De Tout Temps, les hommes se sont sentis limités dans leur santé, leur capacité et leur activité. Derrière ces restrictions habituelles du bien, s'est toujours dissimulé le concept fondamental du manque. Comment, donc, faire face à ce problème déconcertant dans l'existence humaine ?
Pour répondre à cette question, le monde fait appel aux chercheurs scientifiques, aux savants, aux hommes politiques et aux experts de tout bord. Force est de constater que, malgré leurs efforts honorables, la famine sévit, des maladies incurables et fatales s'abattent sur les gens, la pauvreté et la misère continuent d'assujettir l'humanité sous des formes agressives.
Devant ces manifestations du manque que nous présente le monde, il devient essentiel de répondre à certaines questions:
- Les restrictions et le manque constituent-ils un état permanent de l'être ?
- Dieu a-t-Il abandonné l'homme à un destin gouverné par une loi restrictive opposée à Sa nature du bien illimité ?
- Quelle est la nature de notre existence, de notre réalité ? Est-elle fondée sur ce que nous présente le monde ou sur ce qu'a créé Dieu, le bien parfait et abondant ?
Parlant de la façon dont l'humanité a toujours cherché à résoudre ce problème difficile, Mary Baker Eddy, qui a découvert et fondé la Science Chrétienne
Christian Science ('kristienn 'saïennce), écrit dans son livre Unité du Bien: « Le talent et le génie des siècles ont fait un faux calcul. Ils n'ont pas basé sur la révélation leurs arguments et leurs conclusions quant à la source et aux ressources de l'être — ses combinaisons, ses phénomènes, ses effets — mais au contraire ils ont bâti sur le sable de la raison humaine. Ils n'ont pas accepté le simple enseignement et la vie de Jésus comme étant la seule vraie solution du problème perplexe de l'existence humaine »
La conscience de la Vérité, de l'Amour, donnait à Christ Jésus l'empire souverain sur toute restriction et tout manque. Bien avant Jésus, cette même spiritualité avait permis à Élie de combler de biens la veuve de Sarepta au mépris des apparences de pauvreté, de manque et de la sécheresse. Cette conscience de la Vérité et de l'Amour divins fut également présente dans le désert de Bethsaïda, quand notre Maître multiplia les pains et les poissons pour nourrir une multitude affamée.
Pour celui qui s'appuie sur la raison humaine, cet enseignement, la Science du Christ ou la Science Chrétienne, paraît tout à fait aberrant. Mais, pour celui qui est disposé à rechercher les vérités spirituelles contenues dans la Bible, il ressort que la solution de n'importe quel problème se trouve dans l'intelligence omnisciente de Dieu. Il est alors vrai que si la finitude, le manque et la pauvreté constituaient une réalité éternelle dont Dieu ait conscience, qui soit empreinte de Sa bonté infinie et soutenue par Sa loi parfaite et irréversible, Élie n'aurait pas pu secourir la veuve ni Jésus nourrir la multitude, parce que l'un et l'autre auraient agi contre la volonté de Dieu.
Le fait que ces œuvres aient eu lieu prouve que les limites et le manque ne sont pas la volonté de Dieu et ne constituent pas un état permanent de l'être, faisant partie du plan divin pour l'homme. Nous avons par conséquent l'autorité spirituelle et morale de réfuter, chaque fois qu'elle se présente dans notre pensée, la notion que le manque est un fait inéluctable. Nous pouvons revendiquer notre héritage spirituel en ces termes: Nous sommes toujours un avec le Père, le Principe divin de notre être, de tout être: et tout ce que possède le Père, l'Amour divin, appartient à chacun de nous puisque nous sommes Sa complète expression.
En nous pénétrant de cette loi divine, nous comprenons qu'il n'existe aucune raison, aucune cause, aucune loi véritable qui soutienne ou justifie l'absence ou l'expression limitée de Dieu, le bien infini, puisque Dieu s'exprime éternellement en tant que tout, non en tant que partie ou fragment de Lui-mème. Mary Baker Eddy écrit dans Science et Santé avec la Clef des Écritures: « La totalité est la mesure de l'infini, et rien de moindre ne peut exprimer Dieu. » Si l'on comprend cette vision absolue de la Vérité et si l'on y conforme sa façon de penser et de vivre, le bien se manifeste nécessairement dans l'existence. En même temps disparaît toute crainte de manquer ou d'être séparé du bien.
