Biologiste diplômé, en poste à Salzburg, en Autriche, Robert Ennemoser avait déjà l'intuition qu'il existait une dimension plus profonde de la vie que celle qui est définie par la matière. S'orientant plus tard vers la pratique de l'homéopathie, il entrevit, comme Mary Baker Eddy, le fait que la guérison des malades semblait davantage due à l'influence exercée par le mental qu'à la médecine.
Vers la fin des années 80, M. Ennemoser acheta un exemplaire de Science et Santé avec la Clef des Écrituress de Mary Baker Eddy, ce qui le conduisit à adopter la science de l'Esprit. Proposant alors à ses patients un traitement par la Science Chrétienne, il commença à guérir ceux qu'il n'avait pu soulager auparavant. « Je me suis rendu compte qu'avec la Science Chrétienne, j'accédais à une force puissante, à la présence divine qui guérit », dit-il. Il cessa bientôt de pratiquer l'homéopathie, vendit tous ses ouvrages « spécialisés » et se débarrassa de sa pharmacie.
M. Ennemoser loua un bureau en ville, près de la célèbre statue de Mozart; c'est dans ce quartier très fréquenté qu'il établit sa pratique de la guérison spirituelle, et que des passants commencèrent à lui rendre visite.
Aujourd'hui, M. Ennemoser est professeur et praticien de la Science Chrétienne. Il est également membre du Conseil des conférences de L'Église Mère, et travaille dans un bureau attenant à sa maison, dans la banlieue de Salzburg. Au loin, la silhouette des Alpes domine des lacs bordés de pins qui s'étendent à perte de vue.
JOAN TAYLOR: Parlons tout d'abord de votre formation de scientifique. Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy écrit que « l'influence de l'éducation » impose une « servitude » (p. 38 1 ). En tant que biologiste, vous étiez bien sûr parfaitement instruit quant au fonctionnement du corps physique et d'un monde composé de matière. Lorsque vous êtes devenu praticien de la Science Chrétienne, cette formation a-t-elle constitué un obstacle au début ? Avez-vous dû « oublier » ce que vous aviez appris ?
ROBERT ENNEMOSER: En fait, j'ai eu l'immense privilège de prendre connaissance d'un concept bien plus profond de la vie. Les sciences du vivant considèrent la vie comme une force, mais une force limitée et fragile, sujette à la destruction. Lorsque j'ai découvert la Science Chrétienne, j'ai été frappé au début par sa capacité de démontrer un pouvoir de guérison dont je ne connaissais encore rien, et qui opérait grâce à une pensée tournée vers la Vie infinie. À mesure que je m'ouvrais à cette façon de voir, j'ai compris peu à peu que la Vie est tout pouvoir, un pouvoir indestructible, se reflétant avec grâce de façon continue.
J'étais impatient d'en savoir plus à ce sujet et de le vérifier par moi-même. Mes connaissances en biologie ont cessé d'être un obstacle une fois que j'ai compris que tout ce dont je faisais l'expérience pouvait être traduit en pensée.
Cette idée nouvelle le fait que ma vie s'enracine dans la Vie divine ne m'intéressait pas tant du point de vue théorique que du point de vue pratique. Lorsque je me suis mis à lire et à entendre des témoignages de guérison par la Science Chrétienne, j'ai été très frappé par la profondeur de ces guérisons, par la puissance de Dieu sur laquelle elles reposaient. En tant que scientifique, j'avais l'habitude de vouloir « comprendre ce qui se passe exactement ». Aussi ai-je été poussé à approfondir la question.
Et, comme Mary Baker Eddy, vous vous êtes intéressé à l'homéopathie ! Elle écrit à ce sujet: « L'homéopathie tientlargement compte des symptômes mentaux dans son diagnostic de la maladie. » (Science et Santé, p. 156) Cela lui a permis finalement de comprendre que tout est Entendement.
