Un jour, accompagnée d'une amie, je faisais des courses dans de jolies boutiques d'une ville du sud des États-Unis. A la sortie de l'une d'elles, sur un espace dégagé, nous avons découvert une femme entourée d'une multitude de branchages délicats, couverts de baies blanches. Elle s'employait à les tresser pour en faire des décorations de fête. Avec son chemisier rouge vif et sa jupe bleu foncé, elle était vraiment ravissante à voir; aussi mon amie ne put-elle s'empêcher de s'exclamer: « Quel joli tableau ! Vous êtes belle comme un cœur !» Lentement, la femme releva la tête et, d'un ton stupéfait, répondit: « C'est bien la première fois qu'on me dit que je suis belle !» Mon amie ajouta alors: « C'est dommage que je n'aie pas mes peintures, j'aurais fait votre portrait !»
Des deux côtés de cette place, les rues bourdonnaient de circulation, en cette période de fête, et les gens se bousculaient sur les trottoirs. En dépit de la presse, cependant, quelqu'un avait entendu les remarques de mon amie. Derrière moi, une voix masculine vigoureuse s'adressa à la femme: « Puisqu'on ne peut vous peindre, souffrez que je chante en votre honneur !» Me retournant, je découvris non pas un jeune guitariste itinérant, mais un gentleman de très bonne apparence. Sans plus tarder, il entonna un chant éclatant en hommage à la dame qui, ayant lâché son ouvrage, restait là assise, muette de surprise.
Pendant ce temps, je m'étais écartée de quelques pas, priant sincèrement afin d'apaiser mon émotion et d'écouter Dieu. Car il faut vous dire que les personnages de cette scène appartenaient à des races différentes et que ce spectacle se déroulait dans un port qui fut jadis l'un des plus grands marchés d'esclaves des États-Unis.
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