J'aimerais commencer par la question que pourrait poser un esprit sceptique: Est-il réaliste de faire de la guérison par la prière un principe essentiel de l'Église de la Science Chrétienne, au XXIe siècle ? La guérison chrétienne n'a-t-elle pas fait son temps ?
Pour répondre simplement, je dirais que si quelque chose est réaliste, c'est bien la guérison par la prière. La prière et la guérison sont au cœur même du christianisme, et la Science Chrétienne est dédiée au rétablissement du christianisme primitif et de son élément de guérison. Mais surtout, la guérison chrétienne n'est pas en passe de disparaître, elle est en train d'apparaître.
Jamais la société ne s'est autant interrogée sur la nature de l'être humain. Sommes-nous simplement programmés génétiquement et conditionnés par notre environnement ? L'idéalisme, l'amour, la spiritualité sont-ils devenus des concepts obsolètes ? Les gens sont en quête de réponses satisfaisantes, et leur soif de vérité se fait sentir avec une plus grande acuité. La prière, accompagnée de témoignages de guérison, peut leur apprendre quelque chose d'essentiel concernant l'esprit de l'humanité et leur être véritable, et rien d'autre ne saurait le faire. C'est pourquoi la guérison chrétienne n'appartient pas au passé, mais au présent et à l'avenir. L'humanité s'oriente vers la guérison chrétienne.
En d'autres termes, nous avons toutes les raisons de penser qu'une compréhension spirituelle profonde de la vie et de la réalité, la compréhension de l'unité scientifique de l'homme et du pouvoir infini du bien qui nous délivre en toutes circonstances, n'est pas en recul, mais qu'elle fait au contraire progresser la pensée et l'expérience humaines.
Absolument. Et je ne crois pas que l'on puisse jamais observer un manque d'attirance à l'égard de la spiritualité, un manque d'intérêt pour Dieu. Ce qui s'estompe, ce sont des croyances religieuses et des superstitions que l'on prenait à tort pour des intuitions et des vérités. Tout ne cesse d'évoluer, et la pensée continue de s'élever, mais cela ne signifie pas que les gens ont renoncé à découvrir une base spirituelle solide sur laquelle fonder leur vie. On constate qu'il faut parfois lutter pour y parvenir, mais néanmoins cette quête se développe et grandit dans différentes couches de la société.
Pour en revenir plus précisément à la Science Chrétienne, rappelons que ce mouvement est nouveau, il est récent. La Science Chrétienne est seulement dans son deuxième siècle. Pour remettre les choses en perspective, il suffit de considérer où en était le christianisme au deuxième siècle. Certaines mesures numériques induisent en erreur. Je pense à celles qui rendent compte des finances et de la fréquentation des églises. Ce ne sont pas vraiment des mesures chrétiennes !
Je me souviens avoir lu que Mary Baker Eddy disait avoir aimé enseigner la guérison chrétienne à une toute petite classe. Celle-ci ne comptait que trois élèves, mais parmi eux, il y avait Julia Bartlett, qui s'installa plus tard dans le New Hampshire, où elle développa une pratique extrêmement florissante. Ce qui me fascine aussi dans cette histoire, c'est que, grâce au travail de guérison d'une seule personne, la Science Chrétienne devint apparemment « le grand sujet de conversation en ville et dans les trains de banlieue » Nous avons connu Mary Baker Eddy, p. 25.
Les bons effets de la spiritualité sont une chose. Je me souviens d'une phrase de Science et Santé: « Les Écritures affirment clairement que la pensée pécheresse exerce une influence funeste sur le corps.» (p. 400) Un grand nombre de gens partagent cette idée. Mais il se pourrait bien qu'ils n'acceptent pas aussi facilement la notion qu'à notre époque on puisse vouloir s'en remettre exclusivement à la prière pour guérir, au lieu de faire également appel à la pratique médicale.
C'est vrai, un grand nombre de gens reconnaissent dans une certaine mesure l'influence mentale sur le corps, mais ils ne sont pas prêts à s'en remettre uniquement à la prière pour la guérison physique. Parfois, certains disent qu'il faut une très grande foi pour s'appuyer uniquement sur Dieu. Mais un scientiste chrétien ne voit pas vraiment les choses ainsi, n'est-ce-pas ?
