En période de récession économique, lorsque les entreprises licencient une partie de leurs employés ou hésitent à embaucher, trouver du travail s'avère problématique. Il n'y a pourtant pas de fatalité! À bien des égards, il s'agit seulement de changer de point de vue. Laissez-moi vous expliquer ce que j'entends par là.
Je connais quelqu'un qui perdit son travail, il y a bien longtemps, au début de la crise économique mondiale de 1929. L'entreprise dans laquelle il travaillait fut contrainte de licencier la plupart de ses employés pour éviter de déposer le bilan. Cet homme avait des enfants en bas âge. Sans la moindre perspective d'embauche ni assurance-chômage, il lui fallait absolument trouver de quoi nourrir sa famille et lui conserver un logement. On lui proposa un emploi assorti d'une période d'essai de trois mois, à l'issue de laquelle il serait embauché à long terme et à plein temps. Il n'avait pas de salaire fixe et devait vendre un millier d'articles pour conserver son emploi. Ayant grandi dans une ferme, il n'avait jamais rien vendu de sa vie, si ce n'est peut-être un porc ou deux. Il ne savait absolument pas comment s'y prendre pour vendre un millier d'articles.
En réfléchissant à ce défi, il chercha conseil auprès d'une source a priori incongrue: sa belle-mère. À maintes reprises, depuis le début de son mariage, il avait remarqué qu'elle avait une façon de couper court à la complexité des obstacles matériels pour cerner ce que la situation demandait. C'était une praticienne de la Science Chrétienne. Il alla donc la voir un après-midi pour parler avec elle. Elle lui dit qu'il avait besoin de changer de point de vue, d'adopter une autre perspective.
Elle lui conseilla de réfléchir à trois idées: acquérir « un sens plus juste de l'infini », apprendre à être « une loi pour lui-même » et comprendre que « tout ce qui bénit l'un, bénit tous ». Ces trois lignes directrices sont tirées d'un livre qu'elle lui fit connaître: Science et Santé avec la Clef des Écritures, de Mary Baker Eddy, la découvreuse de la Science Chrétienne (voir p. 265, 385, 206). Chacune de ces idées devait lui permettre de prier efficacement, c'est-à-dire de changer son point de vue sur le travail. Considérons-les une par une.
Acquérir un sens plus juste de l'infini
J'aimerais citer la phrase entière telle qu'elle apparaît dans Science et Santé : « Il faut que les mortels gravitent vers Dieu, que leurs affections et leurs desseins se spiritualisent – il faut qu'ils abordent les interprétations plus larges de l'être et qu'ils gagnent un sens plus juste de l'infini – afin de se dépouiller du péché et de la mortalité. » (p. 265) Spiritualiser ses affections et ses desseins, c'est bien cela dont il s'agit dans de nombreuses situations où il nous est demandé quelque chose. À mesure que l'on renonce à toutes les raisons de ne rien faire face aux obstacles apparents (le contexte économique, un horizon bouché, le nombre de chômeurs, etc.) et à mesure que l'on embrasse des perspectives illimitées, alors des possibilités nouvelles et concrètes se présentent. D'où l'importance d'avoir un sens plus juste de l'infini.
Une façon de voir l'infini consiste à comprendre qu'il favorise une conception illimitée des choses, une conception dénuée de toutes restrictions. Mary Baker Eddy utilise le mot infini en le reliant à la nature infinie, sans limites, de Dieu. C'est bien pour cette raison que tout est possible à Dieu, Lui qui est infini et dont les possibilités d'expression sont infinies. Dieu ne connaît aucune limite en soi. Pour s'en rendre compte, il faut veiller à ne pas limiter ses points de vue ni mettre sans cesse en avant des contraintes. Nous pouvons chérir l'idée qu'il est possible de résoudre les problèmes au lieu de ressasser des perspectives d'échec.
Pour revenir à l'homme dont je parle, il lui fallait cesser de penser à son expérience limitée (aucune expérience dans la vente) pour s'ouvrir aux possibilités infinies qui découlent d'un Dieu infini et qui ne connaissent donc aucune restriction. Rien ne l'empêchait d'exploiter ces qualités mentales qu'il possédait bel et bien et qui sont à la base de l'art de la vente: l'honnêteté, l'intégrité, le désintéressement, l'ingéniosité. La vente n'est pas tant une affaire de technique que de caractère, ce que les gens reconnaissent en général.
Ètre une loi à soi-même
Cela peut signifier être responsable de ses actes et de ses pensées. Comment l'appliquer ici ?
Il existe incontestablement une foule de raisons pour lesquelles les gens se retrouvent dans des situations intenables, sans que, dans bien des cas, cela soit vraiment de leur faute. Parfois ils sont licenciés non pas pour faute professionnelle, mais simplement parce que l'entreprise ne peut plus se permettre de les garder; ou bien ils ont perdu une grande partie de leurs économies non par imprudence, mais parce que leurs investissements ont perdu beaucoup de leur valeur.
