« Comment va la famille ? » C’est là une question que l’on pose fréquemment lorsque l’on rencontre des amis ou des connaissances. Elle montre l’affection et l’intérêt que nous nous portons mutuellement, et par notre réponse, nous pouvons en général partager la joie que nous éprouvons face aux progrès accomplis par ceux qui nous sont proches. Les liens qui nous unissent et le désir d’encourager ceux que nous aimons sont des sentiments profondément ancrés dans notre être.
Mais que se passe-t-il si nous nous sentons déçus face à certains aspects de notre famille, ou si nous avons des inquiétudes sérieuses au sujet d’un être cher ? Aussi loin que je puisse me souvenir, la famille a toujours occupé une place centrale dans ma vie. Alors que certaines de mes connaissances étaient occupées à se bâtir une carrière, mes objectifs étaient plutôt d’être une bonne épouse et une mère au foyer attentionnée. Pourtant, il y a eu de nombreux moments où je me suis débattue avec un sens de responsabilité très pesant et où j’ai dû surmonter la déception et la frustration concernant le comportement d’un membre de ma famille.
Au fur et à mesure des années, la paix de notre foyer s’est souvent trouvée sévèrement remise en cause par des incompréhensions ou du ressentiment. Notre famille était composée de personnes à l’esprit indépendant, et il semblait que l’intolérance ou des divergences d’opinion nous conduisaient à la discorde. Mais j’ai souvent pensé au fait que la famille, vue dans son sens véritable, est un concept entièrement spirituel. La Bible et Science et Santé affirment que nous sommes tous créés par un Dieu unique, notre Père-Mère. Mary Baker Eddy écrit que « Père-Mère est le nom de la Divinité, nom qui indique Sa tendre relation à Sa création spirituelle » (Science et Santé, p. 332). Et plus loin elle écrit: « Homme est le nom de famille pour désigner toutes les idées — les fils et les filles de Dieu. » (ibid., p. 515)
Cette explication de notre relation véritable nous incite à abandonner les concepts matériels et à explorer les vrais faits spirituels de l’être. Parce que la conscience et l’individualité spirituelles de l’homme dérivent de l’Entendement, nous manifestons tous, de façon naturelle, la sagesse et l’intelligence dans nos rapports avec autrui. En tant qu’enfants de Dieu, nous exprimons les qualités-Christ que sont l’amour, la patience, l’entente et l’appréciation de ce qui est bon.
Je n’oublierai jamais une expérience en particulier qui m’a tant appris au sujet de la nature spirituelle de la famille — que ce concept va bien au-delà de savoir qui est apparenté à qui.
Il y a quelques années, ma fille avait un nouveau copain et elle désirait l’amener à la maison afin qu’il rencontre la famille (tous deux ont donné leur accord pour que je partage ce récit). Alors que je les regardais arriver, mon attente pleine de joie s’est changée en consternation. L’apparence du jeune homme me choquait. Je m’attendais à quelqu’un de très soigné, mais il avait de longs cheveux blonds, de grosses bottes bruyantes, et il arborait l’uniforme orange vif de son usine. J’ai soudain pensé que je ne voulais pas l’inviter à entrer dans la maison. Lorsque je l’ai néanmoins fait, l’entrevue s’est révélée inconfortable et embarrassante.
Au fil des semaines, j’ai été fortement tentée de ressentir du dédain et de l’aversion vis-à-vis de ce jeune homme, et je ne voulais plus que ma fille le voie, ce qui a créé des frictions entre elle et moi et des dissensions au sein de la famille.
« Comment va la famille ? » me demandaient nos amis. « Ne me pose pas la question ! » était généralement ma réponse.
Je me débattais avec un sentiment d’échec et me sentais accablée et déçue par l’éloignement que cette situation créait entre ma fille et moi.
Je priais avec sincérité pour être capable de voir au-delà de l’image matérielle qui paraissait tellement me perturber. Le conseil de Jésus s’adressait directement à moi: « Ne jugez pas selon l’apparence, mais jugez selon la justice. » (Jean 7:24) J’ai compris que je devais me détourner complètement des apparences matérielles, et voir les qualités spirituelles qui appartenaient à ce jeune homme en tant qu’idée de Dieu. J’ai proposé un jour qu’il revienne chez nous pour dîner. Pendant la soirée, j’ai appris que sa mère avait quitté la maison alors qu’il n’avait que douze mois, qu’il avait rencontré beaucoup de difficultés dans son enfance et qu’il vivait maintenant avec sa sœur aînée et son beau frère.
En écoutant son histoire, j’ai commencé à percevoir son profond désir de trouver un foyer et une famille. Je me suis sentie terriblement honteuse en songeant à la façon dont je l’avais méprisé à cause de son apparence. J’ai commencé à trouver en lui beaucoup de qualités à respecter et à aimer. Il était un si gentil jeune homme, et il était clair que tout ce qu’il souhaitait dans la vie c’était de se sentir à sa place, d’avoir un chez-lui.