En effet. Il me paraît naturel de m'en remettre à Dieu. J'ignore à quoi ressemblerait ma vie aujourd'hui, et comment je pourrais diriger ma barque en sécurité un seul jour, si je ne connaissais pas « l'influence vivifiante et [le] pouvoir de protection » de l'Esprit divin (Science et Santé, p. 387).
Vous avez raison. Plus on connaît la bonté et la sollicitude infinies de Dieu, plus il semble naturel et facile de Lui faire confiance. J'ai l'habitude de penser que plus notre concept de Dieu s'approfondit, plus le problème diminue. Ce point est fondamental en Science Chrétienne. Il s'agit moins d'augmenter sa foi que d'acquérir la compréhension spirituelle qui découle d'un concept très approfondi de Dieu. Au lieu de se demander si l'on va essayer cette méthode, si la prière aura un résultat, on acquiert la conviction que Dieu agit. Ceux qui découvrent la Science chrétienne trouvent que la Bible devient plus vivante et plus compréhensible. Les gens racontent souvent qu'ils ont repris l'étude de la Bible après avoir obtenu eux-mêmes des guérisons, et qu'ils ont eu pour la première fois le sentiment de comprendre que le Principe divin était bel et bien à l'origine de ces guérisons.
Et pourquoi recourez-vous vous-même uniquement à la prière scientifique pour guérir ?
Cela renvoie à mon expérience. J'ai été élevé dans un milieu scientiste chrétien. J'ai vu de nombreuses guérisons dans ma famille, ainsi que des guérisons d'animaux domestiques. Arrive un moment, bien sûr, où il faut faire siennes ces idées. Ce moment est probablement venu pour moi quand j'étais un jeune adulte.
Je me suis marié à vingt ans. Environ six mois plus tard, ma femme s'est levée une nuit, et s'est dirigée en titubant vers la salle de bains où elle s'est évanouie. J'étais jeune et très effrayé. Je l'ai portée jusqu'au lit et je me suis agenouillé près d'elle. J'ai essayé de lui faire dire avec moi la Prière du Seigneur. La première fois, cela lui a été impossible. La deuxième fois, c'était un faible chuchotement. La troisième fois, elle a pu dire les paroles d'une voix ferme. Croyez-moi, jamais la prière n'avait eu autant de sens dans ma vie. Peu à peu, sa respiration est redevenue normale, et je suis retourné dans la salle de séjour.
À l'époque, nous habitions dans l'État du Vermont et j'étais en dernière année d'université. Nous ne pouvions appeler ni nos amis ni la famille, car nous n'avions pas le téléphone. J'ai regardé dehors, des congères de neige s'entassaient à hauteur des fenêtres. C'était une froide nuit de pleine lune. En regardant par la fenêtre, j'ai pensé qu'il n'y avait aucune aide à attendre dans ce monde sans vie de la prétendue existence matérielle. Je me suis donc tourné vers Dieu. J'ai continué de prier, et les vérités spirituelles concernant l'être spirituel et parfait de ma femme m'ont accompagné toute la nuit. Au matin, elle se sentait bien et elle est allée travailler. Les bases de notre mariage ont radicalement changé. Nous avons fait un bon bout de chemin depuis cette époque.
Je pourrais relater beaucoup d'expériences de ce genre. Je leur dois de ressentir avec plus d'acuité la présence et la réalité de l'Esprit divin, de l'Amour divin, du Principe divin. Ces guérisons ont changé ma conception de la vie.
C'est très beau.
J'ai appris à me méfier de ce que j'appelle « le taux de probabilité ». Je suis sûr que cette suggestion vient à presque tout le monde, aux scientistes chrétiens comme aux autres. L'esprit humain est un faiseur de probabilités. Écoutez vos pensées et vous constatez qu'elles font sans cesse entendre la même musique: Quelle chance ai-je d'arriver à l'heure à mon rendez-vous, vu les embouteillages ? Quelles chances de guérir a cette personne de l'église qui a manifestement un problème ? La Science Chrétienne nous enseigne que ce genre de scénarios basés sur la probabilité ne part pas du point de vue que Dieu est Tout, qu'il est Principe, qu'il est le bien infini. Si nous sommes réellement habités par le sentiment de plus en plus fort du bien divin infini, alors la question de probabilité ne se pose plus.
