Ma décision, délibérée, de laisser tomber la Science Chrétienne, avec ce que je considérais être un mode de vie plein de restrictions, m'avait conduit à mener une existence déréglée à tous points de vue. Il n'est pas aisé d'exprimer en mots la satisfaction que je ressens maintenant d'être revenu vers Dieu pour trouver un sens à ma vie, et pour la paix et la plénitude que nul autre ne peut lui donner.
Après être parti de la maison à dixsept ans et pendant un bon moment, j'ai continué à me déclarer scientiste chrétien, mais je ne l'étais guère que de nom: je n'assistais pas aux services religieux et je n'étudiais pas; on peut dire que mentalement je m'étais bien éloigné de la Science Chrétienne.
Des années plus tard cependant, alors que j'étais marié et père de famille, mon épouse et moi-même avons pensé que nos quatre enfants devaient recevoir une éducation religieuse. J'ai arrêté de fumer et de consommer des boissons alcoolisées et nous sommes devenus membres actifs d'une église de la Science Chrétienne. Les enseignements de cette Science et les guérisons de problèmes de santé que nous avons eues nous ont fourni un ancrage spirituel. Cette période a été particulièrement positive pour notre famille.
Toutefois, des changements survenus dans ma carrière m'ont forcé à me réorienter professionnellement et à déménager, ce qui a bouleversé la vie de toute la famille, puisque nous avons dû quitter la ferme et les chevaux que nous aimions tant. Nos adolescents ont dû laisser derrière eux leurs amis et s'adapter à d'autres écoles, et pour ma part, il m'a fallu faire face à un emploi qui dépendait davantage de capacités stratégiques que de mon expérience d'ingénieur.
À ce moment-là, oubliant les bienfaits que j'avais reçus, j'ai décidé que mon appartenance à l'église limitait ma vie professionnelle et sociale, et je suis revenu vers quelques-unes de mes anciennes habitudes, y compris la boisson. C'est ainsi que j'ai abandonné la Science Chrétienne de façon définitive, ou du moins c'est ce que je croyais. Les répercussions sur ma famille ont été très négatives. Mes rapports avec deux de nos fils étant devenus très tendus, j'essayais de les convaincre des avantages d'un mode de vie chrétien que j'avais justement laissé derrière moi! Nos relations n'avaient plus rien de chaleureux et, comme nous n'étions plus du tout proches les uns des autres, nous sommes devenus des étrangers vivant sous le même toit.
Les choses ont encore continué ainsi pendant environ quinze ans, jusqu'à ce que nos enfants aient grandi et soient partis de la maison. Ensuite, un ralentissement des affaires a de nouveau menacé mon train de vie et ma carrière. Je me suis senti piégé, car je n'avais pas de plan de retraite et j'avais atteint un âge où il est a priori difficile de trouver un emploi approprié. Je me sentais aussi un lourd sens de responsabilité à l'égard des quelques deux cents employés qui travaillaient dans l'entreprise depuis longtemps. Mais en ma qualité de dirigeant de l'usine, il me semblait que j'allais devoir en recommander la fermeture afin d'endiguer les pertes de la société.
Pour compliquer encore ce tableau peu agréable, un peiti-fils était venu vivre avec nous, puis mon beau-père étant tombé gravement malade, ma femme passait la plupart de son temps loin de la maison à aider sa mère, et il fallait que je m'occupe seul de mon petit-fils.
Stressé au sujet de mon avenir économique, de celui de mes employés et de la maison mère de ma société, ainsi que de toute ma famille, j'étais devenu une boule de nerfs, me sentant responsable à la fois du problème et de sa résolution. Je me réveillais souvent vers trois heures du matin avec des sueurs froides, puis je me tournais et retournais dans mon lit jusqu'à ce qu'il soit l'heure de me lever.
J'ai l'impression aujourd'hui que ces moments ont constitué pour moi une forme de réveil et m'ont libéré de ce qui, je le comprends à présent, était comme une mainmise hypnotique de mauvaises pensées. Enfin, un jour, aux petites heures du matin, je me suis rendu compte que la réponse pratique était déjà disponible: c'était la Science Chrétienne.
Je me sui levé pour aller droit à la bibliothèque: le seul livre que j'aie trouvé en relation avec la Science Chrétienne était une biographie de Mary Baker Eddy, bien que maintenant je ne me rappelle pas de laquelle il s'agissait. J'ai passé ce qu'il restait de la nuit à lire. Ce que j'ai lu de la consécration de Mary Baker Eddy à Dieu, de ses sacrifices pour rendre accessible à tous le message de guérison de Jésus, a commencé à démasquer l'hypnotisme et le manque d'harmonie qui caractérisaient ma vie. Cela a également ramené à la surface des vérités que j'avais apprises à l'école du dimanche lorsque j'étais enfant, et plus tard quand j'étais membre d'église, comme par exemple le fait que la réalité est spirituelle. Il m'est surtout revenu à la mémoire l'amour de Dieu pour chacun de nous, moi y compris.
