Il existe actuellement plus de 180 associations scientistes chrétiennes ayant à leur tête des professeurs de la Science Chrétienne en activité. Mais un plus grand nombre (220) continue de se réunir chaque année bien que leur professeur soit décédé. Comment une association peut-elle être active et se rendre indispensable quand le professeur n’est plus là pour enseigner et guider ses élèves ? Comment peut-elle continuer de favoriser les progrès spirituels des élèves ? Les associations ont-elles le droit de modifier certains aspects de leur réunion annuelle ? est vice-président du Conseil d’Instruction et membre du Conseil des directeurs de la Science Chrétienne; a enseigné le cours Normal lors de la dernière classe (cours réservé aux futurs professeurs de Science Chrétienne, qui a lieu tous les trois ans); qui a été président de L’Église Mère de 2009 à 2010, a mené une étude pour le Conseil d’Instruction. Tous les trois se sont récemment entretenus avec , qui travaille pour le Christian Science Journal.
Christiane West Little (3): Certains voudront savoir si les membres d’une association sans professeur peuvent demander à un professeur en activité, non pas d’assister à son association, mais de les conseiller, s’ils veulent par exemple se lancer dans la pratique de la guérison. Cela est naturellement autorisé. Ils peuvent être conseillés mais, dans ce cas, à quelle journée d’association vont-ils aller ? Ils demeurent engagés envers l’association de leur propre professeur. Le professeur qui les conseille en est bien conscient, ce qui devrait éviter tout faux sens d’engagement envers lui. C’est envers notre propre association que nous sommes engagés.
Thomas Black (2): Pourquoi est-il si important de soutenir sa propre association ? Parce qu’on entend souvent dire: « Je n’ai pas envie de m’y rendre pour entendre un intervenant invité. Je veux aller à une association qui a encore son professeur, pour entendre sa causerie. »
Skip Phinney (4): Je vois deux raisons de soutenir sa propre association. La première est que l’élève a déjà suivi le cours. Il n’a pas besoin d’avoir un complément d’enseignement, mais d’appliquer l’enseignement qu’il a reçu. La deuxième raison est d’ordre tout à fait pratique: Si tous les membres d’une association décident d’aller vers un autre professeur toujours en activité, leur propre association ne tardera pas à s’affaiblir. Vient alors la tentation de la dissoudre, ce qui est totalement contraire à l’idée qu’avait Mary Baker Eddy en établissant des associations fortes de leurs membres et toujours actives, pour consolider le mouvement de la Science Chrétienne.
Warren Bolon (1): N’y a-t-il pas une troisième raison, à laquelle nous avons déjà fait allusion ? Les membres d’une association peuvent se conseiller mutuellement en se faisant part de leurs expériences de guérison et des idées spirituelles qu’ils ont comprises, et en se soutenant amicalement.
Thomas: Absolument. Un praticien de la Science Chrétienne m’a appelé, il y a deux ans (son professeur était décédé), pour savoir si j’accepterais de le conseiller. Nous avons donc eu plusieurs conversations sur la pratique. Et puis j’ai reçu cet e-mail de sa part: « On m’a invité à conduire une association, et comme vous le savez, je ne vais plus à ma propre journée d’association depuis des années. Aussi je ne suis pas sûr d’être prêt pour cela. Heureusement, l’invitation est pour 2016, alors je pense que j’ai le temps de me préparer. » Cela me met dans une situation embarrassante: j’ai invité cette personne à venir à mon association alors qu’elle a sa propre association. Cela m’a fait comprendre que, dans ce cas particulier, je n’agissais pas correctement. Peut-être cette personne a-t-elle quelque chose à corriger dans sa pensée concernant son rapport à sa propre association. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. On ne peut pas dire: « Je souhaite être invité en tant qu’intervenant, mais s’il y a un intervenant à ma propre association, je n’ai pas envie d’y aller. »
Warren: Y a-t-il donc une éthique supérieure qui gouverne les rapports entre l’élève et son association, une règle à laquelle il est nécessaire de penser souvent pour ne pas perdre de vue pourquoi il est important de participer à son association ?
Thomas: Bien sûr. Et même si votre « mentor » considère que votre présence à sa journée d’association lui permet de jouer son rôle auprès de vous, c’est une décision qui doit être mûrement réfléchie. Cela ne veut pas dire que l’on ne doit jamais assister à la réunion d’une autre association. En fait, la prise en compte bienveillante de circonstances particulières peut très bien conduire à cela.