Comment ressentir davantage que Dieu, l'Amour divin, dirige, coordonne et harmonise véritablement chaque aspect de notre existence ?
Différentes choses rendent les gens réceptifs. Cette ouverture de la pensée survient parfois quand on est plein d'humilité et que l'on fait tout son possible pour exprimer davantage les qualités de l'Esprit. Si, par exemple, on souhaite être pianiste, il faut être habité par la musique. On exprime les qualités de la musicalité, de l'Âme divine, pour pouvoir jouer les partitions qui sont sur le piano. De même si l'on souhaite ressentir davantage la bonté de Dieu, il faut être bien conscient de la présence en soi des qualités des Béatitudes et avoir, par exemple, davantage de pureté dans le cœur, davantage d'humilité, de miséricorde.
Le monde nous façonne, et plus que nous en avons conscience. Or le monde n'est pas particulièrement sensible à Dieu. Cette carapace de résistance doit donc être entamée d'une manière ou d'une autre; la résistance est parfois due à des questions de prestige ou de pouvoir, à de la nonchalance, à un excès d'intellectualisme, ou encore à tout autre rôle trompeur que l'on a assumé involontairement. Il faut briser la coquille et prendre conscience de ce que l'on est réellement. Cela ne renvoie pas à un vague modèle métaphysique imposible à atteindre. Je parle ici de l'état d'homme véritable, de l'être réel, de la nature de l'homme telle qu'elle s'exprime vraiment. La tâche est moins difficile qu'il y paraît, car lorsqu'on s'ouvre enfin, le sentiment s'impose: voilà ce que je ressens réellement, ce que je veux vraiment dire, ce à quoi je suis attaché.
Quand la pensée s'ouvre, la lumière entre à flots et vainc les ténèbres, c'est-à-dire notre incapacité à voir la grande vérité que la santé et l'abondance illimitées nous appartiennent dès maintenant. Nous sommes l'expression même de Dieu, l'intelligence. La découverte de Mary Baker Eddy est prodigieuse !
L'un de mes passages favoris, dans ses écrits, est la réponse qu'elle donne à la question: « Toute discussion n'impliquet-elle pas qu'un entendement l'emporte sur un autre ? » (Écrits divers 1883-1896, p. 59) Elle aborde la question, comme toujours, avec une grande perspicacité, en ayant conscience qu'un grand nombre de gens croient que la Science Chrétienne consiste plus ou moins à penser: mon entendement connaît une vérité spirituelle qui amènera l'harmonie ou le changement dont j'ai besoin. Mais elle balaye cette croyance, en affirmant: « Il n'y a qu'un seul véritable Entendement, et cet Entendement devrait gouverner l'homme et il le gouverne effectivement. Associer quoi que ce soit à cet Entendement est impossible... » C'est un énoncé stupéfiant.
Quand j'allais à l'aéroport, j'avais l'habitude de passer devant une église qui affichait sur un panneau des messages tantôt sérieux, tantôt amusants. Un jour, le message disait: « Si Dieu est votre copilote, vous feriez mieux d'échanger vos places. » Mary Baker Eddy ne dit-elle pas la même chose, à savoir que l'on n'a pas à créer l'harmonie ou la guérison ? Mais que la guérison est quelque chose dont on prend conscience ? On prend conscience du fait que l'on est l'expression même de l'Entendement.
J'imagine qu'il est tentant de se considérer comme le destinataire de la bonté de Dieu, alors que l'on est l'expression même de cette bonté. L'homme est la lumière stellaire. Il est l'expression même de la créativité, des ressources, de l'intelligence, de la bienveillance, de la générosité. Il me semble que cette façon de voir est essentielle pour sortir des vieux points de vue théologiques qui empêchent parfois la guérison.
