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À travers la lentille de l'infini

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de mai 2012

Christian Science Journal


La passion de James Thurman pour la photographie remonte à l’époque où il était élève dans un collège de la Floride, aux États-Unis. Il s’inscrivit à un club-photo, puis se forma dans cet art en immortalisant tout objet animé qui lui passait sous les yeux avec un Kodak Pony 828.

Aujourd’hui, M. Thurman s’intéresse avant tout à une autre sorte de mouvement: le développement de la compréhension spirituelle. Lorsque je lui ai demandé s’il voulait illustrer cet entretien par une photo, il a aussitôt pensé à un lever de soleil. « J’aime la promesse de l’aube », dit-il en parlant de cette photographie prise lors d’une « promenade de gratitude » en compagnie de sa femme, Gaelynn, près de St. Petersburg en Floride, où le couple habite. « L’aube révèle une vue spirituelle tellement vaste! C’est la lumière glorieuse d’un nouveau sens de l’être qui ne cesse de s’étendre », déclare-t-il.

Mais M. Thurman a tôt fait d’ajouter que cette promesse ne lui est pas seulement inspirée par la contemplation du ciel, des oiseaux marins et des mainates, car il aime également photographier les tours, les usines et les formes structurées en général. « C’est l’infini qui s’offre à vous, dit-il joyeusement La grâce et la beauté illimitées. »

Lorsque nous avons parlé au téléphone, vous avez mentionné un passage saisissant de Science et Santé: « L’être de Dieu est infinité, liberté, harmonie et félicité sans bornes. » (p. 481) Comment comprenez-vous cela ?

J’ai beaucoup réfléchi à l’unité de l’être; c’est vraiment la pierre angulaire de la Science de l’être. J’aime voir en l’infinité, la liberté, l’harmonie et la félicité sans bornes le point de départ de la pensée.

Sachant que Mary Baker Eddy choisissait ses termes et leur ordre avec la plus grande précision, pourquoi, à votre avis, cite-t-elle en premier le mot « infinité »? C’est un concept bien difficile à saisir.

Eh bien, il n’y a pas plus grand que l’infini! Partir de ce concept nous éloigne aussitôt de tout ce qui tente de nous limiter: la crainte, le doute, l’insatisfaction, les capacités humaines, le passé, l’avenir — toute limite qui nous empêche de comprendre Dieu, et par conséquent, que nous sommes Son idée spirituelle.

Il s’agit là du concept de l’unité, n’est-ce pas ? Il n’y a pas de dualité: Dieu là-bas et moi ici, qui m’efforcerais de Le comprendre. Mary Baker Eddy énonce très souvent le fait absolu de l’être. Pensez-vous qu’elle voit en l’homme la manifestation concrète de ce fait?

Absolument. Quand on considère l’idée de l’infini sous la perspective limitée des sens matériels, c’est une idée qu’on ne peut appréhender, car l’Esprit infini ne connaît aucune sorte de limites. Mais ce que nous vivons comme étant notre « être », ou du moins l’actuelle compréhension que nous en avons, constitue une expérience erronée, due à notre éducation, qui nous fait penser que cet être est bien petit, car nous le définissons en termes très limités.

C’est ce qu’on appelle tout simplement « ma vie »?

Exactement. Mais la Science Chrétienne explique la qualité infinie de Dieu, l’Entendement divin unique, ce qui permet de constester très directement les croyances qui voudraient nous limiter. En tant qu’idée spirituelle de Dieu, nous exprimons maintenant même l’infinité, la liberté, l’harmonie et la félicité sans bornes dont parle Mary Baker Eddy. Voici un extrait de Science et Santé: « Dieu exprime en l’homme l’idée infinie qui se développe à jamais, et qui, partant d’une base illimitée, s’élargit et s’élève de plus en plus. [...] Les capacités humaines s’étendent et se perfectionnent dans la mesure où l’humanité gagne la vraie conception de l’homme et de Dieu. » (p. 258) L’absolu et le concret se conjuguent ici même à la perfection: « partant d’une base illimitée » est un énoncé de la perfection absolue, déjà établie, de l’homme; « qui s’élève de plus en plus » nous donne une compréhension toujours plus grande de notre être.