Oui, l'homéopathie a été une passerelle pour moi aussi, parce que c'est une « médecine informative » qui vise à stimuler la force vitale de l'individu par des remèdes spécifiques. La Science Chrétienne va au plus court en utilisant seulement le « remède Christ ». Dans la guérison spirituelle, on applique uniquement l' « information » fournie par la Vie et l'Amour divins, et que le Christ nous communique.
Dans le même passage, Mary Baker Eddy ajoute que la Science Chrétienne « réussit là où l'homéopathie échoue, uniquement parce que le seul principe de guérison qu'elle reconnaisse est l'Entendement... » (p. 157).
Exactement. À l'époque où j'étais homéopathe, je cherchais sincèrement à être plus efficace. Je m'efforçais de comprendre les idées fondamentales de la guérison par la Science Chrétienne, et je les soumettais à l'épreuve du test. Je les appliquais à mes propres besoins comme à ceux de ma femme, Inge, qui m'avait rejoint dans cette aventure spirituelle. J'ai également obtenu un certain nombre de guérisons étonnantes de problèmes importants concernant des patients que je n'avais pas pu aider avec l'homéopathie traditionnelle. Par exemple, une de mes patientes avait depuis 15 ans de l'arthrite déformante qui la faisait beaucoup souffrir. Elle a été guérie définitivement en trois mois, et ce uniquement grâce au traitement par la Science Chrétienne.
Avec la Science Chrétienne, j'accédais à une force plus puissante que tout ce que j'avais pu voir auparavant en tant que biologiste expérimenté.
La Science Chrétienne est la Science de l'Amour. Quel lien faites-vous entre ces deux derniers termes ? Le monde perçoit la science d'une manière qui implique des preuves, la fiabilité, un principe de base, alors que l'amour, du moins d'un point de vue humain, est variable, incertain, parfois épanouissant, parfois douloureux. Comment se fait-il que la Science Chrétienne unisse Science et Amour ?
Dieu, l'Amour, est le Créateur. L'Amour nous donne tout en abondance, nos facultés, nos capacités, nos sens éternels. Il nous « vit », nous protège et nous guide. C'est un Amour toujours fiable, toujours disponible et par conséquent scientifique. « Science » et « Amour » sont inséparables. Jésus, notre maître métaphysicien, nous a appris à toujours écouter la Parole de l'Amour. Que dit cette Parole ? « Je suis l'Amour qui vous environne et vous soutient avec une certitude infaillible. Je révèle chaque aspect de votre être dans son intégralité et pour toujours. »
Considérez-vous alors que l'Amour est au cœur de toute guérison ?
Absolument. Je me souviens d'une femme qui avait une grave blessure au visage. La plaie s'étendait et devenait de plus en plus profonde. Son voisin, qui était médecin, lui avait dit: « Il faut vous soigner sans attendre. C'est très grave, et cela pourrait même devenir dangereux. »
Cette femme priait en Science Chrétienne depuis un certain temps, mais le problème semblait empirer. Même le dentiste refusait de détartrer ses dents à cause de l'état de son visage. Quand elle m'a appelé pour un traitement, nous nous sommes mis à écouter ce que l'Amour divin nous disait à ce sujet. L'un des éléments les plus importants dans la guérison par la Science Chrétienne, c'est que l'on n'utilise jamais le pouvoir mental humain pour surmonter les problèmes. Le besoin est spirituel, et le but est d'acquérir un concept purifié de l'être. Il nous faut être réceptifs, accepter le pouvoir de l'Amour absolu qui nous porte. Nous ne sommes pas des entités séparées et vulnérables flottant dans l'univers. Notre être a une origine: « l'infini, soutien constant. » Par conséquent nous sommes comme les fleurs d'un arbre. Nous sommes nourris par l'arbre, c'est-à-dire par Dieu. La Vie nous porte et nous soutient.
Ce sont là quelques-unes des idées avec lesquelles cette femme et moi avons travaillé, savoir qu'elle était soutenue par l'Amour et que son visage était déjà parfait dans l'Amour. Elle a ainsi mieux compris la façon dont l'Amour divin nous aime. Elle n'a pas simplement « eu de bonnes pensées » pour obtenir une guérison, elle a senti la présence de la Vie. Le problème s'est totalement volatilisé en quelques mois, et cette guérison a été permanente.
