Cette philosophie doit son nom à Descartes, philosophe du XVIIe siècle, qui croyait que l'esprit est séparé du corps physique et de l'univers matériel. Selon Descartes, le monde de la pensée est complètement indépendant du fonctionnement mécanique des corps et de l'univers matériel. Du fait de cette séparation, l'âme et l'esprit relèvent, selon lui, de l'étude théologique, alors que le corps et l'univers matériel sont réservés au domaine de la science. Grâce à cette théorie, les scientifiques se sentent libres d'explorer l'univers matériel sans que leurs découvertes soient nécessairement conformes aux croyances religieuses traditionnelles.
Descartes n'était pas pour autant opposé à la religion. En fait, il croyait que Dieu avait créé l'univers sur le modèle d'une grosse horloge dont le mouvement était établi par des lois matérielles, et qu'Il n'avait donc plus à s'en préoccuper outre mesure. Il appartenait aux savants de découvrir ces lois et de les utiliser pour améliorer la condition humaine. Si plusieurs siécles se sont écoulés depuis Descartes, la séparation établie entre d'une part la spiritualité et la pensée et d'autre part le corps et l'univers matériels demeure un prédicat fondamental pour la recherche scientifique, prédicat farouchement défendu par la plupart des scientifiques et des théologiens.
Ce point de vue n'est cependant pas l'apanage des scientifiques et des religieux, car cette façon de considérer l'univers est, dans une certaine mesure, devenu notre héritage culturel. On nous a tous appris que le corps et l'univers physique sont des machines gouvernées par des lois matérielles, et que les pensées et les sentiments n'ont pratiquement aucune conséquence sur leur fonctionnement. La crainte vient dans le sillage d'une telle façon de voir: vivre dans un univers de forces matérielles impitoyables et insensibles aux malheurs de l'humanité, un univers si différent des êtres conscients que nous sommes, est facteur d'anxiété. Pourquoi ? Parce que selon cette croyance, chacun de nous peut être à tout moment victime de circonstances défavorables. Ce contraste entre des être humains conscients, capables d'exprimer des sentiments et de la sollicitude, et un univers physique indifférent, nous a rendus étrangers à notre propre corps et à l'univers dans lequel nous vivons.
Mais il est certain que le fossé commence à se combler. En sciences biologiques, par exemple, on est de plus en plus conscient que la pensée n'est pas séparée du fonctionnement physique du corps. Ainsi la recherche médicale a montré qu'un placebo, c'est-à-dire une pilule sucrée non médicamentée que le patient prend pour un médicament, modifie la chimie du cerveau; on sait aussi que le stress psychologique affecte la pression artérielle. Dans le domaine de la psycho-neuroimmunologie, des études montrent que les émotions affectent de façon positive ou négative le systéme immunitaire du corps. Voir par exemple « Placebo's Power Goes Beyond the Mind »: www.msnbc.msn.com/id/14309026 Bill Moyers, Healing and the Mind, p. 197-198; Herbert Benson, Timeless Healing, p. 173-174. Mais globalement, le langage et les théories scientifiques demeurent distincts des théories et du langage religieux.
Il est bon de se rappeler, cependant, que les concepts de l'univers ne sont pas l'univers. Ce ne sont que des conclusions tirées du témoignage matériel. Les théories sont des paradigmes; pour être vraiment scientifiques, elles doivent accepter le test de nouvelles hypothèses.
S'engageant dans un nouveau champ d'investigation, Mary Baker Eddy a découvert un système de guérison basé sur des lois démontrables, non pas des lois physiques, mais des lois spirituelles. Sa découverte allait à l'encontre de l'orthodoxie scientifique, médicale et religieuse de son époque. Mais elle a poursuivi sa voie là où la démonstration la menait.
Pendant 20 ans, et ce jusqu'à sa découverte de la guérison spirituelle qu'elle a appelée Christian Science (Science Chrétienne), elle avait tenté d'attribuer tout effet physique à une cause mentale. Elle a appris à guérir avec succès par des moyens purement mentaux et une foi profonde en Dieu. Elle a prouvé qu'il existait bien un lien entre le corps et l'esprit. Poursuivant ses recherches, elle s'est rendu compte que l'entendement humain définit ce qu'on appelle l'état physique et qu'il manifeste consciemment ou non cette définition sur le corps. Mais l'entendement humain n'est pas à l'origine de la guérison. On n'utilise pas cet entendement pour changer le corps par manipulation mentale. Mary Baker Eddy a découvert que c'est plutôt une compréhension de l'Entendement divin, Dieu, qui régénère l'entendement humain et par conséquent guérit le corps.
