Exaltez L'éternel ! » Voilà une exhortation familière à la plupart des lecteurs de la Bible, car elle figure souvent dans l'Ancien ou le Nouveau Testament, par exemple: Job 36:24; Ps. 34:4; 69:31; Luc 1:46. Pendant des années, je n'ai vu dans cette invitation qu'une formule rituelle; toutefois, récemment, quelque chose est survenu qui m'a fait changer cette façon de voir.
Je m'étais vaguement rendu compte que, lors de conversations, ou à la lecture d'articles ou d'informations qui attiraient mon attention, ou encore lorsque je regardais des films à la télévision, tout, dans ma pensée, se fixait sur l'adversité. C'était un peu comme si les commentaires sur les événements favorables ou les idées intéressantes présentaient moins d'attrait qu'une énumération de malheurs.
Puis vint le jour où j'eus un entretien avec un étudiant dans mon bureau. Je ne pensais pas avoir beaucoup de mal à l'encourager, car ses talents me paraissaient évidents. Mais il ne semblait pas de mon avis. Chaque fois que je mentionnais quelque chose que je considérais être l'un de ses atouts, il s'arrangeait pour le présenter soit comme un inconvénient, soit comme une banalité. De plus en plus perplexe, je le voyais plaider contre lui-même avec habileté et persistance. Aurait-il été son pire ennemi qu'il n'aurait pas agi autrement !
Après son départ, je secouai la tête avec tristesse. Puis, dans un éclair de stupéfaction, je reconnus que son état d'esprit était similaire à celui qui était le mien en maintes circonstances. Un compliment sur un nouvel ensemble amenait de ma part la réponse: « Oh ! j'ai trouvé ça en solde ! » Si quelqu'un appréciait une gentillesse ou me remerciait d'une remarque faite à une réunion, je lançais: « Oh ! c'était si peu de chose ! » Est-ce vrai, me demandai-je, la bonté est-elle réellement « peu de chose », et le mal serait-il une affaire si importante et si attrayante ?
J'ai commencé à penser à certaines guérisons que j'avais eues en tant que Scientiste Chrétienne, guérisons que je n'avais jamais mentionnées aux réunions de témoignage du mercredi car, ou elles semblaient trop insignifiantes, ou je les avais tout simplement oubliées. Elles me sont revenues en foule lorsque je leur ai ouvert ma pensée. Je me suis rendu compte qu'à l'instant même où je m'étais permis de me concentrer sur le mal, j'avais (tout comme l'étudiant) minimisé le bien au point qu'il me fallait un microscope pour le voir !
Dans l'existence journalière, beaucoup de choses donnent certainement à penser que « le mal est aussi réel que le bien et plus puissant ». Mais ces mots sont précisément ceux qu'utilise Mary Baker Eddy, dans son ouvrage principal, Science et Santé, pour décrire le magnétisme animal: « Ainsi qu'on l'appelle en Science Chrétienne, le magnétisme animal ou hypnotisme est le terme spécifique désignant l'erreur, ou entendement mortel. C'est la fausse croyance que l'entendement est dans la matière et qu'il est à la fois mauvais et bon; que le mal est aussi réel que le bien et plus puissant. » Elle poursuit en déclarant: « Cette croyance n'a pas une seule qualité de la Vérité. »
Partant de la prémisse de la totalité de Dieu et de Sa bonté d'où découle l'irréalité de tout ce qui est dissemblable à l'Esprit, la Science Chrétienne assure que la prétention du mal à fasciner et à dominer la vie humaine est fausse et vaine. La Science Chrétienne montre que le mal est une illusion, et qu'il est détruit lorsque l'omniprésence de Dieu, le bien, est reconnue et démontrée dans l'existence humaine.
Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy fait allusion au « microscope de l'Esprit » (voir p. 264). Lorsqu'on s'en sert pour examiner la matière, déclare-t-elle, celle-ci disparaît. Lorsque nous contemplons la vie sous une optique spirituelle, la réalité du bien se discerne nettement: elle se révèle de façon frappante et indubitable dans notre existence quotidienne. A travers cette lentille de l'Esprit, les actes de tendresse, les paroles courageuses, les objets de paix et de beauté, qui étaient peut-être passés à l'arrière-plan devant l'évidence tumultueuse du mal, apparaissent clairement pour nous apporter la fraîcheur. Il devient alors certain que le bien n'est ni trop obscur, ni trop abstrait, ni trop éthéré pour être compris. Il n'a rien d'insipide ni d'ennuyeux ! De telles prétentions viennent du magnétisme animal et sont l'antithèse même de la vérité: le bien est attrayant, vivant, précis; il porte dans l'existence des fruits concrets et permanents.
