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Faire nôtre la Science Chrétienne

Entretien avec Beverly Beddoes-Mills par Suzanne Smedley

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne d’octobre 2011


Septembre 2010. Le printemps est dans l'air. En Australie, du moins. Les jonquilles, les jacinthes et les fleurs de pêcher colorent le paysage des Blue Mountains qui dominent Sydney. C'est ici qu'habite Beverley Beddoes-Mills. « Le bush environnant est très beau, très paisible, et il y a plein d'oiseaux » me dit-elle lors de notre premier entretien.

Néanmoins, presque tous les week-ends, Madame Beddoes-Mills délaisse ses montagnes pour la ville, et parcourt une centaine de kilomètres pour rejoindre son studio à Sydney Harbor, où elle a l'habitude de recevoir ses patients dans le cadre de sa pratique publique de la Science Chrétienne. Elle n'est alors qu'à une courte distance, par ferry-boat, de l'opéra et du musée des beauxarts de Sydney, dont elle est membre. L'une de ses plus grandes joies durant ces excursions dans la capitale, c'est de voir son fils, sa fille et ses petits-enfants.

Mme Beddoes-Mills a grandi non loin de la plage de Bondi, près de Sydney, où, après l'école, elle passait la plupart de ses après-midi à faire du surf. Elle a cessé cette activité il y a tout juste dix ans. Après avoir obtenu un diplôme de dessin industriel à la faculté de Sydney, elle s'envola pour Londres dans le cadre d'un programme vacances-travail. « C'était une époque tout à fait particulière pour moi, se rappelle-t-elle. Première Église du Christ, Scientiste, Londres, m'a donné l'occasion de vivre ma première expérience de membre d'église, et j'en garde un excellent souvenir. » Deux ans plus tard, elle retourna en Australie, se maria et eut deux enfants.

Bien qu'elle ait toujours été scientiste chrétienne, Mme Beddoes-Mills est persuadée que nul n'est scientiste chrétien de naissance ou par éducation. « Il faut faire nôtre la Science Chrétienne. »

Beverley Beddoes-Mills: Le surf a toujours été une de mes passions, car il me procurait un sentiment de liberté. Mais la vraie liberté m'est venue grâce à la Science Chrétienne, qui a amené un grand changement dans ma vie.

Suzanne Smedley: Vous m'avez dit que ce changement a été occasionné par trois évènements majeurs qui vous ont permis de faire vôtre la Science Chrétienne.

C'est exact ! C'est merveilleux de pouvoir repenser à ces trois guérisons en comprenant que Dieu était à l'œuvre dans mon existence, même si je l'ignorais à l'époque.

Le premier évènement remonte aux premières années de mon mariage. Mes enfants étaient tout petits. J'étais très isolée. Il n'y avait pas d'autres jeunes couples dans notre quartier et ce n'était pas facile d'aller à l'église car nous n'avions qu'une voiture. C'était une période de ma vie où je me sentais dépassée par tout.

Un jour, mes deux enfants sont tombés malades en même temps. Ils avaient beaucoup de fièvre. Ils avaient déjà été malades à deux reprises, et mon mari, qui n'était pas scientiste chrétien, avait alors fait appel à un médecin. Ils n'avaient pas été guéris et mon fils avait développé une allergie aux antibiotiques qui lui avaient été prescrits. Aussi, cette fois, j'ai décidé de me tourner vers la Science Chrétienne pour leur guérison, et mon mari ne s'y est pas opposé. Comme j'avais toujours recouru à la Science Chrétienne pour me guérir moi-même, cette décision paraissait naturelle.

