Les heures défilent à toute vitesse lorsqu'on passe une journée avec James Spencer, ou peut-être est-ce le temps qui s'arrête. Quoi qu'il en soit, on vit pleinement le moment présent. M. Spencer a lui-même l'impression que les premiers appels reçus de personnes lui demandant de prier pour une guérison remontent tout juste à hier. C'étaient alors des camarades de lycée, puis de faculté. On lui a de nouveau demandé de l'aide quand il était aumônier militaire et conférencier de la Science Chrétienne. Il continue de recevoir des appels aujourd'hui. Depuis plusieurs décennies, on s'adresse à lui — il est professeur et praticien de la Science Chrétienne — pour résoudre toutes sortes de problèmes. James Spencer vit avec sa femme, Barbara, à Brookline, dans le Massachusetts, à vingt minutes en voiture de L'Église Mère.
JEFFREY HILDNER: Le journal de juillet 2009 consacre un dossier au commandement donné par Jésus à ses disciples: « Guérissez les malades. » (Matthieu 10:8) J'aimerais vous poser deux questions à ce propos. Tout d'abord, que vous ont appris vos nombreuses années d'expérience sur la façon de guérir les malades ? Pourriez-vous nous faire part de quelques idées testées sur le terrain ?
JAMES SPENCER: Vaste sujet ! Qu'ai-je appris concernant la façon de guérir les malades? ll y aurait là matière à remplir de nombreux volumes ! Mais partons d'éléments tout simples. La guérison des malades commence par la prière, c'est-à-dire la communion avec Dieu. Elle implique plusieurs choses: étude, écoute intérieure, humilité, croissance spirituelle, vision spirituelle, dévouement constant, persévérance, courage.
Mais surtout, elle implique « l'amour », un amour désintéressé qui exprime l'Amour divin, c'est-à-dire Dieu Lui-même. Cet amour a sa source non pas dans les êtres humains, mais en Dieu, et il touche les autres à travers nous quand nous sommes conscients d'être unis à l'Amour divin, autrement dit Dieu. Dans sa première épître, Jean définit clairement Dieu quand il écrit: « Dieu est amour. » (4:16) Voilà ce qu'est l'être même de Dieu: l'Amour. Nous sommes en réalité l'expression de l'Amour divin, c'est là notre identité et notre individualité spirituelles. Il nous faut être l'image de l'Amour et vivre en tant que ressemblance de l'Amour, pour accomplir des guérisons.
Bien entendu, cet amour est beaucoup plus qu'une émotion humaine ou que de la simple bonté humaine. La bienveillance est appréciable et nécessaire, mais elle n'est pas assez pure pour guérir. On pourrait comparer l'amour qui guérit à un rayon de soleil: il n'est pas le soleil, mais il émane du soleil; il en a toutes les propriétés et il est perpétuellement lié à lui. Ainsi, plus nous vivrons cet amour pur qui a toutes les « propriétés » ou qualités de l'amour de Dieu, plus nous vivrons et serons l'amour. Et nous guérirons en vivant ainsi.
La Science Chrétienne enseigne que tout individu a dès maintenant la capacité de ressentir et diffuser ce pouvoir de l'Amour que vous décrivez. Vous avez constaté très tôt que l'existence, ainsi que l'état physique s'améliorent grâce au pouvoir spirituel.
En effet, on a commencé à me demander de l'aide quand j'étais au lycée et puis beaucoup plus souvent quand j'étais étudiant. J'ai vu des guérisons se produire en ressentant tout simplement l'amour de Dieu envers tous. Mais il me fallait acquérir une compréhension plus approfondie de la loi de Dieu, l'Amour, qui permet vraiment de guérir de façon régulière. J'avais aussi besoin de comprendre ce qui tend à faire obstacle à notre capacité de guérir. Je poursuis toujours cette quête d'une compréhension plus profonde de l'Amour, conjointement avec l'examen de mes pensées et la régénération de mon être.
