En langue esquimau, il existe une quantité de mots pour désigner la neige. Cela se comprend. Les Esquimaux vivent dans des régions froides où la neige est inéluctable et abondante. Dans les régions tropicales, de nombreux mots désignent les palmiers. Les mots d’une langue font ressortir ce qui est courant dans la vie des gens du pays.
Il me vient à la pensée une autre série de vocables. Règlements, promesses, serments, obligations, contrats, créances, commandements, statuts, ordonnances, garanties, conditions, pactes, tous ces termes, et je suis certain qu’il en existe bien plus encore, sont des variations sur le thème de la loi.
La loi a une influence énorme sur notre langage comme sur notre vie. Mais à moins qu’elle ne soit réellement observée, une loi peut sembler n’être guère plus qu’une abstraction. Une créance qui n’est pas remboursée est sans valeur. Une ordonnance qui est enfreinte par la majorité, sinon par tous les membres d’une collectivité, n’est guère qu’une parodie de la loi. Une promesse non tenue, une règle transgressée, un contrat qui n’a pas été honoré peuvent blesser, souiller et faire encore baisser la confiance. Si on ne peut lui faire confiance, si on ne peut se fier à elle, quels que soient les mots dont on se serve, il est difficile d’observer la présence ou les bienfaits de la loi.
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