Comment les praticiens de la Science Chrétienne qui ont une famille font-ils pour concilier les exigences de la vie familiale avec une profession qui peut impliquer de longues heures de travail et des horaires irréguliers, occupant souvent les soirées et les week-ends? A en juger par plusieurs entretiens récents, la réponse est simple: « par la prière »!
Souvent d’ailleurs, la pratique est une sorte d’affaire de famille; le soutien apporté par le conjoint et les enfants compte beaucoup. Par exemple, la femme d’un praticien très actif se rappelle un pique-nique familial qui précédait le départ d’un fils pour une année à l’étranger. Son mari attendait l’appel d’un patient. Comme l’appel ne venait pas, il fallut annuler le projet de se rendre à la plage. Le mari alla travailler dans son bureau et le reste de la famille pique-niqua dans la salle à manger ! Notre amie se souvient que l’ambiance était plutôt maussade, jusqu’à ce que les participants se souviennent que le bonheur de toute la famille venait du soutien mutuel que s’apportaient ses membres en servant Dieu avec amour et en Lui obéissant. L’après-midi se termina par une sortie mémorable qui n’avait pas du tout été prévue.
La famille compte beaucoup pour moi. En réfléchissant pour savoir si j’allais accepter de donner des traitements par la Science Chrétienne, je me demandais si ce travail pouvait se concilier avec mes obligations familiales. Je me demandais si la pratique n’allait pas me séparer de ma famille.
Or, un jour, alors que j’attendais un bébé, le téléphone sonna au moment précis où, revenant du marché, je passais la porte avec mon premier enfant. Je courus répondre. C’était une élève de l’école du dimanche qui venait d’être blessée dans un accident de vélo et me demandait si je voulais bien prier pour elle. J’attendais des invités, je devais préparer le repas et je pensai: « Père, où vais-je trouver le temps ? » Et la réponse fut instantanée: « Tu as le temps, maintenant même. » Je répondis donc à la fillette que j’allais prier pour elle. J’avais cinq minutes avant de préparer le dîner; je m’assis et je me mis à prier. Quand je me sentis prête à faire la cuisine, je me levai, et le téléphone sonna. La petite était guérie.
Mon enfant était à côté de moi, les choses suivaient leur cours, et je compris ainsi qu’il est possible de prier n’importe où et que Dieu nous donne toujours le temps de le faire. Cela demande parfois bien plus de cinq minutes, mais je me rendis compte que ce n’était pas vraiment une question de temps, mais une question d’amour: si j’avais l’amour, je trouverais le temps, et il n’y aurait jamais de conflits avec d’autres devoirs. Je comprenais que mes enfants seraient bénis si j’entrais dans la pratique de la Science Chrétienne.
Je travaillais en pensant au rythme: Dieu ordonne les événements de notre vie selon un rythme parfait, et il ne peut jamais se produire d’interférences entre les appels à l’aide divine et toute autre activité normale, ni entre les appels eux-mêmes. Lorsque les choses ne semblaient pas se dérouler à un rythme paisible, je travaillais beaucoup avec ce qu’écrit Mary Baker Eddy dans Science et Santé: « C’est notre ignorance concernant Dieu, le Principe divin, qui produit l’apparente discordance, et la vraie compréhension de Dieu rétablit l’harmonie. » Je me mis à voir toute apparente discordance comme un manque de compréhension de Dieu ou comme la négation d’un des aspects de Dieu.
En entrant dans la pratique alors que nos enfants étaient petits, j’appris que ce n’est pas là une activité séparée de la vie courante. La pratique consiste surtout à vivre l’amour. Ma vie n’était pas divisée. Je n’étais pas mère à certains moments et praticienne à d’autres. Je remplissais sans cesse la fonction de praticienne, car cette fonction est d’éprouver un tel amour pour Dieu que l’on reconnaît Sa création, y compris l’homme, telle qu’Il l’a faite. C’est là pour moi l’essence même de la guérison.
Au début, je prenais les appels pendant que les enfants dormaient. Ma pratique augmentait. Puis, quand les deux enfants ont fréquenté l’école, j’ai pu avoir des heures de bureau régulières. J’ai présenté ma demande pour être inscrite dans The Christian Science Journal et j’ai trouvé un bureau à l’extérieur. Au cours des années, je peux dire que ma famille a béni ma pratique et que ma pratique a béni ma famille.