Tout objet, toute chose, tout ce que nous percevons est soutenu par une mentalité. Ce qui est limité prétend avoir comme point d'appui une certaine mentalité limitée ou conscience limitée. C'est ainsi que s'explique le manque, quel qu'il soit. A mesure que cette conscience limitée cédera au Christ, la Vérité, notre véritable mentalité, la réalité du bien infini, apparaîtra inévitablement.
Nous arrosons le jardin de notre propre expérience et de celle du monde. Nous donnons vie et continuité soit au manque, soit à l'abondance infinie du bien, selon que nous acceptons ou refusons les pensées qui se présentent à nous. De ce choix important, qui a lieu à chaque instant, dépendent l'harmonie et l'abondance de notre existence, ainsi que celles de notre environnement et du monde.
Mais, en fait, qu'est-ce qui prétend nous rendre vulnérables aux insinuations mensongères affirmant que le manque est une réalité inéluctable pour l'homme ? Ce sont des attitudes mentales comme l'ingratitude, l'égoïsme, la crainte, l'apathie, le manque d'affection et de vigilance. Ce sont là des formes d'ignorance qui prétendent nous empêcher de connaître et de sentir l'Esprit, Dieu, notre Créateur.
En réalité, l'homme n'a pas une conscience qui lui soit propre, cherchant à devenir infinie. En tant qu'image ou expression de Dieu, l'homme est déjà le reflet infini de l'Entendement infini, la manifestation individuelle du bien illimité, la représentation subjective et complète de l'Amour qui embrasse tout. Cela explique qu'on ne puisse jamais dissocier l'existence de l'homme de celle de son Principe gouverneur et souverain. Tout ce dont l'Entendement divin, Dieu, a conscience, tout ce qu'Il connaît est réalité éternelle et doit inévitablement exister. Ce qui est éternel est par définition parfait, immuable, spirituel, ne contenant aucun élément autodestructif. Donc, la réalité éternelle, l'unique et la seule présente pour l'univers, ne connaît ni manque, ni pauvreté, ni disette, ni limite.
En définitive, quelle est la réalité pour moi ? Est-ce que je vois dans ma ville, ou dans mon village, ou sur mon écran de télévision ? Est-ce le chômage, l'inactivité, le manque ? Est-ce le fatalisme engendré par les prévisions économiques mondiales ?
Pour Jésus, il n'y avait pas une réalité humaine de cinq mille hommes à nourrir avec très peu d'aliments, mais il y avait un concept de Dieu et de l'homme, erroné et limité, à éliminer. Il comprenait sans doute que cette conscience limitée (ou humaine) était la seule prétendue résidence de tout manque et de toute restriction. C'est pourquoi Mary Baker Eddy nous dit que «Jésus ne s'abaissa pas au niveau de la conscience humaine ni du témoignage des sens ». Il pouvait ainsi exercer sa domination spirituelle innée sur le désert du sens matériel et refuser vigoureusement tout consentement à ce qui prétend amoindrir la totalité bien en l'homme et pour l'homme.
Tout ce qui nous apparaît comme une limite réelle et un manque de quelque chose de bien représente en fait une conception limitée de Dieu et de l'homme. Lorsque nous abandonnons cette conception pour la perception de l'Entendement divin infini en tant que tout de notre conscience — l'origine et la demeure de notre pensée et de notre être — la réalité nous est révélée: elle est toujours là, très bonne et harmonieuse.
Le domaine de la photographie nous donne la possibilité de comprendre ce qui voile la réalité et le moyen de l'éclaircir. Lorsque nous désirons prendre une photo dans l'obscurité, nous utilisons un « flash ». Ce flash est un lampe qui émet une lumière brève et intense, nous permettant de voir la scène voilée à la vue humaine. Dans les Écritures, le Saint-Esprit peut se comparer à cet éclair de lumière intense. Le Saint-Esprit ou sens spirituel est cette capacité dont tout homme est divinement doué qui permet de percevoir la réalité éternelle et toujours présente.
Tenir constamment notre flash spirituel allumé devant le courant de pensée qui déclare le manque et la pénurie inévitables dans le monde hâte la perception du royaume des cieux au-dedans de l'homme pour tout le genre humain. Une telle prise de position ne saurait être un simple élan métaphysique superficiel, mais plutôt une attitude radicale de pensée et une façon de vivre la totalité de Dieu, le bien. C'est la volonté d'être vigilant qui interdit toute promenade des suggestions de limites et de manque dans la conscience de notre monde et de notre environnement. Ne devons-nous pas être aussi vigilants devant cette acceptation générale qui reconnaît au manque une identité, c'est-à-dire un nom, un cycle et un territoire appelé « pays pauvre » ?