Je n'oublirais jamais cet appel téléphonique à une praticienne de la Science Chrétienne que je ne connaissais pas. Quand je lui ai parlé de l'état des enfants, elle a dit: « Je viens tout de suite vous voir. » Cela ne m'avait encore jamais été proposé. Sa visite m'a complètement libérée d'un faux sens de responsabilité et de la crainte que j'éprouvais pour mes enfants, ainsi que du sentiment d'isolement dont je souffrais. Sa présence, son calme et son amour ont fait disparaître tout ces soucis. En conséquence, les enfants ont été guéris tout de suite. J'avais l'impression de m'éveiller à quelque chose. La praticienne m'a proposé un abonnement au Christian Science Monitor, et j'ai pris l'habitude d'aller la voir pour parler de la Science Chrétienne. Elle est devenue une sorte de mentor. Grâce à l'aide qu'elle m'apportait et grâce à son empressement à répondre à toutes mes questions, j'ai pu voir ce qu'était la vie d'une praticienne de la Science Chrétienne. Cela a marqué un tournant dans ma vie.

J'apprécie beaucoup le fait que la praticienne ait pris le temps de venir chez vous. C'est un bel exemple de ce qu'est le vrai christianisme !

C'est aussi un bel exemple de ce que signifie le fait de comprendre rapidement quels sont les besoins dans une situation donnée. Je n'ai jamais pu l'oublier. Il faut avoir une élévation de pensée, une spiritualité particulières pour parvenir à ce résultat; c'était certainement l'expression du Christ. Cette guérison m'a montré qu'il est parfois important de rendre visite aux patients, surtout s'il s'agit d'une jeune maman avec plusieurs enfants. Chaque cas est différent, bien sûr, mais dans une situation concernant des enfants en bas âge, c'est la crainte des parents – dans mon cas, la crainte de la mère — qui a besoin d'être éliminée. La praticienne m'a entièrement délivrée de mes craintes par un acte d'amour, en prenant la peine de venir chez moi. Aujourd'hui encore, je chéris sa générosité d'âme, cette expression du Christ.

Chaque jour de mon travail de praticienne est une aventure au cours de laquelle je découvre de nouvelles facettes du Christ, la vraie nature spirituelle de l'homme créé par Dieu.

Si un patient vous demande de venir le voir, ou si l'un de ses proches vous appelle et vous dit: « Je pense réellement que vous devriez vous rendre chez un tel », y allez-vous?

Il faudrait que j'aie une sérieuse raison de ne pas y aller ! Si le praticien prie en s'appuyant sur des vérités absolues, il ne néglige pas pour autant le caractère relatif de la situation humaine. La pratique de la Science Chrétienne prouve l'amour de Dieu pour tous Ses enfants. Cet Amour divin est toujours à l'œuvre; il élimine la crainte et il est accessible à tous. Être conscient du besoin humain et s'empresser de répondre à un appel, c'est marcher sur les pas de Christ Jésus, le Maître chrétien. Son souci du bien-être de ceux qui l'entouraient apportait la guérison instantanée.

Lorsque je m'occupe du cas d'un jeune enfant, je demande dès que possible à lui parler au téléphone, du moins dès qu'il en a envie. Ainsi, il peut établir un lien avec moi. Là aussi, cela libère les parents de la crainte. Mary Baker Eddy écrit que dans le cas d'un enfant, on traite toujours la pensée des parents en premier. (Voir Science et Santé, p. 412)

Quand vous dites que l'enfant peut établir un lien avec vous, vous voulez dire en tant que praticienne?

J'aurais peut-être dû le préciser: oui, moi en tant que praticienne de la Science Chrétienne. L'accent est à mettre sur le travail du praticien. Bien entendu, c'est Dieu qui guérit dans chaque cas, mais le rôle du praticien, à l'exemple du Christ, demeure important. Dans ma propre expérience, j'ai constaté que les enfants qui sont contents de parler avec moi guérissent très vite. Ils prennent part à leur guérison et apprennent à s'appuyer sans réserve sur Dieu. La pureté, les qualités chrétiennes de la pensée du praticien touchent directement la pureté mentale de l'enfant et la guérison a lieu.

Quand s'est produit le deuxième des trois évènements majeurs auxquels vous avez fait allusion?

