Il Est Facile de comprendre que des personnes dont l’expérience, les talents ou les intérêts sont hors du commun aient une « vocation » particulière qui les distingue des autres. Mais quelle est l’origine de ces qualités exceptionnelles ? Sont-elles présentes en chacun sous une forme ou sous une autre ? Chacun est-il « appelé », ou la conscience d’avoir un but et une mission dans la vie n’est-elle l’apanage que de quelques « élus », les prophètes décrits dans l’Ancien Testament, par exemple ?
Ces anciens prophètes méritent bien notre admiration. Ils étaient conscients de leur mission et ils l’accomplissaient chaque jour avec un enthousiasme intense, sans faille, portés et fortifiés par la puissance même de Dieu. Ils savaient qu’ils avaient été élus. Mais ces exemples, pour frappants qu’ils soient, ne sont peut-être plus très convaincants à l’époque actuelle: les gens n’ont en général plus l’impression d’entendre — au sens propre — la voix de Dieu. Pourtant, aujourd’hui comme jadis, Dieu parle à celui qui aspire à être guidé et à connaître sa propre valeur.
S’écartant radicalement des conceptions de la vie généralement admises, et même de ce qu’il est convenu d’appeler une vie « religieuse », la Science Chrétienne enseigne que la Vie est Dieu, jamais matérielle, mais pleinement spirituelle. Le fait de la création est que chacun, en tant qu’expression de la perfection, de l’harmonie et de la puissance de Dieu, a une identité spirituelle éternelle. On n’a pas besoin de retrouver cette identité, car elle n’a jamais été perdue, mais on a besoin de la percevoir clairement et d’y conformer sa vie maintenant même.
Comprendre sa propre individualité, c’est être semblable à Dieu. Dieu, l’Entendement divin, ou intelligence infinie, Se connaît parfaitement; il n’y a aucune zone d’ombre dans la connaissance qu’Il a de Lui-même ni aucun conflit d’intérêts ou d'intentions. Conscient de Sa propre individualité et la comprenant, Il a créé l’homme et l’univers spirituel comme l’expression de cette individualité. C’est pourquoi l’homme a une connaissance parfaite de Dieu, de la création divine et, ce qui est peut-être le plus important, de lui-même. Ni confusion, ni sentiment de frustration, ni désespoir, ni déception, ni crise d’identité n’appartiennent à Dieu, et l’homme réel ne connaît aucun de ces états d’esprit, car il est l’expression de Dieu.
La création spirituelle de Dieu est infinie et, par définition, ce qui est infini inclut tout. Même celui qui se sent tout à fait insignifiant est un complément essentiel de ce tout. Nous lisons dans la Bible: « Levez vos yeux en haut, et regardez ! Qui a créé ces choses ? Qui fait marcher en ordre leur armée ? Il les appelle toutes par leur nom; par son grand pouvoir et par sa force puissante, il n’en est pas une qui fasse féfaut » (Ésaïe). Dieu connaît, comprend et chérit l’identité, le nom, de chacun de Ses enfants. Nul n’est oublié, nul n’est inutile.
L’homme qui part d’un point de vue spirituel pour penser à lui-même et à l’univers se connaît vraiment. Mais celui qui asseoit ses pensées sur un point de vue personnel, limité, se heurte à des obstacles. Cela ne veut pas dire qu’il y ait, d’une part, une identité et un univers spirituels et, d’autre part, une identité et un univers humains. Seul le spirituel est réel, et ce qui apparaît comme l’humain n’est qu’une fausse perception du spirituel. Lorsqu’il se fie aux informations que lui transmettent ses sens matériels, l’homme mortel ignore sa véritable identité, car ces sens ne peuvent la comprendre. Dépourvu de la dimension spirituelle, l’homme mortel observe un univers matériel composé de personnes et d’objets matériels. Il construit cet univers dans sa pensée et le considère bien réel, mais ce qu’il en pense ne peut jamais lui conférer aucune réalité. De simples impressions n’ont aucun attrait pour celui qui discerne la réalité spirituelle; les déformations de la réalité, voire de pures élucubrations ne satisfont jamais celui qui connaît la vérité.
