Le débat sur la qualité de l'éducation n'est pas clos. Qu'est-ce qui devrait rester, qu'est-ce qui devrait changer dans les budgets scolaires, les programmes, les cours, afin que les enfants puissent réellement apprendre et progresser ? Il est un élément dont nous souhaitons tous, sans doute, la présence dans l'école, bien que nous ne nous accordions peut-être pas sur la façon de le mettre en pratique, c'est l'amour. Mais avec tous les problèmes que rencontrent les familles comme les écoles, de nos jours, il peut sembler qu'on manque même d'amour.
Dans cet article, un professeur examine les exigences de l'enseignement et le besoin d'amour, à la lumière de ce que lui apprend son étude de la Science Chrétienne Christian Science (´kristienn ´saïennce). Ces onze dernières années,
a eu des classes très diverses. Elle a passé deux ans avec des enfants affectés, jugeait-on, de troubles d'apprentissage, comme la dyslexie. Elle a aussi travaillé quatre ans avec des enfants considérés comme très doués. Elle est actuellement éducatrice spécialisée pour enfants très doués, à l'école publique aux États-Unis.Vos méthodes d'enseignement varient-elles de façon radicale selon les enfants avec lesquels vous travaillez ?
J'emploie la même démarche avec tous les enfants: dyslexiques, handicapés mentaux ou enfants doués intellectuellement. Je considère au départ que chaque enfant a des possibilités illimitées, qu'il s'agisse d'un élève de sixième année dont le niveau de lecture correspond à celui de la première année ou d'un élève de deuxième année qui lit comme ceux de cinquième année. Scientiste Chrétienne, je prie pour voir que mes élèves expriment Dieu sans limite.
Grâce à mon étude de la Science Chrétienne, j'ai appris qu'il n'y a qu'un Entendement, c'est-à-dire Dieu. L'intelligence n'est pas une qualité personnelle, quelque chose qu'on possède personnellement. Elle n'est ni physique, ni biologique, ni susceptible d'être endommagée avant ou après la naissance. L'intelligence est une qualité de l'Entendement divin que l'homme reflète.
Avez-vous l'impression que cet état d'esprit peut influencer les capacités d'apprentissage d'un élève et son comportement ?
L'état d'esprit du maître peut aider l'enfant à attendre davantage de lui-même, et les résultats suivent. L'expérience m'a montré aussi que les parents ne sont que trop contents de changer de pronostic lorsqu'ils perçoivent des signes manifestes d'amélioration. Cela vaut non seulement pour les résultats scolaires, mais aussi pour la discipline.
Dans ma classe de dyslexiques, j'ai eu un enfant qui avait été renvoyé d'une autre école, parce qu'il avait détruit un mur dans les toilettes; le mur avait été réparé et il l'avait redémoli. Il était enragé. Ce n'était pas un tout petit garçon; il avait onze ans, mais il était presque aussi grand que moi et il avait l'air d'un dur. Au début, il m'impressionnait un peu.
Derrière cette façade de dureté et de méchanceté, ce garçon avait une politesse innée, de la réceptivité au bien et de la bonté. L'appréciation et le respect de ces qualités naturelles ont pénétré sous cette façade pour mettre en lumière la bonté de sa véritable nature d'enfant de Dieu, créé à Son image et à Sa ressemblance. J'ai essayé de ne rien attendre de mauvais de lui, malgré tout ce que pouvaient en dire ses parents, les maîtres et l'administration. Je le considérais avec l'espoir confiant qu'il agirait conformément à son vrai caractère. Il s'est mis à avoir des résultats scolaires et un comportement qui satisfaisaient pleinement toutes les personnes concernées, notamment ses parents.
A chaque fois qu'on voit, en pensée, quelque chose qui dévie de l'expression de Dieu, on peut, au-delà des apparences humaines, contempler le vrai caractère de la personne en question. Il ne faut pas se laisser décourager par les apparences. Mon travail, c'est de rester imperturbable dans ce cas-là, parce que je sais que l'homme exprime la nature infinie de l'Entendement, Dieu.
La plupart du temps, les enfants qu'on a déclarés dyslexiques ont eu tant d'échecs, qu'ils ont la certitude d'être handicapés. Les parents sont convaincus qu'ils le sont. Ces enfants ont essayé de penser d'une manière positive, ils ont essayé très fort humainement, mais souvent, cela n'a pas marché parce que les efforts étaient fondés sur le faux concept qu'il existe un entendement distinct de Dieu. Il est tout simplement impossible de comparer les capacités de l'entendement humain avec les qualités divines inhérentes à l'homme spirituel.