Moins de deux ans plus tard, je crois. Nous avions emménagé chez mes parents parce qu'ils étaient à l'étranger pour un an et que nous faisions construire notre nouvelle maison. En prenant soin de la maison de mes parents, je veillais en même temps sur le chien de mon père, un doberman. À l'époque, l'idée m'est venue de lire Science et Santé d'un bout à l'autre, ce que je n'avais encore jamais fait. Quelle expérience extraordinaire ! Ce livre a eu sur moi le même impact qu'un roman policier: j'avais du mal à en abandonner la lecture. J'étais captivée ! Cette lecture élevait ma pensée à un niveau mental où je me sentais comblée par la présence et la bonté de Dieu. J'étais tout simplement heureuse.

Un jour, le chien est tombé très malade. Il se cachait et refusait de manger. Mon mari a pensé qu'il fallait l'amener chez un vétérinaire. Celui-ci a découvert une grosse tumeur dans sa gorge. Si on ne l'opérait pas très vite, il mourrait, nous dit-il. En rentrant à la maison, ce jour-là, j'ai ressenti le besoin de reprendre ma lecture de Science et Santé. J'ai alors vu clairement ce que représentait le Christ et cela m'a donné une confiance totale dans le pouvoir de guérison de Dieu.

Le lendemain, j'ai demandé au vétérinaire s'il était possible que je ramène le chien à la maison. Il s'est montré des plus pessimistes, déclarant cette fois-ci que si je ne donnais pas au chien certains comprimés, il ne survivrait pas. Mais j'étais tellement consciente de la présence de Dieu que j'ai décidé de le ramener à la maison malgré tout. Le chien était tout heureux de me voir. Tandis que je le ramenais en voiture, l'idée m'est venue de lui donner les restes d'un ragoût de bœuf en cocotte que nous avions mangé la veille au soir. Il a tout fini. Il a également bu le lait que je lui ai donné. Puis je suis sortie le promener et il s'est mis à courir joyeusement devant moi. Il était guéri et le savait. Imaginez ma joie lorsque le chien a accueilli mon père qui rentrait de l'étranger. Cette amitié entre lui et ce chien s'est poursuivie pendant de nombreuses années encore.

Cette guérison a marqué une étape importante dans ma vie. Elle m'a poussée à suivre le cours Primaire de Science Chrétienne un an plus tard. J'ai eu mon premier patient deux semaines après la fin du cours. J'ai su alors, et sans l'ombre d'un doute, ce que j'allais faire de ma vie.

Vous vouliez être praticienne de la Science Chrétienne...

Exactement ! À ceci prêt que je ne m'attendais pas à commencer si vite ! Je me souviens du premier appel téléphonique que j'ai reçu. Le mari d'une scientiste chrétienne, mère d'un de mes élèves de l'école du dimanche, m'a téléphoné. Sa femme était très malade. Il a conclu en disant: « Et qu'allez-vous faire maintenant ? » Tandis que ses paroles résonnaient dans mes oreilles, j'ai répondu que j'allais prier pour sa femme. En raccrochant, j'ai pensé: « Eh bien, c'est le moment de s'y mettre ! » Il me fallait juste me tourner directement vers Dieu. Je me souviens de la joie que j'ai éprouvée lorsque sa femme a été guérie.

Que diriez-vous à une personne qui se sent également appelée à se lancer dans la pratique, mais qui, pour une raison ou une autre, éprouve peu d'enthousiasme à cette idée ?

Si l'appel se fait entendre, ce serait dommage de l'ignorer, car c'est une telle source de bienfaits ! Pour moi, la pratique est la connaissance consciente du fait que Dieu est avec moi à chaque instant de la journée. Chaque jour est une aventure au cours de laquelle je découvre de nouvelles facettes du Christ, la vraie nature spirituelle de l'homme créé par Dieu. Lorsque je réponds à une demande d'aide, je suis sûre que le pouvoir de guérison est entre les mains de Dieu. Sa présence aimante révèle la vérité au sujet du patient et mon rôle consiste à rendre témoignage de Son œuvre, c'est-à-dire la perfection et l'intégralité de Son enfant.

Le troisième évènement qui a eu une très grande influence sur vous est survenu bien des années après la guérison du chien de votre père. Vous étiez déjà professeur de Science Chrétienne.

