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Article de couverture

Briser les chaînes du ressentiment

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de mars 2012

Christian Science Sentinel


La douce lumière de la rue emplissait ma chambre. En regardant l'heure, j'ai constaté qu'il était plus de minuit. J'allais manifestement passer une autre nuit en proie à la colère, me demandant si je pourrais jamais pardonner à une personne qui avait été odieuse avec moi. Les images défilaient dans ma tête, et je réfléchissais à ce que j'aurais dû répondre ou même à ce que je pourrais encore dire à cette personne. Je souhaitais vraiment la voir se repentir de son comportement, et, plus important encore, s'en excuser.

Ce qui m'énervait particulièrement, c'était de savoir que les excuses que j'attendais ne viendraient jamais. Je savais que j'aurais à faire face à un sérieux défi: pardonner à quelqu'un qui n'éprouvait aucun remord.

Le pardon n'avait jamais été facile pour moi. Souvent, par le passé, même lorsqu'il m'était arrivé de pardonner, j'avais continué de me sentir blessée au fond de moi-même. J'avais fini par me dire que le pardon signifiait: « Continuez d'être désagréable avec moi, je suis chrétienne, donc je serai contente de subir vos persécutions. » Mais comme je ne désirais pas cela, il semblait plus raisonnable d'exclure la personne de ma vie, de manière à me protéger des blessures à venir. Cependant, dans le calme de la nuit, j'ai su que ma vie ne serait harmonieuse que lorsque ma pensée aurait trouvé la paix, et je me suis tournée vers Dieu pour trouver cette paix Il devenait de plus en plus clair pour moi que j'avais besoin d'aller de l'avant et de revoir mon concept du pardon.

La première pensée qui m'est venue a été que le pardon ne consiste pas à excuser l'erreur, mais à s'autoriser à ne plus être en colère. Il m'a semblé qu'en réalité, je m'emprisonnais moi-même, et que je souffrais à cause de la colère et du ressentiment que j'éprouvais envers cette personne. Ce qui était bien plus douloureux que tout ce qui m'avait été fait, parce que cela ravivait sans cesse dans ma pensée les événements passés. Aussi, j'ai commencé à entrevoir que le pardon était une voie pleine d'amour pour moi-même et pour les autres. Comme j'étais toujours perturbée, j'ai poursuivi mes efforts pour faire mienne cette idée.

J'ai souvent songé à l'apôtre Pierre, qui demanda à Jésus combien de fois il devait pardonner à son frère: « Sera-ce jusqu'à sept fois ? » Jésus répondit que cela devait être « jusqu'à septante fois sept fois » (voir Matthieu 18:21, 22). Je m'imaginais, cyniquement, que cela offrait 490 chances à une personne de se réformer, et qu'ensuite, je pourrais l'exclure de ma vie. Mais bien sûr, ce que Jésus disait à Pierre, et à chacun d'entre nous, c'est que nous ne devons ni mettre de condition au pardon ni le mesurer. Il n'y a pas « d'élimination » dans le royaume de Dieu. La persévérance à aimer quelqu'un malgré des centaines d'erreurs est bien plus gratifiante que la punition de cette personne pour une seule de ces erreurs.

Dès lors, j'ai senti que je faisais beaucoup de progrès, même si, pour moi, le conflit n'était pas encore terminé car je continuais de penser que cet individu devait être puni pour ce qu'il avait fait. J'estimais en effet qu'il devait au moins souffrir d'une mauvaise conscience, et qu'ensuite, il me serait plus facile de lui offrir mon pardon.

Puis j'ai découvert un énoncé important dans la Bible qui s'appliquait parfaitement à la situation: « Travaillez à votre salut avec crainte et tremblement. » (voir Philippiens 2:12) Grâce à cet énoncé, j'ai compris que je devais m'occuper uniquement de mes propres actions et pensées, et que je devais laisser Dieu s'occuper de celles des autres, chacun travaillant à son salut avec Dieu seul. J'ai réalisé la chose suivante: accepter que certaines conditions doivent être établies avant qu'on puisse être à même de trouver la paix et de pardonner, revenait à essayer d'instaurer des règles en fonction desquelles les autres et moi-même pouvions obtenir le salut. Je me percevais en quelque sorte comme celle qui avait le contrôle de la situation – qui détenait le pardon dans ses mains — attendant que les gens répondent à mes attentes pour décider jusqu'à quel point je pouvais leur pardonner. Selon ce concept, je jouais le rôle d'un dieu mortel, avec un faux sens de responsabilité et de pouvoir. J'ai dû changer totalement cette façon de penser, et voir que, comme la Prière du Seigneur l'exige, pardonner à ceux qui nous ont offensés signifie être à même de refléter la nature de Dieu qui pardonne toutes nos fautes.