Je pense que chacun doit aborder ce changement fondamental de point de vue. Vous remarquerez que Science et Santé parle de bien des façons de ce besoin de changement. Ce livre s'adresse aux nombreuses phases de la pensée humaine. Pour pouvoir reconnaître vraiment que l'on est l'expression même de l'Esprit divin, il faut avoir franchi de nombreuses étapes morales et spirituelles; cela demande un grand renoncement au moi, beaucoup de lâcher prise de la part de la volonté humaine et un travail spirituel en profondeur. Cette reconnaissance ne s'acquiert pas simplement parce que l'idée nous semble plaisante. Heureusement, les plus grands maîtres spirituels étaient patients avec nous. Jésus s'exprimait en paraboles afin qu'on puisse comprendre son message plus facilement.
Reconnaître que l'on coexiste avec le pouvoir et l'intelligence divines permet de ne plus croire que le Principe divin est capricieux, que Dieu enverra peut-être la guérison si l'on prie avec suffisamment d'ardeur. Ce n'est pas ainsi que fonctionne l'univers.
La compréhension de la nature de Dieu montre que l'unité de l'homme et de Dieu ne dépend pas de cette prétendue foi. Ce n'est pas une question de mérite humain ni une question de perfection humaine, c'est-à-dire de perfectionnisme. Cette notion de perfectionnisme est souvent un obstacle, car les gens ont le sentiment de ne pas être assez bons pour être guéris. Cela n'a en fait rien à voir. On peut se demander: D'où vient tout ce bien que j'aime profondément ? Il ne peut venir que de Dieu. Et c'est ainsi qu'il nous a créés: bons. Ce n'était pas une option facultative. Dieu n'a pas dit: « Peut-être serez-vous à la hauteur, ou peut-être pas. » Le penser, c'est se méprendre sur l'unité de Dieu et de l'homme qui existe déjà.
L'un des thèmes qui est revenu sans cesse dans notre conversation aujourd'hui, c'est celui du renouvellement. Qu'en pensez-vous ?
C'est tout à fait exact, et je crois que cela ne concerne pas seulement le renouveau de la vie individuelle. Si Science et Santé devient pour chacun de nous un nouveau livre, cela contribuera à renouveler et à dynamiser notre mouvement de guérison. Nous sommes bien loin d'avoir fait le tour de ce livre. Nous ne faisons qu'en effleurer la surface.
Je repense à une guérison dont m'a parlé une amie. Sa mère, une femme âgée, était très malade. Elle semblait sur le point de mourir. Un praticien de la Science Chrétienne priait pour elle depuis quelque temps. Un jour, mon amie a ressenti, comme jamais auparavant, que la maladie de sa mère n'avait rien à voir avec Dieu. Elle a eu la certitude que c'était là un fait incontournable. Et la guérison a commencé. Sa mère s'est remise à compter de ce moment, et elle a vécu encore dix autres années.
Ce qui m'a fasciné, c'est qu'après cette guérison, mon amie ne pouvait plus se passer de Science et Santé. Dès lors, la lecture de ce livre a cessé d'être un devoir religieux pour devenir une étude inspirée du fonctionnement réel de toutes choses. Le fait d'être témoin d'une guérison change vraiment la façon dont on lit ce livre. Si l'on ne se sent pas concerné par le travail de guérison, on ne peut comprendre Science et Santé en profondeur. On apprécie ce livre, certes, et parfois il nous inspire. Mais on ne voit pas forcément ce que celle qui a écrit ce livre, Mary Baker Eddy, espérait que l'on y voie. Elle a consacré sa vie entière à travailler avec ardeur pour que d'autres comprennent ce qu'elle avait découvert, convaincue elle-même de la réalité absolue de cette découverte. Elle n'a pas cherché à présenter une théologie personnelle. Elle voulait que d'autres puissent comprendre ce qu'elle avait compris et être capables de le vivre et de le démontrer à leur tour. Je pense qu'il y a un lien évident entre une plus grande pratique de la guérison chrétienne et un renouveau, une nouvelle dynamique de l'Église et du mouvement. Si nous considérons le livre d'un regard neuf, alors notre vision de l'Église, du mouvement de la Science Chrétienne, et par là même de ce que les scientistes chrétiens ont à faire connaître au monde, s'enrichira véritablement.