Christiane: Je me rends compte à quel point les mensonges mentaux que l’on projette au sujet d’une association qui déçoit, qui décline ou qui s’affaiblit pourraient inciter des membres à ne pas s’y rendre. Mais j’ai aussi constaté l’efficacité de la prière silencieuse qui rejette de tels mensonges. J’ai reçu deux e-mails de personnes invitées qui venaient à ma journée d’association depuis plusieurs années parce que la leur était trop loin ou qu’elles ne pouvaient pas s’offrir le voyage.
Thomas: Et elles ont décidé de retourner à leur propre association, j’imagine ?
Christiane: Oui. Elles étaient reconnaissantes d’être venues à la mienne, mais pensaient qu’elles devaient retourner à la leur. C’est le Christ qui leur a fait comprendre ce qu’est l’éthique d’une association.
Skip: Ce réveil se poursuit en chacun de nous.
Thomas: Chaque fois que se fait sentir une influence mentale négative qui divise, on peut être certain que cela ne vient pas de la pensée des membres de l’association. C’est une croyance imposée. En prenant davantage conscience de ce phénomène, les scientistes chrétiens deviennent aussi beaucoup plus conscients de l’autorité, de la victoire et du pouvoir absolus du Saint-Esprit, ou Christ, sur toutes les forces des ténèbres et du mal. Ce que les scientistes chrétiens apportent à cette croyance générale, appelée magnétisme animal malveillant, c’est une solution spirituelle, une prise de conscience spirituelle de la puissance et de l’autorité de Dieu, sachant qu’en étant fidèles, ils l’emporteront. La Science divine l’emportera.
Skip: Ce que vous dites, Tom, me semble faire partie de ce processus de maturation, un processus qui se poursuit en profondeur, en ce deuxième siècle de la Science Chrétienne. Il est intéressant de noter que Mary Baker Eddy exhortait les autres à travailler spirituellement dans le sens que vous dites, non pas qu’elle fût inquiète, mais parce qu’elle connaissait l’efficacité et la puissance de ce travail. Je me souviens qu’elle a écrit dans une lettre qu’il faut porter la Cause de la Science Chrétienne mentalement, de la même façon qu’on pourrait la porter physiquement. (Manuel de L’Église Mère, p. 85)
Christiane: L’organisation de l’association est la concrétisation structurée du pouvoir de la Vérité, un sens toujours plus profond du pouvoir de cette Vérité.
Skip: Ce qui profite non seulement aux scientistes chrétiens mais au genre humain. L’association élève le genre humain; ce n’est pas une citadelle aux abois: elle est active pour l’amour de l’humanité.
Thomas: On ne le dira jamais assez: on ne peut vaincre le mal organisé en faisant le bien au hasard. Les scientistes chrétiens ont besoin d’être aussi organisés, si ce n’est plus, que les forces du mal. Les associations sans professeur jouent un rôle irremplaçable et essentiel. Nous ne faisons pas que résister, nous nous organisons pour vaincre l’erreur, pour l’éliminer.
Christiane: Pour prouver la totalité du pouvoir-Christ.
Thomas: Nous ne le faisons pas sur un mode défensif, mais sur un mode offensif.
Christiane: Mary Baker Eddy demande: « Que ferez-vous à ce sujet? Déploierez-vous autant d’ardeur pour la vérité ? » (Écrits divers 1883-1896, p. 177)
Thomas: Déployer de l’ardeur pour la vérité, les scientistes chrétiens peuvent le faire. Dans la mesure où les membres d’associations sans professeur se soutiendront les uns les autres, seront conscients des possibilités qu’ils ont de s’aimer mutuellement et de soutenir leurs églises filiales, on s’apercevra que, avec ou sans professeur, l’enseignement est là. Or l’enseignement, c’est le Saint-Esprit, le Christ, le message de la Science divine. C’est la révélation finale de la guérison spirituelle, divine et absolue. Il n’y a pas de plus grand but. Dans la mesure où les associations sans professeur mènent leurs affaires en étant conscientes de leur rôle essentiel, elles font partie du levain de la Vérité à l’œuvre dans la conscience humaine, qui opère sans qu’on le voie ni qu’on le sache.
Skip: Elles modifient le cours de la pensée humaine.
