Lors de l'Assemblée annuelle 2010, il a été annoncé que les fonds disponibles de L'Église Mère s'élevaient à 450 millions de dollars et les dépenses pour l'année dernière à 102 millions de dollars. D'autre part, l'Église n'a aucune dette. Au cours d'une conversation récente, le Trésorier de l'Église, Edward « Ned » Odegaard, a expliqué à notre collaborateur, Warren Bolon, que si les membres considèrent que la situation financière est stable depuis quelques années, certains pourraient penser que l'Église se porte bien et qu'elle n'a donc pas besoin de dons réguliers. L'entretien a débuté par la question suivante: Quelle est la situation financière de l'Église ?
Edward « Ned » Odegaard: Actuellement, la situation financière de l'Église est stable et solide, ce dont nous pouvons être très reconnaissants. Mais derrière les chiffres, il faut se poser les questions suivantes: Quel est le niveau de fonds approprié à notre Église ? Notre niveau de fonds actuel est-il supérieur à cette norme ?
De mon point de vue, le niveau approprié renvoie à un modèle financier de base qui est semblable à celui que la plupart d'entre nous adoptent individuellement. Premièrement, nos revenus doivent pouvoir couvrir nos dépenses. Nous sommes donc bien conscients du rapport entre les sommes qui rentrent et celles qui sortent. Deuxièmement, selon que nos rentrées sont supérieures ou inférieures à dépenses, nos économies augmentent ou diminuent.
Ces éléments — revenus, dépenses, économies — sont comme les trois pieds d'un tabouret. Nous nous arrangeons pour que l'Église puisse faire face à ses obligations financières courantes sur une base très rigoureuse. Mais nous nous efforçons également d'aborder l'avenir avec sagesse, et de prévoir le mieux possible ce qui peut engendrer des changements dans le montant des revenus et des dépenses de l'Église. Les changements concernant les dépenses peuvent dépendre de choix délibérés de la part du Conseil des directeurs de la Science Chrétienne, ou bien, dans une certaine mesure, de variables extérieures. Par exemple, nous pourrions être soumis à une augmentation des taxes foncières de la ville de Boston, ou bien les sociétés de service auxquelles nous faisons appel pourraient augmenter leurs tarifs, etc. C'est pourquoi l'important pour nous, comme pour toute personne en pareille situation, est de savoir jusqu'à quel point il est viable de puiser dans ses économies pour assurer le financement des dépenses de l'année en cours. L'un des principes de base en matière de gestion de finances consiste à éviter les mauvaises surprises qui obligent à une réorganisation importante et parfois radicale de ses activités à cause d'une crise imprévue.
Les membres et les revenus
D'un point de vue humain, un facteur important à considérer en rapport avec les revenus de l'Église est celui du déclin du nombre de membres. Ces deux dernières années, le Conseil des directeurs a fait connaître avec une grande franchise que telle était la tendance depuis quatre-vingts ans, et cette tendance ne s'est pas encore inversée à ce jour. Quand on gère les finances de l'Église, cela soulève une question: quel est le montant des dépenses acceptables si la baisse du nombre de membres, qui s'accompagne en général d'une baisse des revenus, devait se poursuivre pendant un certain temps ? Le Conseil estime nécessaire d'ajuster les dépenses de l'Église en fonction des revenus auxquels ils peuvent raisonnablement s'attendre. Ce qui pose à nouveau la question des économies, car l'épargne peut s'avérer utile de deux façons. On peut utiliser une partie de ce fonds d'épargne pour financer les opérations de l'année en cours, mais il peut aussi servir de réserve pour faire face aux besoins imprévus.
Face aux dépenses de l'année en cours, qui s'élèvent à un peu plus de 100 millions de dollars, on pourrait estimer que les fonds de l'Église (un peu moins de 500 millions de dollars), qui représentent au total cinq fois le montant des dépenses courantes, sont sans doute suffisants, voire un peu plus que suffisants. Mais il faut avoir conscience de deux facteurs: Premièrement, deux tiers des actifs de L'Église Mère sont dans des fonds spéciaux qui ne peuvent être utilisés qu'à des fins précises. Deuxièmement, si l'on tient compte de la possibilité de baisses de revenus, en partie à cause de l'incertitude des marchés, en partie à cause du déclin du nombre de membres, alors, au rythme des dépenses actuelles, le niveau des fonds deviendra insuffisant en très peu d'années. Nous nous efforçons donc d'équilibrer les dépenses en fonction des revenus, et de maintenir un niveau de fonds considéré comme approprié.
