Tout jeune, j'avais l'impression que la Bible était un livre qui se bornait à enseigner que, si l'on mène une vie droite, on va au ciel et, dans le cas inverse, on se dirige vers l'enfer. Donc, lorsque j'ai quitté la maison et l'influence familiales, je me suis dit que je n'avais aucun besoin de l'église ni de ce qu'elle enseigne. Je pensais que si je faisais quelque chose de mal, ma conscience me le signalerait et que je n'avais nul besoin de l'église pour me le dire.
A l'époque, je ne me rendais pas bien compte qu'en fait, je me révoltais contre Dieu. Durant bien des années, ma conscience fut mon guide souvent je me révoltais aussi contre elle. J'allais très peu à l'église, même après épousé une Scientiste Chrétienne aimante dont la vie me permettait d'être le témoin de bien des preuves de l'efficacité curative de la Science ChrétienneChristian Science ('kristienn 'saïennce). Il m'était impossible de l'accepter pour moi-même. J'étais militaire de carrière et la Science Chrétienne ne cadrait pas avec l'image macho que je me faisais du soldat.
Nous n'étions mariés que depuis deux mois et demi lorsqu'en décembre 1939, au début de la seconde guerre mondiale, je fus envoyé en Angleterre. Je ne devais revoir ma femme qu'au bout de cinq ans passés. Ce fut une séparation longue et pénible, mais je me rends compte maintenant que ce furent ses prières qui ont soutenu et renforcé notre affection, car, pour ma part, je n'assistais à aucun service religieux à moins d'y être conduit de force.
Pendant la guerre, j'ai vu des pays ravagés et des vies perdues. Je ne parvenais pas à comprendre comment Dieu pouvait permettre une telle calamité et je L'en blâmais. Plusieurs années devaient s'écouler avant que j'accepte de lire ces paroles dans Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy, Découvreur et Fondateur de la Science Chrétienne: « L'homme est l'expression de l'être de Dieu. S'il y eut jamais un moment pendant lequel l'homme n'exprima pas la perfection divine, alors il y eut un moment pendant lequel l'homme n'exprima pas Dieu, et par conséquent un moment où la Divinité fut inexprimée — c'est-à-dire sans entité. » Science et Santé, p. 470.
C'est dans une tranchée en Italie, alors que je servais dans un régiment d'infanterie canadien, que je devins pour la première fois conscient du pouvoir de Dieu et que j'eus quelque intuition de ma véritable identité. J'avais survécu à plusieurs grandes batailles et, après chaque combat, je me félicitais d'avoir une fois encore échappé à la loi des statistiques. Mais, comme je m'en étais sorti tant de fois pratiquement indemne, il me devint bientôt évident que la loi des statistiques ne jouait pas vraiment. Je comprenais qu'il devait exister une loi supérieure qui gouvernait ma vie et j'attribuais donc ma sécurité aux prières de ma chère femme et des membres de la famille. A cette époque de ma vie, je ne savais vraiment pas comment prier, mais j'étais reconnaissant pour les prières des autres.
Ce n'est que bien après la guerre, alors que j'étais encore sous les drapeaux, que j'ai commencé à trouver des réponses aux nombreuses questions que je me posais sur Dieu. Nous avions reçu l'ordre d'assister à des cours d'instruction religieuse le mercredi après-midi. Lors de ces réunions, des aumôniers de diverses religions s'efforçaient de nous expliquer des passages de la Bible et de répondre à nos questions. Leurs interprétations et leurs réponses ne me convenaient pas tellement et je commençais à me demander s'il valait la peine de poursuivre cette étude.
Après l'une de ces séances, j'assistai avec ma femme à une réunion de témoignage du mercredi soir dans une filiale de l'Église du Christ, Scientiste. A la fin de cette réunion, je fis la connaissance d'un praticien de la Science Chrétienne. Je décidai alors de poser au praticien quelques-unes des questions qui avaient été posées aux aumôniers. Cette fois, je reçus des réponses très satisfaisantes. Séance tenante, je décidai que si c'était cela qu'enseignait la Bible, j'étais prêt à l'accepter.
Cela prit du temps, mais, finalement, je trouvai l'aide et l'amour du Christ, la Vérité, grâce à mon étude de la Bible et de Science et Santé. Lentement mais plus clairement, j'appris à comprendre les enseignements du Maître, Christ Jésus, et comment les appliquer à mon existence quotidienne. Je voyais à quel point ma vie avait été étroite et, au fur et à mesure que ma compréhension de Dieu s'étendait, les barrières tombaient et je ressentais une liberté que je n'avais jamais cru possible auparavant. Ce que je dus surtout apprendre, c'est que les qualités exprimées par Jésus étaient des qualités spirituelles provenant de Dieu. J’eus alors une meilleure compréhension de Dieu. Tout comme Job, je pus dire: « Mon oreille avait entendu parler de toi; mais maintenant mon œil t’a vu. » Job 42:5. Comme Job, je ne voyais pas Dieu grâce à des yeux matériels, mais grâce à la compréhension spirituelle. Je devins plus conscient de la réalité du lien qui m’unissait à Dieu et cela se manifesta dans ma vie quotidienne.