J’étais engagé dans la pratique de la Science Chrétienne à temps partiel, et je pensais qu’il était temps de consacrer tout mon temps à cette activité. Je suis allé passer deux semaines dans le Vermont avec ma femme et nos quatre enfants. Nous avons parlé de la situation et de tous les problèmes susceptibles de se poser si je démissionnais de mon emploi. D’un commun accord, nous avons convenu que c’était là ce que je devais faire.
Nous avons ensuite décidé d’acheter une ferme et de nous y installer. Notre idée était de louer le terrain afin de payer certaines dépenses et, si nécessaire, de faire de la culture ou de l’élevage pour subvenir à nos besoins alimentaires.
A maintes reprises, nous avons eu l’occasion de prouver que le Dieu qui m’avait conduit à la pratique à plein temps de la guérison par la Science Chrétienne était aussi le Dieu qui répondait à tous les besoins de la famille. Par exemple, lorsque le moment est venu pour notre fils aîné d’entrer en faculté, il projetait de se rendre dans une université du New Jersey. C’était là que j’avais moi-même étudié. Avant d’entrer dans la pratique, lors du vingt-cinquième anniversaire de notre promotion, j’avais promis un don et je m’étais engagé à verser une certaine somme. Or, il fallait maintenant tenir cette promesse, et cela ne paraissait pas possible. Mon fils désirait entrer dans cette école, et il semblait que, si je faisais ce don, je le privais de l’argent dont il aurait besoin pour payer ses études. J’avais pourtant le sentiment qu’il était juste d’envoyer l’argent que j’avais promis et je savais que ma famille et moi ne pourrions jamais rien perdre à cause de cela. J’ai donc retiré de l’argent d’une assurance-vie que j’avais souscrite et j’ai versé ce don. Dans les six mois, mon fils a reçu une bourse qui a couvert toutes ses dépenses.
Nos quatre fils sont allés à l’université, et dans l’université de leur choix. Dieu nous soutient, et nos enfants l’ont appris également. Ils ont appris que, même s’ils ne semblaient pas disposer de fonds suffisants pour couvrir quatre ans d’études, ils pouvaient aller de l’avant et qu’une solution se révélerait.
Il est des moments où l’on a l’impression de priver les siens en étant dans la pratique, et l’on doit vraiment travailler dur pour s’assurer que ce n’est pas vrai. Il faut bien comprendre qu’ils ne peuvent être privés de rien, car le bien d’une personne ne peut signifier une perte pour quelqu’un d’autre. Il faut comprendre que le bien qu’on accomplit ne saurait empêcher sa famille de recevoir ce dont elle a besoin. C’est là la loi de Dieu, la loi de l’Amour divin. Ma famille n’a jamais souffert du fait que je sois devenu praticien. Nous n’avons jamais manqué de rien. Ce n’est pas que nous ayons eu une abondance de biens, mais nous avions le sentiment profond de la bonté abondante de Dieu. Nous apprenions à avoir la certitude que nos besoins seraient satisfaits, parce qu’en réalité ils l’étaient déjà sur le plan spirituel, et nous avions la joie de le démontrer sur le plan humain, de l’apprécier et d’aller de l’avant.
Nous avons eu l’occasion de parler avec un des quatre enfants mentionnés plus haut. Il est maintenant marié et a lui-même deux enfants. Il a perçu cette période sous un angle un peu différent, avec un regard d’adolescent.
J’étais le cadet d’une famille de quatre enfants, et j’avais quinze ans quand mon père a décidé de s’engager à temps complet dans la pratique. J’ai dit « il a décidé », mais c’était en fait une décision de toute la famille. Mes parents nous ont expliqué que notre style de vie changerait à coup sûr, en tout cas au début, si mon père quittait son poste de vice-président d’une entreprise pour devenir praticien. Alors, nous avons discuté pour savoir quels seraient ces changements.
Sur le plan humain, cela signifiait que nous irions moins souvent au restaurant, que nous achèterions moins de choses. Mes frères et moi avions toujours désiré une ferme. Mes parents ont acheté cette ferme, et cela nous a donné, entre autres, la possibilité de cultiver des légumes et de les mettre en conserve pour compléter nos ressources.
A seize ans, j’ai trouvé un emploi qui m’a permis de mettre de l’argent de côté pour aller à l’université. J’ai ainsi économisé mille dollars. C’était suffisant pour payer mon billet d’avion et le premier semestre. Je me suis dit: « Eh bien, je vais y aller; j’aurai au moins un semestre d’études, et ensuite on verra. » J’ai gagné assez en travaillant pendant l’été et à temps partiel durant le semestre, et j’ai obtenu des prêts suffisants pour couvrir tous mes frais pendant mes années d’université.