C'est une magnifique guérison, et chaque guérison nous réjouit. Mais comment entretenir l'attente d'une guérison instantanée ? Lorsqu'on demande l'aide d'un praticien, ne tombe-t-on pas souvent dans le piège qui consiste à penser qu'on s'embarque avec lui pour un « long voyage vers la guérison » ?
Vous avez raison, et il faut être vigilant à ce sujet. La guérison n'est jamais un processus. Gardant cela à l'esprit, on commence par la norme métaphysique: immédiateté et complétude, ici et maintenant. On ne part pas d'un problème qu'on essayerait de guérir; on part de la réalité, de la vérité de l'être. On s'immerge tout de suite dans le fleuve profond de la Vie, qui coule avec amour et veille sur sa Création. Le fleuve de la Vie est ici, maintenant, non pas demain ni dans deux semaines. Il est maintenant même.
La Vie nous porte et nous soutient.
Ce « maintenant » ne correspond pas au sens mortel de temps, séparé du passé et du futur, que la plupart des gens perçoivent. Pouvez-vous expliquer le sens de ce « maintenant » selon la Science Chrétienne ?
Il transcende le temps. C'est la totalité et l'abondance du bien comme seule et unique réalité. Jésus y fait allusion lorsqu'il déclare: « Avant qu'Abraham fût, je suis. » (Jean 8:58) C'est être avec Dieu dans un état d'existence qui n'a rien à voir avec le temps. Un aperçu de ce « maintenant » suffit à le révéler. Il s'ensuit souvent une guérison immédiate, éliminant directement tout prétendu déroulement dans le temps.
Voici un exemple: Un jour, j'ai reçu un appel d'une jeune fille de douze ans. Ses parents l'avaient autorisée à m'appeler elle-même. Elle ne mangeait plus, ne pouvant garder aucune nourriture depuis plusieurs jours. Son père, qui n'était pas scientiste chrétien, lui avait d'abord dit d'aller voir un médecin, et celui-ci lui avait prescrit des médicaments. Mais au lieu d'aller mieux, son état empirait. Ils s'apprêtaient à retourner voir le médecin, quand sa mère lui a proposé d'appeler un praticien de la Science Chrétienne. Et c'est pourquoi elle m'a appelé. Tout de suite, je lui ai dit: « Sais-tu ce que nous allons faire ? Nous allons simplement ouvrir la pensée à l'Amour divin, qui t'environne tout comme l'air que tu respires. Il nous faut juste y être attentif. Il est là, c'est un fait. Ce n'est pas quelque chose dont on se convainc à force d'en parler. Nous ne faisons que coopérer avec ce fait qui est la réalité présente, et nous laissons cet Amour prendre complètement soin de toi. Nous nous laissons totalement aller dans les bras de l'Amour. » Et puis j'ai ajouté: « Fais seulement ça. Rien que ça. Et rappellemoi dés que tu en as envie. »
Cette bréve conversation n'a duré que quelques minutes, et nous avons raccroché. J'ai su par la suite que lorsqu'elle a reposé le combiné, sa mére a appelé la famille pour dîner. Elle est allée s'asseoir naturellement à la table et a mangé un repas entier. Le mal a disparu sur-le-champ.
Le diagnostic spirituel oriente vers le besoin spirituel du patient.
En évoquant ces deux guérisons, vous avez parlé de partir directement de la vérité de l'être. Comme on le comprend en Science Chrétienne, l'affirmation de la vérité absolue n'a pas besoin d'être précédée d'une négation, puisqu'elle est tout simplement vraie; c'est une pure affirmation. Aussi lorsque vous travaillez avec un patient, est-ce l'inspiration spirituelle qui vous pousse soit à vous attacher à ce qui est vrai, soit à traiter les pensées de la personne qui peuvent avoir besoin d'être niées dans un traitement par la priére ?