Thomas: C’est bien dit. Mary Baker Eddy écrit: « La “douce petite voix” de la pensée scientifique atteint, par-delà mers et continents, jusqu’aux extrémités les plus lointaines du globe. » (Science et Santé, p. 559) Les associations sans professeur jouent un rôle essentiel dans ce processus par lequel elles atteignent silencieusement, avec amour et efficacité, « par-delà mers et continents, jusqu’aux extrémités les plus lointaines du globe ». Aussi, lorsque les associations sans profeseur sont actives et conscientes du fait que leur mission représente une partie essentielle de ce levain de la Vérité, elles sont mieux à même de reconnaître que, loin d’être négligeable, leur travail est le plus important au monde.
Christiane: On lit aussi dans Science et Santé: « Un scientiste chrétien [et l’on pourrait dire aussi: une association scientiste chrétienne d’élèves] occupe aujourd’hui la place dont parla Jésus à ses disciples lorsqu’il dit: “Vous êtes le sel de la terre.” “Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée.” » (p. 367) C’est cette grande lumière dont nous parlait Skip au début de notre conversation. [n.d.r. voir la première partie de cette conversation dans le Héraut de janvier] Hier, une personne disait que lors de sa journée d’association, elle avait la sensation de passer par l’épreuve du feu.
Thomas: Pas seulement pour se réchauffer !
Christiane: Non, bien entendu, mais pour continuer à avancer !
Warren: Comme dans l’expression « le mouvement de la Science Chrétienne » ? Le mouvement continuel de la pensée, les progrès individuels, la croissance collective au sein de l’association.
Christiane: Exactement, parce que « le progrès est la loi de Dieu » (Science et Santé, p. 233).
Skip: On considère parfois la Science Chrétienne comme une organisation, mais avec du recul, on y voit plutôt, comme Christiane l’a déjà mentionné, un système d’instruction. Car c’est bien ce que voulait Mary Baker Eddy: que chaque rouage de l’organisation ait un but éducatif. La raison en est évidente: le besoin se fait sentir de remplacer un sens matériel d’éducation par la lumière, l’éclairage et l’instruction spirituelles véritables qui ont accompagné la découverte de la Science Chrétienne. Cependant Mary Baker Eddy ne s’en est pas tenue là. Elle a déclaré que cette instruction devait se poursuivre, sur une base quotidienne véritable, afin de s’élever au-dessus du sens matériel de l’être, dont l’organisation agresse tout le monde, scientistes chrétiens ou pas.
Thomas: On pourrait presque voir dans le système d’instruction de la Science Chrétienne une riposte à la pression de la mauvaise pratique mentale exercée par l’instruction qui vient du monde. Les forces du mal sont déterminées à dominer la conscience humaine pour lui imposer leur théorie de la supériorité de la matière. Mais Jésus est venu « afin que les brebis aient la vie, et qu’elles soient dans l’abondance » (Jean 10:10). Nous possédons la solution juste et radicale, laquelle passe par un processus éducatif.
Christiane: Mary Baker Eddy a découvert la Science et l’a approfondie, selon ses propres mots, grâce à la révélation, à la raison et à la démonstration (voir Science et Santé, P. 109). Il est maintenant nécessaire de vivre ce que l’on apprend. Ce n’est pas juste une belle théorie; c’est une façon de vivre de plus en plus proche de Dieu, des lois divines de la Vie, de la Vérité et de l’Amour.
Thomas: Les membres d’une association dissoute récemment ou il y a longtemps sont-ils libres de reconstituer leur association ? Le Conseil d’Instruction estime qu’ils peuvent le faire, parce qu’une association est une idée perpétuelle, une idée dans l’Entendement divin, et non une simple organisation humaine. Aussi les membres pourraient reformer leur association et y accueillir tous les anciens membres qui le désirent et qui étaient les élèves de ce professeur; ils pourraient réaffirmer ainsi que leur association est une partie essentielle de l’Église du Christ, Scientiste, et avoir le privilège de se soutenir les uns les autres de la façon propre aux associations sans professeur.
Christiane: Dans le but de progresser spirituellement et de guérir, non pour le seul plaisir de se retrouver.
Thomas: Et si nous parlions de l’aspect financier ? Imaginons qu’une association sans professeur n’ait plus d’argent. Pour sa journée d’association, elle doit être en mesure de louer une salle, n’est-ce pas ?
Skip: Pas forcément. Il existe certainement plusieurs autres solutions. Il n’y a pas de problème sans solution. Il se pourrait qu’un endroit inhabituel fasse l’affaire, même la salle de séjour d’un membre.
