Pour atteindre le but qui consiste à aimer spirituellement nous découvrons qu'il faut faire un effort basé sur la prière et même un effort continu. Par-dessus tout il nous faut être disposés à discipliner et à contrôler nos pensées.
N'y a-t-il pas des moments où nous avons un désir profond, pressant, de parvenir à plus de croissance et de progrès spirituels mais où nous sommes confrontés par la nécessité de surmonter au préalable l'apathie et l'habitude de lanterner ? Ces états négatifs de pensée tendent à nous dérober la capacité d'atteindre le but que nous nous sommes fixé. Si nous ne veillons pas à annuler leur influence mesmérique et erronée, ces pensées somnifères arrêteraient toute initiative mentale spirituelle et causeraient ainsi la cessation du déroulement des idées spirituelles.
Ce commandement de Jésus: « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » Matth. 19:19; présente un aspect important de l'amour spirituel.
Récemment j'ai eu l'occasion de faire de ce commandement une réalité active et compensatrice dans ma propre expérience. Pour moi, le voisin d'à côté était devenu un véritable problème. L'entendement mortel, ou la croyance à une vie séparée de l'Esprit divin, semblait déclarer que mon voisin était grognon, stupide, déraisonnable, mesquin et tout simplement méprisable. Je dois admettre que j'étais tout à fait d'accord avec ce triste tableau. Il me paraissait plus facile d'aimer n'importe qui, n'importe où, dans les conditions les plus défavorables, plutôt que d'aimer ce voisin.
En tant que Scientiste Chrétienne, je savais qu'il valait mieux que je m'empresse de corriger ma pensée à son sujet. Toutefois, après avoir beaucoup prié et désiré très sincèrement exprimer l'amour, après avoir aussi étudié la Bible et le livre d'étude de la Science Chrétienne, Science et Santé de Mary Baker Eddy, il devint évident que je ne faisais pratiquement aucun progrès. Et je m'interrogeai, car j'avais prié si sincèrement pour aimer davantage et pour inclure le voisin dans cet amour.
Bientôt j'en découvris la raison: je m'éveillai au fait que mes prières, bien que sincères, s'appuyaient sur l'égoïsme. A ma profonde stupéfaction, je découvris, après toutes mes prières et mon étude, que je ne l'aimais réellement pas ! Un examen un peu plus approfondi de mes pensées me révéla que j'étais surtout préoccupée de moi-même, de mes propres progrès spirituels et de mon bien-être.
Comment arrivai-je à cette découverte ? Je me suis peu à peu rendu compte qu'il fallait obéir au commandement de Christ Jésus m'enjoignant d'aimer mon prochain comme moi-même, faute de quoi ma désobéissance amènerait la souffrance, je ne connaîtrais pas de paix ni ne pourrais non plus progresser spirituellement. J'ai compris que l'on ne pouvait entretenir de sentiments de haine ou d'aversion et en même temps ressentir dans la conscience le déroulement toujours présent des idées de l'Amour. Une chambre ne saurait être à la fois claire et obscure. L'Amour est Tout pour tous et doit être partagé avec tous avec sagesse et bonne volonté. Obéissant au commandement de Jésus, mes mobiles devaient être purs et honnêtes, exempts d'amour de soi, sans hypocrisie.
Je réalisai qu'il fallait prier avec plus d'humilité afin d'être plus aimable, plus patiente avec mon voisin, parce que je voulais qu'il soit aimé et béni. Telle était mon obligation, mon privilège, en tant que Scientiste Chrétienne. Ainsi je me mis réellement à aimer sincèrement mon voisin. Non pour être sauvée moi-même, mais pour le bénir. Dans ce but, qui consistait à aimer, j'ai aussi inclus un autre élément que je considérais comme d'un ordre tout proche, qui constitue aussi un ingrédient important pour arriver à aimer. Il s'agit de refuser, avec persistance et assiduité, sans défaillance, d'écouter et de répéter les commérages, les racontars. Quand je me mis à exprimer de l'amour d'une façon scientifique, sans égoïsme, et avec le désir de voir mon voisin heureux et béni, nos relations devinrent harmonieuses. Il ne m'était plus difficile de lui manifester de l'amour.
Si quelqu'un vous lance la balle pour que vous l'attrapiez et qu'à dessein vous n'en faites rien, il n'y a pas de jeu possible. Il en est de même quand on refuse d'écouter, d'accepter ou de répéter des commérages. Ils sont étouffés à la source même. Si chacun agissait ainsi quand on lui fait part de ragots, cette forme de haine sans merci, cruelle et destructrice, disparaîtrait bien vite. Nombreux ceux qui seraient bénis en étant ainsi vigilants, obéissants à l'égard du commandement chrétien: « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. » Jean 15:12; Mrs. Eddy nous dit: « C'est une règle en Science Chrétienne de ne jamais répéter l'erreur à moins que cela ne devienne nécessaire pour faire paraître la Vérité. » Miscellaneous Writings, p. 346.
Je me demande si nous nous rendons compte combien il est utile de pouvoir regarder un homme, une femme ou un enfant et ne voir que le royaume des cieux. Comme c'est beau en Science Chrétienne de voir au-delà de l'illusion de la matière et de contempler le fils de Dieu; d'être conscient de l'omniprésence de l'amour, de la bonté, de la beauté et de l'innocence — le royaume des cieux sur la terre !
Regarder au travers de la lentille de la connaissance spirituelle, c'est une merveilleuse expérience. Notre église et nos vies individuelles en sont bénies. C'est en vérité la clef de la guérison spirituelle universelle et de la croissance du mouvement de la Science Chrétienne.
Nous pouvons atteindre ce but ici même, maintenant, aujourd'hui.