Une erreur classique consiste à croire que la religion peut priver les gens d’une existence épanouie, d’expériences enrichissantes. Je ne vois pas les choses ainsi. Je ne peux m’empêcher de penser que cette Science m’a ouvert les yeux et qu’elle m’a rendu bien plus conscient des vraies dimensions de l’existence humaine que je ne l’aurais été. Cette Science élargit l’horizon au lieu de le rétrécir; elle donne davantage de couleur et de sens à la vie, et non le contraire. Aujourd’hui, je constate que certains de mes jeunes élèves scientistes chrétiens sont pleins de vie. Ces jeunes sont formidables dans leur diversité et dans leurs aventures spirituelles !
Pour moi, l’une des choses les plus puissantes que Mary Baker Eddy a comprises, c’est que Dieu est la vie même, que la Vie divine est la seule réalité, le seul pouvoir. C’est une découverte formidable. Bien sûr, le monde croit que la mort, l’opposé de la Vie, est toute-puissante et inévitable.
Oui, et que dans un sens, la mort définit la vie. Non pas tant parce qu’elle survient à la fin de la vie, mais parce qu’elle colore tout notre vécu. Si ce concept de la mort, qui enferme et limite, imprègne toute notre conception de la vie, il est clair que notre existence perd inévitablement une grande part de sa vitalité.
Jésus a compris tout cela bien mieux que n’importe qui avant ou après lui. Il était tellement en accord avec « la Vie dans l’Esprit et de l’Esprit, cette Vie étant la seule réalité de l’existence », comme l’écrit Mary Baker Eddy (Écrits divers, p. 24), qu’il a connu la résurrection. Et puis, en 1866, Mary Baker Eddy a découvert la Science ou vérité de l’être que Jésus, à l’évidence, a dû connaître de façon intuitive. Elle a puisé dans la signification originale des paroles des Écritures pour réveiller la pensée endormie.
Le langage finit par devenir trop familier et perdre son sens. Pour prendre un exemple des plus évidents, je pense que le terme « Science Chrétienne » est trop souvent prononcé d’un ton et d’une façon qui montrent que l’on ne prend pas pleinement en compte le fait qu’il s’agit de la vraie Science de l’être, d’une explication chrétiennement scientifique de la réalité de toutes choses. On ne peut se permettre d’accepter cette perte de sens. Et le sens ne se perdra pas, parce que, à mesure que notre cheminement spirituel se poursuit, les mots redeviennent vivants pour nous. Peu importe depuis combien de temps on les lit ou les prononce, ils prennent vie chaque fois que l’on s’éveille et s’ouvre sincèrement à eux.
Supposons que vous demandiez à un physicien de vous expliquer ce qu’est la « physique des particules élémentaires ». Il vous l’expliquerait certainement de façon claire et précise. Il ne chercherait pas à vous persuader de vous spécialiser dans la physique des particules élémentaires. Ses explications seraient purement factuelles. À présent, imaginons que ce physicien vous demande à son tour de lui expliquer le sens du terme « Science Chrétienne ». Que lui diriez-vous ?
Je lui répondrais peut-être qu’il est utile de comprendre que la Science Chrétienne est liée à la loi et non pas simplement à la foi, de comprendre que le christianisme, dans sa signification originelle la plus profonde, est fondé sur les lois de Dieu, les lois de l’Esprit divin. La Science Chrétienne se situe au-delà de ce que peut concevoir l’esprit humain peu éclairé, mais non au-delà de ce que peut saisir la perception spontanée, inspirée et rationnelle. J’aime parler de « l’exactitude parfaite de l’être ».
On voit combien il est important de remettre constamment de l’énergie et de la vie dans la façon dont on utilise et comprend les mots. Prenons par exemple l’adjectif « parfait ». Ce mot connaît des temps difficiles. On a tendance à le traduire inconsciemment par « perfectionnisme humain ». Mais si l’on pense à quelque chose qui est si merveilleusement et si spirituellement impeccable qu’on ne voudrait rien y changer, on a une meilleure idée de la perfection. Essayer d’être spirituellement parfait est une chose admirable. Mais on progresse davantage en découvrant qu’on l’est déjà, puisque l’image de Dieu est inévitablement parfaite.