Durant une période qui s'étend des années 30 à la fin des années 50, les dépenses de l'Église étaient relativement modestes, et cela a coïncidé avec l'une des périodes de croissance les plus importantes du marché financier américain. Aussi n'est-il pas surprenant qu'à la fin de ces trois décennies, les fonds de l'Église avaient considérablement augmenté. Du point de vue de la gestion financière, il serait imprudent de s'attendre à ce que les marchés financiers soient aussi favorables au cours des prochaines décennies qu'ils l'ont été durant les précédentes. Il ne s'agit pas là de prédire des problèmes, mais d'éviter d'être naïf, afin qu'en cas d'instabilité éventuelle, l'Église n'ait pas à connaître une crise financière à court terme. Nous avons connu des moments où il a fallu recourir à des ajustements rapides et importants pour réduire nos dépenses face aux fluctuations des marchés et au faible niveau des fonds de l'Église. Nous avons appris que de tels événements empêchent de se consacrer pleinement à la mission de guérison de l'Église.
L'une des leçons à tirer est que l'argent doit garder son rôle de serviteur et ne pas devenir un maître. En général, quand les finances de l'Église deviennent le sujet prioritaire, c'est plutôt un handicap. Ce n'est certainement pas la raison principale pour laquelle on est là. J'ai passé beaucoup de temps à étudier l'article XXIV du Manuel de l'Église car il dit beau coup de choses concernant la fonction de Trésorier. Je suis toujours étonné par la quantité de détails qui accompagnent les diverses exigences énoncées par Mary Baker Eddy dans cet article. Notre Leader ne fait pas confiance à la seule conscience humaine: elle ressent clairement le besoin de définir des garde-fous pour aider à la conduite des affaires humaines. À mes yeux, ces dispositions statutaires représentent une aide nécessaire à la pensée humaine, et par conséquent, à l'activité humaine, y compris quand celle-ci concerne les officiers de l'Église. Les finances sont l'un des domaines que l'entendement charnel s'efforce parfois d'utiliser pour nous détourner de la vraie mission de l'Église.
Les prières des membres
Apprécions d'abord l'Église fondée par Mary Baker Eddy et non pas l'église qui apparaît au sens matériel. L'Église fondée par Mary Baker Eddy est indestructible. Destinée à accomplir une sainte mission, elle joue un rôle central dans la spiritualisation complète de l'ensemble de la pensée humaine. Les membres peuvent soutenir par la prière le fait que tous les officiers (et tous les membres également) sont guidés par l'Entendement divin qui sait tout, qui voit tout, en qui est toute action, tout amour et toute sagesse. Ils peuvent aussi nier de manière spécifique l'argument fallacieux du magnétisme animal, selon lequel il existe un pouvoir ou une force opposés à l'Église révélée par Dieu à Mary Baker Eddy. Les défis que connaissent les églises filiales et L'Église Mère prennent l'apparence de problèmes financiers ou du nombre de membres qui diminue. Mais ce sont en réalité des tentatives faites pour discréditer, contrecarrer, saper et nier la révélation de Mary Baker Eddy. Ce sont toutes des prétentions qui disent que l'Église qu'elle a fondée ne peut triompher, que cette église est une bonne idée, mais que les membres ne peuvent pas la faire prospérer. Il nous faut tous activement et vigoureusement nier dans nos prières quotidiennes le moindre pouvoir à ce genre de prétentions.
Aujourd'hui, le niveau des fonds de l'Église semble suffisant pour faire face à presque tous les besoins actuels. Si le déclin du nombre de membres se poursuit et si aucune mesure ne vient corriger cette situation, je pense qu'il ne sera pas nécessaire d'attendre longtemps pour que se repose la question de la stabilité des finances de l'Église.
Il y a six ans, le Conseil a senti qu'il était urgent de réduire les dépenses, et en un an, celles-ci ont diminué de moitié, pour s'élever à cent millions de dollars. Elles sont restées à peu près à ce niveau. Le Conseil poursuit sa réflexion concernant le montant des dépenses acceptable à l'avenir.
Lorsqu'on examine les dépenses de l'Église, il faut considérer un ensemble de trois composantes reliées entre elles. L'une est La Société d'édition de la Science Chrétienne. De bien des façons, la Société d'édition a une identité distincte et des frais distincts liés à sa mission. Ensuite il y a l'Église, indépendamment de tout ce qui a trait à la Société d'édition. Au sein de l'Église, une des plus grandes sources de dépenses concerne l'immobilier. Ces deux dernières années, un effort a été entrepris (et il devrait se poursuivre pendant sept ou huit ans) pour repenser le rôle des biens immobiliers de l'Église, non seulement du point de vue de leur utilisation dans le cadre de la mission de l'Église, mais également pour s'assurer que la part de budget allouée aux dépenses d'entretien est raisonnable par rapport à celle allouée aux activités liées à la mission de l'Église.
