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Article de couverture

Exprimer de la compassion

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de mars 2012

Christian Science Sentinel


À ma connaissance, un des plus puissants appels à la compassion se trouve au chapitre 13 de la première épître de Paul aux Corinthiens. Lorsque j'en écoute la lecture, je pense souvent à ce que m'a raconté une monitrice de l'école du dimanche, il y a plusieurs années. Elle préparait sa classe à lire ce chapitre à voix haute lors d'une réunion spéciale. Ses élèves avaient neuf ou dix ans, si je me souviens bien. Ils lisaient de façon intelligible mais sans restituer l'esprit du texte. Mon amie a voulu leur montrer comment lire, mettant dans sa voix toutes les nuances nécessaires.

« Si je savais parler toutes les langues des hommes et même celles des anges, mais que je n'aie pas l'amour, je ne serais rien de plus qu'une trompette claironnante ou une cymbale bruyante. Si je n'ai pas l'amour, j'ai beau être le plus inspiré des prédicateurs, connaître tous les secrets du plan de Dieu et être versé dans toutes les sciences, je peux même avoir une foi absolue au point de transporter des montagnes: sans amour, je ne suis rien. Quand je me dépouillerais de tous mes biens pour la nourriture des affamés [...] quand même je me ferais bruler pour mes convictions, si je n'ai pas l'amour, cela ne me sert de rien. » (I Corinthiens 13:1-3, d'après la version de la Bible Parole vivante)

Au moment où elle a mis l'accent sur le mot « rien » final, l'un des garçons s'est avachi sur sa chaise en soupirant. « Juan, s'est-elle exclamée, tu as tout compris ! »

Je comprends bien le soupir de Juan. Peu de gens sur terre peuvent prétendre mener une vie toute de compassion. Certains d'entre nous espèrent se rapprocher de cet idéal, en priant dans ce sens, et en s'efforçant de s'inspirer des actes de compassion dont nous sommes témoins.

J'ai autrefois fait partie d'un groupe de gens qui travaillaient individuellement sur des projets créatifs avant de soumettre leur travail à la critique de tous. Parfois, certains se sentaient blessés par des critiques acerbes. Mais il y avait dans notre groupe une femme qui faisait des suggestions avec tant de gentillesse et d'humilité que je ne me suis jamais sentie ni blessée ni gênée par ses propos. C'était comme si elle lisait dans notre cœur, respectait ce que nous nous efforcions d'exprimer et nous aidait à nous améliorer. La bienveillance avec laquelle elle s'adressait à nous est restée pour moi un exemple au cours des ans.

Pour définir la compassion en termes simples, je dirais que c'est le désir désintéressé d'aider autrui. Ce serait merveilleux si j'éprouvais toujours une compassion immédiate face à une personne en détresse, mais c'est sans doute presque tout aussi formidable de savoir que cela devient possible grâce à une série d'attitudes appropriées. Certaines de ces attitudes élèvent ma pensée vers Dieu, rendent le « moi » plus humble et s'appuient avec confiance sur le pouvoir transformateur du Christ.

L'amour, c'est œ que Dieu est, connait et accomplit

Face à une personne qui lutte contre un sentiment de vide, contre le découragement ou la douleur, il est utile de savoir que la compassion provient d'une source plus grande que soi. Chacun est en mesure d'exprimer le Dieu unique qui est « compatissant » (voir Psaume 86:15) et dont les compassions « se renouvellent chaque matin » (voir Lamentations 3:23). Le mot traduit ici par compassion vient d'une racine hébraïque qui signifie « amour tendre » et « miséricorde ». Si l'on définit Dieu comme l'Amour illimité, l'Entendement toujours présent qui gouverne tout, on comprend que nul ne peut être hors de portée de la compassion qui répond à tout besoin.

Si certains passages de la Bible parlent d'un Dieu de colère qui punit, il faut y voir des instructions morales destinées à nous détourner du mal plutôt qu'une description littérale de la nature de Dieu. Les parties de la Bible les plus spirituellement claires parlent d'un Dieu bon qui connaît et apprécie le bien, non le mal. Ces passages nous disent ce que Dieu fait: Il pardonne, corrige, sauve, restaure, fortifie, guérit, bénit, aime. Il est intéressant de noter que le mot compassion est utilisé en relation avec Christ Jésus plus souvent qu'avec tout autre personnage de la Bible. La vie de Jésus nous apprend que Dieu est Amour.

