Grâce à sa vision éclairée, issue de l’étude quotidienne et d’une prière inspirée, Bea Roegge, métaphysicienne et professeur de Christian Science, répond, depuis plus de quarante ans, aux personnes qui lui demandent de l’aide. Elle habite Chicago.
Aujourd’hui, Bea Roegge intervient fréquemment dans les émissions radio du Sentinel et rédige des articles pour The Christian Science Journal et le Christian Science Sentinel.
, membre de la rédaction du Journal, s’est entretenu avec Mme Roegge.Quelqu’un vous appelle au téléphone ou vous envoie un courriel pour vous demander de l’aide au sujet d’un problème de santé ou d’une autre difficulté, que faitesvous en premier lieu ?
Je reconnais mentalement que la personne a déjà accompli une importante démarche, car elle a surmonté tout sentiment de résistance envers la guérison spirituelle. Puis je fais deux choses: d’abord j’écoute la personne me faire part de sa difficulté, car je désire savoir en quoi consiste le défi à relever. Mais je garde ma conscience pure, détachée de ce défi, car après tout, si les patients m’appellent, c’est pour que je les aide à élever leur pensée, afin qu’ils perçoivent, à travers le brouillard que représente le problème, la lumière et l’harmonie tangibles de la réalité spirituelle.
En second lieu, j’écoute encore, mais cette fois c’est Dieu que j’écoute pour recevoir l’inspiration spirituelle. Je pense parfois au récit de l’Évangile selon Jean qui parle d’un homme qui avait demandé à Jésus de guérir son fils; Jésus dit cette simple phrase: « Va, ton fils vit » (Jean 4:50), mais il le dit avec une telle inspiration spirituelle que l’homme l’accepte immédiatement et que son enfant est guéri. Je pense souvent à l’affirmation de Mary Baker Eddy: « Il n’est pas bien de se figurer que Jésus démontra le pouvoir de guérir uniquement pour une certaine élite ou pour une période de temps limitée, puisque à toute heure l’Amour divin dispense tout bien à l’humanité entière. » (Science et Santé, p. 494). De telles pensées me préparent à recevoir les idées spirituelles dont j’ai besoin pour la guérison.
D’après un sondage de la revue Newsweek, 72 % des Américains croient qu’il est efficace de prier Dieu, que cela permet de guérir « même si la science [médicale] affirme qu’il ne reste au patient aucune chance de s’en sortir. » Claudia Kalb, “Faith & Healing”, Newsweek, 10 novembre, 2003, p. 46. Qu’est-ce qui peut rendre les prières d’aujourd’hui aussi efficaces que celles des récits bibliques?
Voici ce que je fais toujours, et je ne m’en lasse pas: j’étudie en profondeur la Prière du Seigneur, suivie de l’interprétation spirituelle et de « l’exposé scientifique de l’être » écrits par Mary Baker Eddy dans Science et Santé. Cette étude me rend réceptive au pouvoir divin de guérison, et c’est aussi pourquoi je recommande souvent ces pages aux patients.
Prenez par exemple cette ligne tirée de la Prière du Seigneur: « Que Ton règne vienne », interprétée ainsi par Mary Baker Eddy: « Ton règne est venu; Tu es toujours présent.» ( Science et Santé, p. 16) Le règne représente le royaume de l'harmonie, régi par les lois de la Science divine. Il s'agit du règne de l'Entendement, Dieu, qui est un royaume spirituel ou divinement mental, présent dès maintenant dans la conscience. Le règne de l'Esprit, règne de santé et d'intégrité, est déjà là. Une phrase de « l'exposé scientifique de l'être » peut aussi rendre plus efficaces les prières pour soi-même ou pour autrui: « Tout est Entendement infini et sa manifestation infinie, car Dieu est Tout-en-tout. » (ibid., p. 468)
Je me suis aperçue qu'une prière efficace commence par ces faits et s'achève de même. Cette prière naît de la profonde conviction que Dieu, le bien, constitue le seul pouvoir et la seule présence. L'Entendement, l'Esprit qui est toute intelligence, est la seule réalité.
