J'avais tourné en rond dans la forêt qui se trouvait derrière mon dortoir, au moins une douzaine de fois... traversant le petit pont de bois, marchant le long du ruisseau bondissant, au milieu des peupliers qui scintillaient dans le vent d'automne. Mais comme j'étais au téléphone avec mon père depuis une heure, j'avais à peine remarqué la beauté de l'endroit.
La maison me manquait.
C'était ma première année à l'université, et nous étions en automne. Je vivais à près de 5 000 kilomètres de chez moi, et je me sentais extrêmement seul et brutalement déconnecté de toutes les bonnes choses que j'avais vécues durant les dix-huit années qui venaient de s'écouler. Je rêvais de me retrouver là où ma vie avait été remplie d'amour, d'amitié et de joie.
Puis, après un an et demi pendant lesquels j;ai dû relever divers défis, je suis en effet rentré chez moi, terminant avec bonheur mes études dans une université locale. Pendant cette période, je me suis découvert une passion pour la géographie mondiale et pour ce que j'apprenais des cultures des autres pays. J'ai commencé à ressentir une grande envie d'explorer le monde. Mais en même temps, je pensais: « Souviens-toi de la dernière fois où tu t'es retrouvé seul. C'est ici que tu dois être, chez toi, où tu te sens bien. » En tant que scientiste chrétien, j'ai l'habitude de me tourner vers Dieu pour trouver les réponses aux questions qui me préoccupent. Donc, j'ai prié. Je voulais être sûr d'écouter Dieu et de Lui permettre de me guider. À la page une de Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy écrit: « Le désir, c'est la prière; et nous ne pouvons rien perdre en confiant nos désirs à Dieu, afin qu'ils soient façonnés et élevés avant de prendre forme en paroles et en actions. »
Je me suis plongé dans une concordance de ses écrits, recherchant des passages sur le foyer, la direction, la crainte, le Père. J'ai trouvé de la force dans I'idée que Dieu conduit Ses enfants vers des expériences qui nourrissent leur identité spirituelle. J'ai prié pour comprendre qu'un désir juste ne peut pas être stoppé par la crainte. J'ai réalisé aussi que pendant ma première année d'université j'avais accepté la pensée que je serais plus heureux chez moi, au lieu de la combattre.
Mais j'avais compris depuis que la meilleure attitude consistait à être vigilant sur ce que j'acceptais – et de prendre conscience que je ne pouvais jamais être seul ou incapable de me débrouiller, parce que Dieu, qui est partout présent, ne laisse jamais un de Ses enfants sans protection. Il nous donne les défenses mentales dont nous avons besoin pour maintenir nos pensées sur la bonne voie.
J'ai également découvert que la Science Chrétienne nous fournit les outils nécessaires pour déraciner et détruire tout ce qui pourrait faire barrage à notre santé ou à notre bonheur. Ainsi, alors que j'envisageais la perspective de vivre à l'étranger, j'ai protesté contre les pensées d'isolement, de manque, ou de crainte de vivre loin de chez moi. Après plusieurs semaines pendant lesquelles j'ai prié au sujet de mon désir de quitter une « vie normale et confortable », j'ai senti clairement que partir à l'aventure était un désir juste, et que je pouvais m'appuyer sur la promesse de la Bible qui dit que « l'Éternel, ton Dieu, est avec toi dans tout ce que tu entreprendras » (Josué 1:9).
J'ai mis en suspens un troisième cycle à l'université, et je me suis concentré sur mon objectif de vivre dans un autre pays. J'avais le désir de partir en Amérique Latine, dans l'idée de m'immerger dans une culture différente, tout en apprenant l'espagnol. Lorsque la crainte ou le doute m'assaillaient, je reconnaissais que « la crainte n'a jamais fait cesser l'être et son action » (Science et Santé, p. 151:19). Je me suis acheté un aller simple pour l'Amérique latine, refusant de me demander Que ferai-je si, une question qui entrave souvent les progrès. Je me sentais confiant dans le fait que je pouvais me fier à la direction de Dieu et qu'Il ne me conduirait pas jusqu'à la moitié du chemin, mais jusqu'au bout.