Vous connaissez sans doute ce que déclare Buzz l’Éclair dans le film d’animation Toy Story: « Vers l’infini... et au-delà ! » Les personnages d’animation ne sont pas seuls à se tromper — nous aussi on se trompe! C’est comme si nous tentions de comprendre l’infine de l’extérieur, de lui donner un sens en regardant de l’autre côté d’une vitre.

Il faut bien reconnaître qu’il existe une tendance tenace à diviser tout en « deux ». Le concept mortel de l’être définit toujours tout en termes de temps et d’espace. Au stade actuel de notre compréhension, soit nous nous en accommodons soit nous le contestons. Le contester implique de se baser sur l’unité de l’être, où le temps ne joue aucun rôle dans la définition de notre identité.

Parmi les cas que vous traitez dans votre pratique, y en a-t-il beaucoup qui ont un rapport avec la notion de temps? N’est-ce pas une notion dont vous devez sans cesse vous affranchir dans vos propres prières avant même de prier pour un patient?

Certainement. Il s’agit là de la prétention mortelle selon laquelle nous sommes nés à un moment donné dans un environnement matériel à travers lequel nous évoluons, jusqu’à un point final appelé la mort, avec tout ce qui peut arriver entre les deux. Tout ce qui se présente à la pensée comme un « problème » vient d’une perspective finie, alors que l’infini n’a ni commencement ni fin. Récemment, j’ai prié pour refuser cette pensée d’un vécu linéaire, d’un « être linéaire », et pour mieux éprouver cette joie liée au fait que nous ne faisons qu’un avec l’expression infinie de l’être, là même où nous sommes.

Je suis frappée de constater que la perspective mortelle nous incite toujours à accorder du crédit au concept de vieillissement, non pas seulement au cap de la cinquantaine, mais d’une façon plus subtile aussi à cette période qui va de la vingtaine à la quarantaine, au cours de laquelle on ressent le besoin d’aller de l’avant, de prendre ses marques, d’accumuler des biens assurer son avenir. Il y a peu, une amie m’a raconté que lorsqu’elle était jeune maman et qu’elle assurait une permanence bénévole à la salle de lecture de la Science Chrétienne de son église, une dame, membre de cette même église est entrée pour étudier. D’un point de vue humain, cette dame était d’un âge très avancé. Il émanait d’elle une grande beauté intérieure. Au moment où cette personne s’apprêtait à partir, elle s’est penchée vers ma jeune amie et lui a serré les mains en disant: « Refusez dès maintenant la croyance à la vieillesse. »

C’est une belle illustration qui montre comment entrevoir dès maintenant la portée pratique de l’infini! Les mesures mortelles linéaires ne cessent de s’imposer à nous abusivement, quel que soit notre âge. À chaque « étape » de la vie, il nous faut mettre en question ces croyances en nous appuyant sur la Science Chrétienne. N’est-ce pas la seule façon de les traiter vraiment dans notre pensée, dans ce que nous appelons le « maintenant »?

C’est dans ce contexte que les deux termes suivants, tirés de l’énoncé de Mary Baker Eddy, « liberté » et « harmonie », s’appliquent parfaitement. J’y vois la liberté spirituelle de se défaire des limites du sens matériel maintenant même; l’harmonie, l’expression du Principe divin, gouvernant l’homme dans la perfection, l’intégralité de l’être, la satisfaction et la joie. Accepter l’harmonie comme étant le fait spirituel présent rend impossibles toutes les inharmonies du sens matériel.

L’infinité, la liberté et l’harmonie ne sont donc pas du tout des concepts abstraits, car elles font partie de notre véritable identité, en tant qu’idée de Dieu ?