Si je me rends compte que je crois être celle qui va produire la guérison, je m'efface pour regarder la Vérité révéler l'harmonie.
Mary Baker Eddy a mis en évidence dans Science et Santé qu'il n'est pas possible de se fier aux perceptions des sens concernant l'existence et la santé. Elle écrit qu' « il nous faut scruter profondément le réel au lieu de n'accepter que le sens extérieur des choses. » (p. 129) Est-ce bien là ce que vous nous expliquez ? Que la prière révèle un réalisme spirituel qui libère et guérit ?
En effet. Mary Baker Eddy a découvert que si vous creusez sous la surface des choses, vous découvrez que « ... la maladie est mentale, non matérielle. D'où le fait que seul l'entendement humain souffre, est malade, et que seul l'Entendement divin guérit. » (ibid., p. 270) Le mal est une illusion concernant le bien qui est déjà présent; le mal n'est pas une chose en soi et, quand nous regardons au-delà de l'illusion nous trouvons la réalité spirituelle. Une illusion, c'est la façon dont apparaissent les choses si l'on n'y prend pas garde. Quand on se tourne vers Dieu, que i'on peut appeler aussi la Vérité, on met à nu la prétendue réalité de l'illusion mentale de la maladie et de la pénurie. La prière consiste en fait à rester calme et à écouter la voix de la Vérité: la Vérité est universelle; c'est ce qui a lieu vraiment c'est le seul pouvoir, et elle se révèle activement aux pensées et aux cœurs réceptifs. La Vérité dissipe les illusions. Elle se fraye un chemin vers la profonde réalité des choses et révèle que vous, moi-même et chacun d'entre nous, sommes tous spirituels. Ce n'est pas la prière cependant qui fait agir la Vérité: celle-ci est d'ores et déjà et à jamais à l'œuvre, et elle contrôle et dirige tout en permanence. Nos prières et nos paroles ne font qu'en témoigner.
Pouvez-vous nous en donner une illustration?
Oui, j'ai eu un cas un jour qui m'a bien montré que mes prières ne faisaient pas agir la Vérité. Je n'étais pas encore inscrite officiellement en qualité de praticienne, mais une femme qui m'avait dit avoir un cancer m'a demandé de l'aider. Je me suis donc mise à prier de la façon que nous venons d'évoquer. Elle m'appelait tous les jours au téléphone, mais à chaque fois elle me disait qu'elle se sentait de plus en plus mal.
Finalement, un jour, après avoir conduit les enfants à l'école, je me suis rendue dans un parking où je me suis garée car je ne pouvais plus supporter de l'entendre me dire à nouveau que son état empirait. C'est alors que me vint la pensée suivante: « Toutes ces vérités que tu as déclarées, tu ne les produis pas. La Vérité, elle, est déjà là. Tu peux avoir confiance. »
Quand je suis rentrée à la maison, je m'attendais à son appel, mais comme celui-ci ne venait pas, j'ai commencé à me faire du souci et je me suis demandé si, en n'étant pas là à l'heure habituelle, je l'avais négligée, ce qui n'était vraiment pas mon intention.
Elle m'a dit plus tard pourquoi elle n'avait pas appelé: en fait elle était sortie, pour la première fois depuis des semaines, pour déjeuner avec sa fille. Elle avait décidé que les concepts spirituels que nous avions affirmés ensemble étaient vrais, et qu'elle ferait bien d'agir en conséquence. Ce fut le point de départ de sa guérison, qui s'accomplit très rapidement.
La leçon que j'en ai tirée me sert encore maintenant. Quand je prie pour quelqu'un, je présente ce que je pense être « l'argument véridique », en opposition avec l'opinion selon laquelle le patient est malade ou qu'il se trouve dans quelque difficulté. Comme le déclare Mary Baker Eddy: « La Vérité est affirmative et confère l'harmonie. [...] C'est par les arguments véridiques que vous emploierez, et surtout par l'esprit de Vérité et d'Amour dont vous serez animés, que vous guérirez les malades. » (ibid., p. 418) Alors, si je me rends compte que je crois être celle qui va produire la guérison, je m'efface pour regarder la Vérité révéler l'harmonie.
