Mon pays natal est la République Démocratique du Congo. Immigrer dans différents pays m'a permis de découvrir des cultures différentes de la mienne, parfois étranges, mais cela m'a aussi donné un sens plus universel de l'homme et de la femme, et de notre résidence véritable.
Au cours de mes études universitaires en Belgique, mes amis et moi avons eu l'occasion de travailler dans une grande ferme pour récolter les pommes pendant les vacances d'été. Alors que nous attendions notre paie journalière à la fin de la première journée, un ami nous souffla que notre employeur avait deux barèmes de salaires différents, un pour les hommes, et un autre, inférieur, pour les femmes. Instinctivement, mes amis me regardèrent, s'attendant à une réaction de ma part, car ils savaient que j'étais un ardent défenseur de l'égalité des sexes. Cependant, préférant l'action à la parole, je réclamai à mon employeur le barème féminin. Ce fut ma façon de protester contre cette rémunération discriminatoire !
Pendant cette période, je nourrissais le profond désir de connaître Dieu, et mes recherches dans divers livres sur la religion et la philosophie ne m'avaient pas donné de réponse. De plus, j'échouai dans mes études suite à un manque de sérieux et je dus rentrer au pays. Je passai une grande partie de mon vol de retour à lire le livre Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy, qu'un ami m'avait offert. Je sentis aussitôt que j'avais trouvé la vérité; aussi, me mis-je immédiatement à étudier ce livre en corrélation avec la Bible. Graduellement, cette étude allait m'aider à trouver ma raison d'être, et mon vrai foyer, à mesure que j'approfondissais la réponse à cette question « Qu'estce que l'homme ? » (voir pages 475 à 477)
Pour saisir la réponse à cette question, je devais commencer à comprendre ce qu'est vraiment Dieu. J'apprenais que Dieu est Esprit, Amour, notre Père et Mère, l'infini bien. Qu'Il créa l'homme totalement spirituel, parfait, à Son image et à Sa ressemblance, masculin et féminin, parce que le terme générique homme inclut également la femme. Ma façon d'appréhender les choses commença à changer, passant d'une base matérielle à une base spirituelle.
Je découvrais que le Christ est universel et intemporel, qu'il est en tous lieux, bénissant le genre humain comme « vraie idée énonçant le bien, le message divin de Dieu aux hommes, parlant à la conscience humaine ». (Science et Santé, p. 332)
Ayant dû émigrer en Namibie parce que j'étais en danger dans mon pays, j'ai passé deux dures années dans un camp de réfugiés, mais je me rappelle avec gratitude tout ce que j'y ai appris grâce à la prière en Science Chrétienne, et au soutien de scientistes chrétiens, notamment de mon professeur de Science Chrétienne, avec qui je correspondais. J'ai compris que je devais compter sur Dieu pour trouver la réponse à mes besoins quotidiens.
Certainement, l'acceptation de ma demande d'immigration au Canada (seul pays susceptible à l'époque d'accorder des visas), ainsi que mon départ outre-Atlantique, fut une preuve du pouvoir de la prière [voir mon article dans le Héraut de mars 2006], malgré la tristesse que j'ai pu éprouver de devoir laisser en Namibie une charmante jeune femme que j'y avais rencontrée et espéré épouser. Cela faisait plusieurs années en effet que je souhaitais me marier et que j'avais prié à ce sujet.
Une fois arrivé au Canada, je dus recommencer ma vie à zéro. Ayant été diététicien au Congo, et professeur de mathématiques dans le second degré en Namibie, j'étais maintenant obligé de prendre tous les petits travaux que je pouvais trouver afin de mener une vie décente et d'aider ma mère et mes frères restés au pays. Durant cette vie de transition, j'ai rencontré bien des médecins, ingénieurs, et autres immigrés très qualifiés qui passaient par la même expérience. Comme je priais à ce sujet, il m'est apparu que Jésus « l'homme divinement royal », comme l'appelle Mary Baker Eddy (Science et Santé, p. 313), était un simple charpentier. Aussi, je saisis cette opportunité pour cultiver l'humilité, une qualité essentielle pour croître spirituellement. C'était à mon avis la seule façon de sauvegarder ma propre estime et d'être utile à mon nouveau pays d'accueil.
Par cette expérience, je vis clairement que l'amour de Dieu est égal et invariable pour chacun de Ses enfants, quelle que soit la position que nous occupons. En clair, Son amour n'est pas plus grand pour le P.D.G. d'une compagnie, qu'il ne l'est pour un simple manufacturier.