A chaque fois que vous exprimez des qualités divines, vous vous sentez bien. C'est la preuve de votre nature réelle d'homme spirituel. Cela vous donne une impression agréable, l'impression de quelque chose que vous voulez recommencer. Et cela fait boule de neige. J'ai constaté que cette démarche exige beaucoup de patience, ainsi qu'un travail continuel pour voir les choses correctement. Mais la perfection innée est bien là.
Il faut aussi adopter certaine attitude extérieure. Il faut essayer d'aborder les enfants, quel que soit leur âge, avec bonté et avec respect. Quelques-uns n'y sont pas habitués. Cela regonfle leur moral de rencontrer une personne qui respecte leur identité et leur intégrité, qui les traite avec bonté et avec toutes les autres qualités merveilleuses qu'on s'efforce d'exprimer pour mettre en application ce dont nous venons de parler.
Comment voyez-vous votre rôle d'enseignante ?
En tant qu'enseignante, je dois être un modèle au sens le plus élevé du terme, c'est-à-dire que je dois traiter les enfants comme des membres de la famille de Dieu, à laquelle j'appartiens également. Je ne donne pas aux élèves de traitement par la Science Chrétienne, mais je les aime pour ce qu'ils sont. Lorsque quelqu'un est apprécié pour ses qualités divines, c'est un très grand compliment. On est heureux de se trouver dans une atmosphère où l'on vous traite avec patience, bonté, respect, humour et joie. Je dis souvent aux enfants combien je suis heureuse d'être avec eux et combien j'apprécie leurs idées, et je les remercie de me les communiquer.
Par ailleurs, il est important pour moi de savoir, chaque jour, d'où me viennent l'inspiration, la patience et la bonté. Lorsqu'en priant pour moi-même, je vois en moi l'expression de l'Amour et de l'intelligence infinie, je peux entrer dans la classe en sachant que toute l'aide nécessaire est là, quoi qu'il arrive. Il est des moments où je dois être sévère. Je dis aux élèves qui se tiennent mal: « Je ne tolérerai pas ce genre de chose. » Ce n'est pas une classe où l'on est libre de tout faire. L'enseignement doit être structuré, juste, fondé sur l'amour. Il doit s'effectuer dans une atmosphère où il est de règle de se comporter correctement les uns envers les autres.
Comment vous préparez-vous pour votre travail, d'un point de vue spirituel ?
De bonne heure, chaque jour, je prends conscience de la nature de Dieu, de mon identité d'enfant bien-aimée de Dieu, du rapport qui m'unit à Lui. Je peux alors affronter efficacement les circonstances qui se présentent. Je vois la prière créer progressivement en moi un état de pensée plus conséquent, une attitude mentale inviolable, inaltérable.
N'avez-vous jamais peur dans certaines situations ?
Pas vraiment. J'en suis venue à comprendre que j'ai l'armure de la Vérité. La prière de Christ Jésus était humble et résolue. Il put affronter en maître les circonstances difficiles qui se présentaient. Trouvant la paix en nous, nous l'apportons avec nous, comme il est dit dans le Psaume vingt-trois: « Oui, le bonheur et la grâce m'accompagneront tous les jours de ma vie, et j'habiterai dans la maison de l'Éternel jusqu'à la fin de mes jours. » Ps. 23:6.
J'aime à penser que le bonheur et la grâce de Dieu m'accompagnent et qu'ils s'expriment envers tous ceux que je rencontre, dans la classe où ailleurs. J'essaie d'apporter un sentiment d'unité avec Dieu, qui fournit la solution de toutes les difficultés qui se présentent dans la journée. Je reçois la patience et la certitude que Dieu est à l'œuvre.
Il m'est précieux de garder à l'esprit que je ne vise pas à transformer un mortel en un mortel meilleur, mais à voir le Christ à l'œuvre en chacun et à laisser Dieu nous révéler à tous ce que nous devons savoir, faire et dire.
Voit-on les résultats de votre travail dans les dossiers scolaires ?
Dans les classes d'enfants jugés dyslexiques, nous avons fait des tests de lecture au début et à la fin de l'année scolaire: en moyenne, les élèves avaient rattrapé deux ans en un an. Dans le cas de l'élève qui avait été renvoyé de son ancienne école à cause de son comportement agressif et de son vandalisme, il a rattrapé quatre années en un an. Il ne lisait pratiquement pas en arrivant et, à la fin de l'année, il lisait Mark Twain. Son père est venu me voir pour me dire: « Que lui est-il arrivé ? Je ne peux plus l'arrêter. Il lit maintenant au lieu de regarder la télévision. » A l'époque, il lisait Tom Sawyer.
