Il y a plusieurs années, je suis partie en randonnée avec une amie, dans la Sierra Nevada, et nous sommes arrivées à l’un de nos lieux préférés: un lac à l’eau pure comme du cristal enserré dans une cuvette de granite.
Les nuages noirs qui s’étaient accumulés toute la journée s’assombrissaient rapidement, mais nous avons réussi à installer notre campement et à nous faire réchauffer un peu de soupe avant que l’orage n’éclate.
Il était plus sûr de ne pas rester sous les arbres, alors nous avons mis nos cirés, pris nos bols de soupe et grimpé tant bien que mal sur la crête de granite qui borde le lac. Nous craignions la foudre, et au premier éclair, je me suis rappelé les paroles rassurantes qu’on trouve dans Science et Santé concernant la foudre et les courants électriques: « ... en Science Chrétienne la vitesse de l’un et le choc de l’autre deviendront inoffensifs. » (p. 97) Je ne me souvenais pas du début de la phrase, et dès que nous avons été installées, j’ai fait part à Nancy, mon amie, de ce dont je me rappelais. Elle apprécie vraiment la logique des enseignements de la Christian Science, et n’a pas hésité à accepter l’idée spirituelle selon laquelle prendre conscience de la présence divine et faire confiance à Dieu rend un orage inoffensif. Et donc, avec l’assurance que le pouvoir de l’amour de Dieu nous protégeait, nous nous sommes assises tranquillement, captivées par le spectacle son et lumière que nous offrait la nature: un ciel noir et pourpre traversé par des éclairs et des coups de tonnerre sonores. Le bon sens nous avait éloignées des arbres, mais la compréhension spirituelle nous avait garanti le bien-être et la sécurité.
Peut-on imaginer que cette garantie de sécurité ne soit valable que pour une période limitée, réservée à certaines occasions ou à des groupes de gens privilégiés ? Si nous sommes tentés un jour d’entretenir de tels doutes, nous pouvons toujours nous reporter à la Bible qui affirme en de nombreux endroits que Dieu est un secours immédiat, comme dans ce passage qui, sûrement, est destiné à rassurer même les plus sceptiques: « Ne suis-je un Dieu que de près, dit l’Éternel, et ne suis-je pas aussi un Dieu de loin ?...Ne remplis-je pas, moi, les cieux et la terre ? ...» (Jér. 23:23, 24) Cela laisse peu de place au doute quant à la proximité de Dieu ! Notre Père-Mère guide, réconforte et informe chacun constamment. Comprendre Sa tendre miséricorde et Son amour constant est inhérent à chaque enfant de Dieu. Et nous cultivons et nous élargissons cette compréhension en nous associant constamment à Sa présence.
C’est exactement ce que fait une de mes amies toute la journée. Jessica passe l’été en Éthiopie où elle travaille avec la fondation Save the Children [Sauver les enfants], et nous conversons via Internet. Cette jeune femme m’a fait part, avec éloquence, de la vie difficile et des choix pénibles auxquels doivent faire face de nombreux habitants de ce pays. La plupart de leurs problèmes sont dus à une série de sécheresses qui ont sévi dans la région. Malheureusement, ces périodes de sécheresse ont été aggravées par le fait que l’acheminement de l’aide internationale était interrompu ou détourné en raison d’un manque d’infrastructure ou d’une mauvaise distribution.
Le bon sens nous avait éloignées des arbres, mais la compréhension spirituelle nous avait garanti le bien-être et la sécurité.
Alors comment prie-t-on pour la fin d’une sécheresse de cette ampleur et pour la découverte de solutions permettant de résoudre une terrible situation aggravée par l’incompétence humaine ? C’est le défi que doit relever mon amie chaque jour, en travaillant avec des gens, surtout des femmes et des enfants, qui souffrent de malnutrition. Et qu’en est-il de nous qui vivons dans un autre monde et qui sommes tentés de nous voir comme des spectateurs impuissants ? Est-il possible que la prière individuelle soit efficace sur une échelle mondiale ? En pensant à cela, je me rappelle que l’amour de Dieu est infini, non limité à un lieu.
Puis, je rencontre un autre obstacle: je trouve beaucoup plus facile de persister quand je prie pour un état ou une situation qui exige une solution immédiate (comme un orage en montagne) que d’être persévérante quand je prie pour un état ou une situation qui semble chronique et lointain (comme un cycle de sécheresses sur un autre continent).
En priant au sujet de ce dilemme, il m’est venu comme pensée libératrice cette affirmation globale: « Dieu est universel; Il n’est limité à aucun lieu, défini par aucun dogme, monopolisé par aucune secte. Pour tous sans distinction, Dieu est démontrable en tant que Vie, Vérité et Amour divins... »(Écrits divers, p.150) Pas de place pour les barrières mentales !
L’amour de Dieu est assez grand pour englober tous les phénomènes naturels, en fait le monde entier.
Pourtant, cet amour ne se transforme jamais en simple pitié. La tendance à s’apitoyer est l’un des défis que rencontrent Jessica et tous ceux qui côtoient quotidiennement la misère humaine. Qu’il est difficile de résister à la tentation de franchir la ligne qui sépare l’amour fraternel, l’amour spirituel, qui ouvre la porte à la reconnaissance de la présence divine dans le monde, autrement dit, au Christ, de la pitié, émotion humaine qui ouvre la porte aux croyances mortelles et à la crainte !
La Christian Science montre que nous traitons toujours la pensée la conscience. Et nous pouvons avoir la conviction que la prière est d’une grande efficacité pour changer le climat de la pensée. Quel est le climat de pensée dans des lieux où sévissent la sécheresse, la famine, la pénurie, la maladie ? Dans le livre de Joël, dans l’Ancien Testament, j’ai trouvé cette description de la sécheresse: « La vigne est confuse, le figuier languissant... Tous les arbres des champs sont flétris... La joie a cessé parmi les fils de l’homme ! » (1:12) Est-il possible de prier pour retrouver la joie ? Oui ! Quelle merveilleuse façon de mettre à profit sa faculté de penser ! Saint Paul place la joie parmi les fruits de l’Esprit et nous assure que « la loi n’est pas contre ces choses » (Gal. 5:23).
Quand je lis les récits de Jessica me décrivant sa vie dans une Éthiopie ravagée par la sécheresse, je suis remplie d’admiration pour le dévouement dont elle-même et d’autres personnes font preuve en aidant les enfants qu’elles rencontrent chaque jour. Et en priant pour savoir ce que je peux faire, je suis encouragée par cette promesse de la Bible qui montre que nous pouvons avoir la profonde certitude que Dieu gouverne Sa création et qu’Il n’a oublié aucun de Ses enfants: « L’Éternel sera toujours ton guide, il rassasiera ton âme dans les lieux arides, et il redonnera de la vigueur à tes membres; tu seras comme un jardin arrosé, comme une source dont les eaux ne tarissent pas. » (Ésaïe 58:11)