Notre Maître, Jésus-Christ, œuvrait aux côtés de ses plus proches compagnons, ses disciples. Il leur enseignait « précepte sur précepte ». Mais il leur fallait néanmoins s'approprier cet enseignement en pratiquant ce qu'ils apprenaient. La Bible parle d'un homme désespéré qui amena son fils aux disciples pour qu'ils le guérissent, mais ils se montrèrent incapables de l'aider. Jésus guérit l'enfant et expliqua aux disciples que leur insuccès était dû à leur incrédulité ou manque de compréhension et de foi. Mais pour les réconforter et les instruire, il ajouta: « Cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne. » (Matthieu 17:21) Je cherche sans cesse à faire mienne cette vérité dans ma pratique de la « prière » et du « jeûne ».
Qu'entendez-vous par prière et jeûne ?
Pour moi, la prière est une affirmation fervente et sans réserve des grandes vérités spirituelles de l'être: la totalité de Dieu, l'Esprit, la perfection totale de l'homme à la ressemblance de l'Esprit, et la tendre union de Dieu et de l'homme. Quant au jeûne, c'est une négation. Par exemple, il faut nier le témoignage des prétendus sens matériels; nier la croyance que le mal, sous toutes ses formes, est réel; et nier aussi la croyance que l'Amour, Dieu, n'est pas la seule présence, le seul pouvoir et la seule action. Ce « jeûne » doit inclure la négation des corruptions du cœur qui empêchent de voir Dieu et Sa perfection, corruptions telles que l'envie, la sensualité, la malhonnêteté, l'autosatisfaction, l'autojustification, l'entêtement, la froideur et toute autre caractéristique négative qui pourraient cacher notre véritable identité et notre relation à Dieu, obscurcir notre vision spirituelle et affecter notre capacité de guérir. Une fois ces éléments mentaux négatifs éliminés de la pensée, la ressemblance de Dieu, c'est-à-dire notre individualité spirituelle, transparaît.
Développons ces idées, si vous le voulez bien. Je vous ai entendu dire que, du point de vue de la Science Chrétienne, pour se guérir ou guérir quelqu'un d'autre, il faut porter un coup double spirituel: prier et jeûner. Il faut dire « oui et non » – oui au bien et non au mal. Mais comment désarmer le mal ? Mary Baker Eddy met en garde contre ce qu'elle appelle la mauvaise pratique mentale et le magnétisme animal, termes qui définissent l'illusion obstinée que la matérialité et le mal sont réels, intelligents et puissants. Je me suis rendu compte que pour ne pas être atteint par le mal, même par l'illusion du mal, il faut mener une bataille mentale acharnée. Il faut être un combattant métaphysique.
Absolument ! Il faut faire face au mal et ce de façon très spécifique. Mais c'est toujours en partant de la toute-puissance et de la toute présence de Dieu, le bien, que l'on prouve le néant du mal et qu'on en triomphe. C'est à partir de la réalité du bien que l'on démontre l'irréalité du mal. Mary Baker Eddy écrit dans Science et Santé avec la Clef des Écritures: « Revêtu de la panoplie de l'Amour vous êtes à l'abri de la haine humaine. » (p. 571) On triomphe de I'illusion obstinée que le mal a un pouvoir en comprenant que le bien seul est puissant. Dans le Nouveau Testament, I'origine de l'illusion du mal est appelée « affection de la chair » (Romains 8:7), ce qui désigne l'entendement charnel, un « menteur » selon Jésus. Rien dans cet entendement menteur et mythique ne saurait aider ou guérir. Cela devient clair lorsque le concept de Dieu en tant qu'Amour divin, bien absolu, se fait jour dans la pensée.
En nous aidant à comprendre par quelle méthode traiter le mal, Mary Baker Eddy attire sans cesse notre attention sur le pouvoir et l'activité de l'Amour divin qui mène littéralement le combat contre les innombrables facettes du mal. Mais ce combat commence par l'assurance de la totalité et de l'unicité de cet Amour. On notera avec intérêt que pour bénéficier d'une défense ou d'une protection absolue, il faut vivre cet Amour au quotidien.