Bien entendu on ne recherche aucun diagnostic humain. Le diagnostic spirituel oriente vers le besoin spirituel du patient. Il faut se demander quelle est, dans le cas qui se présente, la qualité divine nécessaire pour spiritualiser la pensée et faire face au prétendu probléme. Il faut aussi comprendre et ressentir pleinement les qualités de l'Amour divin. Parfois la réponse vient avec l'assurance réconfortante et fondamentale de l'Amour divin qui déclare: « Ne crains pas. Je (Dieu) suis avec toi. Je te soutiens totalement, Je te fortifie. Je me tiens à tes côtés, à cent pour cent ! » Ou bien la Vérité qui affirme comme une lumiére éclatante: « Je suis la Vérité, la lumiére de l'inspiration, qui élimine toute forme d'ombre, de fausseté, d'échec, en révélant la totalité du bien, la seule réalité. Je te maintiens fermement sur la voie de la sainteté, te protégeant à chaque pas, dans Ma présence. »
Comprendre le message divin dans un cas particulier et l'écouter attentivement, c'est l'une des facultés les plus importantes du praticien. On y répond mentalement en « agissant spirituellement », et le patient réagit de même.
Que signifie exactement « agir spirituellement » ? Cela semble aller de pair avec cette immersion dans le grand fleuve de la Vie, dont vous avez parlé.
Pour moi, il ne s'agit pas simplement d'énoncer une promesse divine, ou de s'y accrocher, mais d'accepter avec enthousiasme cette promesse, en accomplissant un acte spirituel. Cela signifie: « J'accepte la Vérité divine comme étant la lumiére de l'Entendement et je m'aligne sur cet Entendement, en toute conscience et toute mon âme, de tout mon cœur et de toute ma force ! Je demeure dans l'ordre parfait que crée et maintient la Vérité. Je laisse la Vérité annuler ce qui semble faux et je m'engage dans la voie du bien maintenant et pour toujours. » Il s'agit donc de prendre mentalement position conformément à l'Amour, C'est une immersion dans le fleuve de la vie, c'est la pratique de la Science Chrétienne, qui est au cœur même de l'action. On lit dans Science et Santé: « Élevez-vous dans la force de l'Esprit... » (p.393) Cela ne devrait pas seulement rester une bonne idée, il faut la mettre en pratique. Cela signifie que je m'éléve au-dessus des limites, je m'abandonne uniquement à l'Amour divin, et je le fais de tout mon cœur, Voilà un acte spirituel !
Avec le patient, vous vous conformez donc à ce qui est vrai, pour ne pas être retenu, gêné ni intimidé par les croyances erronées.
Absolument. En fin de compte, ce dont on a invariablement besoin, c'est de faire face à tout ce qui tente de semer dans la pensée ce genre de suggestions: « Je suis incomplet... Je ne sais plus oú j'en suis actuellement. » La brume de la pensée humaine doit céder à l'éclat de la pleine clarté de l'être. Ce qui se passe mentalement se reflête alors dans la guérison. La maladie, quelle que soit sa nature, disparaît, parce qu'elle n'a jamais été un fait, mais seulement une brume mentale.
Le message de l'Amour divin fortifie et soutient toujours, et plus on se sent anxieux ou craintif, plus on a besoin de sentir la force et le réconfor de l'Amour divin. L'« information » ou suggestion humaine fait place à la grâce divine. Il faut comprendre que le problème qui se présente comme tel n'est pas un fait, mais une suggestion. On peut alors explorer la pleine lumière de la présence divine et écouter ce que dit l'Amour. Le livre d'Ésaïe contient des exemples merveilleux de l'Amour divin parlant aux hommes: « Ne crains rien, car je te rachète, je t'appelle par ton nom: tu es à moi ! » (43:1): ou bien: « Réveille-toi ! réveille-toi ! revêts ta parure... Revêts tes habits de fête... » (52:1) C'est l'Amour qui parle à sa Création.