Cette façon différente de percevoir le foyer et la famille m'a ouvert de nouvelles perspectives. De nombreuses occasions se sont présentées d'expérimenter ce qu'est la véritable nature du foyer, et elles m'ont montré la vérité de cette affirmation: « Ciel et foyer, pèlerin sur la terre, sont dans ton cœur. » (Hymnaire de la Science Chrétienne, nº 278) L'année dernière, j'ai pu faire un voyage de trois mois, seul, à Bogotá, en Colombie, et visiter plus de 50 villes d'Amérique du Sud.
Mes déplacements ont vraiment constitué un voyage spirituel et m'ont conduit à me confier directement et uniquement en Dieu. Science et Santé pose cette question: « L'existence vous semblerait-elle vide sans amis personnels ? Alors le temps viendra où vous serez dans l'isolement, privé de toute sympathie; mais ce qui semble être un vide est déjà comblé par l'Amour divin. » (p. 266) J'ai vécu nombre de ces moments, où je me suis senti très seul. Pourtant, aujourd'hui, contrairement à ce qui se passait auparavant, lorsque je suis tenté de croire que je suis séparé du bien, je combats cette suggestion avec la vérité que Dieu seul donne tout bien. J'ai vu que l'amour de Dieu envers moi était toujours présent, que je sois dans un marché au Honduras ou bien dans mon lit douillet, chez moi, aux États-Unis. Le bien que Dieu nous accorde n'a rien à voir avec l'endroit où nous nous trouvons. Il m'est vraiment arrivé de penser que le milieu de nulle part peut donner l'impression d'être le centre de l'univers, lorsqu'on ressent l'amour que Dieu a pour nous.
Quelquefois, j'ai pensé: « D'accord, tu peux communiquer avec Dieu, mais tu ne peux pas communiquer avec certaines personnes lorsque tu es à des milliers de kilomètres de chez toi. » Comme je priais au sujet de ce problème particulier, l'idée m'est venue de considérer chaque personne que je rencontrais comme si elle était mon frère, ou ma sœur, ou mon meilleur ami, ou mon père, ou encore ma mère. Et j'ai appris qu'exprimer de l'amour envers quelqu'un que j'ai vu cinq minutes dans un bus – comme je l'exprimerais envers un ami d'enfance – m'a permis de ressentir l'amour sans limite de Dieu.
En m'efforçant de démontrer ce sens plus grand de l'amour, j'ai pu, un peu plus chaque jour, voir chaque personne qui m'entoure comme faisant partie de ma famille. Il n'y a vraiment qu'une seule famille, Dieu étant le Père-Mère de tous. Jésus a aidé à illustrer ce point avec sa parabole du bon Samaritain. Pour moi, l'histoire démontre que quiconque ressent de l'amour dans son cœur est le frère, ou la sœur, de son prochain (voir Luc 10:25-37).
J'ai véritablement senti que Dieu protégeait mon désir d'apprendre à connaître d'autres cultures et d'autres pays. Et je suis convaincu que mes efforts pour voir l'autre comme faisant partie de ma famille m'ont permis d'être accueilli chaleureusement dans de nombreux foyers merveilleux. C'est pour moi une preuve de la vraire fraternité en action. Où Dieu est, il y a l'amour. Où se trouve l'amour, il existe un sens de la famille et du foyer.
On m'a souvent demandé comment je pouvais voyager seul si loin de chez moi. Je réponds immédiatement que je ne suis jamais vraiment seul. J'ai souri intérieurement de la réaction de l'homme d'affaires de Mexico, du pécheur hondurien ou du propriétaire d'un restaurant en Colombie lorsque je leur faisais cette réponse. Leurs yeux se sont éclairés pendant que nous savourions ensemble ce sens de famille universelle. Une fois encore, je me sentais bien chez moi.