Mary Baker Eddy a déclaré avoir inventé les termes Science Chrétienne « pour désigner le système scientifique de la guérison divine » (Science et Santé, p. 123). Dans l'idéal, ce magazine devrait se retrouver entre les mains de ceux qui ne connaissent pas la Science Chrétienne. Comment leur expliquer brièvement le lien entre le pouvoir de guérir de Jésus et le système scientifique sur lequel Mary Baker Eddy a bâti son Église ? Jésus pratiquait-il la Science Chrétienne ?
Pour répondre d'abord à la dernière partie de votre question, définissons les termes « Science Chrétienne ». Il s'agit d'une religion fondée par Mary Baker Eddy aux États-Unis, au XIXe siècle. Mais les mots signifient bien plus, car ils renvoient à la loi intemporelle, toujours présente, toute action, de Dieu, le bien; ils renvoient au pouvoir de l'Entendement divin de démontrer et maintenir l'harmonie de l'homme et de l'univers. Cette présence et cette activité étaient antérieures à Jésus, bien sûr, car Dieu, le bien éternel, remplit tout l'espace et n'a ni commencement ni fin.
Merveilleux don de Dieu à l'humanité, Jésus est venu, par une naissance virginale sans précédent, illustrer l'action continue de la loi divine. Pratiquaitil la Science Chrétienne ? Disons plutôt que cette merveilleuse loi de Dieu agissait par Jésus pour guérir et sauver; et cette loi, ou Science du Christ, est devenue accessible à tous grâce à la découverte de ce que l'on appelle aujourd'hui « Science Chrétienne ».
En effet, il y a bien un système à la base de la pratique métaphysique. Mais Jésus n'utilisait aucun système. Sa compréhension spirituelle révélait sans cesse la réalité de la perfection toujours présente. Comme il ne perdait jamais de vue la création parfaite, il fut capable de guérir toutes sortes de maladies, de nourrir les affamés, de réformer les pécheurs et même de ressusciter les morts.
Mais il lui fallait élever les pensées de ses disciples jusqu'à ce qu'ils puissent se dépouiller de leur fausse éducation, de leurs doutes et de leurs habitudes. Comme l'écrit l'apôtre Paul, ils avaient à se « dépouill[er] du vieil homme et de ses œuvres » (Colossiens 3:9). Il leur fallait apprendre à se rapprocher un tant soit peu du niveau que Jésus atteignait spontanément et naturellement grâce à une vision spirituelle plus claire. Jésus les instruisit et les éleva par des paraboles et des raisonnements logiques, et surtout par l'exemple de son œuvre de guérison. À mesure que la Science Chrétienne se révélait à sa pensée, Mary Baker Eddy s'efforçait de la comprendre, de progresser en elle. Puis, comme elle l'écrit, « la raison et la révélation furent réconciliées » (Science et Santé, p. 110). Elle constata qu'elle pouvait guérir les cas les plus avancés de maladies organiques et fonctionnelles. La guérison était pour elle naturelle et spontanée. Mais ses élèves devaient apprendre à guérir; il leur fallait comprendre que la guérison découlerait de la pureté de leur existence régénérée. Au début, ses élèves s'appuyaient souvent plus sur la raison que sur la révélation, mais la raison jouait son rôle en élevant la pensée jusqu'à la révélation.
Si l'on nous demande combien font 2 + 2, on sait aussitôt que la réponse est 4. Nul besoin d'une méthode, d'un processus, d'un système. Mais si l'opération à résoudre implique des nombres à cinq chiffres, des multiplications, des divisions, une racine carrée ou autre chose, la plupart d'entre nous auront besoin d'un certain moment pour trouver la solution. Il nous faudra progresser pas à pas, avec méthode, pour arriver à la conclusion, là où une parfaite clarté d'esprit donnerait instantanément le résultat.
Le traitement par la Science Chrétienne s'appuie sur une méthode, un aspect essentiel qui fait appel au raisonnement de la cause à l'effet, de Dieu, l'Esprit, à Sa création. La conscience individuelle s'élève jusqu'à voir la splendeur du tout.
Épreuves, quête, raisonnements, expérimentations et prières ont préparé Mary Baker Eddy à recevoir la Science. L'œuvre de guérison et les paroles de Jésus lui sont devenues claires et pratiques. Sa compréhension s'est développée et a pris la forme de cette révélation consolatrice appelée Science Chrétienne.