S'appuyant sur l'autorité de la Bible (Genèse 1:26, 31), la Science Chrétienne enseigne que Dieu a créé l'homme à Son image et à Sa ressemblance, et que l'homme a la domination sur un univers que Dieu a proclamé être « très bon ». Chacun de nous fait toujours partie de la création parfaite de Dieu, mais, maintenant, nous ne le voyons que faiblement. Le bien que nous percevons nous fait entrevoir la réalité présente de l'être. Par conséquent, exalter le bien, ce n'est pas « voir la vie en rose », c'est voir ce qui est réel.
Le bien que nous discernons dans l'existence représente la manifestation, parmi nous, du pouvoir et de la présence de Dieu. Rien dans ce bien n'est insignifiant, rien ne provient de la chance ni d'une coïncidence. Le bien est synonyme de Dieu et manifeste Son être. Voir ce qui est bien, c'est voir Dieu. Il arrive que la détermination d'exalter le bien face à l'accablant témoignage des sens physiques exige un courage formidable. Prenons l'exemple de Christ Jésus. Exalter le bien ne signifie pas fermer les yeux sur le mal; cela signifie le détruire, en voir la totale fausseté. La vérité de la création spirituelle a été établie de toute éternité, mais, pour le sens humain, les prétentions du magnétisme animal luttent vigoureusement pour que cette vérité ne soit pas acceptée dans la conscience individuelle. Pourtant seul est réel ce qui est bien, bon, spirituel et parfait.
Il est possible que cette négation radicale et absolue du pouvoir du mal paraisse tout à fait déraisonnable à la logique ancrée dans la tradition et le témoignage des sens physiques. C'est pourquoi le changement de mise au point et de perspective que permet le microscope de l'Esprit est indispensable à chacun pour découvrir le sens spirituel auquel lui donne droit sa qualité d'enfant de Dieu. Quand il utilise son sens spirituel pour modeler son concept de la réalité, il est capable de démontrer ce qui est spirituellement vrai de son existence.
La démonstration, grâce à la guérison du péché et de la maladie, de la puissance absolue de Dieu, le bien, est la preuve convaincante que de telles assertions concernant Dieu et Son univers sont exactes et qu'elles sont dûment représentées dans les enseignements de la Science Chrétienne. En dernière analyse, la réalité et la toute-présence du bien, et l'irréalité du mal en résultant, ne constituent pas un point de débat théologique; elles sont la base d'une façon de voir et de vivre jour après jour. Science et Santé l'explique ainsi: « La Science Chrétienne révèle incontestablement que l'Entendement est Tout-en-tout, que les seules réalités sont l'Entendement divin et l'idée divine. On ne considère cependant pas ce fait important comme soutenu par une évidence perceptible, tant que son Principe divin n'est pas démontré par la guérison des malades et ainsi prouvé absolu et divin. Cette preuve une fois reconnue, on ne peut arriver à aucune autre conclusion. »
Il y a quelques années, je traversais une période difficile et j'avais permis à l'amertume, au sentiment de frustration et à la colère de mobiliser toute mon attention pendant bien des mois. Graduellement, toutefois, la prière — née d'abord d'un chagrin désespéré, puis d'un humble désir de discerner ce qui est vrai de la création de Dieu — a transformé ma façon de voir. J'étais chaque jour plus disposée à examiner mon existence sous le microscope de l'Esprit. De cette façon, la perfection et l'harmonie qui caractérisent toujours la création de Dieu m'apparaissaient davantage. Tout d'abord, de tels aperçus du bien semblaient insignifiants et fugitifs. Mais, à mesure que je me concentrais sur eux, ils s'amplifiaient dans ma pensée; ils devenaient comme des rayons de lumière, dissipant l'obscurité. Cela a pris du temps, mais mon existence a fini par se conformer à ce que je voyais à travers la lentille de l'Esprit. La souffrance s'est alors effacée pour finalement disparaître.
Le fait d' « exalter le Seigneur » s'est révélé précieux pour développer mon concept de la réalité. Je poursuis chaque jour un but précis: témoigner du bien en pensées comme en paroles, et interdire à la litanie sans fin du mal de m'impressionner, de m'épouvanter ou de m'induire à croire que le mal est puissant, nécessaire, réel. Maintenant, lorsque j'entends parler de calamités et de détresses, je veille mieux à prier immédiatement au lieu d'en parler en me délectant de ce qu'elles ont de sensationnel. Plus je me suis appliquée à exalter le bien, et plus je l'ai vu se manifester, même dans des domaines inattendus qui me paraissaient dépourvus d'importance ou obscurs.
L'habitude d'exalter le Seigneur n'est ni de la naïveté ni un rituel ancien, vide de sens. Exalter le Seigneur, c'est acquérir une vision plus claire de la grandeur et de la beauté de la création divine, et la vivre ici-bas.
