimons Dieu en premier. C’est mettre en action la loi de Dieu, la loi de la guérison et de l’harmonie.