« Confie-toi en l'Éternel de tout ton cœur, et ne t'appuie pas sur ta sagesse; reconnais-le dans toutes tes voies, et il aplanira tes sentiers. » Proverbes 3:5, 6
« Le chaos de l'entendement mortel devient le marchepied par lequel on atteint au cosmos de l'Entendement immortel. » Mary Baker Eddy, Unité du bien, p. 56
Les écoles et les universités sont parmi les lieux les plus importants de la terre. C'est en effet là que sont acquises, générées et transmises la majorité des connaissances façonnant le monde d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Ce sont des carrefours intellectuels où les générations se rencontrent, où il devrait être fait une large place à la créativité et à la liberté de penser et où il devrait être possible de tout remettre en question, de réfléchir librement, sans aucune entrave. Peut-être que cette définition est plus près de la fiction que de la réalité, mais il est important de garder cet idéal à l'esprit, idéal que le philosophe français Jacques Derrida a si joliment énoncé dans « L'Université sans conditions », une conférence qu'il a donnée à Stanford University, en 1999.
Deux livres et leurs ouvrages de référence m'ont apporté un soutien inégalable pendant mes années universitaires, au point que j'en suis venue à voir en eux des liveres d'étude à utiliser dans toutes les situations. À côté des nombreux livres dont j'ai besoin dans le domaine académique que j'enseigne et sur lequel je fais des recherches, j'ai en permanence sur mon bureau la Bible et Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy, ainsi que des concordances pour ces deux livres. Je n'ai pas encore trouvé un seul sujet sur terre dont ces deux livres ne traitent pas et qui, sous leur éclairage, n'acquière pas une plus grande raison d'étre et une plus grande portée.
La Bible s'appuie sur le principe d'un seul Dieu, un seul Être suprême. Métaphoriquement, par des images et des paraboles intemporelles, ce livre est un compagnon pour la vie. La Bible soutient toute personne qui est prête à écouter son enseignement. Science et Santé, qu'on appelle aussi le livre d'étude de la Science Chrétienne, explore, en son sens le plus profond, un Dieu unique et le lien qui nous attache à Lui. Ce livre explique dans une langue moderne les vérités infinies qui attendent d'être découvertes dans la Bible. Mary Baker Eddy écrit: « La métaphusique divine, telle qu'elle est révélée à la compréhension spirituelle, montre clairement que tout est Entendement et que l'Entendement est Dieu, omnipotence, omniprésence, omniscience — c'est-à-dire, toute puissance, toute présence, toute Science. » (Science et Santé, p. 275).
Il n'existe rien d'autre que le seul Dieu, le bien suprême, rien d'autre que le seul Créateur, la seule cause et la seule intelligence. La Bible parle des bienfaits reçus par ceux qui étaient prêts à faire passer la seule volonté divine avant leurs propres désirs. Dieu étant la seule intelligence infinie et suprême, on peut dire que se rapprocher de Dieu et découvrir comment vivre en accord avec les lois suprêmes de la création, c'est la chose la plus intelligente et la plus sage à faire. Ces lois divines s'appliquent à tout. Elles montrent que tous les hommes et toutes les femmes, la création entiére, sont les expressions d'un seul Dieu spirituel. Quand on comprend ces préceptes, on a de plus en plus la certitude que l'Esprit est réel et présent dans la vie quotidienne.
Dans toute recherche, le point de vue du chercheur est important. J'écris du point de vue d'une étudiante qui a suivi un cycle d'études supérieures, passé un deuxième doctorat et obtenu une chaire de professeur, tout en n'oubliant pas ce que cela signifie d'être étudiante. Je me suis efforcée, tout au long de mes études, d'apprendre à réfléchir par moi-même, sans me contenter d'imiter ce que d'autres avaient fait avant moi. J'ai beaucoup aimé explorer et poser des questions. Ainsi, le monde qui nous entoure prend différentes formes et offre bien plus que ce qu'on en perçoit au premier abord.
