« Confie-toi en l'Éternel de tout ton cœur, et ne t'appuie pas sur ta sagesse; reconnais-le dans toutes tes voies, et il aplanira tes sentiers. » Proverbes 3:5, 6
Je n'avais jamais fait d'effort particulier pour retenir ce proverbe, mais il s'est nettement imposé à mon esprit, mot pour mot, il y a plusieurs années, alors que j'avais une forte envie de quitter non seulement mon travail mais une carrière de vingt ans dans les affaires.
Tout en aimant la Bible, j'avais négligé les Proverbs, considérant qu'il s'agissait là d'une collection de préceptes édifiants, comme il en existe bien d'autres. Nul ne l'ignore, nous sommes aujourd'hui bombardés de toutes parts de conseils bien intentionnés, lors d'émissions télévisées, dans des guides pratiques, de la bouche de parents, d'amis, de membres du clergé et même de nos enfants ! Alors pourquoi ai-je été réceptive à ce proverbe en particulier ? Et puis qu'est-ce qu'un proverbe exactement ? « Les proverbes... ne donnent pas de conseils, ce sont des points de vue ou des énoncés concernant la réalité, destinés à faire la lumière sur un point confus. Ils invitent le lecteur à être actif, à faire preuve de jugement, de discernement. » Richard Clifford, The Book of Proverbs and Our Search for Wisdom, Marquette University Press, 1995, p. 6.
En ce qui me concerne, il me fallait prendre une décision: quitter mon travail et renoncer à ma carrière ou n'en rien faire. Mon raisonnement me portait nettement à rester. Après tout, je bénéficiais d'une situation sûre et d'une rémunération maximale. En tant que directrice exécutive du service des acquisitions d'une grande société d'énergie, à un poste où l'on appréciait mes compétences, j'avais un brillant avenir devant moi. Même si les désaccords n'étaient pas rares dans le service, j'aimais mon travail et j'avais le sentiment d'être utile. Que me fallait-il de plus ? Et pourtant je me sentais poussée à étudier de plus près les Proverbes.
Avant tout, l'auteur des Proverbes demande au lecteur d'apprendre à faire entièrement confiance à la sagesse de Dieu. La plupart des exégètes s'accordent à dire que le point théologique central de ce livre est énoncé dans le verset suivant: « La crainte de L'Éternel est le commencement de la science. » (1:7) Dans ce contexte, craindre signifie apprécier les messages de Dieu et leur faire confiance. Les Proverbes nous enseigment qu'il ne suffit pas d'écouter les messages divins, nous devons aussi faire la distinction entre les avis émanant du monde et les directives de Dieu. Il n'est pas toujours facile de suivre une voie que la société considère en général comme peu sage.
En poursuivant mon étude, j'ai appris que les premiers exégètes considéraient que le roi Salomon était l'auteur de la plupart des Proverbes. Mais aujourd'hui les spécialistes des textes sacrés estiment généralement que les Proverbes regroupent des poèmes et des paroles de sagesse émanant de sources multiples. Par exemple, on constate de fortes similitudes tant du point de vue de la forme que du fond entre certains proverbes et des textes écrits au temps de l'Égypte ancienne et de la Mésopotamie. Ainsi, le Livre de la Sagesse de l'Égyptien Aménénopé présente une ressemblance frappante, presque mot pour mot, avec les Proverbes 22:17 à 23:11. Voir, par exemple, Leo G. Perdue, Interpretation: A Bible Commentary for Teaching and Preaching, John Knox Press 2004, p. 199, et Michael V. Fox, Jewish Study Bible, Oxford University Press, 2004, p. 1448. Les historiens ignorent qui a écrit ces enseignements à l'origine, mais il est clair qu'ils proviennent de divers documents.
Salomon a peut-être regroupé et utilisé nombre d'entre eux, mais il ne les a certainement pas écrits. Ce roi d'Israël, fils de David, a régné au cours du Xe siècle av. J.-C., mais les historiens ne sont toujours pas d'accord sur les dates précises. La paternité littéraire des Proverbes lui a probablement été attribuée parce qu'il « fut plus grand que tous les rois de la terre par les richesses et par la sagesse » (I Rois 10:23).
Comme la plupart des livres de sagesse, les Proverbes traitent des problèmes de la vie quotidienne et ont pour but principal d'apprendre à écouter Dieu, à discerner Ses messages et à en suivre les suivre les directives. Rédigés au temps présent, les Proverbes orientent toujours la pensée vers le « ici et maintenant », ce qui les rend intemporels. L'accent mis sur le moment présent est d'autant plus évident que les références à l'histoire d'Israël, comme la sortie d'Égypte, l'errance dans le désert ou l'alliance de Dieu avec Moïse, sont totalement absentes. En revanche, les Proverbes renvoient le lecteur directement à Dieu pour développer sa propre alliance avec Lui. De plus, les territoires géographiques ne sont pas cités. Il n'est fait aucune mention de conflits entre tribus, de religions ou pays se faisant la guerre. Les paroles de sagesse des Proverbes s'appliquent à tout le monde, dans tous les pays, dans les temps anciens comme aujourd'hui. Ces enseignements sacrés sont à la fois intemporels et universels.
L'accent mis par le livre des Proverbes sur une relation à Dieu dans un présent continu (sans frontières géographiques) met en lumière l'amour divin dans notre vie quotidienne. Les Proverbes nous incitent à maintes et maintes reprises à faire le choix de voir l'amour de Dieu: « Reconnais-le dans toutes tes voies. » (3:6)
L'exégète Gunther Plaut résume les Proverbes ainsi: « ... l'homme se tient en permanence dans la présence de Dieu. Son existence peut soit glorifier soit dénigrer l'étincelle divine qui est en lui... » Book of Proverbs: A Commentary, Union of American Hebrew Congregations, 1961, p. 7. En d'autres termes, nous avons le choix entre rendre gloire à Dieu en agissant selon Sa sagesse ou suivre la voie du monde matériel. Les conséquences du premier choix sont claires: « Honore l'Éternel avec tes biens, et avec les prémices de tout ton revenu: alors tes greniers seront remplis d'abondance... » (3:9-10)
Durant les deux années où je m'efforçais de peser le pour et le contre quant à l'orientation de ma carrière, ma situation professionnelle est devenue de plus en plus difficile. À bien réfléchir, je n'avais pas obéi au message de Dieu ou, pour reprendre les termes de Plaut, j'avais « dénigré l'étincelle divine » en moi. Lorsque j'ai fini par démissionner, j'ai su que c'était la bonne décision. Une autre voie s'est ouverte aussitôt, et j'étais certaine qu'elle était inspirée par Dieu. Toutes les inquiétudes concernant ma situation financière, ma carrière et ma famille se sont dissipées au fil des jours tandis que j'écoutais chaque message de Dieu et m'y conformais. Mes greniers se sont remplis d'abondance.
Aujourd'hui, en tant qu'étudiante en théologie et professeur d'éthique dans une grande université, je continue de voir dans le livre des Proverbes une source abondante de préceptes moraux utiles tant dans mes études que dans ma pratique d'enseignante. Lorsqu'on me demande si le livre des Proverbes a encore du sens aujourd'hui, je réponds: « Absolument ! » Le livre des Proverbes demeure d'une grande pertinence, car il enseigne l'art de réussir sa vie dans tous les âges.
