La Situation Était la suivante: Je commençais ma première année de lycée. C'était une époque formidable où s'offrait la possibilité de faire maintes choses très intéressantes et de nouer de nouvelles amitiés. Mais malheureusement, il y avait aussi des élèves d'une classe supérieure qui ne cessaient de me harceler. Ils se moquaient de moi, plaisantaient sur mes vêtements, ma taille, mes aspirations à bien travailler en classe. Je ne savais quelle attitude adopter; je voulais les éviter et je voulais que s'arrêtent ces attaques verbales.
Cela vous rappelle-t-il quelque chose ? Vous êtes-vous trouvé dans une situation semblable ? Peut-être les circonstances étaient-elles différentes, mais les sentiments de frustration et d'inanité étaient les mêmes. Ou peut-être faites-vous partie d'un groupe qui est pris à partie ? Est-il possible d'espérer un dénouement heureux ?
J'ai découvert que, lorsque je m'attachais à résoudre des difficultés, il m'était d'un grand secours de chercher dans la Bible inspiration et conseils. Certes les Écritures rendent compte d'événements et de personnages qui évoluent à des époques et dans des cadres très différents des nôtres, mais les questions et les difficultés que ces gens avaient à résoudre ne sont pas tellement différentes de celles que nous connaissons aujourd'hui. Se faire brutaliser, avoir des ennemis, tout cela ne présente rien de nouveau.
Prenez, par exemple, Joseph et ses frères. Joseph était l'un des douze fils d'Israël. Ses frères lui tenaient rigueur des témoignages d'affection particuliers qu'il recevait de leur père. Lorsque l'occasion s'en présenta, ses frères vendirent Joseph comme esclave. Il fut emmené en Égypte. Bien des années plus tard, lors d'une période de sécheresse, les frères de Joseph se rendirent en Égypte dans l'espoir d'y trouver de la nourriture. Joseph, qui était alors devenu un homme puissant et influent, répondit avec une générosité débordante à leur demande de subsistance. Plus tard, Joseph entoura de sollicitude ses frères et son père, Israël, lorsque tous vinrent vivre en Égypte.
L'attitude de Joseph fut vraiment remarquable. Il donna en abondance à ses frères, ceux-là même qui l'avaient banni de sa famille. Joseph, devenu puissant, aurait facilement pu les faire mettre en prison. Nous pouvons nous demander pourquoi Joseph se montra si magnanime. Sur quelle base repose ce pardon ?
Pour le comprendre, il nous faut examiner avec beaucoup d'attention notre concept de Dieu et de l'homme. La Science Chrétienne enseigne que Dieu est l'Amour universel. L'homme, la création spirituelle, et non matérielle, de Dieu, est abondamment aimé. L'amour de Dieu n'est jamais limité ni défaillant. En fait, Dieu est la source infinie de tout amour. De ce point de vue, il est donc impossible de dispenser chichement cet amour aux autres. Lorsque nous reconnaissons ce fait en priant, nous voyons se manifester la sollicitude de Dieu de façon tangible. Sur le plan pratique, cette prière nous ouvre de nouvelles façons de voir ceux qui nous entourent, elle nous dirige vers des activités utiles et elle nous offre des solutions aux conflits. C'est avec confiance que nous pouvons prouver une déclaration qui se trouve dans Science et Santé de Mary Baker Eddy: « L'Amour est impartial et universel dans son adaptation et dans ses dispensations. »
Nous voyons que cela a été vrai pour Joseph. Malgré les traitements cruels que lui avaient infligés ses frères, Joseph n'a pas été privé de la bonté et des libéralités de Dieu. En effet, il s'est trouvé même en position d'aider ses persécuteurs d'une façon inespérée. C'est ce que reconnaît Science et Santé dans la description de Joseph: « ... une affection pure bénissant ses ennemis. »
N'empêche, penserez-vous peut-être, que cette idée de « bénir ses ennemis » semble un peu exagérée. Pourtant, plus loin dans la Bible, dans le Sermon sur la montagne prononcé par Christ Jésus, nous trouvons ce commandement: « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent... et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent. » Cela correspond bien à ce qu'a fait Joseph, mais n'est-ce pas exiger beaucoup de nous ? Pourquoi une tolérance aimable ne serait-elle pas suffisante ? Si nous souhaitons percevoir l'homme de la création de l'Amour, il nous faut comprendre que, du point de vue du Christ, nous n'avons pas d'ennemi. Une « tolérance aimable » entretient, même si c'est subtil, l'image de quelqu'un ou de quelque chose qui n'est pas en harmonie avec nous. Si nous n'avons aucun ennemi, alors rien ne peut vraiment nous faire de mal. Ce fait nous permet de nous libérer du ressentiment. Que nous soyions attaqués à titre individuel ou en tant que membre d'un groupe, il nous est possible de bénir nos ennemis en les voyant sous leur vrai jour comme l'expression de l'Amour. Cela peut parfois sembler difficile. Mais c'est toujours porteur de guérison. Revenons aux événements décrits au début de cet article.
Alors que j'avais prié au sujet de cette situation, l'occasion m'a été offerte de bénir mes ennemis. Il s'est trouvé que le seul jour où il nous était possible d'acheter des billets pour une réunion d'élèves, j'avais sur moi le double de la somme nécessaire. Après avoir pris mon billet, je fus accosté par l'un des garçons les plus brutaux de la bande. Il avait oublié de prendre de l'argent et ses amis ne pouvaient lui en prêter. Il me demanda, en plaisantant, s'il pouvait m'en emprunter. A sa grande surprise et sans aucune hésitation, je lui remis ce qu'il lui fallait. Je n'éprouvais plus aucun ressentiment, car je ne voyais plus en lui un ennemi. Deux jours plus tard, ce garçon me remboursa. Après cet incident, toute moquerie et toute taquinerie cessèrent. Le conflit était terminé.
Bien entendu, la solution indiquée ici ne constitue pas une formule destinée à résoudre toutes les difficultés. Mais, lorsque nous prions pour être guidés, nous trouvons la réponse qui nous convient: celle qui amène à la guérison. Aimer ceux qui nous ont fait du tort peut sembler exiger beaucoup de nous. Toutefois, cela nous donne une compréhension plus profonde de l'amour que Dieu a pour chacun, tout en bénissant et libérant le monde.