En moins d’une année, ma fille nous a annoncé qu’ils voulaient se marier. Et c’est ce qu’ils ont fait. Néanmoins, il est vite apparu que tous deux devaient encore mûrir, et le mariage n’a pas duré. Le jeune homme était complètement désemparé et s’est tourné vers moi, qui avais été sa belle-mère, pour trouver un soutien. « Ne me quittez pas ! » suppliait-il. Ne sachant pas quoi faire d’autre, mon mari et moi avons accepté qu’il vienne vivre avec nous pendant quelque temps. Notre fille, qui avait déménagé depuis, était d’accord avec cet arrangement, car elle connaissait la tristesse que ressentait son ex-mari.
J’ai rapidement découvert que je pouvais lui parler de son identité spirituelle en tant qu’enfant bien-aimé de Dieu, et partager avec lui les vérités que j’avais apprises en Science Chrétienne: que l’homme est un membre chéri et précieux d’une famille spirituelle unique. Nous sommes tous les fils et les filles bien-aimés du même Père-Mère, Dieu, qui nous aime tous et prend soin de chacun de nous. Je lui ai dit que j’étais convaincue que ni lui, ni ma fille, ni personne d’autre n’était jamais exclu de l’Amour. Il lisait des passages réconfortants que je lui indiquais dans Science et Santé, et il a commencé à appliquer à sa propre situation les vérités qu’il apprenait.
Bientôt, il a trouvé un nouvel emploi, avec de bonnes perspectives d’avenir, et il m’a semblé se remettre de la séparation d’avec ma fille. Cependant, il disait avoir toujours un problème qu’il ne savait pas comment régler: comment inclure sa propre mère dans son sens de la famille. Il pensait que jamais il ne pourrait lui pardonner de l’avoir abandonné.
Nous avons parlé ensemble du pardon, et je lui ai assuré qu’il ne pouvait pas être privé d’un iota de l’amour de Dieu à cause des actions d’une autre personne. Pendant que nous parlions, il semblait très réceptif à ces idées; il était clair que la compréhension de Dieu en tant que son Père-Mère lui donnait un sentiment de paix et de réconfort. Il nous est bientôt apparu évident à tous les deux qu’il était temps pour lui de retourner vivre avec sa sœur.
Après quelque temps encore, il a rencontré une fille adorable, qu’il a épousée, et il s’est épanoui au sein de sa nouvelle famille. Ils ont pu s’installer dans une jolie maison et ils ont eu rapidement un petit garçon, puis une petite fille. Il a pu jouir d’un sens complet de la famille et du foyer, et il a acquis le sens véritable du pardon envers sa mère, qu’il a pu ensuite recevoir chez lui plus tard.
Petit à petit, la satisfaction de soi, le jugement et la condamnation sont tranquillement remplacés par les qualités-Christ de douceur, de compassion, de considération, de pardon et par une plus grande appréciation du véritable moi de chacun en tant que reflet de Dieu. Puis cela s’élargit jusqu’à inclure tout le monde.
Vous pouvez imaginer quel profond sentiment d’humilité j’ai pu acquérir grâce à cette expérience ! Cela a été une leçon qui m’a conduite à être plus humble. Elle m’a appris à ne plus jamais juger ni condamner sans réfléchir, mais plutôt à élever mon concept de l’homme jusqu’à un niveau spirituel et de reconnaître, avec humilité, que chacun de nous est digne de l’amour de Dieu. Dieu est un bon Père et une Mère aimante, qui répond sans limite à chacun de nos besoins et prend soin de nous avec la plus grande attention. En continuant d’en apprendre davantage au sujet de l’identité spirituelle de l’homme en tant que reflet de Dieu, j’ai commencé à chérir le fait que nous appartenons tous à la même famille universelle, et j’ai ainsi pu apprécier tellement plus la nature réelle de chaque individu, y compris la mienne. Et mes relations avec ma fille sont devenues tellement plus harmonieuses depuis ce temps-là là. Il y a, comme l’écrit Mary Baker Eddy dans Science et Santé: « ... [un] Père unique avec Sa famille universelle, réunis dans l’évangile de l’Amour. » (p. 577)
Quel pouvoir cela donne de reconnaître que notre véritable famille s’étend bien au-delà de nos parents immédiats, et bien plus loin que notre cercle d’amis personnels ou notre église ! Notre famille mondiale s’étend au-delà des océans. Petit à petit, la satisfaction de soi, le jugement et la condamnation sont tranquillement remplacés par les qualités-Christ de douceur, de compassion, de considération, de pardon et par une plus grande appréciation du véritable moi de chacun en tant que reflet de Dieu. Lorsque cela se produit, il n’est pas étonnant de constater étonnant de constater que notre sens de la famille s’élargit jusqu’à inclure tout le monde.