En effet, et c'est à ce moment-là que ma vie a le plus changé, car j'ai entrevu la réalité spirituelle.

J'ai eu un grave accident de voiture. J'étais assise avec deux amies à l'avant d'un camping-car, et nous roulions sur l'autoroute. Une voiture nous a heurtées de plein fouet. Ce matin-là, avant que mes amies et moi-même ne montions dans le véhicule, j'avais lu la Leçon biblique de la Science Chrétienne. Un passage de Science et Santé me revenait sans cesse à l'esprit: « La réalité spirituelle est le fait scientifique en toutes choses. » (p. 207) Tandis que nous roulions, cet énoncé absolu de la vérité était bien présent à ma pensée. J'ai perdu connaissance au moment de la collision, puis je me souviens d'avoir pensé que je ne voulais pas lutter mais simplement tout laisser aller. Une infirmière s'est arrêtée sur les lieux de l'accident. Elle s'est approchée de l'avant du camping-car et elle a dû insister pour que je me réveille, en criant littéralement.

On nous a transportées vers un hôpital à proximité. C'était une petite maison de campagne qui ne semblait pas avoir beaucoup de personnel. Je suis probablement restée là deux heures avant qu'un médecin ne vienne me voir. Pendant ce temps, je me répétais sans cesse que « la réalité spirituelle est le fait scientifique ». Aussi, lorsque le médecin m'a demandé comment je me sentais, j'ai pu affirmer: « Bien ! » « Alors vous pouvez partir », m'a-t-il répondu. L'une de mes amies a dû rester un jour de plus à l'hôpital, tandis que l'autre amie et moi sommes allées dans un motel. Quand elle est sortie de la chambre un moment, je me suis rendu compte, une fois seule, que je n'allais pas bien du tout. Je pouvais à peine marcher et je souffrais beaucoup.

Or le lendemain, il nous fallait récupérer tous les bagages restés dans le camping-car (qui n'était plus qu'une épave), et prévoir le retour à Sydney, distant de 200 km. Autrement dit, il y avait bien des efforts physiques en perspective ! Tandis que je priais, cette phrase m'est revenue: « La réalité spirituelle est le fait scientifique en toutes choses. » Je me suis mise à réfléchir: « Si la réalité spirituelle est le fait scientifique en toutes choses, il ne s'est alors rien passé en dehors de la manifestation de la bonté de Dieu et de Sa protection. » Selon les circonstances matérielles, j'avais subi un choc violent, mais la réalité spirituelle m'apportait un point de vue diamétralement opposé: je vivais toujours dans la bonté de la présence de Dieu. Voilà quelle était la vérité ! Et dans cette chambre de motel, j'ai soudain eu la pensée que dans la Vérité (Dieu), je n'avais jamais été victime d'un accident, car je n'avais jamais été en dehors de la présence de l'amour de Dieu.

La douleur a aussitôt disparu et j'ai pu marcher normalement. La guérison s'est poursuivie durant la nuit. Mon amie et moi avons pu surmonter toute la violence du choc et le lendemain nous sommes rentrées à Sydney. Depuis ce jour, je vois les choses autrement.

C'est-à-dire ?

Si je fais face à une difficulté physique comme la maladie ou la douleur, je me demande aussitôt: « Qu'est-ce que la réalité spirituelle ? »

L'autre jour, en parcourant Écrits divers de Mary Baker Eddy, je suis tombée sur ce passage: « La Science Chrétienne explique aux mortels ce qu'est l'Entendement, Dieu. C'est le calcul infini définissant la ligne, le plan, l'espace et la quatrième dimension de l'Esprit. » (p. 22) Je dirais que cette dimension est cet état de conscience spirituel où a lieu la guérison instantanée. C'est ce qui s'est passé pour moi lors des guérisons dont je vous ai parlé. Dans cet état de conscience, on a le sentiment que l'Amour élimine toute crainte et apporte la paix, quelles que soient les circonstances matérielles. La matière n'existe tout bonnement plus. Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy donne une stupéfiante définition de l'homme, lorsqu'elle écrit qu'il est immortel et « ... toujours au-delà et au-dessus de l'illusion mortelle que la vie, la substance et l'intelligence existent dans la matière » (p. 302). Ne s'agitil il pas là de la quatrième dimension de l'Esprit, dans laquelle nous pouvons faire l'expérience de ce don de Dieu qu'est la domination complète sur la matière ? Cela nous ouvre des possibilités illimitées, en nous donnant en même temps la certitude absolue que Dieu est la seule présence et le seul pouvoir. Cela change notre vie. Toute guérison est fondée sur ce sens de domination.