La loi spirituelle, ou Saint-Esprit, qui animait Jésus était la même loi qui incitait Mary Baker Eddy à découvrir le système métaphysique précis à la base des guérisons du Maître. Alors que la naissance virginale de Jésus lui conféra une spiritualité sans mesure, Mary Baker Eddy est parvenue à ses conclusions par la raison, la révélation et la démonstration. Elle a compris peu à peu la réalité de la création spirituelle de Dieu, compréhension si naturelle pour Jésus. Elle a compris que la guérison consistait à voir que l'identité et l'individualité véritables de l'homme sont un fait spirituel présent. Sa capacité de guérir comme aucun ne l'avait jamais fait depuis près de deux mille ans a prouvé la justesse de ses conclusions.
Effectivement, elle était la seule, depuis Jésus, à avoir atteint ce niveau d'excellence dans l'art et la « Science » de la guérison, ce qui explique ses propos: « Je soumis mon système métaphysique du traitement de la maladie aux tests pratiques les plus étendus. Depuis lors ce système a graduellement gagné du terrain, et toutes les fois qu'il a été appliqué scientifiquement il s'est révélé être l'argent curatif le plus efficace dans la pratique de la médecine. » Science et Santé, p. 111-112)
Mais c'était il y a plus d'un siècle. Étant donnés les progrès de la médecine matérielle depuis lors, certains pourraient se demander à juste titre si cette affirmation que la Science Chrétienne représente « l'agent curatif le plus efficace dans la pratique de la médecine » n'est pas dépassée par les faits ? Qu'en pensez-vous ?
Quand on parle de la Science Chrétienne et de son système de guérison, il faut avoir à l'esprit que c'est là un sujet vaste qui traite des aspects fondamentaux de la vie et de la création. C'est une grave erreur de ne considérer qu'une petite partie du sujet et de penser avoir fait le tour de ce sublime exposé de la réalité et de sa vérité pratique. C'est un peu comme regarder un magnifique coucher de soleil et s'exclamer: « Comme ce jaune est beau ! », tandis qu'une autre personne sera sensible au volonté des pourpres ou aux tons orangés. En réalité, les couleurs se fondent dans la beauté indescriptible d'un paysage qui ne cesse de changer.
Je ne crois pas que Mary Baker Eddy utilise ici les termes « Science Chrétienne » pour indiquer une pratique médicale alternative, comme on parle de neurologie, d'allopathie, d'ostéopathie ou de pathologie. Il me semble que « la pratique de la médecine » dont il est question ici renvoie à la Science et à l'art de la guérison chrétienne dans ses multiples ramifications. Elle parle dans son livre de scientistes chrétiens qui utilisent la médecine, mais elle écrit: « La médecine de la Science est l'Entendement divin... » (Science et Santé, p. 104) Cette médecine est l'activité, ou loi, de l'Entendement, Dieu, la source de toute action. Ainsi l'art de la guérison selon la Science Chrétienne n'a rien à voir avec la manipulation physique du corps et de ses fonctions par le recours aux médicaments et à d'autres méthodes physiologiques.
Pratiquée correctement comme une loi divine, la guérison par la Science Chrétienne est assurément le plus efficace des arts de la guérison, car non seulement elle guérit le corps, mais elle régénère le caractère. Pénétrant la nature même de l'être, elle calme les craintes, réforme le caractère, soumet la volonté humaine et décèle, sous la surface des choses, les causes sous-jacentes de la maladie. C'est pourquoi elle traite non seulement les effets à court terme que l'on appelle problèmes physiques, mentaux, moraux ou financiers, mais également les causes à long terme de ces problèmes, qui ne sont en général pas reconnues ni traitées par la plupart des autres systèmes.