Ces idées me rappellent une histoire à propos d'Einstein. Pendant l'éclipse de 1919, son ami, le physicien Max Planck était resté toute la nuit debout afin de voir si la lumière se comporterait conformément à leurs calculs. Einstein fit le commentaire suivant: « S'il avait réellement compris que la théorie générale de la relativité explique l'équivalence entre la masse interte et la masse gravitationnelle, il serait allé dormir, tout comme moi. » A. P. French, ed., Einstein: A Centenary Volume (Cambridge, Massachusetts: Harvard University Press, 1979), in Timothy Ferris, Coming of Age in the Milky Way (New-York: William Morrow and Cie, Inc., 1988), p. 204.
Merveilleux ! En effet la Vérité est présente, pratique; la Vérité est la réalité. C'est pourquoi vous pouvez avoir l'humilité de vous reposer avec confiance sur ce fait; vous n'êtes pas en train d'essayer mentalement de rendre les choses vraies. Vous avez prié, affirmant que la Vérité existe, et maintenant il vous est possible de vous effacer mentalement et d'être confiant dans le fait que Dieu est en train de prendre soin de tout.
Je souhaite avant tout que les patients aient autant le désir de mieux connaître Dieu que d'obtenir une guérison.
Il est important par ailleurs de garder à l'esprit que le traitement de la Christian Science n'est pas seulement scientifique, il relève aussi du Christ. Par Christ, j'entends le terme ou concept défini par Mary Baker Eddy de la façon suivante: « Le Christ est la vraie idée énonçant le bien, le message divin de Dieu aux hommes, parlant à la conscience humaine. » (Science et Santé, p. 332)
Le Christ n'est pas Jésus, c'est l'état d'esprit manifesté par Jésus, la pure conscience spirituelle, la clarté de la Vérité, qui lui ont donné la capacité de voir au travers des illusions du sens matériel, et de guérir. Ce pouvoir, ce message divin rempli de bien, est disponible pour chacun d'entre nous quelle que soit sa confession d'origine; il est antérieur à Jésus. Mary Baker Eddy résume cette idée ainsi: « Si la maladie est réelle, elle appartient à l'immortalité; si elle est vraie, elle fait partie de la Vérité. Tenteriez-vous, avec ou sans médicaments, de détruire une qualité ou une condition de la Vérité ? Mais si la maladie et le péché sont des illusions, à notre réveil de ce songe mortel, ou illusion, nous nous trouverons dans la santé, la sainteté et l'immortalité. Ce réveil est la venue éternelle du Christ, c'est le précurseur de la Vérité qui chasse l'erreur et guérit les malades. » (ibid., p. 230)
Qu'attendez-vous du patient ?
Je souhaite avant tout que les patients aient autant le désir de mieux connaître Dieu que d'obtenir une guérison. Je souhaite qu'ils en arrivent au point d'être reconnaissants pour la puissance et la totalité de Dieu, et pour tout ce qui peut les amener dans cette direction. Je leur dis souvent que ma part sera d'apporter les arguments véridiques, je nierai qu'ils soient séparés de Dieu un seul instant et j'affirmerai la toute présence du bien. Je nierai également qu'ils puissent avoir peur et affirmerai que l'Amour parfait est présent, chassant l'erreur. Leur rôle à eux, c'est d'être reconnaissants et de louer Dieu pour tout ce qui leur vient de bon à l'esprit, car c'est ce qui élève leur pensée vers la source du bien et les rend réceptifs au traitement. Ce peut être la chose la plus minime, comme d'avoir été capable de se lever le matin, ou bien d'avoir pris son petit déjeuner, etc., car ainsi la pensée s'élève réellement vers Dieu, la source de tout bien.
N'est-il pas capital de neutraliser la peur ? Comment vous y prenez-vous ?
