Il y a plusieurs mois, les dirigeants du monde se sont réunis à Rome, à l'invitation de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), afin d'aborder ce que l'on nomme « un tsunami silencieux »: l'augmentation sans précédent du prix des produits alimentaires dans l'ensemble du monde.
Aussitôt, le Programme alimentaire mondial a mobilisé ses troupes pour soutenir des réseaux de distribution destinés à sauver des vies: 30 navires sur les mers et les océans, 5 000 camions sur les routes, 70 avions dans les airs. Mais cet organisme a précisé que les moyens mis en oeuvre ne constituent qu'un pis-aller face aux énormes besoins auxquels il ne peut répondre seul. Les présidents de la Bolivie, du Nicaragua et du Vénézuéla, ainsi que le vice-président de Cuba, ont créé un fonds de 100 millions de dollars, destiné à fournir des produits alimentaires de base à leurs pays. Mais eux aussi admettent que cela ne sera pas suffisant. Le Président George W. Bush avait demandé également au Congrès américain de voter une aide alimentaire de plusieurs millions de dollars.
Alors que les pays industrialisés subissent la pression des prix et d'une inflation tantôt rampante, tantôt galopante, des pays comme le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, la Mauritanie et le Sénégal, où la nourriture n'abonde pas, ont vécu des émeutes de la faim. Dans la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest, le prix des denrées alimentaires aurait augmenté de 50%; en Sierra Léone, de 300%. Tant les Nations Unies que la Banque Mondiale prévoient qu'en conséquence près de 100 millions de personnes pourraient être réduites à la pauvreté. Les États-Unis, où les prix du blé, du maïs, du riz et d'autres céréales ont considérablement augmenté, sont décriés par certains du fait de leur conversion enthousiaste à l'ethanol comme carburant de substitution. Le type d'éthanol couramment utilisé aux États-Unis est fabriqué à partir du maïs, et d'aucuns critiquent l'utilisation d'une denrée alimentaire à cette fin. Le Congrès lui-même a émis des doutes maintenant sur le recours à l'éthanol, et exprimé sa volonté de considérer d'autres options, comme le développement de l'éthanol issu de la cellulose (« US eyes shift away from corn ethanol » [Les États-Unis se détournent de l'éthanol issu du maïs], The Christian Science Monitor, 1er mai 2008).
Connectez-vous pour accéder à cette page
Pour avoir le plein accès aux contenus du Héraut, activez le compte personnel qui est associé à tout abonnement au Héraut papier ou abonnez-vous à JSH-Online dès aujourd’hui !