Les activités immobilières et la Société d'édition dépensent actuellement beaucoup plus d'argent qu'elles n'en rapportent. Le Conseil des directeurs travaille avec deux équipes dans chacun de ces domaines, l'équipe de la Société d'édition étant représenté au premier chef par le Conseil des administrateurs. L'objectif de ces équipes est d'aligner le plus possible le montant des dépenses sur celui des revenus. Certains points de l'Acte de fiducie de la Société d'édition suggèrent que les dépenses devraient s'aligner sur les revenus, non pas simplement par nécessité financière, mais dans le cadre de sa mission fondamentale, comme une preuve de son efficacité. Des plans à long terme sont actuellement à l'œuvre pour éliminer les dépenses déficitaires dans ces deux domaines. Jusqu'ici nous sommes plutôt bien partis pour réduire les déficits, bien que des défis importants demeurent.
La troisième composante dans les dépenses globales de l'Église concerne les activités autres qu'immobilières et de publication. Le Conseil des directeurs étudie également le niveau des dépenses acceptables dans ce domaine. Un point mérite d'être souligné: il serait tentant, et à bien des égards tout à fait naturel, de penser que les mesures prises sont motivées par des raisons financières, qu'il s'agit là d'un « mal nécessaire » dont les résultats sont malheureusement contraignants. Cependant, dans certains cas où des questions ont été soulevées dans un contexte financier, la voie retenue pour financer une activité à un coût bien moindre s'est avérée bien meilleure que celle que nous suivions auparavant.
Deux choix judicieux
En premier lieu, le Christian Science Monitor est passé d'une fréquence de parution quotidienne à une fréquence de parution hebdomadaire. Il est à présent clair que les nouvelles versions du Monitor—l'édition papier hebdomadaire, la lettre d'information, etc.—sont très appréciées, et même davantage que les versions antérieures. La seconde nouvelle décision qui me vient à l'esprit concerne le relogement, dans les espaces rénovés de la maison d'édition, de tous les employés qui travaillaient dans le bâtiment administratif, dans le bâtiment à colonnade et, pour certains, dans la maison d'édition. Cet emménagement ne faisait pas l'unanimité quand l'idée a germé. Beaucoup y voyaient, et cela se comprend tout à fait, un compromis dû à des raisons économiques. Mais je crois qu'aujourd'hui la plupart estime que c'est en fait un meilleur choix pour tous et que nous travaillons ainsi dans une collaboration plus étroite.
J'ai le sentiment que ce ne sont pas seulement des questions financières qui amènent le Conseil des directeurs à réfléchir à de nouvelles voies dans la conduite des affaires de l'Église dont il a seul la charge. Il ne s'agit pas davantage de « repli sur soi ». Il n'est pas nécessaire de diminuer pour dominer, ni de dépenser d'importantes sommes d'argent pour progresser. Par exemple, une brusque augmentation du nombre de praticiens inscrits ne coûterait pas beaucoup plus à L'Église Mère !
Dieu n'a pas révélé la Science Chrétienne à Mary Baker Eddy pour nous plonger dans la confusion. L'Église est destinée à jouer un rôle central dans le salut de toute l'humanité, aussi pouvons-nous le démontrer. Les bonnes mesures à prendre sur le plan humain ne sont pas toujours évidentes tout de suite. Cependant, Dieu n'a pas renoncé à Son dessein sacré concernant l'Église. En tant que révélation finale, la Science Chrétienne n'est pas incomplète, c'est pourquoi nous sommes capables de faire ce qui est juste. Peut-être avons-nous seulement besoin de mieux comprendre la nature de la bonne volonté qui nous motive en ce sens.
Le soutien à une Église unique
Voici une chose que je souhaite clarifier. Nous sommes très respectueux des membres et nous n'avons aucun intérêt à leur dire ce qu'ils doivent faire de leur argent. Mais comme nous avons à cœur d'accomplir les tâches requises par le Manuel, nous n'hésitons pas à faire connaître certains points de vue quand cela nous semble utile. Voici l'un de ces points de vue: L'Église Mère est unique parmi ces autres entités (définies par le Manuel) que sont les églises filiales (voir art. XXIII, sect. 3: « Position unique de L'Église Mère », p. 71). De nombreux membres font bénéficier de leur générosité et de leur soutien financier un certain nombre d'organismes; si chacun est entièrement libre de ses choix, il nous paraît normal de souligner le point de vue de Mary Baker Eddy pour qui l'Église n'est pas juste une organisation utile parmi beaucoup d'autres. Son Église est absolument unique, et elle est essentielle au salut de l'humanité. Elle ne bénéficiera vraiment de notre soutien qu'à condition que nous l'aimions pleinement. C'est pourquoi elle doit être au centre de nos affections, et non en marge. Si j'en crois ma propre expérience, cette fausse croyance appelée entendement charnel voudrait que nous regardions toutes choses à travers la lentille du sens matériel. Celui-ci voudrait que nous considérions L'Église Mère simplement comme une organisation utile qui fait du bon travail. Bien sûr, c'est une organisation utile qui fait du bon travail, mais son rôle et sa mission vont bien au-delà de cela. Il est donc essentiel de la considérer, de l'aimer, de la soutenir et d'être en interaction avec elle, d'une façon unique en son genre.