Le grand commandement de Jésus, d'aimer les autres comme soi-même, exige des praticiens de la Science Chrétienne qu'ils voient chacun comme Dieu les voit: parfaits et complets.

Est-ce cette confiance absolue dans le pouvoir de guérison de Dieu qui vous a poussée à devenir praticienne de la Science Chrétienne ?

Exactement ! Et c'est ce qui m'a aussi donné envie de suivre le cours Normal, en 1985, cours à la suite duquel j'ai commencé à enseigner la Science Chrétienne.

Cela m'avait paru tellement merveilleux de voir le chien de mon père guéri, alors que la radio faite chez le vétérinaire avait révélé la présence d'une tumeur. Sa guérison, sans recours à la médecine ni à la chirurgie, avait été si rapide que mon mari et moi avions été pris de court. En fait, mon mari était si embarrassé qu'il est retourné voir le vétérinaire pour lui dire qu'il avait dû radiographier un autre chien !

rires

Mais il était clair à mes yeux que si le chien avait été guéri, c'était grâce au pouvoir de Dieu. C'est cela qui m'émerveillait tant. Idem dans la chambre du motel. J'aime beaucoup ces paroles de Jésus: « Je ne puis rien faire de moi-même. » (Jean 5:30) C'est l'état de pensée qu'il faut avoir dans la pratique de la guérison: comprendre que c'est Dieu qui est à l'œuvre.

Dans ce cas, quel est votre rôle dans la guérison si Dieu fait tout le travail ?

Eh bien, je pense que le rôle du praticien de la Science Chrétienne est basé sur le christianisme primitif. Il honore le grand commandement de Jésus de s'aimer les uns les autres comme on s'aime soi-même. Jêsus ne dit pas simplement d'aimer les autres, n'est-ce pas ? Son commandement exige des praticiens de la Science Chrétienne qu'ils soient prêts à purifier leur propre conscience afin qu'ils puissent se voir et voir les patients comme Dieu les voit: parfaits et complets. Le commandement de Jésus exige un désintéressement total. Aussi le rôle du praticien est-il d'aimer comme Jésus aimait. Deux vers d'un cantique résument cela très bien: « Va, que tes bras s'ouvrent grand pour tes frères, / Car à l'amour la paix de Dieu se joint. » (Hymnaire de la Science Chrétienne, n°217)

Selon vous, quel est l'un des plus grands défis que les praticiens de la Science Chrétienne ont à relever aujourd'hui ?

Je pense que les praticiens ont souvent le sentiment que le patient désire juste guérir la matière, le corps physique. Les patients ne semblent pas toujours saisir le fait que la guérison a lieu en réalité dans la conscience, et que la maladie (y compris la douleur) est juste « une image de pensée extériorisée » (Science et Santé, p. 411). À mon avis, c'est l'un des grands enseignements de la Science Chrétienne: en réalité, rien ne se passe en dehors de la conscience. Par exemple, quand je souffrais atrocement dans la chambre du motel, après l'accident de voiture, il m'a fallu traiter le problème dans ma pensée et m'accrocher consciemment au fait spirituel de la présence de la bonté de Dieu comme seule réalité. La matière, le corps, ne nous apprendra jamais rien sur la réalité spirituelle. Mais il est également important que le praticien exprime de la compassion envers ceux qui sont dans la souffrance et la crainte. Nous devons détourner la pensée du corps avec douceur et faire en sorte que le patient se sente en sécurité dans la vérité que Dieu l'aime maintenant même. La conviction et l'amour qui imprègnent la pensée du praticien apporteront le réconfort et la guérison.