J'ai vu que je devais revenir vers ce que j'avais appris plus tôt dans ma vie.
J'ai recommencé à lire régulièrement la leçon biblique de la Science Chrétienne. Alors que j'étudiais la Bible et Science et Santé avec la Clef des Écritures, il est devenu évident que, si je voulais voir les choses aller bien dans ma vie, j'avais besoin de prendre la voie qui menait vers la sainteté et l'honnêteté. Je ne pouvais pas prendre deux chemins à la fois, l'un qui se fondait sur Dieu, l'Amour divin, pour trouver un sens de direction, et un autre qui prenait comem référence les calculs et les opinions humaines, et les ressources incertaines. L'écart entre les deux routes était en fait trop grand pour pouvoir être enjambé quels que soient les efforts que je pourrais faire.
Les mots suivants tirés des premiers versets d'un cantique décrivent parfaitement le chemin qu'il me fallait prendre: « Ma route va de l'ombre à la lumière, des sens à l'Âme, à la réalité [...] ». (Hymnaire de la Science Chrétienne, Violet Hay, n° 64) J'ai vu que si je voulais m'en sortir, je devais laisser derrière moi « l'ombre » des opinions du monde sur ce qui constitue le succès et la stabilité. La leçon biblique étant devenue ma nouvelle feuille de route, j'ai mis toute ma confiance en Dieu, la source de tout bien. Je savais que je devais m'en remettre à lui sincèrement pour bénir chacun de nous sans exception: les employés, la société, ma famille et moi-même. Comme l'a écrit Mary Baker Eddy, « lorsqu'il est gouverné par Dieu, l'Entendement tendement toujours présent qui comprend toutes choses, l'homme sait que tout est possible à Dieu » (Science et Santé, p. 180)
Je savais aussi qu'il existait une solution pour démêler cette situation enchevêtrée, mais qu'il fallait que je laisse le plan divin prendre le dessus. En dépit des apparences, rien n'est impossible à Dieu. J'ai prié afin de laisser Dieu prendre la direction des opérations et pour laisser de côté mes vues personnelles sur ce qu'il fallait faire. Et un praticien de la Science Chrétienne a prié avec moi. Au cœur de mes prières, se trouvait l'affirmation que Dieu, l'Entendement infini avait un plan pour tous ceux qui étaient concernés par cette situation, et que ce plan serait supérieur à tout ce que moi-même ou toute autre personne pourrait imaginer. (voir ibid., p. 254:12, 13)
Tandis que je continuais à étudier la Science Chrétienne, le fait de boire en société ainsi que d'autres habitudes indésirables sont tombés tout naturellement; je suis devenu plus patient et j'ai exprimé davantage d'amour.
Le cantique de Mary Baker Eddy intitulé « Paix mes brebis » m'a apporté en particulier beaucoup d'inspiration et de réconfort. En voici la première strophe:
Monte-moi comment, Berger,
Te suivre aujourd'hui,
Comment récolter, semer,
Nourrir Tes brebis.
Je veux écouter Ta voix,
Pour ne pas errer;
Joyeux, gravir avec Toi,
Le rugueux sentier.
(Écrits divers, p. 397)
Il a fallu plusieurs années d'un chemin comportant de nombreux défis avant que le problème de la société ne trouve une solution: en premier lieu, elle a été vendue, puis elel a fait faillite pour être finalement reprise par une nouvelle société. Maintenant, quinze ans plus tard, la société initiale, transformée de façon importante, est toujours en activité. L'usine existe encore, devenue une société indépendante sans aucun lien avec la précédente, après l'élaboration d'un plan stratégique qui m'est venu entre autres à l'esprit pendant que je priais. Plus tard, par un canal que je n'aurais jamais pu imaginer, mon plan de retraite s'est trouvé bien pourvu par la société. Une douceur particulière, qui avait disparu, est revenue dans les rapports familiaux. Tout le monde a été béni, tant les employés que l'entreprise, ma famille et moi-même. Et ma vie continue à être fermement enracinée dans les enseignements de la Science Chrétienne.
J'ai toujours considéré que toute cette expérience était un exemple magnifique de l'amour divin qui s'exprime pour répondre à tous nos besoins. Et c'est bien ce qui s'est passé. Il m'apparaît néanmoins que la véritable bénédiction a été, et elle l'est toujours, la très grande amélioration de ma qualité de vie et de mes objectifs, qui s'est manifestée tout naturellement lorsque j'ai accepté la Science Chrétienne.