Le Manuel est un guide et un soutien dans nos prières. Mais il nous faut le mettre en pratique individuellement. Mary Baker Eddy s'intéressait beaucoup à la question de la maîtrise financière. Je pense qu'elle en a connu tous les aspects, y compris, parfois, sous la forme d'une absence de maîtrise financière chez ceux qui l'entouraient. L'un des premiers trésoriers de l'Église s'enfuit avec la recette d'une collecte de fonds ! Elle a pratiquement tout vu en la matière. Elle était plus prudente et plus lucide que quiconque, mis à part Jésus, au sujet de la conscience humaine. Cette sagesse sous-tend l'ensemble des statuts du Manuel. Mais l'Église est une démonstration collective; ce n'est pas seulement la démonstration du Conseil des directeurs ou de ceux qui sont employés par l'Église ou bien des membres. C'est la démonstration de tous et, dans une certaine mesure, la somme de toutes nos démonstrations individuelles. Il n'existe aucune échelle de mesure humaine capable d'évaluer ces contributions.
J'ai toujours été touché par cette citation d'un philosophe talmudique dans la préface d'Écrits divers de Mary Baker Eddy: « "La plus noble charité consiste à empêcher un homme d'accepter la charité; et la meilleure aumône, c'est de lui montrer qu'il peut se passer d'aumône et de l'en rendre capable." » Mary Baker Eddy poursuit: « Dans les premiers temps de l'histoire de la Science Chrétienne, bien peu, parmi mes milliers d'élèves, étaient fortunés. Actuellement, les scientistes chrétiens ne sont pas pauvres; ils ont des ressources suffisantes, acquises en guérissant le genre humain moralement, physiquement et spirituellement. » (p. IX)
Il est clair qu'elle ne pensait pas que la pauvreté était profitable à ses élèves, et je ne peux pas croire qu'elle pensait le contraire concernant son Église. C'est l'un des nombreux éléments qui me font dire qu'elle s'attendait à ce que nous maîtrisions pleinement nos affaires, et qu'il nous faut parvenir à cette maîtrise, quel que soit le contexte environnant. Cela s'applique aux officiers de l'Église. Nous ne pouvons prétendre: « Vous savez, les marchés ont chuté, alors ce n'était pas de notre faute. » Et je ne suis pas sûr que Mary Baker Eddy accorderait le même genre de justification aux membres qui seraient tentés de dire: « À cause de mes problèmes d'argent, je ne peux pas soutenir l'Église pour l'instant. » Le minimum annuel qu'elle demande à chaque membre est un dollar, en tant que per capita tax. À mes yeux, elle a ainsi donné aux officiers de l'Église la possibilité de recevoir les contributions des membres en démontrant la sagesse, l'efficacité et la reconnaissance; mais elle a également donné aux membres la possibilité d'envoyer chaque année une contribution généreuse, supérieure à un dollar. Cette Église est une sorte d'écosystème, où tout est basé sur une démonstration quotidienne active et rigoureuse.
D'autre part, on peut aussi considérer qu'en instaurant la per capita tax, Mary Baker Eddy a demandé aux membres d'aborder consciemment la question du soutien financier de L'Église Mère au moins une fois par an. Elle nous empêche de nous désintéresser de cette question. Avec une disposition statutaire similaire, elle nous demande de nous engager à l'égard des périodiques de la Science Chrétienne en nous y abonnant (voir article VIII, sect. 14: « Périodiques de l'Église », p. 44).
Les membres ont toujours été généreux. Le Conseil des directeurs, les officiers et tous nos collègues à Boston sont très reconnaissants de ce que les membres apportent à l'Église. Ce soutien fidèle et généreux doit continuer. Soyons éveillés à la suggestion qui murmure: « Eh bien ! L'Église Mère a beaucoup d'argent, je peux donc diminuer mon soutien et peut-être l'orienter ailleurs. » Cette tentation nécessite notre vigilance. Mais l'amour de chaque membre pour son Église est manifeste. Nous le sentons ici, à L'église Mère, et nous le constatons également dans nos finances.
