L’entraînement S’était fort mal passé. Elle n’avait vraiment réussi aucun de ses plongeons. Elle avait même raté le plus important — le double saut de carpe vrillé sur lequel elle comptait — chaque fois qu’elle l’avait essayé. Tout en se séchant, elle vociférait intérieurement contre son entraîneur, son père et la chaleur torride du Texas.
Le championnat national de plongeons avait bien commencé, deux jours auparavant, quand elle avait été classée deuxième au tremplin d’un mètre dans la compétition des moins de dix-sept ans. Mais, au cours de l’épreuve d’hier, elle avait raté un plongeon facile et s’était classée treizième, bien qu’elle fût partie favorite. Maintenant, elle s’attendait à un autre désastre pour l’épreuve de l’après-midi: le plongeon de dix mètres. Elle se considérait battue avant même d’avoir commencé.
Comme il lui restait deux heures avant l’épreuve, son père l’accompagna dans le vestiaire pour l’aider à se détendre et lui parler un peu. Il essaya de lui remonter le moral, mais elle avait plus envie de pleurer que de l’écouter. « Je ne veux pas me rendre ridicule, dit-elle à travers ses larmes, je vais encore tout rater. »
Ne sachant que répondre, il pria un instant en silence. Il lui vint alors des pensées, dont il était sûr qu’elles émanaient de Dieu. Il les exprima à haute voix.
« Il n’y a aucune raison pour que cela se passe comme hier ou comme ce matin à l’entraînement, dit-il, tu as participé à des compétitions dans tout le pays et tu t’entraînes chaque jour depuis dix ans. Par cette activité, tu exprimes ton amour pour Dieu, ta conscience de Sa toute-présence, ton désir de refléter Ses qualités. Pourquoi, tout d’un coup, cela changerait-il ? Dieu t’aurait-Il oubliée ? Peux-tu perdre ta capacité d’exprimer Son amour, Sa précision, Sa grâce ? Bien sûr que non ! »
Cette jeune plongeuse (qui est quelqu’un que j’aime beaucoup) se mit à réfléchir et cessa de pleurer. Elle anticipa alors avec joie l’épreuve qui devait avoir lieu l’après-midi. Elle savait que Dieu serait avec elle — comme Il l’avait toujours été — et avec chacun de ceux qui participaient au championnat.
Au cours de l’épreuve, elle « prit chaque plongeon comme il venait » et, entre chacun, elle se reposait dans la conscience de la présence divine. Au moment de sauter, elle ne pensait qu’à exprimer son amour pour Dieu et pour les centaines de spectateurs, qui, assis sur les gradins de la piscine, encourageaient de tout cœur les participants.
Les résultats furent merveilleux. Tous les concurrents se distinguèrent. Ma jeune amie ne prêta nulle attention aux notes pendant l’épreuve, mais, quand tout fut fini, elle découvrit qu’elle avait gagné la médaille d’argent... à quelques points seulement de la médaille d’or. Et le saut de carpe vrillé qui lui avait donné tant de mal le matin ? Selon les termes utilisés par son entraîneur, « c’était le plus beau plongeon de tous, presque parfait ! »
Comment expliquer ce revirement de la situation ? Avait-elle été « mise en condition » par un discours approprié ? Non, c’était l’intervention de la loi divine, loi qu’elle allait encore démontrer à maintes reprises au cours de sa carrière de plongeuse, alors qu’elle faisait partie de l’équipe universitaire et, ensuite, de l’équipe nationale des États-Unis. C’était comme si elle répondait à un « appel » de son Père-Mère Dieu. Il lui demandait d’aller au-delà des erreurs répétées, des limites physiques et des caprices d’humeur auxquels nous semblons tous soumis, pour exprimer davantage son identité véritable, illimitée, d’enfant de Dieu sans défaut.
Pareil appel n’est rien d’autre que le Christ lui-même parlant à chacun; c’est un message qui vient tout droit de Dieu pour nous inciter à atteindre un but si élevé que nous n’aurions jamais osé l’envisager tout seul: l’expression même de la perfection. Un écrivain du Nouveau Testament le traduit d’une façon vivante et imagée: « Frères... je fais une chose: oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ. » Phil. 3:13, 14.
Nous connaissons tous des défaites de temps en temps (et parfois même elles se succèdent !): des relations sont rompues, un projet qui nous tenait fort à cœur ne voit point le jour, une maladie persiste. Mais l’échec d’aujourd’hui est la promesse de demain, s’il nous force à changer de direction pour nous rapprocher de Dieu. Cette réorientation est en soi une prière qui apporte l’espoir et la guérison. Mary Baker Eddy, qui découvrit la Science Chrétienne, l’exprime ainsi dans Écrits divers: « L’expérience est le vainqueur, jamais le vaincu; et de la défaite naît le secret de la victoire. » Écrits divers, p.339.
Que visent les prouesses athlétiques, après tout ? Franchir le premier la ligne d’arrivée, faire le meilleur temps, totaliser le plus grande nombre de points ? Le comité olympique international de 1988 avait un point de vue différent.
On se souvient du moment pénible où l’un des athlètes s’est vu retirer sa médaille d’or parce qu’il s’était drogué pour se faire des muscles. Le message était clair: les Jeux olympiques ne célèbrent pas le triomphe des drogues modernes, mais le triomphe de l’esprit humain.
Ce triomphe de l’esprit nous soulève d’enthousiasme lorsque nous assistons à des prouesses athlétiques, à des distributions de prix, à l’interprétation de chefs d’œuvre dramatiques. Le 1er avril dernier, je fus tout l’après-midi témoin d’untel tel enthousiasme, lorsque les coureurs du marathon de Boston passèrent sous les fenêtres de mon appartement pour franchir la ligne d’arrivée à une cinquantaine de mètres de là. Les premiers arrivés reçurent un accueil délirant, bien sûr, mais il en fut de même pour ceux qui participaient en chaise roulante et pour tous ceux qui arrivèrent les derniers. Sept heures encore après l’arrivée des premiers concurrents, la foule encourageait les derniers coureurs qui remportaient un triomphe sur eux-mêmes en tenant bon jusqu’à la fin.
Qu’est-ce qui rend possibles pareilles victoires ? Pour beaucoup, c’est l’acte désintéressé qui consiste à dépasser l’humain afin d’atteindre le divin, à aller au-delà des limites matérielles afin de contempler la réalité spirituelle de leur identité d’enfant de Dieu. Comment transcender les limites de notre potentiel personnel si nous n’avons pas recours à la source infinie de tout potentiel, à savoir Dieu ? Utiliser les ressources spirituelles qui viennent de Dieu, et le faire à Sa gloire, voilà en quoi consiste le véritable triomphe chrétien. Cette victoire est une victoire intérieure, spirituelle, et elle nous appartient quelles que soient les notes données par les juges. Personne ne peut nous la retirer, parce qu’elle est fermement ancrée en Dieu. Nous lisons dans le Nouveau Testament: « Grâces soient rendues à Dieu, qui nous fait toujours triompher en Christ. » II Cor. 2:14. Puisque Dieu est notre Père à jamais, nous détenons tous le secret de la victoire.