Un exemple rendra les choses plus explicites. Mon bureau donne sur une vaste cour avec piscine. Durant la journée, j’observe le changement des ombres en fonction de l’angle du soleil. Par moments, certaines parties de la piscine et de la terrasse qui l’entoure sont totalement dans l’ombre. En observant l’apparition et la disparition des ombres, je me rends compte qu’à un moment ou à un autre, chaque partie de la cour baigne dans la lumière. Parfois les cas que l’ont traite dans la pratique, ou certaines choses auxquelles on pense, reflètent une tendance à compartimenter la vie: la santé, le bonheur, la prospérité, les relations, etc. Il n’est pas rare que des gens me disent: « J’ai eu beaucoup de guérisons physiques, mais je n’ai jamais vraiment été heureux. » D’autres diront: « J’ai tout pour être heureux, je ne manque absolument de rien, ma rien, ma famille est formidable, mais j’ai sans cesse des problèmes physiques à surmonter. » En d’autres termes, on accepte que certains domaines de l’existence échappent à la démonstration de la Science Chrétienne. Comme sur les abords de la piscine, les ombres essayent d’obscurcir dans la pensée les faits spirituels de l’être. Mais bientôt, la lumière inonde la zone assombrie et l’on se rend compte qu’aucune partie n’est laissée dans l’ombre.

J’aime voir dans ce phénomène le Christ, la Vérité, qui met en lumière la compréhension spirituelle dans notre conscience. Cette lumière nous permet de comprendre que ces ombres n’ont aucune substance; elles nous trompent simplement en nous faisant croire que d’une certaine façon la lumière peut être sélective ou obscurcie, ne serait-ce que pendant une seconde. Cela ramène au concept de séparation, à l’idée que certains aspects de notre être pourraient être vraiment séparés de Dieu, l’unique Entendement, ou de notre identité spirituelle qui reflète Dieu. Personne n’est jamais privé de la pleine expression de l’infinité, de la liberté, de l’harmonie et de la félicité sans bornes, les quatre qualités dont nous venons de parler. De même que nous sommes certains que le soleil ne cesse jamais de briller, même si on ne le voit pas toujours, on peut comprendre également que, dans la Science de l’être, aucun « nuage » ne saurait masquer le reflet rayonnant de Dieu, c’est-à-dire l’homme.

Comment comprendre le dernier terme que cite Mary Baker Eddy, « félicité sans bornes »? J’imagine qu’à la lecture des nouvelles du jour, on pourrait s’exclamer avec incrédulité: « Quoi? Vous plaisantez? Félicité? Et en plus “sans bornes”? » Mais encore une fois, il semble que ces quatre termes, et en l’occurrence la félicité, ne peuvent se comprendre d’un point de vue humain.

Si on garde à l’esprit le concept matériel limité du bonheur, c’est effectivement impossible. En présence de la souffrance — et du point de vue matériel il y a toujours une cause de souffrance — l’infinité, la liberté, l’harmonie et la félicité sans bornes semblent nous échapper. Ce faux concept mortel paraît tellement réel! Mais on n’aboutira jamais à rien en partant d’un faux sens matériel pour se relier au sens spirituel des choses, lequel est le seul sens véritable.

Alors pour connaître cette « félicité », il faut la comprendre à partir d’un point de vue entièrement nouveau, et non comme quelque chose à accomplir, à acquérir ou à mériter?

Parfois, la joie, ou félicité, ne semble atteignable que grâce à autre chose « là-bas », loin de nous: un meilleur travail, la « bonne » personne, un compte en banque mieux garni. Mais nous pouvons comprendre que l’homme, en tant que reflet, inclut déjà les ressources infinies de l’Âme, exprimées par la joie spirituelle, la plénitude et la satisfaction.

