Quand j'avais 14 ans, ma mère et moi avons décidé que je quitterais l'établissement privé que j'avais fréquenté jusque-là pour aller dans un lycée public du quartier.
Après avoir reçu mon dossier, l'école m'a fait passer une série de tests pour connaître mon niveau selon les matières, puis elle m'a inscrite à un cours de mathématiques d'un niveau supérieur. J'étais très heureuse d'avoir ce défi à relever, mais le professeur de maths ne voyait pas les choses ainsi. En apprenant mon âge le premier jour, il a déclaré: « Oh ! Cet enseignement est déjà difficile pour les étudiants plus âgés que toi... Je te souhaite bonne chance ! » Cela n'était guère encourageant face au semestre qui m'attendait...
Avec le temps, je me suis aperçue que je n'étais pas la seule à subir ses sarcasmes. Dès qu'un élève faisait une erreur, parlait sans autorisation ou n'avait pas une bonne note sur un devoir, il avait droit à une remarque méprisante ou à un commentaire railleur de sa part. Ce professeur aimait terminer son cours chaque jour, en demandant: « Pas de questions ? Pas de commentaires ? Pas de contestations ? » Si ces mots nous faisaient sourire au début, le terrain était devenu rapidement si sensible que cela ne faisait qu'ajouter au malaise général. Inutile de dire qu'aucun d'entre nous n'était heureux d'aller au cours de maths tous les jours, mais nous l'acceptions avec résignation puisque cela faisait partie de notre vie de lycéens. Il y aura toujours de « mauvais profs » ! Cependant, en tant que scientiste chrétienne, il ne me semblait pas juste de me résigner face à une situation si pénible. Comme j'allais à l'école du dimanche et que j'étudiais la Leçon biblique de la Science Chrétienne chaque semaine, je savais que nous étions tous le reflet de Dieu et que chacun de nous exprimait uniquement Ses qualités divines et parfaites. Mon professeur de maths ne faisait pas exception, malgré l'image apparente d'un homme au comportement désagréable. Il me fallait le voir sous une lumière spirituelle, et j'ai décidé de m'y employer dès lendemain.
Pendant une semaine, je me suis assise au premier rang en m'efforçant mentalement de trouver quelque chose de bien chez ce professeur. Mais pas une seule qualité ne me venait à l'esprit. Je me suis sentie découragée. Et puis un jour de la semaine suivante, il a fait allusion à sa femme et à ses enfants. Je n'ai pu m'empêcher de penser aussitôt: « Il a une femme et des enfants ? Comment est-ce possible ? Quelqu'un l'aimerait donc ? » Et tout aussi spontanément, j'ai réalisé que je venais de découvrir quelle était l'impasse dans laquelle se trouvaient mes prières: je continuais de voir en lui un homme indigne d'être aimé, sujet à la colère, à l'énervement et à la méchanceté, un homme dont la bonté devait être enfouie très loin au fond de lui-même.
Ma prière m'avait amenée à comprendre que mon professeur de maths ne pouvait être exclu de l'Amour divin et qu'il était donc digne d'être aimé.
Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy écrit: « L'homme est spirituel et parfait, et, parce qu'il est spirituel et parfait, il faut le comprendre ainsi en Science Chrétienne. L'homme est idée, l'image, de l'Amour; il n'est pas physique. Il est l'edée composée de Dieu, incluant toutes les idées justes... » (p. 475) Tandis que je priais en gardant cette idée à l'esprit, j'ai compris que mon professeur de maths n'était pas exclu de l'Amour divin qui renferme tout. J'avais accepté l'image négative d'un individu au tempérament coléreux, désabusé et difficile, mais il était temps de penser le contraire.
Cette compréhension spirituelle a changé ma façon de voir mon professeur. Chassant mes doutes antérieurs concernant le fait qu'on puisse l'aimer, j'ai affirmé en toute sincérité: « Je suis contente de savoir qu'il a une famille au sein de laquelle il peut exprimer l'amour, la tendresse et la patience. Et je suis également contente de savoir que ces qualités sont présentes en permanence, ici, dans la classe. » Cette simple déclaration a apporté la guérison à cette situation. À partir de ce moment-là, je n'ai plus eu aucun mal à reconnaître la nature spirituelle de mon professeur ni à apprécier la façon dont sa nature se démontrait.
Ce changement a eu un effet notable dans la classe. En l'espace de quelques jours, j'ai remarqué que les commentaires railleurs diminuaient peu à peu et j'ai même reçu quelques compliments. Mes camarades l'ont remarqué aussi. Ils étaient heureux quand le professeur les encourageit par ses propos et ils se réjouissaient de ce changement manifeste.
À la fin du semestre, j'ai été de nouveau admise au cours supérieur de mathématiques grâce à des bases que je maîtrisais dorénavant. Mais je n'oublierai jamais la véritable leçon que j'ai apprise: une meilleure compréhension du Principe divin et de la nécessité de chercher sans cesse à comprendre la perfection spirituelle de l'homme.