L'inspiration, ses moyens et ses méthodes
Science et Santé affirme que « les études de la bonne espèce sont nécessaires. L'observation, l'invention, l'étude et la pensée originale élargissent les idées et devraient favoriser le progrès de l'entendement mortel, afin qu'il sorte de lui-même, de tout ce qui est mortel. » (p. 195) J'ai constaté que les quatre activités mentionnées dans ce passage s'appliquent à tous les penseurs, artistes et inventeurs dont je connais bien le travail. Par exemple, le compositeur russe Igor Stravinsky, en « observant » le son, en écoutant l'univers musical qui l'entourait et en en retirant un enseignement, fut à l'origine d'une période particulièrement inventive qui s'étala sur plusieurs décennies. À partir de son expérience russe, il inventa de nouveaux rythmes et de nouvelles harmonies qui l'amenèrent à étudier et à explorer de nombreuses autres possibilités. Stravinsky avait une âme d'enfant et un esprit aventureux qui favorisaient des idées musicales originales, mais il s'appuyait aussi sur une très grande expérience de l'écriture musicale. Tout au long de sa carrière, il continua d'explorer d'autres univers du son.
L'exemple de Stravinsky et d'autres artistes me montre qu'il ne faut jamais sous-estimer la force tranquille de l'observation qui relie entre elles « l'invention », « l'étude » et « la pensée originale ». Chaque fois que j'ai le sentiment de manquer d'inspiration, ces quatre termes, « observation », « invention », « étude » et « pensée originale », me rappellent que l'inspiration se présente sous différents aspects. Ces quatre modes de découverte jouent chacun un rôle important en permettant d'élargir la réflexion, et cette ligne de pensée continue de soutenir mes propres efforts de création, si modestes soient-ils.
L'aventure de l'apprentissage
à la manière d'un enfant
Dans trois des évangiles du Nouveau Testament, il est dit que Jésus insistait sur le fait que seule la pensée semblable à celle d'un enfant est capable de comprendre réellement Dieu. Par exemple, dans l'Évangile selon Marc, Jésus déclare: « Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n'y entrera point. » (10:15) Le royaume de Dieu n'est pas un lieu où on entrera à un moment, dans le futur, mais il est présent maintenant. Voici une partie de la définition que Science et Santé donne du « royaume des cieux »: « Le royaume de l'Entendement infaillible, éternel et omnipotent. » (p. 590) Il est certain que cette définition intéresse les étudiants, puisque l'Entendement est la seule intelligence.
Avoir la conscience d'un enfant signifie être « pur et innocent » ainsi que « simple » et « sincère ». Cette réceptivité innocente est au cœur de la compréhension réelle de la vérité. Les questions les plus simples peuvent conduire aux réponses les plus profondes. Désirer être transformé par de nouvelles idées et un nouvel enseignement est une condition préalable à l'apprentissage. On cite souvent l'artiste Pablo Picasso comme ayant dit: « J'ai mis un certain temps à devenir un artiste, mais j'ai mis toute ma vie à rester un enfant. » Cette déclaration exprime la joie d'apprendre, la sensation d'aventure qui s'accompagne d'un esprit ouvert et qui n'est jamais un fradeau. Faire des recherches et ensuite en donner le fruit par un travail d'écriture, voilà qui est souvent une source de stress et de grands efforts, soit gratifiés par la joie soit sanctionnés par l'échec. L'aspiration à un emploi sûr et la crainte de ne pas l'obtenir font souvent obstacle à la joie de découvrir et d'apprendre, et donnent aux études l'apparence d'une obligation pénible (se résumant à obéir à des instructions, sans la légèreté de la confiance enfantine). Laissez librement la place aux idées nouvelles et ne permettez jamais à l'esprit d'aventure de votre cœur d'étouffer, en copiant sans intelligence ce que d'autres ont pensé avant vous !
Pour former des modèles spirituels et des idéaux progressistes dans notre propre existence, il est nécessaire d'être seul dans notre atelier mental et de ne surtout pas y laisser entrer les « sculpteurs indignes »: la crainte et les efforts stériles.
Étudier = sculpter la pensée
On peut comparer l'étude à la sculpture. Imaginez l'atelier d'un sculpteur comme Michel-Ange, ciselant son célèbre David, dans la ville de Florence. Des blocs de marbre, divers outils et un modèle se trouvent devant le sculpteur. Avant que le travail de la journée commence, il règne un silence sacré dans l'atelier. La seule différence qui existe entre Michel-Ange et vous, étudiant à l'université ou étudiant en métaphysique, se trouve dans la nature du matériel avec lequel vous travaillez. Votre marbre, votre modèle, vos outils et votre atelier sont tous mentaux, mais votre processus est trés semblable à celui créatif du sculpteur.