Je n’avais pas peur. J’avais vu mes parents résoudre des difficultés, et je n’étais pas poursuivi par l’obsession du manque d’argent, parce que je savais comment avancer pas à pas en comptant sur Dieu. Je ne voyais pas tellement les choses en termes de dollars et de centimes. Nous avons été aidés de bien des façons et nous avons eu la possibilité de faire un tas de choses sans avoir besoin d’argent. Quand je repense à tout ce que j’ai fait, je me demande: « C’est fou, je n’avais pas le moindre sou, comment ai-je pu faire tout ça ? » De toute évidence, cela ne venait pas de moi. C’était l’Entendement qui nous donnait tout.
Nous n’avons jamais manqué de rien. Et il y a eu tant d’heureux moments ! Les fêtes de Noël, par exemple. Il n’y avait plus autant de cadeaux, mais une joie plus profonde, un désir de donner qui reflétait vraiment l’esprit de Noël, la joie de la venue du Christ. Je me souviens d’autres Noëls, mais ceux que nous avons connu après que papa fut devenu praticien m’ont laissé les meilleurs souvenirs. Nous étions plus proches les uns des autres, parce que nous nous efforcions tous d’aider à joindre les deux bouts, nous devions tous nous appuyer sur Dieu. Noël était alors beaucoup plus important qu’il ne l’avait jamais été, et cela n’avait rien à voir avec les cadeaux. Je ne sais pas trop comment exprimer cela. C’était presque un soulagement: il y avait moins de préoccupations matérielles. Mais ne croyez pas qu’il n’y eût pas de cadeaux ! Il y en avait, et des beaux ! Il nous fallait juste être un peu plus créatifs.
Il n’est pas facile de décrire ce que j’ai appris au cours de ces années-là. Je pense que, pour en avoir été témoin et bénéficiaire direct, j’ai acquis l’assurance de la sollicitude de Dieu. Aujourd’hui, lorsque des difficultés se présentent, que ce soit des problèmes physiques ou des questions financières, je peux m’accrocher à ce que j’ai vécu alors.
Je n’ai jamais eu l’impression de manquer de quoi que ce soit. En y repensant, ces années ont été très importantes. C’est un souvenir sur lequel je peux toujours m’appuyer. C’est l’opposé même du manque. Si je n’avais pas vécu cela, il me manquerait quelque chose dans la vie, un quelque chose que j’essaie de transmettre à mes enfants.
Ce que m’a tout de suite appris la pratique — l’imporatance de dévoiler le péché pour guérir, le rôle du repentir, la façon dont les plus grandes difficultés peuvent se résoudre dans la joie — m’a permis de construire une base très solide pour affronter les problèmes qui allaient surgir dans ma propre vie. J’ai dû passer par un divorce, épreuve qui n’est certes agréable pour personne. Cela m’a obligée à m’appuyer encore davantage sur Dieu.
Pendant les neuf premières années de ma pratique, je n’avais pas d’enfants. Je me suis ensuite remariée et, depuis dix ans, j’ai des enfants. Je pensais avoir appris beaucoup pendant ces neuf premières années, mais c’est bien peu par rapport à ce que je découvre depuis dix ans ! J’attribue ce fait à tout ce que mes enfants exigent de moi, pas tant sur le plan humain ou physique que sur un plan plus profond, au changement intérieur qui a dû s’effectuer en moi.
Je ne pense pas avoir autant changé pendant toute ma vie que depuis que j’ai des enfants. Ils m’ont fait comprendre ce qu’étaient la patience, le véritable amour, le dévouement, l’humilité, ce qu’un cantique appelle un « cœur humble et contrit. ». J’ai découvert que j’avais, dans ces domaines, beaucoup plus de progrès à faire que je ne pensais.
Certaines difficultés ont eu leur intérêt. Elles m’ont amenée à m’examiner, à mieux comprendre le rapport qui m’unit à Dieu, qui unit l’homme à Dieu. Et cela est lié à la façon dont je conçois la pratique: la rédemption et la régénération de la pensée qui contribuent au salut universel aussi bien qu’au salut individuel. La guérison est la chose la plus joyeuse à laquelle je puisse penser.
Les parents doivent sans cesse faire preuve de dévouement. Et j’ai toujours vu la pratique comme un dévouement absolu. C’est être au service du genre humain. Il a toujours existé en moi un désir très profond d’aider et les autres et ma famille. Le rôle de parent et celui de praticien s’articulent tous deux autour du désir de servir Dieu et l’humanité.
    