Beaucoup sont malades parce que tout le monde accept la réalité de la maladie, ils sont pauvres parce que tout le monde justifie la pauvreté, ils sont privés parce que tout le monde croit le manque inévitable. Si la majorité du monde consent à la réalité et à la permanence des restrictions et du manque, cela n'accordera point à ceux-ci force de loi pour l'homme. Tout ce qui est loi véritable doit nécéssairement soutenir Dieu et Sa création parfaite, l'homme spirituel et l'univers.
Il est certain que, pour la prétendue loi de limitation, cinq pains et deux poissons partagés entre cinq mille hommes donneraient quelque chose de tellement infime que l'Évangéliste n'aurait jamais écrit: « Tous mangèrent et furent rassasiés, et l'on emporta douze paniers pleins des morceaux qui restaient. »
Or, cette preuve établit définitivement le fait que la loi de Dieu, ou loi de la totalité divine, s'appuyant sur l'évidence du sens spirituel, supplante toute autre prétendue loi. Comprendre cette vérité, en rester toujours conscient, c'est être une loi à soi-même, une loi d'abondance et non de manque, une loi de santé et non de maladie.
Plus nous entretiendrons dans notre pensée le fait que l'Entendement éternel constitue notre seule loi, note seule cause et notre seule substance, plus la présence du flot infini du bien se manifestera pour nous et pour le monde.
Mais ce bien illimité est un état d'être actif et toujours présent, non pas un objet ou une chose matérielle qu'on acquiert. C'est pourquoi il ne peut être ni quantifié, ni localisé, ni thésaurisé, mais est accessible ici, maintenant et partout. Ce n'est pas quelque chose qui se trouve au-delà, au-dessus ou en dessous de l'homme, quelque chose qu'il nous faille chercher en dehors de nous-mêmes, comme le monde nous le suggère continuellement, mais plutôt un état présent au-dedans de nous puisque nous sommes enfants de Dieu. Ma femme et moi pouvons témoigner de ce fait.
Nous résidions dans un pays étranger où l'autorisation de séjour permanent, qui donnait également droit à un travail stable pour les personnes de notre race et de notre nationalité, se limitait à un quota quasi nul. L'espoir que nous caressions de trouver une activité stable se trouvait anéanti, car nous ne pouvions obtenir ce permis. Peu à peu, nous nous sommes enlisés dans une attitude plus ou moins fataliste.
Nous commencions à croire, à dire et à penser ce que beaucoup de nos compatriotes ne cessaient de répéter: « A cause de notre race, de notre nationalité, nous n'avons ni avenir, ni place, ni considération dans ce pays. Nous n'avons non plus aucune chance d'avoir de permis de séjour permanent ni de trouver un emploi stable comme tout le monde. »
Tant que nous donnions notre consentement à cette façon de penser limitée, notre triste situation persista: instabilité, manque de permis valable et restrictions d'emploi. Puis, un jour, nous avons pris conscience de la nécessité de refuser notre consentement, de changer le courant de notre pensée et de céder à l'Entendement infini dans lequel se trouvent la liberté, la sécurité, l'activité et tout bien.
Nous avons décidé de nous consacrer à ce travail de purification de nos pensées. Instant après instant, nous avons reconnu la totalité de Dieu, le bien, l'individualité illimitée de l'homme, qui n'est sujette ni aux limites ni au manque. Nous avons revendiqué cette individualité qui était la nôtre. Nous avons senti l'exigence impérative de laisser la pensée naître de l'Esprit. Nos pensées au sujet des autres et de nous-mêmes ont changé et une sorte de voile restrictif s'est levé. Nous avons compris mieux que jamais que l'homme est infini par réflexion puisque Dieu est infini. L'homme ne réside pas entre des frontières qui limitent un pays. Il n'est pas non plus soumis à une autre loi que celle du bien infini qui garantit ses progrès, son activité, sa stabilité, sa place.
Notre joie fut immense de constater que le troisième jour de ce travail, sans une seule démarche de notre part, le permis de séjour nous fut proposé et accordé par les autorités compétentes. Quelques mois après, j'ai trouvé un emploi stable dans une grande compagnie multinationale, un emploi qui auparavant ne pouvait être accordé à des personnes de notre nationalité. Nous avons constaté qu'ensuite, le quota de permis de séjour augmenta, et des emplois, qui jusque-là ne pouvaient être donnés à nos compatriotes, leur devinrent accessibles.
Voyons-nous vraiment la portée illimitée de l'abondance et de l'accessibilité du bien infini ? Le consentement que nous donnons à l'unique Entendement infini apporte plus d'harmonie, de joie, d'abondance et de paix dans tout ce que nous faisons.