Thomas: Ou l’école du dimanche d’une église. Mais que faire si l’on n’a pas de quoi payer la causerie ou les frais de voyage d’un intervenant ?
Skip: On peut trouver un très bon intervenant au sein même de l’association, quelqu’un qui n’a pas besoin de voyager, ou qui peut même se passer d’honoraires. Dans certains pays, c’est particulièrement important. Une association créée il y a longtemps peut estimer manquer des fonds nécessaires pour faire venir une personne de très loin.
Warren: Que se passe-t-il lorsqu’un professeur a laissé des instructions, verbalement ou par écrit, concernant la conduite de l’association quand il ne sera plus là ?
Skip: C’est très difficile d’essayer d’imposer ou de projeter sa volonté dans l’avenir, car le monde change sans arrêt. Des besoins se feront sentir qui n’étaient guère prévisibles à l’époque. Une association doit pouvoir évoluer de pair avec le temps.
Christiane: On a toujours besoin d’une inspiration nouvelle, fraîche, de même qu’on ne répète pas la même prière tous les jours dans ses traitements. L’entendement humain instaure sa propre routine. On a une réunion de travail le matin, puis le déjeuner à telle heure. Je me suis rendu compte que d’année en année, j’envoyais sensiblement la même lettre d’invitation aux membres de mon association. Il nous faut reconnaître que les bontés de Dieu se renouvellent chaque jour, avec une inspiration nouvelle. J’aime beaucoup penser à Jésus qui changea l’eau en vin, transformant ainsi une activité routinière en un développement spirituel et des progrès inspirés.
Skip: Parfois, nous adoptons de petits rituels confortables qui nous semblent justes. Mais on peut mettre de la nouveauté dans ces zones de confort et trouver d’autres façons de faire les choses qui sont tout aussi justes et parfois plus stimulantes.
Warren: Quelle est la prochaine étape, après cette réunion avec les secrétaires et les membres du bureau des associations de la région de Boston ?
Skip: Nous organiserons des téléconférences avec toutes les associations de langue anglaise qui n’ont plus leur professeur.
Thomas: Il y a 220 associations sans professeur, aussi est-ce un grand projet. Et son objectif est également vaste: aider ces associations à reprendre de la vigueur et à se concentrer sur leur mission avec dynamisme. Le Conseil d’Instruction est prêt, dès maintenant, à aider dans cette optique les associations sans professeur. Leurs idées et leurs questions sont les bienvenues.
Skip: Nous espérons pouvoir communiquer leurs idées aux autres associations.
Thomas: À quel moment une association devrait-elle se dissoudre ? En deçà d’un certain nombre de membres ? Quand peut-on considérer la dissolution comme un pas en avant ?
Skip: Je ne pense pas qu’on puisse en juger par le nombre des membres restants. Dans certains cas, ces membres peuvent estimer qu’ils sont si peu nombreux qu’ils n’ont pas d’autre choix que la dissolution. Mais nous avons cité l’exemple d’une association qui s’est sentie poussée à continuer, voilà maintenant dix ans. Aussi je ne pense pas que le nombre des membres justifie à lui seul la décision de dissoudre l’association.
Thomas: Peut-être que la question devrait se poser seulement quand on pense pouvoir mieux servir le but profond de l’association par d’autres moyens; lorsque les membres estiment pouvoir atteindre à la spiritualité et rester à la bonne hauteur de pensée grâce à d’autres activités d’église légitimes.
Christiane: C’est exactement comme si on se demandait: « Combien de temps vais-je demeurer actif dans l’église ? » On peut décider de ne jamais cesser de progresser spirituellement. Comme vous l’avez mentionné, Tom, l’idée spirituelle de l’association est toujours vivante. On est toujours membre de son association, même si l’on ne va plus aux journées d’association depuis des années. Hier, un membre expliquait qu’ils appellent ceux qui ne viennent plus à l’association, juste pour s’assurer qu’ils vont bien, et non pour leur demander: « Pourquoi n’êtes-vous pas venu ? » Ils leur disent simplement: « Vous nous avez manqué hier. »
Thomas: Ou bien: « Pouvons-nous vous aider en quoi que ce soit ? »
Christiane: C’est un appel plein d’amour, qui revient à dire: « Nous vous aimons. »
Vous trouverez le texte complet de cette conversation sur notre site: www.leherautsc.com
Pour joindre le Conseil d’Instruction, envoyer un
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