Rien n’est plus nécessaire aujourd'hui, me semble-t-il, que de voir en face la pure réalité de Dieu et Son omni-action. Veillons et regardons: « Que Dieu ne peut-Il faire (Science et Santé, p. 135) pour chacun de nous et pour notre église ? Cette compréhension de Dieu produit l’innovation, la nouveauté, la sagesse et l’efficacité. Mais tout cela s’accomplit en laissant toujours plus de place à Dieu. C’est ainsi que l’on découvre le royaume des cieux en soi-même.
Nous découvrons ce royaume sacré dans notre propre conscience, là où nous comprenons notre divinité et celle de notre prochain.
Exactement. Et je suis sûr que vous découvrez, comme moi, que c’est une conscience entièrement nouvelle. C’est si nouveau, si différent que cela devient une nouvelle façon de penser. On constate que l’on puise à une source différente, à l’Intelligence divine infinie.
Mais c’est Dieu qui produit ce renouvellement. On ne peut le créer. Tout ce qui est vraiment individuel, inspiré et nouveau vient, en effet, de Dieu. L’entendement mortel, ce que l’apôtre Paul appelle « l’affection de la chair » (Romains 8:7, « l’entendement charnel », d’après la version King James), n’a pas d’individualité. Le sens humain de la vie, le sens rêveur non éclairé n’est pas individuel. Il reproduit de façon répétitive. On le vérifie sans cesse. Il est donc sans vie.
Mais la nouveauté continue d’apparaître quand on manifeste davantage d’amour envers Dieu. Ce qui signifie davantage de compréhension de la réalité de ce Dieu qui est Tout. C’est cela la Science de l’être. C’est extraordinaire comme cette vue centrée sur Dieu ouvre des perceptions nouvelles et inattendues.
J’aimerais vous poser une dernière question: avez-vous pensé à quelque chose d’une façon nouvelle, récemment ?
J’ai pensé à beaucoup de choses. Je crois être moins impressionné par les prétendues personnalités humaines implacables, car je vois ce qui n’est qu’une façade se dissoudre sans cesse dans la lumière de l’Amour divin. Aucun d’entre nous n’est ce qu’il paraît être à lui-même et aux autres. Je sais que vous faites de la photo, et j’ai remarqué que vous êtes extrêmement sensible à la façon dont la qualité de la lumière modifie l’aspect d’une scène. Eh bien, la lumière de l’Amour, dont la présence transformatrice est partagée par tout le monde, pénètre la scène humaine et nous révèle une vue différente des gens. Nous devenons alors tout à fait réceptifs à l’expression par Dieu de chacune de Ses idées. Mary Baker Eddy a insisté sur le fait que la croyance erronée à la personnalité constitue un grand obstacle aux progrès individuels comme à ceux de la Cause de la Science Chrétienne.
J’ai aussi pensé à l’extraordinaire effet que peut avoir ne serait-ce qu’une conception humaine de l’amour, quand nous sentons que quelqu’un d’autre se soucie de nous et connaît notre cœur. Ce simple amour met puissamment les choses en perspective. C’est très étonnant, parce que cet amour ne nous idéalise pas, mais il ouvre notre cœur. Nous nous sentons merveilleusement bien. On observe donc là un processus d’amour avec son effet inévitable. Lorsque nous sommes humainement aimés, soutenus, appréciés et compris, nous le devons à l’Amour divin. Et ce n’est qu’un avant-goût de ce qu’accomplit l’Amour divin. Car d’où vient ce qu’on appelle l’affection humaine désintéressée ? Certainement pas de la matière. Alors d’où vient-elle ? Du Principe de l’univers, l’Amour divin. Quelle que soit sa forme, ce n’est là qu’un petit avant-goût de l’Amour qui nous réserve beaucoup plus. On ne peut donc espérer rien de moins que l’Amour illimité.