Dieu appelle chacun de Ses enfants. Sa voix nous révèle notre identité réelle et Son inaltérable sollicitude pour chacun de nous. Sa Parole ne peut manquer d’enraciner plus profondément en notre coeur la conscience que nous avons de notre individualité et de notre valeur spirituelles. Cette prise de conscience de notre identité spirituelle est une vocation au sens propre du terme. Elle peut se présenter comme un instant de décision ou même comme un appel irrésistible, tels ceux qu’ont entendus les prophètes. Elle peut être soudaine comme un réveil brutal, ou graduelle et paisible au cours d’une transformation de la pensée. Ce qui est certain, c’est qu’elle est absolument inévitable. Tôt ou tard, tous doivent s’éveiller, et s’éveille-ront, à la vision prophétique de Dieu et de l’homme spirituels, de l’homme que chacun est en réalité.
Dans le Glossaire de Science et Santé, Mary Baker Eddy parle du rôle spirituel du prophète. Elle écrit: « Prophète. Un voyant spirituel; disparition du sens matériel devant les faits conscients de la Vérité spirituelle. » La compréhension et la vision prophétique de la place permanente et inaliénable qui nous revient dans la création de Dieu transforment l’idée que nous avons de nous-mêmes. Cette compréhension amène les changements et les ajustements qui seraient nécessaires dans notre existence présente, la rapprochant toujours plus de ce qui est éternellement et spirituellement vrai. Les inquiétudes s’apaisent, les carrières s’épanouissent, des relations harmonieuses se forment. La place que Dieu a prévue pour chacun de Ses enfants est la ferme conviction de Sa présence et de Sa tendre sollicitude.
En outre, chacun a sa place dans la prophétie biblique. La Bible déclare: « Vous êtes mes témoins, dit l’Éternel, c’est moi qui suis Dieu » (Ésaïe). Cette affirmation est aussi valable aujourd’hui qu’il y a des siècles. Nous sommes tous appelés à être les témoins de Dieu, la Vérité.
Celui qui a le sentiment du caractère prophétique de sa vocation comprend clairement que les progrès d’une personne ne s’effectuent pas aux dépens d’une autre. Et la carrière des anciens prophètes éclaire la question de la concurrence en nous montrant que l’importance de la vocation ne dépend pas de la position sociale ni de la réputation: certains prophètes d’Israël ont été célèbres à leur époque, d’autres pas du tout. Un prophète n’est pas une célébrité, c’est un représentant de Dieu qui exprime activement la Parole de Dieu d’une manière exclusive.
Il n’est pas toujours facile d’être « appelé », la Bible le montre et l’époque actuelle le confirme. Cet appel implique une abnégation de soi et une humilité considérables. Bien trop souvent, on ne rencontre pas l’approbation du monde, mais sa haine. Pour percevoir l’univers tel que Dieu l’a créé, il faut avoir le courage de s’opposer à l’image traditionnelle qu’on se fait des choses, et la force de suivre un chemin qui, même s’il n’est pas facile, est celui qui nous mène au but.
Christ Jésus nous montre comment y parvenir. Son ministère a constitué l’exemple idéal de la vie d’un élu, avec l’autorité divine qui l’animait, les guérisons qu’il opérait, son indicible humilité et son triomphe final sur toute opposition.
Dans un certain sens, les gens sont élus parce qu’ils font le choix de suivre Christ Jésus et qu’ils acceptent les efforts et l’engagement qu’implique ce choix. Face à de grandes difficultés, le prophète d’aujourd’hui peut être tenté de se dire « à quoi bon ? » et d’abandonner. Mais on ne peut pas rejeter ainsi la vocation de prophète. A ceux qui répondent, et finalement même à ceux qui tournent temporairement le dos, la Parole de Dieu apporte une prise de conscience spirituelle.
Le fait de comprendre Dieu, Sa création, et notre place permanente au sein de cette création, fait prendre conscience du mérite dont parle Mary Baker Eddy lorsqu’elle dit que « le mérite dont il a conscience satisfait le cœur affamé, et rien d’autre ne le peut » (Message for 1902 ). C’est là la vraie vocation, la véritable destinée de toute l’humanité. Cet appel rachète le passé et transforme l’existence. Il révèle les dons illimités qu’un Père-Mère Dieu tout aimant accorde impartialement à chacun de nous, à chacun de Ses précieux enfants.
Frères, je ne pense pas l’avoir saisi ;
mais je fais une chose:
oubliant ce qui est en arrière
et me portant vers ce qui est en avant,
je cours vers le ut, pour remporter le prix
de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ.
Nous tous donc qui sommes parfaits, ayons cette même pensée ;
et si vous êtes en quelque point d’un autre avis,
Dieu vous éclairera aussi là-dessus.
Philippiens 3:13-15