Il faut toujours partir de ce qui est vrai, puis raisonner à partir de ce point de vue. On lit dans Science et Santé: « On arrive à une conclusion logique et scientifique seulement en sachant qu’il n’y a pas deux bases de l’être, la matière et l’entendement, mais une seule, l’Entendement. » (p. 279) Comment arrive-t-on à cette « conclusion »? Comment garder ses pensées remplies de la vérité absolue de l’unique être véritable ? Grâce à l’activité du Christ dans la conscience. C’est ce qui nous permet de distinguer le vrai du faux, et qui restaure et régénère. N’est-ce pas ce qu’on appelle une « guérison »? En d’autres termes, la transformation qui nous fait comprendre que la seule base de l’être est spirituelle et que cet être inclut la félicité sans bornes. Alors tout ce qui est dissemblable à cette félicité disparaît.

Comme les ombres de la piscine...

L’ombre nous incite à nous focaliser sur le manque de lumière, au lieu de voir la pleine lumière qui révèle le « maintenant » de notre être spirituel. C’est ce que je disais tout à l’heure concernant cette tendance trompeuse à faire l’expérience d’une vie mortelle linéaire. Il nous faut répondre avec conviction: « Non! je suis éternellement uni à la Vie; je reflète l’unique Vie divine. »

À propos d’ombres, je pense qu’en comprenant que la lumière du Christ est ici même, maintenant, on peut reconnaître que cette lumière est active dans le monde, et pas seulement pour résoudre nos problèmes individuels, lesquels, par comparaison, paraissent bien petits.

Vous avez à fait raison. De par son universalité, le Christ est accessible à tous. Il m’arrive d’obtenir des guérisons lorsque je traite le sens très personnel d’un problème. Mais le plus souvent, lorsque je comprends que l’élimination d’un mensonge est, dans une certaine mesure, une guérison pour toute l’humanité, c’est là que j’obtiens des guérisons avec des effets importants. On reconnaît ainsi que les bienfaits ont une portée bien plus vaste dans le monde.

Puisque nous reflétons éternellement l’unité de Dieu, arrêtons-nous un moment sur le mot « reflet ». On considère parfois qu’il existe un certain nombre de scientistes chrétiens quelque part dans le monde en train de « refléter » Dieu. N’est- ce pas en contradiction avec ce qu’on lit dans Science et Santé: « Le terme individualité soulève aussi des objections, parce que l’individu peut faire partie d’une série, être un entre plusieurs, tel un homme individuel, un cheval individuel; tandis que Dieu est Un – non un d’une série, mais un seul et sans égal. » (p. 117) Comment interpréter cet « un » par rapport au reflet?

J’ai en permanence sur mon bureau un magnifique cœur en cristal. J’y vois le symbole de ce dont nous parlons. Il possède un certain nombre de facettes finement taillées, mais c’est un cœur unique. Tout d’abord, cela me rappelle que Dieu est Un. Pour que l’on comprenne la totalité de Dieu, Mary Baker Eddy énumère sept synonymes de Dieu: Entendement, Esprit, Âme, Principe, Vie, Vérité et Amour. Ainsi, les différentes facettes de ce cœur en cristal unique présentent un aspect individuel qui m’aide à appréhender la totalité d’un Dieu unique. Ce cœur m’aide aussi à comprendre que l’homme est un; comme ses facettes multiples, il existe des individualités innombrables qui sont exprimées dans une unité. Lorsque le soleil illumine ce magnifique cœur en cristal, il crée une multitude d’arcs-en-ciel partout dans mon bureau. Je suis émerveillé par ce phénomène qui me rappelle avec clarté que l’homme est uni à Dieu, et qu’il reflète les qualités de l’être de Dieu.