Alors que j’étudiais le Nouveau Testament, je reçus un conseil précieux: « Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. » Matth. 6:33. Je vis que je ne progresserais et ne trouverais le bonheur réel que dans la mesure où je me tournerais vers l’Esprit divin afin de comprendre ce que j’étais et de saisir le sens de mon existence. Ma vie ne me satisfaisait pas et je savais, dans le fond de mon cœur, qu’il fallait changer quelque chose. La Bible me montrait maintenant le chemin à prendre. Il y avait beaucoup à apprendre et chaque pas dans cette voie me guidait vers la lumière spirituelle.
La compréhension de la bonté de Dieu et de Sa totalité m’a permis de cesser de boire lorsque j’étais avec des amis, ce qui me paraissait impossible, car boire entre amis fait tellement partie des mœurs militaires. La lumière que je recevais, grâce à la Bible et à Science et Santé, me montra que je pouvais participer aux obligations mondaines de l’Armée et m’y amuser sans l’aide de l’alcool.
J’appris également que la Science Chrétienne ne menace ni ne condamne, et que l’amour de Christ nous soutient. Ainsi que le proclame Paul, « Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, en n’imputant point aux hommes leurs offenses, et il a mis en nous la parole de la réconciliation. » II Cor. 5:19. Je voyais bien maintenant que mon passé était derrière moi. Dorénavant, mon rôle consisterait à vivre ce que j’apprenais: laisser les qualités spirituelles de mon identité réelle œuvrer chaque jour pour le bien des autres.
J’ai traversé bien des tourmentes mentales avant de saisir comment Jésus pouvait apaiser les tempêtes de la mortalité qu’il affrontait et, ce faisant, les calmer chez autrui. Je sais maintenant que l’homme de la création de Dieu n’est jamais exposé au danger, jamais menacé. Savoir cela constitue une armure protectrice.
Dans Science et Santé, sous la rubrique marginale: « Demeurer dans la Vie », se trouve un paragraphe qui m’a bien aidé à comprendre en quoi consistait la mission de Jésus: « Jésus dit en substance: “Celui qui croit en moi ne verra pas la mort.” C’est-à-dire, celui qui perçoit la vraie idée de la Vie perd sa croyance à la mort. Celui qui a la vraie idée du bien perd tout sens du mal, et de ce fait pénètre dans les réalités impérissables de l’Esprit. Celui-là demeure dans la Vie, la vie qui ne provient pas du corps, incapable de soutenir la vie, mais de la Vérité, qui développe sa propre idée immortelle. » Science et Santé, p. 324. N’était-ce pas la vraie idée de la Vie que démontra Jésus lorsqu’il apparut à ses disciples, aux deux Maries, et aux autres, après le crucifiement?
Cet énoncé explique comment nous pouvons tous nous identifier à l’image de Dieu. Lorsque nous acceptons la nécessité de la régénération spirituelle et de la croissance en compréhension spirituelle, notre nature véritable apparaît. Nous commençons à nous voir en qualité d’expression spirituelle de Dieu au lieu de nous concevoir comme un mortel inquiet et insatisfait.
L’étude que j’ai faite de la Bible, avec l’interprétation spirituelle qu’en donne Science et Santé, m’a libéré de nombreux défauts et de conceptions erronées de la vie. Pendant bien des années, après la guerre, je me suis demandé pourquoi j’avais été sauvé, mais la Bible m’a révélé le véritable but de mon existence: être le témoin de Dieu. Chacun d’entre nous est nécessaire afin d’exprimer le Christ, la Vérité, dans l’existence quotidienne. Entretenir avec amour le Christ dans notre pensée nous permet de nous acheminer et d’aider les autres à s’acheminer vers une conscience plus constante de la touteprésence de Dieu et de Son amour, une conscience de l’unité de l’homme et de Dieu. Même s’il arrive que quelqu’un se soit détourné de la lumière de la Vérité, consciemment ou inconsciemment, il peut changer de route. Tous peuvent comprendre et prouver que la Vérité est toujours victorieuse.
Science et Santé nous fait cette promesse: « A mesure que l’on découvre qu’une base de vie matérielle et théorique est une fausse conception de l’existence, le Principe spirituel et divin de l’homme commence à poindre dans la pensée humaine, et la conduit “là où était le petit enfant” — c’est-à-dire à la naissance d’une idée nouvelle bien qu’ancienne, au sens spirituel de l’être et de ce que renferme la Vie. Ainsi la terre entière sera transformée par la Vérité qui, déployant ses ailes de lumière, chasse les ténèbres de l’erreur. » Ibid., p. 191. La Vérité a chassé, sans aucun doute, les ténèbres de ma vie et elle peut faire de même pour quiconque l’accepte avec ferveur.