Examinons de plus près certains composants du système de guérison par la Science Chrétienne. Prenons par exemple ces trois extraits de Science et Santé: « ... nous faisons disparaître la maladie en nous adressant à l'entendement troublé... » (p. 400) ;
« ... le prétendu corps matériel est un concept mental... » (p. 376); Il n'y a pas de maladie. » (p. 421) Je suppose que la première explication est compréhensible pour beaucoup de gens. Ceux qui pratiquent différentes médecines alternatives reconnaissent facilement le lien qui existe entre la maladie et un esprit troublé. Mais je pense que la plupart auraient beaucoup plus de mal à adhérer à la deuxième affirmation de l'auteur. Quant à la troisième, n'en parlons pas ! Comment aider les lecteurs à mieux saisir cette nouvelle façon de concevoir la réalité, découverte par Mary Baker Eddy ?
Dans ses trois parties, la question nous amène droit au cœur de la guérison par la Science Chrétienne. Prenons le premier point: on fait disparaître la maladie en s'adressant à l'« entendement troublé ». La comparaison avec le coucher de soleil est à nouveau utile: on sait que les tons orangés ne constituent pas la totalité du soleil, mais juste un aspect.
Il est évident que l'entendement humain est la cause de nombreuses maladies. Le corps est souvent troublé par les forces mentales qui le commandent. La peur, la tension, le stress, l'émoi, la haine, toutes les émotions tendent à troubler l'activité normale du corps. Lorsqu'on remet son existence entière au gouvernement naturel et plein d'amour de Dieu, le corps réagit positivement. Ce n'est pas l'entendement humain qui rétablit la santé physique, mais l'Entendement divin qui régénère l'entendement humain, ce qui a pour effet de guérir le corps.
Bien sûr, toutes les guérisons ne relèvent pas d'une même catégorie. La guérison chrétienne est une guérison mentale, mais certaines de ces guérisons ne s'adressent pas forcément à « l'entendement troublé ». Je pense par exemple à un enfant né avec une malformation, à un adulte victime d'un accident, à la propagation d'une maladie contagieuse, aux victimes d'un crime ou de la guerre. Ainsi les disciples faisaient-ils fausse route quand, à propos du jeune aveugle, ils demandèrent à Jésus: « Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle ? » (Jean 9:2) En d'autres termes, quelle était la cause de ce défaut génétique ?
Jésus répondit que la cécité n'était due ni à cet homme ni à ses parents, car c'était une aberration, une chose qui semblait exister en dehors de l'amour et des soins de Dieu, l'Amour divin. Mais cette erreur, ou méprise, pouvait être corrigée, et Dieu par là même glorifié, si l'on comprenait que rien n'échappe au gouvernement de la loi divine. Qu'on l'appelle souffle de l'Esprit, énergie de l'Amour, Saint-Esprit, activité de la Vérité et autres noms multiples, c'était toujours la loi du Principe divin infini, l'Amour, démontrant l'empire absolu de l'Amour sur l'homme et l'univers. Bien entendu, le jeune homme recouvra la vue.
La deuxième partie de votre question porte sur l'affirmation de Mary Baker Eddy selon laquelle « le prétendu corps matériel est un concept mental ». J'aimerais illustrer le lien entre la matière et la conscience de la manière suivante: la matière est l'état solide de la pensée comme la glace est celui de l'eau. La glace et l'eau ont les mêmes propriétés, mais la glace est l'état solide de l'eau. Ce qui est dans l'eau se retrouve dans la glace. Si l'eau est pure, la glace sera pure, et si l'eau est boueuse, la glace sera boueuse. Si le cube de glace est sale, on ne cherche pas à le décaper, mais on purifie l'eau afin qu'elle se transforme automatiquement en glace pure.
La Science Chrétienne soutient radicalement que toute matière est en fait un état mental comparable au rêve, et que si elle semble avoir substance et masse, un état solide, ce n'est qu'un état de rêve qui change avec le rêve jusqu'à sa disparition finale. Lorsque Mary Baker Eddy a compris, grâce au sens spirituel, que la création spirituelle véritable était la réalité ici même et maintenant, et qu'elle a été capable de le démontrer en accomplissant guérison après guérison (y compris de maladies et de difformités considérées comme incurables) elle a ainsi reconnu que ce qui apparaissait aux sens matériels comme une création matérielle était une illusion, une illusion du mesmérisme ou hypnotisme. Voilà qui change complètement la signification de la guérison. Il est clair que l'on n'essaye pas de réparer l'illusion d'un corps matériel ! C'était ce rêve de vie et d'entendement dans la matière, ce rêve selon lequel le mal est réel, qu'il fallait briser. La guérison résultait de la dissipation du rêve.