On dit que Michel-Ange n'avait pas peur de commettre des erreurs, parce qu'il savait que la forme était déjà dans le marbre. Cette sorte de certitude s'applique au processus d'étude et de découverte. Pour savoir quelle forme se trouve à l'intérieur, il vous faut un modèle. Regarder le modèle permet d'informer, de corriger et de soutenir le processus de création. Cependant, observer simplement le modèle sans tailler le marbre ne fait pas avancer le travail de artiste !
Mary Baker Eddy a exploré la relation entre les modèles et l'action: « Le sculpteur tourne ses regards du marbre vers son modèle afin de perfectionner sa conception. Nous sommes tous des sculpteurs, travaillant à des formes diverses, modelant et ciselant la pensée. Quel modèle l'entendement mortel a-t-il devant lui ? Est-ce l'imperfection, la joie, la peine, le péché, la souffrance ? Avez-vous accepté le modèle mortel ? Le reproduisez-vous ? Alors vous êtes obsédés dans votre travail par des sculpteurs indignes et des formes hideuses. [...]
« Pour remédier à cela, il nous faut d'abord tourner les regards dans la bonne direction et y marcher ensuite. Il nous faut former, dans notre pensée, des modèles parfaits et les contempler constamment, autrement nous ne les reproduirons jamais dans des vies sublimes et nobles. » (Science et Sante, p. 248)
Pour former des modèles sprituels et des idéaux progrssistes dans notre propre existence, il est nécessaire d'ètre seul dans notre atelier mental et de ne surtout pas y laisser entrer les « sculpteurs indignes » (entre autres, la crainte et les efforts stériles). La croissance et les progrès, voilà ce que les heures d'etude doivent favoriser.
Des directives divines surprenantes
Quand je rédigeais une thèse de doctorat sur la culture de la fin du Moyen-Âge et du début de la Renaissance en Italie, j'ai dû étudier des manuscrits des XIVe et XVe siècles, dans différentes bibliothèques et archives italiennes. Chaque fois que je me rendais d'Allemagne en Italie, je m'arrêtais à Bâle, en Suisse, pour consulter la meilleure bibliothèque d'Europe dans ma spécialité et m'entretenir avec le chef du département, qui avait manifesté de l'intérêt pour ce que je faisais.
Lors de l'un de ces voyages, ce professeur m'a surprise en me remettant un manuscrit inédit sur un certain aspect de mon sujet de thèse que je devais traiter plus tard. Il m'a demandé de laisser le manuscrit sur son bureau, à la fin de mon séjour. Ce livre s'est avéré une mine d'or pour développer ma thèse: j'ai pule citer avant qu'il ne soit publié ce qui a eu lieu peu avant que ne paraisse ma propre thèse. Au cours de ce même voyage, j'ai découvert un autre manuscrit, jusque-là inconnu, et j'ai pu en déchiffrer certains passages qui sont à l'origine de la théorie qui, plus tard, est devenue le thème principal de ma thèse de doctorat. Je n'étais pas alors en mesure de prouver cette théorie, mais après l'avoir formulée dans ma thèse de doctorat, elle a été prouvée par un autre spécialiste, aux États-Unis, deux ans plus tard.
Avant ces évènements inattendus, j'avais prié pour être guidée par Dieu et pour ne pas gaspiller mes efforts. Je désirais profondément que me soient épargnés les détours et les impasses qui accompagnent parfois un travail de recherche. En conséquence, j'ai passé plus de temps à écouter Dieu calmement, prête à être guidée, qu'à courir partout pour faire des recherches. Je me sentais entourée et protégée par l'Amour divin. Comme je croyais que nous sommes tous capables d'être réceptifs à ce que Dieu sait, je tentais d'avoir au moins un aperçu de ce fait. L'étude et la recherche semblent souvent liées à des tentatives et à des erreurs. Pourtant, l'immédiateté de Dieu, l'Esprit infini, n'oriente-t-elle pas dans la bonne direction ? Une compréhension grandissante de l'Entendement divin ne s'exprime-t-elle pas naturellement dans le déroulement du bien, sans effort ? Lorsque les tâches à accomplir s'accumulent, que le temps semble manquer et qu'on exige de plus en plus de moi, j'aime me rappeler l'importance de me laisser surprendre par les directives divines. Cette approche m'a toujours fait gagner du temps et a préservé ma joie.