D'autre part, la science médicale s'impose à nous sous bien des aspects dans notre pratique. Dans chaque traitement par la Science Chrétienne, il faut réfuter la pensée universelle — le matraquage, pourrait-on dire — selon laquelle la science médicale est le seul système de guérison qui soit. On ne peut pas faire l'autruche face à cela.

Il y a peu, j'ai prié à ce sujet en m'inspirant du Premier Commandement. J'ai été frappée par le fait qu'il s'agit du « verset préféré » de Mary Baker Eddy, laquelle affirme qu'« il démontre la Science Chrétienne » (voir Science et Santé, p. 340) Ce qu'elle déclare à propos de ce commandement me semble résumer tout ce que contient un traitement par la Science Chrétienne: il reconnaît clairement que Dieu est le seul Entendement et révèle la relation indestructible entre Dieu et l'homme ainsi que leur unité; il refuse aussi d'admettre l'existence d'un autre Entendement ou Esprit. C'est là notre autorité pour guérir.

Cette année, j'ai obtenu une belle guérison, qui montre bien l'autorité absolue du seul Entendement. Cette guérison était merveilleuse car il s'agissait d'un bébé — et j'adore venir en aide aux bébés ! La maman était scientiste chrétienne. Elle allait bientôt accoucher et était suivie par une sage-femme. Après examen, celle-ci a vu que le bébé se présentait dans une mauvaise position, c'est-à-dire par le siège. La maman m'a appelée dès la fin de son rendez-vous avec la sage-femme afin que je prie pour elle. Nous avons parlé un moment au téléphone. Elle m'a dit que la sage-femme avait prévu un accouchement par césarienne, car il lui semblait impossible que l'enfant change de position. Je lui ai alors parlé de la vérité concernant la position de l'enfant: la naissance se déroulait dans la connaissance de Dieu et, par conséquent, la position de l'enfant était parfaite, maintenant même. Rien ne pouvait jamais changer ce fait spirituel. La maman est rentrée chez elle et m'a rappelée un peu plus tard dans la journée pour me reconter ce qui suit: alors qu'elle était assise dans son salon, elle a senti quelque chose de bizarre dans son ventre. Son mari, qui était près d'elle, a vu bouger la tête du bébé. Le bébé s'est mis tout simplement dans la bonne position.

Par la suite, la future maman s'est rendue à un autre rendez-vous chez la sage-femme, qui lui a confirmé que la tête du bébé était maintenant dans la bonne position. Cette femme a accouché naturellement et sans problème d'un charmant petit garçon.

C'est magnifique ! Et aussi dans le cas d'une guérison qui tarde à venir, il me semble particulièrement important de traiter de front cette croyance apparemment tenace qu'il n'y a qu'un système de soins efficace, un système matériel, que son diagnostic est correct et qu'il est le seul à pouvoir nous guérir.

Vous avez tout à fait raison. Le praticien ne peut se permettre d'ignorer les théories médicales généralement acceptées et susceptibles d'influencer le patient. D'où l'aide que m'apporte l'autorité du Premier Commandement. Ce commandement n'admet qu'un seul Dieu, qu'un seul Entendement, et s'appuie sur l'autorité incontestable de la loi de Dieu. Il permet au praticien de s'adresser avec force conviction aux maladies et aux troubles de toutes sortes. La loi de Dieu nous donne le pouvoir de demeurer fermes face à la science médicale et de mettre en question son emprise apparente sur le genre humain.

En repensant à ma propre expérience, je suis pleine de gratitude pour les nombreuses guérisons que j'ai eues en reconnaissant Dieu comme la seule autorité dans ma vie. Ces guérisons ont certainement renforcé mon amour et ma gratitude pour l'Église. En quoi les évènements que vous avez vous-même vécus ont-ils modifié votre rapport à l'Église ?

Ils m'ont fait aimer l'Église et m'ont apporté le désir d'être utile au sein de cette institution. Je considère la Science Chrétienne et ce sens de domination qui l'accompagne, comme un don, une bénédiction de Dieu. Mais il nous faut donner en retour, utiliser ce don au service de notre prochain. Et servir l'Église nous permet justement de faire cela.