Deux ans après mon immigration, j'ai repris des études tout en travaillant à temps plein. Ce ne fut pas facile, mais je persévérai. Cependant, en dernière année, un de mes professeurs semblait avoir des préjugés à mon encontre, et ne paraissait pas faire attention à moi, ni à mes travaux. Pourtant, lors d'un examen partiel dans sa matière, je terminai premier, et son attitude changea à mon égard. Tout au long de cette situation, je n'avais cessé de le voir comme Dieu le voyait: il était tout autant que moi un fils bien-aimé de Dieu. Finalement, j'obtins une licence en informatique appliquée aux affaires.
J'ai rencontré beaucoup de personnes merveilleuses et attentionnées dans mon nouveau pays, mais j'ai eu aussi à affronter la discrimination raciale dans diverses situations: recherche d'un appartement à louer, transports en commun, lieu de travail. Vaincre ce fléau fut mon plus grand défi à relever.
Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy définit l'homme en termes spirituellement scientifiques. Elle écrit que « l'homme n'est pas matière; il n'est pas composé de cerveau, de sang, d'os et d'autres éléments matériels. Les Écritures nous apprennent que l'homme est fait à l'image et à la ressemblance de Dieu. » (p. 475) J'ai pensé que l'un de ces « autres éléments matériels » qui ne font pas partie de l'homme est la couleur de la peau. Et tandis que la science physique considère le cerveau comme la source de l'intelligence, dans la Science Chrétienne, chaque individu a une identité spirituelle unique reflétant l'intelligence divine.
L'apôtre Paul confirme la fausseté de toute inégalité raciale et sexiste: « Il n'y a donc plus de différence entre les Juifs et les non Juifs, entre les esclaves et les hommes libres, entre les hommes et les femmes. Unis à Jésus-Christ, vous êtes tous un. » (Galates 3:28, d'après La Bible du Semeur). Mary Baker Eddy a également été spécifique à ce sujet: « L'Amour ne reconnaît qu'une seule race, un seul royaume, un seul pouvoir. » (Poems, p. 22) Ces vérités renforcèrent ma conviction que, pour Dieu, nous ne sommes ni blancs, ni noirs, ni jaunes, ni ressortissants de tel ou tel pays, parce que l'homme est totalement spirituel.
Pendant que je priais pour surmonter cette discrimination – qui est en réalité un mal impersonnel – je découvris que je faisais également de la discrimination. Chaque fois que je voyais mon prochain comme étant malade, pécheur, mourant, vieux, ou pauvre, en fait, tant que j'acceptais de le concevoir matériellement, j'étais moi aussi en train de faire de la discrimination. Mon introspection et ma prière m'ont poussé à voir chacun dans la lumière divine, en remplaçant mentalement le concept matériel par le concept divin, comme je l'avais fait pour mon professeur d'université.
C'était pour moi une nécessité de voir tout homme et toute femme spirituel, pur et immortel, parce que chacun est la manifestation de l'unique Esprit, Âme ou Vie qui est Dieu. Et parce que c'était la seule façon pour moi de trouver mon identité réelle et ma raison d'être.
J'ai donc persisté dans mes prières pour être libéré de la discrimination. Je pris le point de vue de Jésus, et je m'efforce encore de marcher sur ses traces. Le sentiment d'être victime se dissipa. Le plus important est que je me sens fier de ce que je suis réellement: un être spirituel, à l'abri de toute opinion humaine et de tout regard offensant.
Il y a trois ans, neuf ans après avoir quitté la Namibie, j'y retournai pour épouser la jeune dame patiente dont j'ai parlé plus haut et dont le nom est justement « Waiting », patiente. J'ai fait visiter à ma femme le camp de réfugiés, à trois cents kilomètres de là. Elle était curieuse de voir où j'avais passé la plupart de mon temps de résidence dans son pays. Je lui ai montré les lieux où je me tenais, où j'espérais et priais quand ma situation semblait sans issue. Comment aurais-je pu savoir alors qu'un jour je reviendrais, bien habillé, à même de louer une voiture pendant un mois? La réponse est simple: il n'y a ni barrière, ni distance dans l'amour.
Mon chemin spirituel se poursuit, au rythme voulu par Dieu. L'Amour divin m'a donné une nouvelle raison d'être et, avec ma chère Waiting, une nouvelle vie.
    