Je devais m'occuper de mes propres actions et pensées, et laisser Dieu s'occuper de celles des autres, chacun travaillant à son salut avec Dieu seul.

Mais alors, qu'arrive-t-il lorsque quelqu'un agit d'une manière qui n'est pas du tout aimante? J'ai continué de réfléchir au moyen de pardonner une telle action jusqu'à ce que je lise cet énoncé important de Mary Baker Eddy: « Si l'on vous a causé de graves torts, pardonnez et oubliez: Dieu compensera cette injustice et punira plus sévèrement que vous ne le pourriez celui qui s'est efforcé de vous nuire. » (Écrits Divers, p. 12)

J'ai d'abord été tentée de me sentir soulagée à l'idée que cette personne allait certainement souffrir, Dieu pouvant la punir bien mieux que moi. Cependant, Mary Baker Eddy avait quelque chose d'autre à l'esprit, lorsqu'elle a écrit ceci. En réalité, il me fallait oublier et laisser la correction à Dieu; il n'était pas de ma responsabilité de déterminer comment celle-ci allait être appliquée. Chacun de nous doit travailler à son propre salut, seul avec Dieu, et doit corriger uniquement ses propres pensées.

Pourvue de cette nouvelle compréhension de la façon de travailler à notre propre salut, j'ai réfléchi à ce qu'il me serait utile pour corriger mes actions. Mon erreur avait été d'accepter qu'il puisse exister quelqu'un de désagréable ou de méchant, et qu'une telle personne puisse être à l'origine d'une action blessante. J'ai compris que je ne pourrais pas trouver la paix en pensant à la punition infligée à quelqu'un d'autre; ma pensée serait apaisée seulement par la réalisation que Dieu n'a jamais créé une personne désagréable et donc qu'il ne pouvait pas y avoir de source pour une action blessante.

Dès que j'ai pu reconnaître que l'homme est le reflet parfait de l'Amour, j'ai arrêté de me lamenter sur les erreurs des autres et j'ai été libérée du ressentiment J'ai réalisé que la vraie nature du pardon consistait à détruire les mensonges concernant l'homme, à refuser que quiconque puisse exprimer quoi que ce soit qui diffère de la nature de Dieu. Je n'excusais pas un comportement pécheur, mais je me libérais moi-même de la croyance à un mensonge au sujet de mon prochain. Toutes ces idées m'ont aidée à avancer considérablement, mais une autre année s'est écoulée avant que la dernière étape de la guérison ne se mette en place. Durant cette période, deux idées importantes sont venues à ma pensée. Premièrement, j'ai réalisé que chaque moment durant lequel je refusais de pardonner était un moment vécu sans gratitude. En ne pardonnant pas, j'acceptais que ma vision du monde inclue l'erreur, le manque. Cette attitude mentale ne reflétait certainement pas la reconnaissance de la totalité et de la bonté de Dieu. Être rempli de gratitude signifie ne laisser aucune place dans notre pensée à la haine ou au ressentiment, et le pardon vient alors naturellement.

La seconde idée était que le pardon n'est pas un objet que l'on donne et que l'on reçoit, c'est une qualité divine qu'on exprime. Pourtant, j'avais cru si longtemps que le pardon était quelque chose que je pouvais tendre à quelqu'un ou qu'on pouvait me donner, que je n'avais pas remarqué un seul instant qu'il s'agissait d'un attribut de l'Amour divin. Personne ne pouvait m'en priver et je ne pouvais en priver qui que ce soit. Il nous appartient, indépendamment de ce que les autres en pensent. Le pardon n'est pas une rétribution limitée, accordée suite à une réforme; ce n'est pas non plus un moyen d'encourager la réforme. C'est un marchepied qui permet d'accéder à une compréhension plus élevée de l'Amour et de ce qu'est l'enfant de Dieu — c'est notre salut. C'est la délivrance des chaînes et donc la liberté que j'avais cherchée durant si longtemps.

Désormais, ma vie est bien plus douce et mes jours se passent beaucoup plus paisiblement. Je sais comment mieux occuper mon temps: en m'efforçant de voir l'homme véritable, plutôt qu'en attachant de l'importance à un comportement erroné. Parfois, cette tâche peut encore se révéler difficile, mais je sens que je suis mieux équipée que jamais pour tenir bon en faveur de la vérité au sujet de l'homme de Dieu. J'ai appris que l'Amour est la seule promesse et la seule assurance dont nous aurons jamais besoin, et le pardon est la porte d'entrée pour comprendre cette promesse de paix.

Article paru dans le Christian Science Sentinel

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