Lorsque je suis revenue à l'église après quinze ans d'absence, c'était au service dominical d'une petite société de la Science Chrétienne. Quand je dis petite, c'est que ce jour-là, j'étais seule dans l'assistance, et l'un des lecteurs était également chargé du piano accompagnant les cantiques. Assise au dernier rang, je n'ai pu retenir mes larmes lorsque nous avons chanté les paroles du poème Prière du soir de « Mère » de Mary Baker Eddy, qui commence ainsi:
« Douce présence, force joie et paix, / Vie infinie, ô souverain pouvoir... » (Écris divers, p. 389).
Ces mots familiers, si souvent chantés, décrivaient on ne peut plus parfaitement ce que je ressentais et ce que j'avais connu depuis que j'avais cessé de fréquenter l'église de nombreuses années auparavant.
J'avais retrouvé un foyer.
Bien que ce service ressemblât largement à ceux de ma jeunesse, mon expérente. Enfant, je était alors totalement différente. Enfant, je n'étais pas un modèle d'attention à l'église. Par la suite, j'avais continué de venir parce que ma mère n'aurait pas toléré que je refuse. Assise à ses côtés, je songeais souvent à ce qui pourrait rendre cette heure plus intéressante, rêvant par exemple à ma collection de 45 tours des Beatles ou à une fête improvisée !
L'église de mon enfance était un imposant édifice de granit surmonté d'un dôme, comptant de nombreux fidèles et doté d'un orgue magnifique. La petite société se réunissait dans la chambre d'amis de l'un de ses membres, des chaises pliantes accueillant les visiteurs. De toute évidence, mon expérience d'une véritable église n'avait rien à voir avec l'architecture ou le nombre de personnes présentes. Il s'agissait plutôt de ce qui était dans mon cœur.
Pendant ce service, les sélections des Écritures et les explications tirées de Science et Santé avec la Clef des Ecritures m'ont totalement captivée. Distraction et rêvasseries n'étaient plus à l'ordre du jour. Les mots qui autrefois me semblaient abstraits et sans rapport avec ma vie, touchaient aujourd'hui profondément mon cœur, m'emplissant d'inspiration et d'un immense bien-être. Ce que j'entendais semblait venir d'au-delà des mots et en même temps ne faire qu'un avec eux. C'est cela, l'Église, ai-je pensé, telle que la décrivent les premiers mots de l'explication spirituelle de Mary Baker Eddy: « La structure de la Vérité et de l'Amour... » (Science et Santé, p 583).
Nous envisageons souvent une structure comme une forme, un ensemble déjà constitué. Or, un dictionnaire définit ce terme comme signifiant avant tout « l'action de construire ». Un autre dictionnaire, celui auquel Mary Baker Eddy se référait fréquemment, indique les sens suivants: « acte de construire », « manière de construire » et « manière dont un ensemble est organisé ». La structure de l'Église telle que la décrit Mary Baker Eddy dans Science et Santé n'est pas seulement mentale et spirituelle en essence et en substance: elle est par définition un processus, toujours active, animée par les qualités de Dieu et les exprimant. L'Église n'est donc pas tant un lieu physique ou une assemblée de personnes partageant un certain nombre de concepts fondamentaux, que le fait de vivre ce que l'Esprit, Dieu Lui-même, exprime activement.
Ainsi que le décrit le livre de l'Apocalypse, Jean a pris pleinement conscience sur l'île désolée de Patmos de ce que la perfection et le pouvoir divins sont une présence permanente et immédiate. Il a alors évoqué une ville sacrée, la nouvelle Jérusalem, un lieu dont les portes ne sont jamais fermées, où « il n'y aura point de nuit », où Dieu « essuiera toute larme de leurs yeux », et où « il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur ». (Apocalypse 21:25 et 21:4). Là encore, audelà d'un lieu concret, il s'agit pour moi de la description d'une compréhension, d'une conscience que nous pouvons tous atteindre, comme le royaume de Dieu que Jésus nous a annoncé comme étant au milieu de nous (voir Luc 17:21).
Mary Baker Eddy a élaboré une théorie sur la structure de la ville apparaissant dans la vision de Jean, et son explication est une description très juste du fait que l'Église constitue une expression active du Principe divin. Elle écrit: « C'est en vérité une cité de l'Esprit, belle, royale et carrée. Au septentrion, ses portes s'ouvrent sur l'Etoile polaire, la Parole, l'aimant polaire de la Révélation; à l'orient, sur l'étoile vue par les Mages de l'Orient, qui la suivirent jusqu'à la crèche de Jésus; au midi, sur les tropiques ensoleillés, avec la Croix du Sud dans les cieux – la Croix du Calvaire, qui lie tous les hommes en une solennelle union; à l'occident, elles s'ouvrent sur la perception sublime de la Rive d'Or de l'Amour et de la Paisible Mer de l'Harmonie. » (Science et Santé, pp. 575-576).
