Mon mari et moi sommes mariés depuis 35 ans. Tous les couples vous diront qu’il y a forcément des hauts et des bas au cours des années. Lorsqu’on a demandé à Mary Baker Eddy, la Découvreuse et Fondatrice de la Sciecne Chrétienne, ce qu’elle pensait du mariage, elle a répondu notamment « qu’il offre souvent des avantages, qu’il est parfois agréable, et occasionnellement une affaire de cœur » (Écrits divers 1833-1896, p.52). Cette affirmation est bien vraie!
J’étais mariée depuis seulement deux ans quand j’ai commencé à en vouloir à mon mari de manquer de considération à mon égard. Il semblait toujours faire passer ses besoins avant les miens, si bien que je me sentais sans cesse blessée de ne pas être appréciée à ma juste valeur.
À un moment de grand désespoir, j’ai téléphoné à une praticienne de la Science Chrétienne pour qu’elle m’aide. C’était une femme que je ne connaissais pas. Lorsqu’elle a répondu au téléphone, je me suis effondrée, éclatant en sanglots sans pouvoir me contrôler. Elle n’avait, bien sûr, aucune idée de la personne qui était à l’appareil, mais elle m’a parlé avec une telle douceur de l’amour de Dieu que je me suis ressaisie très vite. Je lui ai alors expliqué la raison de mon appel. Je ne me souviens pas exactement de ce que je lui ai dit, mais j’ai certainement dû lui raconter combien mon mari était égoïste et manquait d’égards envers moi. Elle a accepté de prier pour moi, et après cette conversation, je me suis sentie un peu mieux.
Le soir même, mon mari a proposé de me préparer une tasse de thé. Comme c’était tout à fait inhabituel de sa part, j’ai vu là un signe de l’efficacité de la prière de la praticienne. « Voilà qui est encourageant, il est en train de changer !», ai-je pensé.
Le lendemain, il a encore eu des attentions à mon égard à une ou deux reprises, et j’ai repris espoir. Il semblait être réceptif à la prière.
Le troisième jour, mon mari, qui savait que je priais avec une praticienne, a déclaré: « Je ne sais pas ce que cette praticienne fait pour toi, mais pourvu qu’elle continue parce que tu es bien plus gentille ! » Ma réaction ne s’est pas fait attendre: « Non! C’est toi qui es plus gentil. » « Pas du tout, c’est toi ! » a-t-il rétorqué. Et on a ergoté l’un et l’autre pendant deux minutes pour savoir qui était le plus gentil.
C’était tellement absurde ! Mais tandis que nous étions en train de nous chamailler (en souriant), j’ai compris que ma conception de la prière avait été totalement erronée. La praticienne ne priait pas pour « changer » mon mari. Le but était pour lui comme pour moi d’acquérir une vue plus élevée, plus spirituelle de l’autre. Je ne me souviens pas comment j’ai prié, mais je désirais sincèrement résoudre ce problème. Je ne voulais plus me sentir triste à cause de notre relation; je voulais être heureuse dans mon mariage. J’ai lu dans Science et Santé: « Le désir, c’est la prière; et nous ne pouvons rien perdre en confiant nos désirs à Dieu, qu’ils soient façonnés et élevés avant de prendre forme en paroles et en actions. » (p. 1) Étant donné que le mariage unit deux personnes ayant chacune une histoire différente, la forme que prend cette union ne peut cesser d’évoluer. La suggestion selon laquelle le mariage peut stagner est donc fausse, et la prière joue un rôle essentiel pour que cette union garde sa fraîcheur et sa spontanéité.
Les années m’ont enseigné que chacun des conjoints doit savoir déceler les subtilités des opinions matérielles concernant le temps qui passe. De même qu’un individu, le mariage peut subir les effets de l’âge. La routine n’a rien de négatif quand elle apporte la tranquillité, l’ordre et la stabilité; mais le manque d’énergie, d’inspiration et même de joie guette le couple qui se laisse emprisonner par les habitudes. Parfois les circonstances nous font brutalement sortir de l’ornière en nous obligeant à lutter pour retrouver l’équilibre du couple. Mais qu’il s’agisse d’un réveil brutal ou du désir profond et durable de sortir le couple d’une impasse désagréable, nous pouvons apprécier ce coup de pouce qui nous amène à une vue plus élevée, vers un horizon plus large, où l’individualité et l’unité vont de pair. Science et Santé montre les effets de cette spiritualisation de la pensée: « La Science Chrétienne dépouille le royaume du mal et favorise au plus haut point l’affection et la vertu dans les familles et par conséquent dans la société. » (p. 102-103) Selon un dictionnaire de langue anglaise, le sens radical de la vertu est « résistance aux pressions, aux tensions et aux déchirements ». The Student’s Reference Dictionary.. Lorsque les deux conjoints semblent avoir des opinions, des besoins ou des désirs qui les divisent, on peut prier pour reconnaître que la vertu est un fait établi. Ces tensions et ces pressions qui prennent la forme d’opinions et d’objectifs différents peuvent, en fait, être un processus de consolidation grâce auquel les liens conjugaux deviendront plus étroits que jamais. Mais pour parvenir à cette relation étroitement soudée, nos pensées doivent s’attacher à l’homme et à la femme spirituels.
