Un soir d'été, les amis d'une Scientiste Chrétienne qui s'était rendue dans la banlieue offrirent de la ramener chez elle en automobile; elle accepta avec reconnaissance et prit place dans le spider. En chemin, elle s'intéressa à la scène mouvante et compliquée qui se reflétait dans la vitre arrière de la voiture. Les phares, les formes sombres des automobiles qui suivaient, les voitures croisant la leur ou venant de rues latérales — tout cela semblait se mélanger dans une alarmante confusion. Selon les apparences, les catastrophes se succédaient, et par moments la Scientiste Chrétienne éprouvait un choc en songeant à l'impossibilité de conduire sans dommage une automobile à travers un tel chaos.
Alors elle se rappelait tout à coup en riant que ce qu'elle apercevait n'était pas la vérité: à l'avant un chauffeur capable voyait la route d'une manière correcte et ignorait le pêle-mêle illusoire que semblait contempler l'occupante du spider. En arrivant à destination, quelqu'un fit remarquer que malgré une circulation intense, il n'y avait eu ni danger ni embarras tout le long du chemin.
Ce petit incident fut pour l'auteur une leçon qu'elle put appliquer à ses propres affaires et peut-être à celles d'autrui. Si nous voyons comme réels les tableaux illusoires que placent constamment devant nous les sens physiques; si nous laissons influencer par les fausses craintes de l'entendement mortel — nous pouvons quelquefois nous trouver en face de ce qui paraît être un désarroi complet, des problèmes insolubles, une catastrophe imminente.
A l'école nous avons peut-être un sentiment de confusion, soit en classe soit pour l'agencement de notre horaire. Nous sommes parfois incertains quant à la marche à suivre; ou bien nous ne comprenons pas les devoirs qui nous sont assignés. Avant les examens, nous sommes peut-être tentés de croire que nos connaissances sur un sujet donné sont une masse confuse dont il est impossible de tirer une réponse judicieuse et nette. Si nous arrivons au bout de nos études, une autre suggestion peut se présenter à nous, disant que le monde où nous allons entrer est une mer dangereuse et tourbillonnante; qu'il ne nous sera peut-être pas possible d'avoir une carrière heureuse et couronnée de succès.
Maintenant détournons-nous de ce tableau confus qui peut prendre des formes diverses, et laissons-nous rassurer par les faits éternels de l'être. Acceptons sans réserve l'enseignement fondamental de la Science Chrétienne, savoir, que Dieu est l'Entendement infini, qui gouverne avec amour Sa création. Ensuite mettons humblement notre confiance dans l'Amour divin, qui peut diriger selon l'harmonie notre conduite et notre travail. Dans le royaume de la Vérité, les troubles, les craintes et les catastrophes imminentes qui compliquent les situations humaines sont inconnus; ils sont par conséquent irréels, comme l'étaient les images confuses passant sur la vitre de l'automobile.
Paul avait sans doute reconnu cette prétention de trouble lorsqu'il écrivait: « Aujourd'hui nous voyons comme dans un miroir, confusément: alors nous verrons face à face! » Quant à l'Entendement divin, il n'a aucune connaissance des problèmes qui semblent nous oppresser; et si nous reflétons cet Entendement, nous serons guidés avec amour, avec intelligence et patience par le chemin le plus court et le meilleur jusqu'à la démonstration complète de l'harmonie dans une situation quelconque.
En Science Chrétienne nous apprenons aussi, comme l'occupante du spider, que nous ne devons pas nous laisser troubler, fût-ce momentanément, par le faux témoignage des sens matériels. Comprenons que « nous sommes dès à présent enfants de Dieu; » reflétons l'intelligence divine, et nous exprimerons la sagesse dans la mise en œuvre de nos plans humains. Nous acquerrons la vision spirituelle dont Mrs. Eddy, dans la définition du terme « prophète, » parle notamment comme suit: « Disparition du sens matériel devant les faits conscients de la Vérité spirituelle » (Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 593). Attachons-nous à la vérité touchant l'omniprésence et l'omnipotence de Dieu, de l'unique Entendement; alors nos programmes s'arrangeront, et nous saisirons d'une manière nette et bien ordonnée tout ce qu'il faut pour notre travail de chaque jour et nos examens. Dans chaque situation nouvelle, nous nous trouverons à la place où nous pouvons le mieux servir Dieu et nos semblables.
Néanmoins, quoique nous réalisions toujours plus nettement l'harmonie constante de Dieu et que nous la prouvions d'une manière plus concluante, ne soyons pas consternés si les illusions d'un faux sens de la vie nous tentent parfois. Prions avec ferveur et en tout temps, comme le faisait notre Leader: « Montre-moi comment, Berger, gravir le coteau » (Miscellaneous Writings, p.397). Écoutons attentivement la voix de Dieu qui nous conduira dans notre passage à travers le terrain mouvant des fausses croyances matérielles. Mrs. Eddy écrit (ibid., p. 113): « Nous n'avons rien à craindre lorsque l'Amour dirige la pensée, mais nous pouvons jouir de tous les biens sur la terre comme au ciel. »