Ce « plan » métaphorique de l'Église figure l'attitude mentale et spirituelle qui nous permet d'être réceptifs à la Parole de Dieu (l'inspiration spirituelle), de percevoir le Christ (notre inséparabilité d'avec l'Amour divin), et nous rappelle la part humaine de la mission Christ, une attitude imprégnée de l'Amour avec lequel elle ne fait qu'un. Ces qualités de perception, de réceptivité et d'extrême amour du bien sont les activités spirituelles qui constituent la structure de l'Esprit et nous unissent à la nature et à l'expression divines de Dieu. Le plan de Dieu se dévoile continuellement sous la forme du bien survenant dans notre vie. Ainsi que Jean l'a décrite, cette ville qui « avait la forme d'un carré » est une conscience toujours présente du royaume de Dieu, que nous possédons déjà. Dieu Lui-même l'entretient au travers de son lien inaliénable avec Sa Création, l'homme, avec chacun de Ses fils et filles.
À la suite de mon expérience de « retour au foyer », dès que j'ai répondu au flot de lumière et de vérité de l'Amour, j'ai été en mesure de trouver l'Église véritable. Cette reprise d'une fréquentation régulière avait été précédée par des années de mauvaise santé et de vains questionnements, pendant lesquelles j'avais recherché sans relâche un sens de la vie plus satisfaisant. Pourtant, pendant cette période, j'avais non seulement cessé d'aller à l'église, mais également rejeté le christianisme que je considérais comme un dogme dépassé. En oubliant les histoires de la Bible que j'avais tant aimées dans mon enfance et le message que toutes transmettaient sur le pouvoir de l'Esprit, je m'étais de fait coupée de tout ce qui avait trait à Dieu.
Au cours de ma quête, j'avais aimé sortir de moi-même pendant les méditations bouddhistes et les chants hindous, mais je me rendais tout à fait compte que les sensations positives que j'en retirais s'évanouissaient très vite. Ces moments m'offraient un répit en regard des pensées répétitives, figées et négatives enracinées dans ma vision matérielle du monde, mais ne proposaient aucune théologie jetant les bases d'un mode de vie et de pensée réellement spirituel et transcendant.
Lorsqoue j'ai été guérie en une nuit par la prière d'une forme de malaria et d'endométriose médicalement diagnostiquées, j'ai enfin été prête à examiner honnêtement la source de cette transformation si attendue. En ouvrant mon vieil exemplaire du livre d'étude de la Science Chrétienne, Science et Santé, j'ai trouvé des mots qui résonnèrent juste dans mon cœur. La nature de Dieu en tant qu'Amour divin y était parfaitement expliquée, ainsi que l'éveil spirituel que j'avais connu, qui avait fait disparaître la crainte et la douleur et m'avait guérie.
J'étais transportée, et pour le moins stupéfaite. La compréhension à laquelle j'avais aspiré, le sens spirituel des choses que j'avais ardemment recherché, tout était là, dans ce livre. Sans que je le sache, la Parole de Dieu m'attendait sur une étagère de mon salon depuis quinze ans ! En trois jours à peine, j'avais lu Science et Santé dans sa totalité. Lorsque le dimanche est arrivé, il m'est apparu tout naturel de retourner à l'église, un endroit où rencontrer d'autres personnes qui reconnaissent, chérissent et révèrent le Tout-en-tout, l'Amour divin et la Vérité, et prier avec elles.
Rétrospectivement, je réalise que la « structure de la Vérité et de l'Amour », (la construction, le processus de l'Église), n'avait jamais cessé d'évoluer dans mon cœur. La Vérité divine avait naturellement mis à jour tout ce qui différait d'elle dans ma pensée, et l'Amour divin m'avait doucement indiqué le chemin du retour vers la tendre sollicitude de Dieu. Et cette construction de l'Église dans mon cœur est devenue un désir fervent de renforcer ma croissance spirituelle. Deux ans après mon retour à l'église, j'ai décidé de consacrer ma vie à la pratique à plein temps de la guérison par la Science Chrétienne.
D'une certaine manière, nous viendrons tous dans les bras de l'Église, à ce qui est vrai et durable, à cette « structure de la Vérité et de l'Amour » qui est le fondement de l'être. Et cette base remarquable et pleine d'inspiration deviendra le socle de notre vie. La structure est intacte, l'Église est bâtie dans nos cœurs et n'attend que notre participation. Il n'existe rien de plus satisfaisant ou de plus nécessaire pour l'humanité aujourd'hui.