La période des examens
Même si pendant la période des examens on semble « avoir besoin » de beaucoup de choses (informations, idées, inspiration, énergie), c'est en réalité un moment où l'on « donne » beaucoup. La période des examens demande de faire preuve d'une grande compassion pour soi et pour soi et pour les autres. La générosité et la bonté amènent inévitablement la pensée à une plus grande compréhension de l'Esprit, et à mesure qu'on progresse, en saisissant davantage la nature divine, on ne peut éviter une prise de conscience élargie des besoins d'autrui. Science et Santé explique que la pierre de touche de toute prière est la réponse à certaines questions fondamentales, dont voici la première: « Aimons-nous mieux notre prochain parce que nous demandons de l'aimer ? » (p. 9)
Pour terminer mes études secondaires, en Allemagne, j'ai dû passer des examens oraux et écrits. Un de mes amis avait manqué l'école pendant six semaines pour des raisons de santé et il était revenu pour passer les mêmes examens que moi. J'ai trouvé normal de cesser d'étudier pendant quelque temps pour passer de nombreuses journées à lui montrer ce que nous avions appris pendant les semaines précédentes. Cela ne m'aidait pas vraiment à approfondir ma compréhension des sujets que je devais étudier, et des camarades de classe ont tenté de me dissuader d'aider mon ami. Or, à ce moment-là, j'avais déjà compris que nous ne gagnons rien à avancer sans soutenir impartialment tous ceux qui font partie de notre entourage, tous ceux qui ont une place dans notre conscience. J'ai puisé beaucoup de réconfort dans le passage suivant tiré de Science et Santé: « Tout ce qui maintient la pensée humaine dans la voie de l'amour dégagé du moi reçoit directement le pouvoir divin. » (p. 192) J'ai été reçue à l'examen avec une bonne note, et mon ami aussi.
La sincérité est probablement la qualité la plus nécessaire en période d'examens. Le mot « sincérité » vient du latin « since ceris » qui signifie « sans cire ». Cette définition se rapporte à la pureté du miel, si délicieux quand il est débarrassé de tout élément qui pourrait en altérer le goût sucré. Doux comme le miel, pur et sans tache, c'est ce que le mot « sincérité » signifie fondamentalement, ce qui peut aussi inclure la droiture, l'honnêteté et la clarté. La sincérité est la pure individualité spirituelle qui ne se cache pas, qui n'est pas anxieuse et qui ne se vante pas non plus; c'est l'expression humble des qualités divines, le résultat d'efforts honnêtes et sans tache.
Aucun regret
Aussi important qu'il soit de faire un examen de conscience après avoir échoué à un examen, afin de mieux comprendre où nous en sommes dans nos progrès, ce n'est là qu'un marchepied permettant d'avancer vers l'étape suivante. Même si parfois il n'existe pas d'explications plausibles à vos échecs du passé, Dieu est bon maintenant et est une réalité maintenant. J'ai trouvé un véritable baume dans ce que Mary Baker Eddy a écrit un jour: « Faire du bien à tous parce que nous aimons tout le monde et utiliser au service de Dieu l'unique talent que nous avons tous, c'est notre seul moyen d'ajouter à ce talent et le meilleur moyen d'imposer silence à un profond mécontentement à l'égard de nos défauts. » (La Première Église du Christ, Scientiste, et Miscellanées, p. 195)
Il y a eu des moments où, pour diverses raisons, pendant mes études, je ne parvenais pas à accomplir tout le travail que je souhaitais. J'ai passé mes deux doctorats alors que mon mari et moi avions des enfants en bas âge et que de nombreuses obligations se présentaient au fil des jours. Toutefois, quand je m'en remettais humblement à Dieu, ma confiance en Lui était affermie à mesure que, petit à petit, je comprenais mieux la sagesse et l'intelligence infinies de l'Entendement.
« ... tu m'as saisi la main droite; tu me conduiras par ton conseil, puis tu me recevras dans la gloire. » (Psaume 73:23, 24) J'ai longtemps gardé ces mots sur mon bureau pour ne pas oublier cette vérité: il ne peut y avoir d'échec lorsqu'on se confie en l'Amour divin pour nous guider et nous soutenir.