En quoi le fait de reconnaître l'Amour divin peut-il nous aider à exprimer davantage de compassion ? Notre véritable identité (non pas la personnalité mortelle) est l'image de Dieu, c'est pourquoi la compassion nous est forcément naturelle. Sachant cela, nous avons la maîtrise sur les influences humaines ou les traits de caractère qui nous amèneraient à manquer de compassion.

Trop souvent, je suis tellement absorbée par mes propres soucis que je passe à côté d'excellentes occasions d'exprimer ma compassion; ou bien je m'abstiens par crainte de trop m'engager. Je suis heureuse quand les choses se passent autrement.

Un matin tôt, alors que je montais dans l'ascenseur de l'hôtel où je passais quelques jours, je me suis retrouvée avec un homme ivre et à la tenue débraillée. Tandis que la porte se refermait, j'ai pensé que cet homme n'avait pas le profil d'un client d'hôtel, et je n'avais pas envie d'être seule avec lui dans l'ascenseur. Mais quand il s'est mis à vaciller, je l'ai spontanément aidé à se tenir sur ses jambes. Il m'a dit qu'il ne se sentait pas bien. La compassion a pris le pas sur mes craintes. C'était un enfant de Dieu, digne d'être aimé, et c'est ce que je lui ai dit. Il m'a remerciée et m'a avoué qu'il avait bien du mal à se voir ainsi. Après quelques paroles d'encouragement, je l'ai aidé à sortir de l'ascenseur pour aller là où il comptait se rendre, en l'occurrence à l'étage où se trouvaient des toilettes publiques. J'ai très souvent repensé à cet homme dans la journée, reconnaissant dans mes prières l'amour de Dieu qui inclut tout et Son influence suprême sur tout ce qui existe.

Si la compassion a vaincu la peur dans cet exemple, c'est, me semble-t-il, parce que l'amour est plus naturel que la crainte, et aussi parce que le fait d'élever régulièrement ses pensées vers l'amour de Dieu nous délivre de l'égocentrisme et nous permet de saisir les occasions d'aimer qui se présentent à nous. J'avais une réunion de travail, ce jour-là, mais rien n'a été plus enrichissant pour moi que d'avoir exprimé de la compassion pour cet homme dans l'ascenseur et d'avoir prié ensuite à son sujet.

Devenir humble

Il semble parfois plus facile de faire preuve de compassion dans des circonstances exceptionnelles que dans le cadre de relations quotidiennes. Les efforts que je fais pour être patiente et bienveillante traduisent bien plus une bataille avec moi-même qu'avec les autres, mais j'apprends que c'est une bataille que je veux mener et gagner. Seule la compassion nous rend heureux de façon durable, car nous exprimons ainsi notre véritable identité, l'image de Dieu. En fait, je n'ai jamais regretté un acte de compassion, alors que j'ai bel et bien regretté toutes les occasions perdues.

Cela rend humble de comprendre que ceux que nous admirons tant ont lutté sincèrement pour venir à bout de leurs défauts, lesquels semblent pourtant minimes comparés aux nôtres ! Je pense notamment à Mary Baker Eddy, que je compte au nombre des chrétiens guérissant par la prière qui ont fait preuve de la plus grande compassion. Dans une lettre à son fils adoptif (qui lui causa bien du chagrin au cours des années), elle écrivit un jour: « Ciel, comme il est fragile le courage que nous avons d'anéantir les prétentions de la personnalité ! Quel pauvre exemple je fais en l'occurrence ! En prendre la résolution puis se forger une nouvelle résolution et ainsi de suite, et continuer sans rien changer. Rien de tel que le bâton de l'Amour pour nous détacher de toute chair et nous aider à aimer uniquement la personne invisible, intacte, dépourvue de toute matière, le divin, non l'humain. » Robert Peel, Mary Baker Eddy: Years of Authority, p. 79