L'Amour parle à chacun de nous, c'est une conversation pour l'éternité. Notre travail de guérison consiste juste à écouter cette voix et rien que cette voix.
Lorsque nous appelons un praticien, nous lui demandons donc de nous aider à écouter ce que l'Amour divin nous dit, concernant sa « présence » dans notre existence ?
Exactement. Les praticiens ne guérissent jamais par eux-mêmes, même si on le pense parfois. En réalité, patient et praticien travaillent main dans la main pour écouter l'Amour divin qui est déjà là.
Dans un entretien antérieur, paru dans un autre magazine Voir le Christian Science Sentinel du 11 mars 2002, p. 10., vous évoquez une guérison. Puis on vous demande: « Auriez-vous pu expliquer cette guérison d'un point de vue biologique à l'un de vos anciens collégues ... ? » Ce à quoi vous répondez: « Je lui aurais expliqué exactement comme je viens de le faire ici, en comptant sur sa capacité cité de réfléchir à des choses qu'il ne connaît pas encore. » J'ai bien aimé cette réponse. Cette approche peut-elle nous inspirer, nous aussi, dans la façon de faire connaître la Science Chrétienne ?
En énonçant les sept synonymes de Dieu – Vie, Vérité, Amour, Principe, Âme, Esprit, Entendement – Mary Baker Eddy nous a fait un don précieux. Les synonymes sont un langage universel; quel que soit le milieu culturel, tout le monde peut se les approprier de façon trés concréte. J'aime particulièrement travailler avec le synonyme Vie. C'est tellement évident pour tout le monde, pas seulement pour un biologiste, que la Vie nous vit. C'est une présence indéniable, une puissance, qui nous développe et prend soin de nous d'une multitude de façons. On ne respire même pas volontairement, la Vie nous fait respirer, elle nous respire ! Cela montre qu'il y a quelque chose de bien plus grand que « nous ».
C'est une expérience formidable pour tout chercheur de sentir, instant après instant, la Vie sans cesse aux commandes. Il me faut assurément inviter mon prochain à cette liberté d'être d'une façon qui lui soit compréhensible. Parler de le Vie dans sa dimension divine est une belle façon de lui ouvrir une porte, tant que l'on ne force pas sa réceptivité. Je ne cesse de constater qu'il vaut bien mieux faire part d'idées curatives spécifiques que d'essayer de faire adopter la Science Chrétienne en bloc.
Pensez-vous que ceux qui vous contactent ou viennent à vos conférences pour la première fois sont plus réceptifs à la Science Chrétienne quand vous la présentez comme un systéme de lois universelles de l'Amour divin, plutôt que comme une religion ?
Beaucoup en ont assez des hiérarchies ou de s'entendre dire comment vivre leur spiritualité. Mais ils sont ouverts si on leur parle d'égal à égal, en faisant part de son expérience et en échangeant des idées. La fondatrice de la Science Chrétienne, Mary Baker Eddy, définit sa découverte comme n'étant rien d'autre que les « lois divines de la Vie, de la Vérité et de l'Amour » (Science et Santé, p. 107). On retrouve donc des éléments de ces lois dans tous les domaines de la science et de la religion. Ainsi la Science Chrétienne dépasse le cadre des religions et des systèmes de guérison. C'est la vérité universelle, et, comme je l'ai appris par expérience, on en parle le mieux en employant un langage universel.
Quand une personne vous appelle pour un problème physique, elle veut être guérie dans son corps. Comment l'amenez-vous à passer du désir de voir le « résultat » de cette guérison physique à l'approche spirituelle plus large qui consiste à s'immerger, comme vous l'avez dit, dans le fleuve profond de la Vie ?