Pour revenir au fait que « l’être de Dieu est infinité, liberté, harmonie et félicité sans bornes »: l’homme ne fait qu’un avec ces attributs et chacun de nous les reflète individuellement. Le problème est que nous pensons et agissons souvent à partir de la croyance à cette vie linéaire dont je viens de parler: ce que nous considérons comme notre vécu individuel, dans notre propre sphère. C’est pourquoi, alors que nous avons en réalité un seul vécu, une seule expression de l’être, les prétendus sens matériels limités paraissent diviser cet être en trois concepts. Bien sûr, en tant que scientistes chrétiens nous reconnaissons que le « spirituel » est le seul être réel véritable. Mais il faut aussi tenir compte de l’ « humain », c’est-à-dire de la façon dont nous semblons exprimer la vie maintenant même; et enfin, du « mortel », qui, bien que nous sachions qu’il est totalement irréel, tente de nous faire croire qu’il est réel. Nous pouvons cependant refuser de nous laisser tromper et nous attacher à la vérité absolue qu’il n’y a qu’une seule base de l’être, celle de l’Esprit, de la Vie.

L’un des énoncés de Science et Santé me frappe tout particulièrement: « Toute substance, toute intelligence, toute sagesse, tout être, toute immortalité, toute cause et tout effet appartiennent à Dieu. Ce sont là Ses attributs, les manifestations éternelles de l’infini Principe divin, l’Amour. » (p. 275) Ce qui m’attire tout particulièrement, ce sont ces termes se rapportant aux effets: « Ce sont là Ses attributs... »

En substance, il me semble que Mary Baker Eddy dit que nous ne sommes pas des « effets » dans le monde, en train de nous efforcer, fût-ce avec les meilleures intentions, de vivre comme de bons scientistes chrétiens. Ne dit-elle pas que quelque chose d’infini est à l’œuvre? Que tout est compris dans un Entendement unique, même l’effet?

C’est exact. Ce passage attire notre attention vers l’unité qui démontre que Dieu est la seule cause et que Sa création en est l’effet. Et cette cause et cet effet sont véritablement unis, sans possibilité de séparation, qui donnerait lieu à deux bases de l’être.

Nous ne trouverons pas une cause spirituelle et un effet matériel. Cela suggérerait deux bases de l’être totalement différentes. Deux choses inconciliables, car il est impossible de ramener un effet matériel à une cause spirituelle. Tout à l’heure vous m’avez interrogé sur ma pratique et les appels que je reçois. Ce que je vois la plupart du temps, ce sont des gens qui s’efforcent de comprendre les faits spirituels, les faits spirituels de l’être, d’un point de vue mortel. Mais en admettant dès le départ qu’une mauvaise santé, une relation instable, des difficultés financières ou le chaos du monde constituent la réalité, on finit par se fixer sur ce qui est diamétralement opposé à l’infinité, à la liberté, à l’harmonie et à la félicité sans bornes.

Nous pouvons nous attacher à la vérité absolue qu’il n’y a qu’une seule base de l’être, celle de l’Esprit, de la Vie.

C’est le pouvoir du Christ venant à notre compréhension actuelle qui nous permet de nous identifier à des idées divines. Mais le mortel — les croyances au péché, à la maladie et à la mort — n’a aucun rapport avec notre être réel, et ne peut le toucher en aucune façon. Science et Santé définit le Christ ainsi: « La manifestation divine de Dieu, qui vient à la chair pour détruire l’erreur incarnée. » (p. 583)

Que signifie « qui vient à la chair »? Bien que Science et Santé contienne de très nombreuses allusions à l’expérience humaine, on trouve aussi dans les écrits de Mary Baker Eddy beaucoup d’énoncés absolus qui réfutent totalement l’ « humain ». En voici un exemple: « Les changements dans la croyance peuvent se succéder indéfiniment, mais ce ne sont là que les produits de la pensée humaine et non la conséquence naturelle de la Science divine. » (p. 12) Les produits de la pensée humaine? C’est intéressant!