C'est au cours d'un événement qui a changé sa vie que Mary Baker Eddy a compris que la guérison était due non pas à l'entendement humain, mais à l'Entendement divin uniquement. Dans un moment d'illumination spirituelle, alors qu'elle se tournait vers Dieu, elle a été guérie de blessures très graves. Comme elle l'a expliqué plus tard: « Il y avait dans cette brève expérience une lueur de la grande vérité que j'ai cherché depuis à rendre claire aux autres, savoir la Vie dans l'Esprit et de l'Esprit, cette Vie étant la seule réalité de l'existence. » (Écrits divers 1883-1896, p. 24)
Cette révélation a été suivie par un nombre de guérisons impressionnant. Mary Baker Eddy a guéri un petit garçon qui avait les pieds-bots Voir Robert Peel, Mary Baker Eddy: The Years of Discovery, p. 201., elle a guéri des cas de cécité Voir In My True Light and Life, p. 514-515., de surdité de naissance Voir Yvonne Cache von Fettweis et Robert Townsend Warneck, Mary Baker Eddy: Une vie consacrée à la guérison spirituelle, p. 138., de tuberculose Ibid., p. 192., et bien d'autres maladies considérées comme incurables.
Mary Baker Eddy n'a pas accompli toutes ces guérisons en s'intéressant simplement à un système de guérison mentale. Elle a entrevu et exploré la réalité spirituelle. L'effet sur elle a été semblable à celui de la physique sur la théorie d'un univers composé de matière solide. Sous l'apparente solidité de la matière, la physique montre qu'il existe des forces tourbillonnantes invisibles qui donnent l'illusion de la matière solide. En accomplissant des guérisons, Mary Baker Eddy a compris que, derrière la perception physique de la maladie, c'est en fait l'entendement humain, invisible aux sens, qui constitue l'état matériel. Le corps est en réalité le substratum de la pensée. Ce lien entre le visible et l'invisible est comme l'eau dont on voit la forme solide (glace), mais non la forme gazeuse (humidité). Pourtant ils sont faits des mêmes éléments.
Tandis que Mary Baker Eddy renonçait à des façons de penser et à des modèles conceptuels archaïques, d'autres questions ont surgi devant elle, et elle a senti le besoin de tester des hypothèses nouvelles en poursuivant ses expériences de guérison. Par exemple, l'entendement humain gouvernait-il le corps dans tous les cas ? S'intéressant essentiellement à la conscience, elle s'est rendu compte que le processus déterminant la guérison avait lieu dans la pensée, là où, comme le lui révélait sa découverte, la réalité se distingue des apparences trompeuses.
Tandis que le matérialisme scientifique est convaincu que tous les phénomènes spirituels — ce qui a trait aux valeurs, à la révélation et à la foi même — trouveront leur explication dans l'action biochimique, l'expérience de Mary Baker Eddy dans le domaine de la guérison spirituelle, au cours de laquelle l'Entendement divin change les croyances humaines et redonne la santé au corps, l'a conduite dans une direction opposée. Elle a compris que tous les phénomènes matériels trouveront leur explication finale dans le mécanisme de l'entendement humain. Elle a consigné ses découvertes dans Science et Santé avec la Clef des Écritures.
Depuis plus d'un siècle, l'application des lois de Dieu, conformément aux explications données dans Science et Santé, a permis d'accumuler un grand nombre de témoignages qui confirment la découverte de Mary Baker Eddy. La guérison n'est pas un miracle en Science Chrétienne. C'est l'action naturelle de la loi basée sur une compréhension du Principe divin. Ce Principe est Dieu, l'Entendement divin, toujours fidèle à sa propre nature d'Amour immuable. Au lieu d'être des entités matérielles, les filles et les fils de Dieu sont aussi spirituels et parfaits que Dieu. Tout ce que l'Entendement divin connaît — et ce que Dieu connaît est la Science divine — modifie et annule les perceptions incorrectes de l'univers physique, perceptions qui semblent gouverner le corps humain. La compréhension spirituelle est une force curative. Même si cette force ne saurait se mesurer par des méthodes scientifiques, elle est néanmoins observable et mesurable par ses effets sur la santé.
Un ami médecin m'a expliqué comment il en est venu peu à peu à faire de la place à la guérison spirituelle dans sa pratique. Il a guéri une femme d'une hernie discale par des moyens spirituels. Il avait vu les radios et examiné la patiente. Le diagnostic lui paraissait correct. Mais sa conviction nourrie par des prières basées sur la Bible a annulé le témoignage physique, et la personne a été immédiatement guérie.