La plupart des patients sont prêts à admettre, au moins en partie, que le mental joue un rôle important sur la santé et sur d'autres problèmes existentiels. Aussi l'approche en Science Chrétienne consiste-t-elle à fortifier la pensée du patient, à élever doucement son concept de l'être. On s'efforce de comprendre que le patient est l'expression même de la Vie, qui est toute-puis-sante. On maintient fermement cette position dans la pensée, et c'est à la qualité de la pensée que l'on évalue les progrès. On ne regarde pas l'aspect du corps ou du problème pour juger de ces progrès. « L'idée que l'Amour divin est votre soutien, votre soutien tout-puissant, vous devient-elle plus proche ? » Tel est le genre de question à poser.
De même qu'un médecin classique demanderait à ses patients: « Comment vous sentez-vous aujourd'hui ? », en tant que praticien leur demandez-vous: « Comment est votre pensée aujourd'hui ? »
Exactement. Je pose fréquemment cette question aux patients, parce que c'est toujours de la pensée qu'il s'agit. Par exemple, je ne demanderais pas: « Comment va votre pied aujourd'hui ? », mais: « Quelle idée gardez-vous à l'esprit ? Avez-vous une idée plus élevée de la vie, aujourd'hui ? »
Cependant le corps ne devrait jamais être nié. Si on nie le corps, on ne peut le guérir. Mais on se détourne des éléments physiques pour appréhender un corps d'idées. On manifeste dans le corps ce que l'on comprend de l'Amour et de la Vie. Notre tâche consiste à adopter le concept de l'être le plus élevé, afin qu'il puisse être reflété dans notre existence. Je pense qu'il est très important de ne pas rejeter le corps ni d'en faire un tabou, mais de l'élever, de se défaire des concepts limités. Cela permet de manifester de plus en plus le vrai corps, les qualités pures de Dieu, le bien.
Je suis sûre qu'en Autriche, l'industrie médicale suscite le même déferlement médiatique qu'aux États-Unis, où les gens subissent leur lot quotidient d'informations sur les maladies et les médicaments, de rumeurs alarmantes concernant la santé, etc. Quand quelqu'un vous appelle pour un problème physique, et qu'il ne connaît pas la Science Chrétienne, comment allez-vous lui expliquer que la médecine n'est pas la solution à long terme ?
J'ai conscience que les populations ont grand besoin d'être protégées contre l'hypnotisme de l'establishment médical qui les mettrait à la merci des molécules et des gènes. En même temps, je perçois de plus en plus une répugnance et un dégoût face à la suggestion agressive selon laquelle nous sommes les victimes fragiles et impuissantes d'un monde matériel. Les gens sont sur le point de comprendre vraiment que la domination doit venir par la conscience. Après tout, l'autorité qui gouverne l'univers est l'Entendement, lequel inclut l'homme.
L'une des premières choses à apprendre, c'est que nous ne sommes pas ce corps physique. Il suffit d'y réfléchir: chaque fois qu'une personne décède, le corps commence à se décomposer au bout de quelques minutes. Le corps n'est pas matériel. La matière n'existe pas. Le corps ne peut se conserver luimême puisque c'est une manifestation de l'entendement humain. C'est l'Esprit qui vivifie. L'homme est un être spirituel. L'Esprit nous gouverne entièrement, non en partie. Il crée, développe, restaure et soutient l'homme.
Au moment de conclure, j'ai encore à l'esprit ce que vous avez dit: « S'immerger dans le grand fleuve de la Vie ». Et je suis sûre que je ne suis pas la seule. C'est une invitation dynamique à laisser derrière soi les doutes et le mode de pensée humains.
Le plus grand besoin et le plus grand pouvoir sont toujours spirituels. Fort de cette compréhension, je suis infiniment reconnaissant d'avoir été attiré vers ce saint travail de guérison, en sachant que nous sommes pleinement nourris par le fleuve de la Vie. Jean en parle avec des mots puissants dans la Bible: « Et sur les deux bords du fleuve, il y avait un arbre de vie, produisant douze fois des fruits, rendant son fruit chaque mois, et dont les feuilles servaient à la guérison des nations. » (Apocalypse 22:2)
Lorsqu'on est profondément ancré en Dieu, on est au contact direct de l'Amour. Et s'ouvrir à l'Amour est un acte spirituel !