« Et la Parole a été faite chair », lisons-nous dans l’Évangile selon Jean (voir 1:14). Cela ne signifie-t-il pas que le divin vient à l’humain par le Christ, la Vérité, d’une façon que l’on peut percevoir et comprendre maintenant? Mary Baker Eddy elle-même évoque les limites du langage humain pour parler des idées spirituelles. Le passage que vous venez de citer en est un bon exemple, car il est très important de tenir compte du contexte d’où est tirée la citation. En l’occurrence, l’auteur parle de la prière qui guérit et qui est basée uniquement sur une « croyance aveugle » en Dieu.

Un peu plus loin, elle écrit effectivement: « Les changements dans la croyance peuvent se succéder indéfiniment, mais ce ne sont là que les produits de la pensée humaine et non la conséquence naturelle de la Science divine. » En de nombreux endroits, elle utilise les mots « humain » et « mortel » de façon presque interchangeable, et c’est pourquoi il faut discerner spirituellement la différence. Ici « les produits de la pensée humaine » sont, pour moi, un exemple de la pensée mortelle, parce que Mary Baker Eddy parle des croyances mortelles qui changent constamment. Alors que la compréhension humaine, touchée par le divin grâce au Christ, comme l’a démontré Jésus, est transformée, le « mortel », lui, n’a aucune place dans ce processus spirituel. C’est un mensonge pur et simple, la contrefaçon totale d’une idée spirituelle ou de sa représentation véritable apparaissant dans la pensée humaine. C’est l’erreur incarnée que le Christ vient détruire, l’erreur de la croyance mortelle.

Comment faire la différence entre le spirituel, l’humain et le mortel? Prenons une partie de la définition d’ « Élie » dans le Glossaire de Science et Santé: « ... la Science Chrétienne, qui permet de discerner le fait spirituel de tout ce que voient les sens matériels... » (p. 585) À mes yeux, c’est là une explication très pratique montrant comment la Science Chrétienne nous permet de discerner les faits spirituels: la vérité absolue dont nous avons parlé « de tout ce que voient les sens matériels ». Elle fait la distinction entre ce que l’on considère généralement comme les deux bases de l’être: c’est l’Esprit, la Vie, qui est reconnu comme la seule véritable base de l’être, et non la croyance à la vie dans la matière.

Et le moment « présent », la compréhension actuelle du fait que nous sommes inclus dans l’unique Entendement, devient ainsi tout à fait pratique?

Rien n’est plus pratique que de discerner l’unique base véritable de l’être. C’est essentiel à la compréhension de ce dont nous avons parlé, d’autant que la définition d’ « Élie » inclut aussi « la base de l’immortalité ». Je pense que l’immortalité présente les qualités spirituelles de l’infini, sans commencement ni fin, qui ne connaît que le développement continu de l’unité de l’homme et de la Vie divine, exprimée dans la liberté spirituelle, l’harmonie et la joie. C’est cela le vrai « bonheur ».

J’ai toujours été frappée par le fait qu’au commencement du chapitre « Récapitulation » dans Science et Santé, Mary Baker Eddy déclare: « La Science Chrétienne absolue pénètre les énoncés de ce chapitre, afin d’élucider la métaphysique scientifique. » (p. 465) Ne dit-elle pas clairement qu’elle fait bien une distinction avec d’autres énoncés dans le livre qui s’adressent à différents niveaux de pensée?

Je préfère penser en termes de degrés plutôt que de niveaux de pensée. Comme nous l’avons vu, le Christ, la Vérité, élucide, met en lumière, la capacité de comprendre la Science de l’Être. Cet éclairage semble atteindre la pensée réceptive d’un individu par degrés, d’une façon pratique, quasiment sur mesure. Le Christ est toujours présent et actif dans la conscience — il n’est pas question de niveaux ici; il est prêt à nous amener à la compréhension de l’unité de l’Entendement et de sa manifestation.

Et quelle est cette « manifestation » de l’Entendement?

Ce sont les idées spirituelles innombrables de l’Entendement divin; ces idées exprimées sont l’homme et l’univers, vus avec leur véritable qualité spirituelle.