Quelque temps plus tard, ce médecin s'est intéressé à Science et Santé et en a tiré une citation qu'il a affichée dans son cabinet. Par la suite, un cancérologue lui a envoyé un patient afin qu'il lui apporte une aide médicale dans la gestion de ses douleurs. Au cours des semaines suivantes, contre toute attente, le malade a commencé à aller mieux puis a fini par guérir complètement. Le médecin a voulu savoir, au nom de la science, ce qui l'avait guéri. Etait-ce le cancérologue ? Le patient a répondu qu'il avait cessé d'aller le voir. « Est-ce moi ? » a demandé le médecin. Sa réponse a été à nouveau négative. Il a déclaré que c'était le passage de Science et Santé affiché sur le mur du cabinet du médecin. Il l'avait recopié un jour en attendant le médecin. Ce dernier m'a expliqué que son patient avait médité ce passage, qu'il en avait fait une base de prière, jusqu'à sa guérison.
Voici le passage en question: « Devenez conscient un seul moment du fait que la Vie et l'intelligence sont purement spirituelles, qu'elles ne sont ni dans la matière ni matérielles, et alors le corps ne fera entendre aucune plainte. Si vous souffrez d'une croyance à la maladie, vous vous trouverez soudainement guéri. Le chagrin se transforme en joie lorsque le corps est gouverné par la Vie, la Vérité et l'Amour spirituels. » (p. 14)
Fort de son étude de Science et Santé, le médecin m'a dit avoir aussi guéri un homme d'un cancer aux intestins jugé inopérable.
À l'évidence, la révélation et la pratique de la guérison spirituelle basée sur une compréhension du Principe remettent en question non seulement les modèles scientifiques, mais aussi les convictions religieuses. Quand on en vient à parler de Dieu dans une discussion sur la médecine, certains ont du mal à admettre l'idée d'un Principe de guérison à la base d'une pratique fiable. Le Dieu traditionnel, qui prend plaisir à Sa création ou bien se montre furieux et vengeur sans raison apparente, évoque souvent la culpabilité et la peur du châtiment, ou même la colère. Autant de sentiments dont on se passerait bien quand on est malade et que l'on cherche à guérir. Ces réactions sont largement dues au fait que l'on attribue à Dieu la création de l'univers physique et de tous les maux qui l'accompagnent.
Attribuer à l'Entendement divin tous les phénomènes matériels, y compris la Création même, puis s'efforcer de justifier ces actes en y voyant les effets d'un Dieu aimant et réfléchi, est une position de moins en moins défendable. Mais contrairement à ce que croyait Descartes, Dieu n'a pas abandonné Sa Création à des forces matérielles impitoyables et indifférentes. Cette perception matérielle de la Création n'est pas la Création de Dieu. Le récit de la Création, dans le premier chapitre de la Genèse, où Dieu a créé toute chose parfaite, y compris l'homme et la femme à Son image et à Sa ressemblance, n'est pas une description de l'univers physique. C'est une révélation de la réalité, une représentation symbolique à la conscience humaine d'une Création spirituelle déjà existante, éternellement présente dans sa pleine perfection.
Jésus fut la preuve tangible de l'apparition de la réalité spirituelle dans l'histoire de l'humanité, il y a plus de 2 000 ans. Cette vision de la réalité était à ses yeux le royaume de Dieu. Il déclara que ce royaume ou règne suprême de l'Esprit est en chacun de nous. La guérison est la preuve de la réalité spirituelle qui transforme les existences brisées. La grâce et la vérité si évidentes dans les enseignements et les guérisons de Jésus étaient la manifestation de la loi universelle démontrable. Jésus s'attendait à ce que ses disciples accomplissent des guérisons. La découverte de la Science Chrétienne par Mary Baker Eddy permet aux disciples modernes de Jésus de répondre à ses attentes.
Tout le monde peut apprendre à guérir spirituellement. La prière en Science Chrétienne est scientifique car elle part du Principe divin de l'être et des lois spirituelles qui gouvernent l'existence. C'est une forme de traitement qui comble le fossé artificiel entre l'esprit et le corps, qui change les perceptions mentales dont le gouvernement est préjudiciable au corps, et qui produit la guérison. Et c'est bien plus encore: la guérison basée sur la Science divine offre à chacun le moyen d'éprouver ici et maintenant la réalité authentique de son identité spirituelle telle que Dieu la connaît. Il est possible de faire l'expérience du Divin humainement et de démontrer qu'il ne s'agit pas d'une théorie ou d'une théologie abstraites, mais d'un fait concret, démontrable.