La crainte est la cause de toute maladie et donc la première chose à traiter. Pour cela, Mary Baker Eddy nous fournit un outil puissant: « La Science dit à la crainte: “Tu es la cause de toute maladie; mais tu es une fausseté, constituée par toi-même; tu es ténèbres, néant. [...] Tu n'existes pas, et tu n'as aucun droit d'exister, car 'l'Amour parfait bannit la crainte'.” » (Rétrospection et introspection, p. 61)
L'Amour divin détruit la peur et il est impossible de séparer la Vérité et l'Amour, car ce sont tous deux des synonymes de Dieu. La Vérité, l'Amour, autrement dit Dieu, voilà ce qui guérit. Comme le dit Mary Baker Eddy, c'est « cette récognition de l'Amour infini qui seule confère le pouvoir guérisseur. » (Science et Santé, p. 366) Tout ce qui vit réellement est une preuve de l'Amour divin. La crainte n'a aucune existence et n'a aucun droit d'exister. Pas plus que la maladie.
Le praticien et le patient peuvent donc être reconnaissants et sans crainte, pour la bonne raison que l'Amour divin est réel et omnipotent. Dieu a la maîtrise de tout. Il me faut parfois éliminer ma propre crainte, mais cela m'arrive moins à présent. C'est tout l'avantage des années d'expérience. J'ai appris que se tourner vers l'Amour, l'Entendement ou Vérité que nous appelons Dieu, apporte la liberté: celle qui affranchit de la crainte, de l'inquiétude, de l'attente du mal, mais aussi la liberté d'être attentif à autrui et de faire le bien.
C'est donc en se tournant vers Dieu que le patient se libère de la maladie ?
En effet, mais je pense qu'il est important de se rappeler que la maladie ou d'autres difficultés ne sont pas des états qui existent réellement, mais des illusions dont le patient a besoin d'être délivré.
L'autre jour, j'ai lu l'affirmation suivante dans Science et Santé: « ... l'homme n'a jamais perdu son état spirituel ni son harmonie éternelle. » (p. 548) Pour moi cet état spirituel exclut le fait qu'il puisse exister une situation matérielle appelée maladie ou autre. L'état de chaque individu ne peut être que bon, car il ou elle est le reflet de Dieu, le bien, et il me semble nécessaire d'employer davantage le mot « bien » en relation avec Dieu.
Je pense que Dieu est le bien infini qui, bien sûr, est tout ce qui existe éternellement, et ce bien-là constitue la réalité. Dieu est bon, Il est la Vie même et l'Amour. Voilà à mon sens, ce qu'il faut absolument apprendre. Lorsque l'amour occupe notre cœur, nous reflétons Dieu. Ainsi que l'écrit Mary Baker Eddy « ... nul amour n'est aimable que l'Amour divin, nulle vie n'est Vie que la divine; nul bien n'existe, sauf le bien que Dieu accorde. » (ibid., p. 275)
Qu'en est-il des cas où la guérison prend plus de temps ? Priez-vous de façon différente dans ces circonstances ?
J'y ai beaucoup réfléchi et je peux dire que pour moi chaque appel d'une même personne est vraiment un nouveau cas. Certains prennent plus de temps, mais je m'efforce de les considérer comme un nouvel argument prétendant que Dieu est absent; je m'efforce de les voir avec une nouvelle inspiration et non comme une situation qui dure depuis longtemps. J'écoute ce que Dieu me dit le jour même concernant la perfection de Sa création, et concernant cette personne-là en particulier.
Une dernière pensée ?
Il est parfaitement naturel que les gens soient guéris et que l'on veuille être guéri par l'Esprit, car chaque individu est spirituel, non un être matériel. Nous ne sommes pas ce que nous semblons être, et lorsque nous plongerons mentalement sous la surface des choses, nous verrons qui nous sommes. Nous verrons la vérité à propos de notre identité: nous ne sommes pas des mortels de chair mais des immortels spirituels. Nous sommes les idées de Dieu.
Si une personne me demande de l'aide, c'est qu'elle a déjà une certaine perception de cette réalité.