Pour parvenir à une relation étroitement soudée, nos pensées doivent s’attacher à l’homme et à la femme spirituels.
Depuis plusieurs années, mon mari et moi possédions un commerce. La clientèle était essentiellement masculine. Ils avaient du mal à me considérer comme la propriétaire du magasin et préféraient souvent attendre que mon mari soit disponible pour les servir. Parfois ils posaient des questions très pointues sur nos produits, auxquelles ni eux ni moi ne connaissions la réponse, mais qui n’avaient d’autre but, semblait-il, que de sous-entendre mon incompétence. Un jour, alors que j’étais aux prises avec un client tatillon, alors que mon mari était absent, j’ai pensé: « C’est bien un homme ! » J’entendais par là, bien sûr, que l’attitude de ce client était peu respectueuse, impolie et stupide. Mais aussitôt, la pensée m’est venue — c’était une belle pensée-ange — de remplacer « un homme » par « l’homme ». À la seconde même, j’ai pensé à l’homme spirituel, et j’ai compris qu’il me fallait reconnaître l’identité spirituelle de cet homme. C’est ce que j’ai fait. La vente s’est bien passée, mais ce qui est le plus important, Dieu m’avait communiqué une idée spirituelle qui demeure solidement ancrée en moi encore maintenant.
Cela a été pour moi une grande leçon que j’ai pu appliquer aussitôt dans ma vie conjugale. J’ai compris combien il est important de garder à l’esprit la réalité spirituelle de l’homme, l’homme et la femme tels que Dieu les a créés, au lieu de s’obstiner à voir un mortel imparfait. Le point de vue mortel aboutit souvent à une déception. Depuis, j’ai passé de nombreuses heures à réfléchir à la définition de l’homme dans Science et Santé. Il y est notamment décrit comme « l’idée composée de Dieu, incluant toutes les idées justes » (p. 475). Cette définition est basée sur le premier chapitre de la Genèse, où Dieu dit que tout ce qu’il a fait est bon. Pensons-y! Vue à travers une lentille spirituelle, chaque personne que l’on rencontre inclut toutes les idées justes. Ainsi, bien sûr, chaque conjoint, chaque collègue de travail, chaque enfant, est par nature respectueux, bienveillant, pur, tendre, prévenant, sage et réceptif aux idées justes.
J’aime beaucoup ce que l’apôtre Paul écrit aux Colossiens, lorsqu’il leur assure qu’il travaille pour eux « afin qu’ils aient le cœur rempli de consolation, qu’ils soient unis dans la charité... » (2:2) La version anglaise de la Bible The Message traduit ainsi ce passage: « Je veux que vous soyez tissés comme une tapisserie d’amour, conscients de tout ce qu’il y a à connaître au sujet de Dieu. » C’est exactement cela ! Mieux connaître Dieu, c’est établir notre mariage, et toute relation en général, sur une base solide; c’est nous efforcer continuellement de voir notre conjoint avec un regard nouveau, et rejeter les suggestions subtiles qui voudraient prétendre que nous avons fait une erreur en nous engageant dans une union avec une personne obstinée et sans inspiration, une personne qui peut nous priver d’inspiration nous-mêmes ou limiter notre capacité à nous exprimer conformément à ce que Dieu, l’Entendement divin, attend de nous. Même si la situation paraît bloquée depuis de nombreuses années, Dieu, la Vie, est toujours actif. Aujourd’hui même, nous pouvons entretenir des idées pleines de vigueur et de vitalité sur notre mariage. La Vie est synonyme de progrès et de croissance spirituelle, et nous pouvons faire confiance à notre Père-Mère, Dieu, pour nous faire voir les choses autrement, en renouvelant notre regard sur autrui.
Je ne voudrais surtout pas donner l’impression que mon mari et moi sommes un couple modèle. Loin de là ! Nous avons connu notre lot de larmes et de mauvaise humeur, de doutes et de tristesse, de tendresse et d’affection. Nous avons encore bien des choses à résoudre. Le fait d’avoir discuté de notre mariage et d’avoir su trouver les mots justes pour écrire cet article au sujet de toutes ces questions a constitué un très bon exercice pour nous deux. Nous avons ri plusieurs fois; en fait, l’humour s’est révélé un élément-clé dans notre relation. Si notre mariage a survécu à toutes ces années, ce n’est pas parce qu’il est figé par peur du changement, mais parce que nous nous attendons toujours à des progrès, à un renouveau et au pardon mutuel.
Dieu, la Vie, est toujours actif et nous pouvons donc entretenir des idées pleines de vigueur et de vitalité sur notre mariage.
Je serai éternellement reconnaissante envers la praticienne qui a fait preuve de tant de sagesse durant les premières années de mon mariage. Elle ne m’a pas fait de longs discours ni expliqué que j’avais besoin de changer d’attitude, mais elle nous a plutôt encouragés, mon mari et moi, à nous voir mutuellement en tant qu’idées de Dieu, des idées vivant toujours en bonne harmonie. Ses pensées pleines de sagesse, si claires et si calmes, nous ont valu de nombreux bienfaits durant toutes ces années. Dieu est bon, et l’homme qu’Il a créé, l’est tout autant!
Article paru dans le Christian Science Sentinel du 29 novembre 2010