La guérison en Science Chrétienne n'est pas le produit de l'exercice mental de la volonté humaine, d'une projection hypnotique ou d'une représentation mentale, qui participent de cette même illusion d'un entendement dans la matière. Dieu qui est l'Entendement infini et omniscient doit forcément connaître afin d'être Entendement. Si l'Entendement divin, ou Dieu, cessait de connaître ne serait-ce qu'une nanoseconde, Dieu cesserait d'exister durant cette nanoseconde. Étant donné que cet Entendement est Tout, Il est conscient de Lui-même, et uniquement conscient de Luimême et de Sa perfection. L'image ou expression de Lui-même est en réalité la création spirituelle de Dieu en Lui-même. C'est ce point de vue qui guérit les malades, et l'on y parvient, comme je l'ai dit tout à l'heure, grâce au reflet pur de l'Amour infini, grâce à la compréhension spirituelle intuitive, ou grâce à la raison et à la logique de la clarté spirituelle.
Le troisième extrait de Science et Santé que vous avez cité est une déclaration directe: « Il n'y a pas de maladie ». Bien sûr, si l'on reste à la surface des choses, cela prête à confusion. Mais quand on va voir sous la surface, on découvre une force rassurante.
Abordons ce point d'une façon compréhensible. Il n'y a pas d'erreur en mathématiques: les énoncés sont clairs, ce sont des faits. Je peux me tromper dans un problème et en supporter de pénibles conséquences, mais cela ne change rien au fait qu'il n'y a pas d'erreur en mathématiques. C'est à moi d'appliquer le principe des mathématiques qui corrige les erreurs. Ainsi le fait de « corriger » une maladie, c'est-à-dire de la guérir, tout en comprenant la vérité sous-jacente selon laquelle il n'y a pas de maladie, ne devrait provoquer aucune confusion.
Comment cela fonctionne-t-il dans la pratique ?
L'un des énoncés du livre d'étude que j'utilise très souvent dans ma pratique est le suivant: « Une idée spirituelle ne renferme pas un seul élément d'erreur, et cette vérité enlève convenablement tout ce qui est nuisible. » (Science et Santé, p. 463) La première partie de cet énoncé porte sur la loi spirituelle qu'il faut comprendre, à savoir la vérité absolue qu'une idée spirituelle ne contient pas un seul élément erroné. Et pourquoi cela ? Parce que dans l'Entendement parfait, qui est conscient de Lui-même et qui ne connaît que Lui-même et Sa création parfaite, il ne saurait y avoir le moindre élément d'imperfection.
Et cette compréhension appliquée à un cas particulier a pour effet d'éliminer efficacement tout ce qui est nuisible, qu'il s'agisse d'un corps malade, d'une relation sociale déstabilisante, d'une controverse au sein d'une famille dysfonctionnelle, d'une instabilité financière ou de quoi que ce soit d'autre.
Pourriez-vous me donner un exemple ?
Un homme qui avait une tumeur à la tête m'a demandé de l'aider par la prière. Depuis un certain temps, la tumeur ne cessait de grossir, et cela lui faisait très peur. Il était toujours tenté de penser que les gens la regardaient, et il commençait à se demander avec terreur « si... ». Ces questions commençant par « si » l'assaillaient particulièrement dans le silence de la nuit. En traitant le cas, je me suis attaché à l'énoncé suivant: « La Vie divine est complètement séparée de la croyance à une existence matérielle et du songe de cette existence; elle révèle la compréhension spirituelle et la conscience de la domination qu'a l'homme sur toute la terre.» (Science et Santé, p. 14) Les mots « complètement séparée » se sont détachés du texte, et j'ai mieux compris que l'état anormal était entièrement séparé de cet homme, de son être réel, de l'idée pure que l'Entendement unique et parfait avait créée et qu'll connaissait à Son sujet. Le fait qu'« une idée spirituelle ne renferme pas un seul élément d'erreur » et que la condition erronée était entièrement séparée de l'être réel de cet homme, m'a apporté réconfort et confiance. Je pouvais voir, dans une certaine mesure, que puisque cette anormalité n'avait pas de place en Dieu, elle n'avait pas de cause. Elle n'avait pas de place dans l'Entendement et elle n'avait donc pas d'intelligence pour grossir ou s'étendre. Elle ne pouvait que disparaître puisqu'elle n'avait pas de place dans l'Amour, qui connaît seulement ce qui est beau et normal.