Lorsque je découvre, dans des récits historiques, combien ceux que l'on considère comme des saints ont eu à cœur d'exprimer davantage cet amour de Dieu, et ont lutté pour y parvenir, cela me donne envie de les imiter. Jésus vivait la compassion avec une telle puissance qu'il guérissait la souffrance et le péché d'une seule parole. Si éloignés de ce but que nous pensons être, nous pouvons dès maintenant reconnaître avec humilité que l'Amour divin est Tout, et que nous sommes vraiment son reflet. Prier de cette façon avec persistance nous détachera d'un amour personnel plein de peurs et tout à fait inefficace, pour nous faire progresser jusqu'à cet amour parfait, qui est dépourvu de crainte et qui guérit.

Le pouvoir transformateur du Christ

La prière est plus apte que la détermination humaine à nous rendre meilleurs, parce qu'elle fait appel à un Sauveur. Récemment, j'ai prié de cette manière: « Père-Mère Amour, comment puis-je croître en patience, en humilité et en manifestant cette compassion qui guérit ? » Et voici la réponse qui m'est venue ce jour-là: « Sache que Dieu est le “Je”. L'Amour est le “Je”, le seul Entendement et la seule Vie de l'univers, toi y compris. Refuse de croire que tu as un entendement séparé de Dieu. Sache que toi et ton prochain, vous êtes le reflet de l'unique Esprit indivisible. »

Pour beaucoup de gens, cette réponse peut paraître étrange. La Science Chrétienne a un point de vue particulier sur le salut: il ne s'agit pas de demander à un sauveur personnel de nous transformer, mais de suivre fidèlement l'enseignement de Jésus selon lequel la connaissance de la vérité rend libre (voir Jean 8:32). Savoir que Dieu est la seule Vérité, la seule Vie et le seul Amour, et que nous sommes la pure ressemblance spirituelle de Dieu, c'est là le pouvoir du Christ qui transforme tout. Bien plus qu'un exercice intellectuel, cette connaissance traduit le désir ardent de voir au-delà du mensonge diabolique d'un pouvoir qui inflige la douleur et d'une création matérielle vouée au péché et à la souffrance.

Exprimer la même compassion que Jésus n'est pas toujours de tout repos. Cela nous force à déceler les mensonges qui voudraient nous empêcher d'aimer comme Jésus, et notamment la suggestion que l'amour est un sentiment personnel qui dépend des circonstances ou finit par s'épuiser. On pourrait dire que la compassion de Jésus était scientifique parce qu'elle était basée sur une loi immuable: la création divine est aussi spirituelle et parfaite que Dieu, et l'amour de Dieu pour Sa création est constant. Jésus reflétait l'amour de Dieu; il répondait aux besoins concrets de ceux qui venaient à lui en foule, car il savait qu'ils étaient vraiment l'image de Dieu, parfaits et libres. C'est aussi l'amour du Christ qui inspirait tant Mary Baker Eddy, la mettant à même de guérir un si grand nombre de gens aux prises avec la maladie et le péché. Elle désirait ardemment que les autres connaissent et ressentent cet amour. Elle aimait ses élèves comme une mère, et ils l'appelaient souvent ainsi. À l'un d'entre eux, elle a écrit ceci: « Puisse l'Amour qui veille sur vous et sur tous guider chacune de vos pensées et chacun de vos actes vers le modèle spirituel, impersonnel, qui représente le seul idéal et constitue le seul Guérisseur scientifique.

« Je vous demande de persévérer sans cesse dans cette voie glorieuse, et de n'avoir d'autre ambition ni d'autre but. [...] Mère soupire de voir à quel point ses élèves ont besoin de cet accomplissement et il lui tarde devoir un scientiste chrétien y arriver. » Yvonne Caché von Fettweis et Robert Townsend Warneck, Mary Baker Eddy: Une vie consacrée à la guérison spirituelle, p. 195.

La compassion la plus grande accomplit des guérisons. C'est cet accomplissement qui nous est vraiment le plus cher. « Soupirons » souvent après cet amour qui voit en toute chose la manifestation parfaite du Dieu parfait. Le pouvoir du Christ transformera ce désir en une existence pleine de compassion et riche en guérisons.

Article paru dans le Christian Science Sentinel

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