Avez-vous l'impression d'avoir vous-même progressé grâce à ce travail ?
Oui, certes. J'ai surtout effectué des progrès dans deux domaines. Premièrement, j'ai appris le courage: j'ai appris à ne pas avoir peur ni à me laisser impressionner. Et deuxièmement, j'ai constaté qu'il y a toujours une solution, sans aucune exception, une solution qui répond au besoin et que Dieu va me la révéler. Ce sont des récompenses inestimables.
Un exemple me vient à l'esprit. Cette année, j'ai eu un élève qui avait été brutalisé par ses parents. Un mandat d'arrêt avait été lancé contre son père et on avait interdit à sa mère de le voir. Cet enfant lui-même se comportait mal avec les autres. Ce n'était pas un élève facile. Mais, étant donné les résultats que j'avais observés par le passé, et sachant que là même se trouvait l'enfant de Dieu, j'ai vu se produire des résultats merveilleux.
Dés le premier jour, cet enfant avait montré de la réticence pour beaucoup de choses. Au bout d'un moment, il avait paru assez à l'aise dans la classe. Mais ensuite, les élèves sont allés en cours de musique et, lorsque je suis allée les rechercher, je l'ai trouvé dans le couloir, assis sur une chaise, complètement replié sur lui-même, et il faut préciser que c'était un élève de sept à huit ans assez grand. En silence, j'ai demandé à Dieu de m'aider. Il m'est alors venu l'idée de lui dire: « Tu es un bon garçon. Je sais que tu es un bon garçon. Je le sais bien. » Ce n'était pas une formule, parce que je savais pertinemment qu'il était bon. En fait, je savais qu'il était véritablement l'enfant parfait de Dieu.
Un enfant qui a été maltraité par des adultes peut se demander effectivement s'il est bon ou pas. Les enfants ont souvent tendance à s'en prendre à eux-mêmes: « Pourquoi les adultes veulent-ils me faire du mal ? Je dois avoir fait quelque chose de terrible pour qu'on me traite ainsi. »
J'ai prié pour mieux comprendre que Dieu gouvernait tout. Le réel foyer de cet enfant était nécessairement auprès du Père-Mère Dieu. Il ne s'en trouvait jamais éloigné. Il était là, dans les bras de l'Amour. Et là même, il était l'enfant de Dieu, sage et aimant par nature.
Des changements encourageants se sont produits. Ce garçon a pris la tête dans beaucoup de domaines. Il s'est montré aimant et serviable. Intellectuellement, il s'est distingué dans toutes les matières. Lorsque j'étais inquiète de ce qui pouvait lui arriver chez lui, je le remettais entre les mains de Dieu, sachant que la Vérité était à l'œuvre. Je savais que Dieu prenait soin de cet enfant et l'aimait. Cette compréhension spirituelle était d'une grande aide.
J'ai appris à ne pas craindre certaines situations ou circonstances — qu'il s'agisse apparemment d'incapacité mentale ou de contexte familial défavorable — semblant avoir influencé le développement de l'enfant. Mon calme et ma confiance procèdent du réconfort et de l'inspiration que je tire de la Bible et de ce que j'ai appris dans les ouvrages de Mary Baker Eddy, Découvreur et Fondateur de la Science Chrétienne. Celle-ci écrit, par exemple: « Le pouvoir guérisseur est la Vérité et l'Amour, et ils ne font pas défaut dans les circonstances les plus critiques. » Écrits divers, p. 5. Elle dit aussi: « Nous devons "prier sans cesse". Une telle prière est exaucée dans la mesure où nous mettons nos désirs en pratique. » Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 15.
J'ai appris à croire de tout mon cœur qu'il existe toujours une réponse légitime à tout besoin humain. Il y a eu bien des moments où je me suis accrochée à ces idées: « Mon Père, je sais qu'il y a une solution. Montre-la moi, s'il Te plaît. S'il y a quelque chose que je peux dire, que je peux faire, dis-le moi, je T'en prie. » Ensuite, j'allais de l'avant en écoutant les directives divines. Je sais qu'il y a une solution et qu'elle est bonne. Tôt ou tard, la réponse viendra: ce qu'il faut dire, ce qu'il faut faire; c'est absolument merveilleux.