Un dessin animé tchécoslovaque fut présenté un soir lors d'une grande conférence internationale. Il avait été précédé par des journées de discours tout ce qu'il y a de plus ennuyeux et par des intrigues parlementaires. Mais ce dessin animé humoristique fit plus que tout autre chose pour rendre la réunion vivante.
Il s'appelait « Voler ». Très simplement, il montrait en noir et blanc une ruche ou une fourmilière grisâtre massive dans laquelle les gens accomplissaient d'une façon monotone des tâches organisées répétitives.
A peine remarquée au début, une des « fourmis » s'éleva et s'envola hors de la ruche. Elle prit son essor vers le ciel, qui se para immédiatement de splendides tons bleus. Un par un, tous les habitants gris des tunnels et des cellules ennuyeuses sortirent timidement de la ruche, et eux aussi s'élevèrent et s'envolèrent en grandes courbes joyeuses. A la fin du dessin animé, tout avait pris des couleurs vives. La parabole toucha une corde sensible et le public applaudit à tout rompre.
La plupart des gens savent que la vie, c'est autre chose qu'accomplir une besogne fastidieuse terre à terre, ou même jouir d'un confort passager agréable et purement matériel. Nous accordons peut-être une ovation à ceux qui ont gagné la bataille contre des forces supérieures, en partie parce qu'ils nous laissent entrevoir quelque chose de ce firmament infini que nous savons être là pour toute l'humanité. Nous comprenons intuitivement que c'est l'apanage réel du genre humain de « voler », de prendre son essor dans l'esprit, de réaliser la liberté et l'amour. Mary Baker Eddy, qui a fondé la Science Chrétienne
Christian Science (’kristienn ’saïennce), écrit: « Ce que les mortels entendent, voient, touchent, goûtent et sentent, constitue leur terre et leur ciel actuels; mais il nous faut abandonner même cette servitude agréable et trouver des ailes pour atteindre la gloire de la Vie suprasensible; alors nous prendrons notre essor, de même que l'oiseau s'élève dans le clair éther du ciel d'azur temporel. » Écrits divers, p. 86.
La vie dont Mary Baker Eddy parlait était la Vie qui est Dieu, l'Esprit, et qu'elle avait trouvée dans sa découverte de la Science Chrétienne. Elle comprenait que cette Vie est la vie véritable de l'homme. Le sens ordinaire de vie mortelle est une conclusion erronée résultant du fait qu'on s'appuie exclusivement sur les données des sens physiques. La vie réelle de l'homme est décrite dans la Seconde épître à Timothée, où Paul se réfère à « notre Sauveur Jésus-Christ, qui a détruit la mort et a mis en évidence la vie et l'immortalité par l'Évangile » II Tim. 1:10..
Nous voyons là clairement que ce qui est mis en lumière doit déjà exister. Nous le trouvons, nous découvrons la nature véritable de la vie. Mais la question se pose peut-être: comment « trouver des ailes » pour nous élever jusqu'au royaume de la vie en l'Esprit ? En d'autres termes, comment pourrais-je jamais devenir suffisamment avancé spirituellement pour comprendre et prouver ces vérités concernant l'homme spirituel et illimité, vérités que je sais intuitivement être exactes ?
Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy fait une déclaration à ce sujet qui demande à être soigneusement étudiée. La voici: « La Science révèle la possibilité d'accomplir tout bien et incite les mortels à travailler pour découvrir ce que Dieu a déjà fait; mais mettre en doute notre capacité d'acquérir la bonté à laquelle nous aspirons et de produire des résultats meilleurs et plus élevés, est bien souvent ce qui entrave nos premiers coups d'aile et entraîne l'insuccès dès le début. » Science et Santé, p. 260.
Regardons cette phrase à nouveau. D'abord, nous voyons que c'est Dieu qui a fait tout ce bien que nous désirons. Ensuite, nous comprenons que le problème, c'est le manque de confiance dans nos capacités personnelles, ou, pourrions-nous dire, une confiance placée à tort et inutilement dans des capacités humaines limitées. Cela nous empêche d'utiliser nos ailes. Cela tend à nous maintenir dans le circuit de notre vieille routine grisâtre, alors qu'en fait, nous avons déjà la capacité de voler.
Le fait est que nous avons déjà les ailes dont nous avons besoin, parce que la nature véritable de l'homme, notre nature, est spirituelle. Par « spirituel », nous ne voulons certainement pas indiquer l'idée abstraite inutile que le mot représente selon l'entendement mortel qui s'en plaint. « Spirituel » signifie un univers entier de loi spirituelle, la façon spirituelle dont les choses marchent: la joie et la perfection spirituelles, l'amour et le bien-être spirituels.
N’est-ce pas en fait ce que le Maître, Christ Jésus, montrait à ses disciples, au sujet du royaume de Dieu tout proche ? Ses actes de guérison, le fait qu’il ait calmé la tempête, sa résurrection, révèlent l’univers spirituel de Dieu à ceux qui sont désireux de suivre l’exemple du Maître. Ceci demande une nouvelle naissance et un progrès dans la régénération qui nous permettent de voir la réalité spirituelle déjà présente. Mary Baker Eddy explique: « Avec la naissance spirituelle, l’existence primitive impeccable et spirituelle de l’homme commence à poindre dans la pensée humaine — à travers les douleurs d’enfantement de l’entendement mortel, les espoirs différés, les plaisirs évanescents et l’accumulation des souffrances des sens — et grâce à cette naissance nous perdons toute conscience de nous-même en tant que matière et acquérons un concept plus vrai de l’Esprit et de l’homme spirituel. » Écrits divers, p. 17.
Une meilleure compréhension de ce simple point que nous avons déjà les ailes (ou la capacité spirituelle) nécessaires peut nous aider beaucoup pour démontrer la vérité que notre vie est en Dieu, l’Esprit. L’entendement mortel, la croyance erronée d’une identité dans la matière, donne une représentation complètement fausse de l’homme que nous sommes réellement. Croire en cette fausse représentation, c’est ne faire qu’un mince usage inconséquent des capacités spirituelles qui sont les nôtres. De par notre nature, nous ne sommes pas des créatures attachées au sol, sans inspiration, désirant en vain, de toutes nos forces, voler, mais n’en ayant pas la capacité. Nous sommes en réalité le reflet même de Dieu, l’Esprit.
Que signifie cela en termes pratiques, si par exemple quelque chose va mal apparemment dans le corps et que nous comptons sur la Science Chrétienne pour notre guérison ? Cela signifie que nous n’avons pas à croire que notre inspiration ou notre compréhension pour guérir la situation sont limitées. Il y a un monde de connaissance spirituelle qui est le nôtre, parce que nous ne sommes pas attachés au sol, mais tout à fait autres. Nous sommes en fait l’homme à l’image de Dieu, ce qui reflète la lumière et l’amour spirituels de l’Entendement divin. Nous sommes bel et bien constitués de ce que l’Amour divin ne pouvait manquer d’utiliser pour sa création: l’image parfaite de l’Esprit. La compréhension spirituelle est à la fois notre air et notre substance d’origine. Nous avons les « ailes » dont nous avons besoin, nous n’avons qu’à utiliser les « ailes » que nous avons.