Pour donner un traitement efficace, il est absolument essentiel de raisonner spirituellement et scientifiquement sur la base d'un Dieu parfait et de Sa création parfaite. Je savais qu'il ne pouvait y avoir aucune séparation entre un fait spirituel clairement compris et son expression tangible dans la vie. Résultat: la tumeur a disparu définitivement.
C'est une belle guérison ! Pour élargir notre réflexion, comment la Science de la guérison peut-elle nous aider à résoudre les grands problèmes mondiaux de l'humanité?
J'aime cette question car même si Jésus guérit essentiellement des individus, d,une manière plus générale, il avait pour mission de sauver l'humanité entière de ses péchés, de ses mauvaises actions.
Mes prières ne se limitent pas à ma propre existence, mais incluent tout le monde dans l'amour divin qui guérit. Je prie pour comprendre plus en profondeur la vérité selon laquelle tous les hommes et toutes les femmes ont un même Entendement, et pour voir que personne ne se tourne vers une autre loi que la loi omnipotente de cet Entendement. Je prie pour savoir qu'il n'y a pas de terrorisme sous la protection de l'Amour divin, et qu'il existe pour tous la justice, des possibilités infinies et la protection de Dieu. Je prie pour comprendre qu'il n'y a ni accidents ni tragédies sous le gouvernement du Principe divin, car ce Principe maintient tout et tous dans un ordre et équilibre parfaits. Je prie aussi pour voir que la pauvreté, l'absence de foyer et la faim ne peuvent avoir de place dans la tendre providence de l'Esprit infini, l'Amour divin, qui préserve et nourrit. Je prie pour comprendre que tout le monde et toute chose dans la création de Dieu sont guéris, soutenus, maintenus et aimés du fait de la présence de la complétude de Dieu, le Père-Mère, de la présence du fils de Dieu ou Christ, la Création entière, et de la présence du Saint-Esprit ou Consolateur, la loi divine pleine d'amour.
Et pourquoi pensez-vous que vos prières seront efficaces ?
Parce qu'il n'y a qu'un seul Dieu universel, qu'un seul Entendement, qu'un seul Amour éternel. En réalité, tout ce qui est bien et bon se déroule dans l'Être divin. Nul n'est séparé de quiconque ni de quoi que ce soit dans cet Entendement. Lorsqu'on prend conscience de la loi universelle de Dieu qui maintient l'ordre et l'harmonie de toute la Création, cette compréhension agit ici même et maintenant comme une loi irrésistible dans les affaires quotidiennes.
La remarquable prière universelle de Jésus, qui commence par « Notre Père qui es aux cieux ! », énonce le fait spirituel que nous sommes tous unis sous la protection et la direction d'un seul Père, notre Père-Mère Dieu. Et quand on cède humblement aux paroles de Jésus, un peu plus loin dans cette même prière: « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel », alors les choses peuvent changer sur la terre (voir Matthieu 6:9,10). Ce qui est formulé ainsi dans Science et Santé: « Il faudrait comprendre parfaitement que tous les hommes ont un seul Entendement, un seul Dieu et Père, une seule Vie, une seule Vérité et un seul Amour. L'humanité deviendra parfaite dans la mesure où ce fait sera manifeste, les guerres cesseront et la vraie fraternité des hommes sera établie. » (p. 467)
C'est sur la base de cette promesse que je crois que mes prières et celles des autres peuvent avoir un formidable impact et changer le monde.