Il me suffit de penser à tout ce que j'ai retiré de cette belle expérience en tant que Première Lectrice d'une église filiale... Lorsque mes enfants étaient petits, j'étais si impatiente de revenir à l'église que j'ai accepté presque toutes les tâches qui se présentaient (je n'ai pas tardé à apprendre que rien ne m'y obligeait !), mais c'est une période de ma vie où j'ai beaucoup progressé. Les expériences qui font grandir ne sont pas toujours faciles, mais on ne peut pas s'en passer. Apprendre à travailler avec les autres membres de l'église, les aimer tous sans exception, c'est une manifestation de l'amour du Christ. Lorsque cet amour et cette fraternité sont bien présents dans l'église, cela attire forcément les gens.

En tant que professeur de Science Chrétienne, à quoi vous attendez-vous de la part d'un élève éventuel ?

Je m'attends à un engagement — non seulement envers les enseignements de la Science Chrétienne, mais aussi envers l'Église, car je ne crois pas qu'on puisse séparer les deux. Sans cet engagement, établi par Mary Baker Eddy dans le Manuel de l'Église, je ne vois pas comment donner vie à ses enseignements.

Que voulez-vous dire ?

Eh bien, voilà qui nous ramène au début de cet entretien, car je ne vois pas comment on pourrati faire sienne la Science Chrétienne sans Église. Le cours primaire de Science Chrétienne est un moment précieux durant lequel l'élève apprend à guérir. L'Église du Christ, Scientiste, a pour fondement la guérison. L'enseignement et l'Église forment une idée complète. Il ne peut y avoir de séparation. L'Église offre aux élèves qui ont suivi le cours Primaire des occasions uniques de progresser et de mettre en pratique ce qu'ils ont appris.

Certains pourraient rétorquer qu'ils ne manquent pas de problèmes chez eux, à leur travail, dans leur vie privée, pour être incités à progresser spirituellement. Pourquoi auraient-ils besoin de l'Église ? Ou alors, pourquoi l'Église aurait-t-elle besoin d'eux ?

Pour dire les choses clairement, j'ai remarqué que les élèves qui sont actifs dans leur église progressent en compréhension et en spiritualité. L'Église à besoin de chacun de nous, quand on considère la mission que Mary Baker Eddy lui a donnée: ennoblir la race et réveiller la compréhension endormie (voir Science et Santé, p. 583). L'Église nous permet de mettre le moi de côté et d'aimer notre entourage et le monde. Ce sont là la prière et l'engagement désintéressés dont on a tant besoin. Le monde les réclame à grands cris. Comme la situation s'est retournée dans le cas du bébé dont j'ai parlé avant, nous devrions nous attendre à voir des changements positifs dans le monde, grâce à nos prières. Soyons sûrs que ces prières peuvent même permettre de résoudre un problème dont nous ignorons tout.

L'œuvre de guérison que nous a confiée Jésus, notre engagement envers l'Église et nos prières pour le monde, sont autant de façons de faire nôtre la Science Chrétienne, n'est-ce pas ?

Absolument ! Je pense que Mary Baker Eddy s'attendait à ce que les scientistes chrétiens répondent à l'appel de Christ Jésus qui nous demande d'aller partout dans le monde pour y accomplir des guérisons. Cependant, j'aimerais ajouter qu'en faisant nôtre la Science Chrétienne, nous ne sommes pas seuls et sans soutien pour autant. Jésus envoyait ses disciples deux par deux, et la pratique de la Science Chrétienne suit son exemple. J'en veux pour preuve que le praticien aime et soutien le patient afin qu'il puisse découvrir sa domination sur toutes choses, en comprenant sa relation à Dieu. Dans ma pratique, c'est toujours ce à quoi je m'attends. Chaque guérison obtenue est un pas de plus vers cette découverte.

Beverley Beddoes-Mills est praticienne et professeur de Science Chrétienne. Elle vit en Australie.

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