À propos de l’homme et l’univers, et pour revenir à ce que nous disions sur la nécessité de s’ouvrir à la prière pour le monde, il est très souvent question du « public » dans le Manuel de L’Église Mère. Nombre d’entre nous connaissent des personnes qui ont commencé à s’intéresser à la Science Chrétienne, ont posé quelques questions de fond, et ont finalement décidé de ne pas aller plus loin. À quoi attribuez-vous ce manque d’enthousiasme apparent?

Il y a tant de scientistes chrétiens qui ne demandent qu’à faire connaître la Science Chrétienne à leur entourage, leurs amis, leurs collègues! Ils le font parce que cela représente tant pour eux qu’ils ont un désir naturel de partage. Mais d’autres scientistes chrétiens sont réticents à offrir ce qu’ils ont. Bien sûr, je sais pertinemment que dans certains cas, les gens ne désirent pas en savoir davantage à cause des conceptions erronées ou des présentations déformées, véhiculées dans la presse ou ailleurs. Mais les occasions ne manquent pas de nourrir la pensée, d’encourager une personne qui manifeste un début d’intérêt sincère pour la Science Chrétienne et la pratique de la guérison.

Je dois admettre qu’il m’est arrivé de proposer un Science et Santé à des gens en disant: « Je pense que vous trouverez ce livre très utile », sans aller plus loin, sans leur fournir d’autres explications ni les encourager dans leur lecture. Il s’agit de soutenir leur intérêt, d’être attentif, au lieu de les laisser là où nous les avons trouvés.

Vos propos me rappellent ce que j’ai lu dans votre biographie: il y a quelques années, vous étiez responsable d’une maison d’accueil de la Science Chrétienne en Californie. « Soutenir », « être attentif » aux autres, comme vous nous y invitez, c’est vraiment du nursing. En pratique, une nurse (qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme) offre une aide physique appropriée à un malade, à sa demande et dans un esprit chrétien: elle lui prépare à manger, lui lit des textes religieux, l’aide à s’habiller, à faire sa toilette, à marcher, en fonction du besoin. Le nursing de la Science Chrétienne n’inclut aucun acte médical. Il s’agit d’une aide pratique et chrétienne., n’est-ce pas?

Tout à fait! Les qualités du nursing, qui consistent à soutenir, nourrir, ne sont pas réservées à certaines personnes dévouées, qui sont nurses de la Science Chrétienne. Ce sont des qualités qui traduisent la nature maternelle de Dieu, l’Amour, que nous reflétons tous. Elles ne sont donc pas réservées à la chambre du malade. Nous pouvons les exprimer dans notre désir de faire part à autrui de ce que nous comprenons. Soyons certains que dans son exposé complet de la Science Chrétienne, Science et Santé parlera au cœur de ceux à qui nous offrirons ce livre. Prions aussi pour connaître la bonne façon de leur exprimer notre soutien, en les encourageant dans leur curiosité et leur étude, en nous intéressant à ce qu’ils ont appris, en restant en contact avec eux et en étant attentifs à leurs progrès, au lieu de les laisser sans suivi.

Il s’agit donc, là encore, de laisser derrière soi cette « vie linéaire » dont vous parliez, n’est-ce pas? Cela nous ramène à cette citation puissante par laquelle nous avons commencé notre conversation.

L’infinité, la liberté, l’harmonie et la félicité sans bornes sont l’être de Dieu, et elles sont nôtres par réflexion maintenant même. Il y a quelque temps, alors que je priais, cette pensée m’est venue: « Combien y a-t-il de Vie? » Tout d’abord, cela m’a fait rire. Quelle drôle de question ! Elle m’a arrêté net et puis j’ai pensé: « Attention, il y a une seule Vie, une seule base de l’être véritable. »

L’Entendement divin nous révèle continuellement la compréhension spirituelle de l’unité de l’homme et de la Vie divine. Alors, notre part dans cette unité, c’est simplement d’ « être ».

Interview publiée dans le Christian Science Journal

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