Nous sommes cependant responsables de notre caractère et pouvons prendre des mesures pour résoudre la situation – en apprenant, par exemple, à utiliser la domination que Dieu nous a donnée sur toutes choses.
Ce Principe divin, la Vie, s'exprime dans notre existence notamment par la puissance et l'autorité, ce qui nous permet d'échapper au sentiment d'être une victime et d'accéder au royaume de ce qui est prévisible. La Bible évoque ce sens de la prévisibilité à travers la promesse de Dieu: « Je connais les projets que j'ai formés sur vous, dit l'Éternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l'espérance. » (Jérémie 29:11) Attendons-nous à voir la fin de nos problèmes, sachant que la solution sera révélée conformément à l'assurance divine qu'un principe est constant, cohérent et prévisible. C'est précisément ainsi que notre Principe divin opère dans notre existence.
D'autre part, on a beaucoup écrit et débattu sur les droits et l'aide sociale dont on peut bénéficier en période de difficultés. Le point de vue spirituel consiste à réfléchir à ce à quoi nous avons « droit » de par notre origine divine, la Vie divine. La domination est un droit inné que Dieu a donné aux hommes et aux femmes, comme il est dit dans le premier livre de la Genèse, dans la Bible. Selon le dictionnaire, « domination » signifie aussi « autorité ». Nous pouvons prendre conscience de l'autorité que Dieu nous donne sur ce que nous vivons si nous comprenons que notre existence est bel et bien gouvernée par un Principe divin, qui favorise l'harmonie ainsi qu'une infinité de possibilités, et non pas le chaos.
L'homme dont je parle a fini par comprendre que ce n'était pas en ressassant les raisons de son malheur qu'il pouvait s'en sortir. Il s'est alors attaché à reconnaître son droit divin à la domination. Chaque fois que la difficulté de sa situation lui revenait à l'esprit, il pensait aussitôt à la domination que Dieu lui avait donnée, au fait spirituel grâce auquel il pouvait faire preuve d'autorité dans sa vie, en comprenant que Dieu, la Vie, gouvernait son existence.
Ce qui bénit l'un bénit nécessairement tous
L'instinct de vouloir préserver sa vie à tout prix est une tendance humaine générale. De ce fait, il arrive qu'on se concentre sur ce qu'il y a à tirer d'une situation pour soi-même, sans toujours voir qu'il existe des conséquences influant sur le bien d'un plus grand nombre. Certaines des faillites les plus frappantes liées à la récession économique actuelle sont dues à un manque d'intérêt pour le bien commun, au fait d'attacher trop d'importance à un gain ou à un bénéfice personnels. Je me souviens que des experts invités à parler sur la chaine de télévision CNN, au début de la récession, expliquaient quels étaient les comportements qui nous avaient conduits à cette crise. L'un d'eux a parlé du « manque d'amour pour le bien commun ». Mary Baker Eddy souligne la nécessité de se soucier des autres lorsqu'elle explique comment Jésus nourrissait les foules alors qu'il disposait de très peu de nourriture: « Dans la relation scientifique de Dieu à l'homme, nous trouvons que tout ce qui bénit l'un bénit tous, ainsi que Jésus le montra avec les pains et les poissons – l'Esprit, non la matiére, étant la source de toute subsistance. » (Science et Santé, p. 206)
Cela revient à agir par amour, quel que soit l'acte ou l'objectif poursuivi. Cet amour inclut la compréhension de ce qui le motive: l'Amour divin. Cet Amour divin comprend toutes choses dans ses bienfaits et sa tendre vigilance; il favorise le bien-être de l'individu dans son engagement envers tous. Chaque fois que nos pensées s'élargiront jusqu'à inclure le bien commun, nous verrons nos propres besoins comblés, car l'amour de Dieu que nous exprimons, sous quelque forme que ce soit, pour aider autrui, ne manquera pas de nous bénir.
Quand cet homme sans travail entrevit finalement que la recherche d'un emploi impliquait davantage que de répondre à ses propres besoins, il découvrit de nouveaux moyens de faire du bien aux autres. Il attacha du prix à ce qu'il faisait, pas simplement pour sa propre survie, mais en y voyant une occasion d'exprimer l'amour de Dieu.
Chaque fois que la difficulté de sa situation lui revenait à l'esprit, il pensait aussitôt à la domination que Dieu lui avait donnée, en comprenant que Dieu, la Vie, gouvernait son existence.
On notera avec intérêt qu'il ne vendit pas mille articles, comme on le lui demandait, mais cinq mille ! Ce fut le début d'une très belle carrière dans les affaires, carrière centrée sur l'invention et la production d'articles destinés à faciliter la vie des gens. Après cette conversation avec sa belle-mère, il comprit qu'on pouvait appliquer au monde du travail des principes spirituels profonds, une sorte d'économie divine qui opère conformément aux lois et aux normes de Dieu. Même s'il traversa de nombreuses périodes de récession au cours des 70 années qui suivirent, il ne connut plus jamais le chômage ni de problèmes financiers. Je suis bien placé pour le savoir car il s'agissait de mon père...
