Vous prenez la classe des grands. C'est la première fois que vous avez affaire à eux. L'atmosphère vibre d'un esprit d'aventure et d'infinies possibilités (comme sur les vieux voiliers lorsque le capitaine rassemblait son équipage sur le pont arrière, au départ des voyages au long cours).
Sans préambule et en parlant à dessein au présent, vous vous plongez dans une histoire tirée de la Leçon biblique. Les Leçons bibliques hebdomadaires se trouvent dans le Livret trimestriel de la Science Chrétienne. Vous l'intitulez: « L'homme qui veut tout. » (Les histoires retiennent l'attention.)
« Voilà cet homme, leur dites-vous, qui a soif d'expériences; il aspire aux biens de ce monde, il est avide de connaissances. Il se bâtit des maisons, il plante des vignes, il se fait apporter de l'or et des trésors rares de pays lointains, il s'entoure de musiciens... »
Ils vous regardent très attentivement, captivés par les détails. Peut-être pensent-ils que l'homme est quelqu'un que vous connaissez, ou bien qu'on en a parlé aux informations. (Du coin de l'œil, vous vous apercevez que le surintendant, de loin, vous observe, comme quelqu'un attendant sur le quai, tandis que le bateau s'éloigne.)
Vous continuez: « Mais il s'aperçoit que “l'œil ne se rassasie pas de voir, et l'oreille ne se lasse pas d'entendre”. » Eccl. 1:8. Maintenant, tout le monde a compris. Vous parlez de l'homme dans le livre de l'Ecclésiaste. Vous résumez: « Il veut tout. Il obtient à peu près tout. Puis il s'aperçoit qu'il n'a en fait rien du tout. Et il déteste la vie humaine. »
Les questions et les remarques pleuvent, toutes à la fois. Mais elles émanent exclusivement de deux personnes. Et elles portent sur dix sujets différents. Vous n'êtes pas tout à fait prêt à répondre à celle sur l'évolution et les isotopes. La discussion n'a pas de sujet précis. Vous perdez pied. Vous parvenez tant bien que mal à faire passer un unique point spirituel. La conversation décousue se poursuit indéfiniment. Enfin, la cloche sonne. Vous avez presque envie d'abandonner.
A la maison, après avoir prié, vous pensez à lui, le grand Professeur, Christ Jésus. Comment faisait-il ? Vous vous souvenez d'une phrase: « Je parle selon ce que le Père m'a enseigné. » Jean 8:28. Et d'une autre, tirée du livre d'étude de la Science Chrétienne, où Mary Baker Eddy écrit: « L'Entendement divin embrasse toute action et toute volition, et l'homme, dans la Science, est gouverné par cet Entendement. » Science et Santé, p. 187.
C'est donc bien toujours le Père n'est-ce pas ? C'est Lui qui est à la barre, comme le capitaine aux commandes. Mais Son bateau est l'univers.
Vous vous dites en vous-même: Ne te fie pas à des trucs, à des idées de génie et à tes connaissances. Tâche d'être le plus humble possible. Fais un effort réel pour sonder les profondeurs de ton humilité. Il n'y a peut-être pas de limites à l'humilité et à son potentiel, de même qu'il n'y a pas de limites à l'Amour.
Et soudain, la pensée qu'il vous fallait vous vient si clairement: Enseigner, c'est démontrer ! C'est laisser luire la vérité éternelle et la laisser se démontrer elle-même en ne l'utilisant pas d'une façon déterminée à l'avance, quelle que soit votre adresse. C'est le Christ, le pouvoir guérisseur de la Vérité, exalté dans les affections, débordant de mots et d'actions justes. C'est avoir tous vos moyens spirituels.
Maintenant, vous savez comment vous préparer.
Vous vous éveillez le dimanche suivant empli d'une grande paix. Ce ne sera que la deuxième fois que la classe se réunit, mais il y a déjà quelque chose de différent. C'est dans l'air. C'est dans la souplesse de votre démarche, dans la joie débordante de votre cœur. C'est comme de la lumière en vous, tout autour de vous, mais ce n'est pas la lumière du soleil. Vous savez qu'elle ne s'en ira pas.
Vous sortez. Vous vous dites profondément, calmement: « J'aime ces jeunes. »
(Le bateau s'éloigne, toutes voiles déployées. Il va bien. Il tient le bon cap.)