La discussion était très animée. Sur le plateau de télévision, des experts rivalisaient d’arguments.
Les interventions tournaient autour de la très mauvaise situation socio-économique de mon pays (la République démocratique du Congo): salaires impayés ou très modiques, pillage des ressources par l’élite du pays en complicité avec des pays étrangers et des sociétés multinationales, corruption généralisée des dirigeants politiques et enrichissement illicite de ces derniers.
Ce débat sur l’état de l’économie de mon pays n’était pas le premier. Dans les autobus, sur les campus universitaires, les places de marché, dans les clubs d’amis, au sein des familles, il est d’usage de parler des difficultés de transport, du manque d’argent pour payer le loyer du mois, pour envoyer les enfants à l’école, pour acheter de quoi manger.
Après un débat télévisé comme celui de l’autre soir, la question qui se pose est celle de savoir que faire. Rester passif, pleurer sur ses malheurs ? Se mettre en colère contre les coupables présumés ? Créer un nouveau parti politique ? Prendre les armes ? Prier ?
La dernière option – prier – me faisait sourire il y a de cela bien des années. En ce temps-là je pensais que prier pour trouver une solution à un problème était ridicule, une pure perte de temps. Ma rencontre avec la Christian Science à travers la lecture de Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy, m’a fait changer d’avis. En effet, ce livre aborde de front la question de la prière, à laquelle il consacre son premier chapitre. La découverte de la force de la prière m’a permis de voir les possibilités immenses que chaque individu a de participer activement à la solution de tout problème qui se pose, qu’il paraisse personnel, communautaire, national ou international.
La force de la prière est aussi clairement indiquée dans la Bible, où des personnages tels qu’Abraham, Moïse, Joseph, les prophètes, Jésus Christ, et les apôtres après lui, trouvèrent des solutions à des problèmes apparemment insolubles, en priant. Des récits comme celui de la multiplication des pains et des poissons par Jésus sont très instructifs. (Voir Matthieu 14:14–21)
Arrêtons-nous un instant sur ce récit. Jésus est face à une foule de 5000 hommes et d’innombrables femmes et enfants. Ils ont faim, la nuit va bientôt tomber et il n’y a pas de quoi se procurer de la nourriture dans les alentours. Comment la situation pourrait-elle être évaluée du point de vue d’un économiste moderne ? 5000 hommes représentent un marché non négligeable. A part le petit enfant, qui avait prévu la demande, et a apporté ses cinq pains et deux poissons aux disciples, on se demande pourquoi il y a eu un tel manque de bons sens et de préparation ! Peut-être qu’en guise de justification, il y aurait lieu de faire porter le blâme aux autorités romaines, puissance d’occupation, qui contrôlaient sûrement tout le circuit économique, ou au manque de prévoyance des disciples. Et que dire de la foule elle-même ? Pourquoi n’avait-elle pas pensé à apporter un peu de provisions, sachant bien que le lieu était désertique et le trajet épuisant ?
On se rend compte que Jésus n’avait aucune de ces considérations. Il ne condamna personne. Sa perception spirituelle le rendait conscient d’une toute autre réalité, celle de l’omniprésence de l’abondance divine, accessible à tous. Sa prière permit à tous de manger.
La perception spirituelle qu’avait Jésus, et qu’il enseigna inlassablement à ses disciples, est-elle pertinente aujourd’hui ? Peut-elle nous sauver d’un sentiment d’impuissance face aux difficultés économiques de tout ordre qui se présentent à nous ? A la page 170 de Science et Santé, Mary Baker Eddy pose la question suivante: « Jésus comprenait-il l’économie de l’homme moins bien que Graham ou Cutter ? [des diététiciens du XIXe siècle] » Elle ajoute: « Le meilleur interprète des besoins de l’homme a dit: “Ne vous mettez pas en souci, pour votre vie, de ce que vous mangerez ou de ce que vous boirez.” » Bien des gens, qui s’efforcent de suivre les traces de Jésus de nos jours, démontrent qu’il est possible de développer cette perception spirituelle et d’apprendre à ne pas « se mettre en souci ».
Dans l’univers créé par Dieu, les richesses sont les pensées divines.
En effet, une perception de la réalité spirituelle ouvre de larges horizons. A la base de cette perception se trouve la compréhension que l’univers créé par Dieu, qui est Esprit, ne saurait être autrement que spirituel. Dans cet univers, les richesses sont les pensées dont l’origine est divine; et par nature, les pensées sont inépuisables, infinies, et donc ne peuvent manquer. On entend dire que si j’ai un morceau de pain et que je le donne à un ami, l’ami a maintenant le pain et moi, j’en manque. Tandis que si j’ai une idée, et que je la partage avec cet ami, cette idée se multiplie. Une autre caractéristique des idées est qu’elles sont toujours disponibles et ne sont pas sujettes à un cycle de maturation saisonnier ou à des investissements financiers colossaux. En outre, les idées sont divines et sont la propriété de tous.
Chacun peut développer cette perception spirituelle, obéissant ainsi à l’injonction de Jésus: « Cherchez premièrement le royaume des cieux et sa justice. » (Matthieu 6:33) En communiant avec Dieu, en chérissant notre nature spirituelle, nous voyons se manifester les idées dont nous avons besoin, Dieu étant « l’Entendement qui entend tout et sait tout, qui connaît toujours chaque besoin de l’homme et y pourvoira ». (Science et Santé, p. 7)
Le problème du chômage est parmi ceux qui préoccupent le plus notre société. Un de mes amis a eu une expérience qui m’a conforté davantage dans le fait que la réalité spirituelle ne relève pas de l’utopie. A la fin de l’année 2001, suite à la restructuration de l’organisation où il travaillait, il s’est retrouvé sans emploi. Cet ami avait travaillé pendant près de 20 ans dans cette organisation et n’avait jamais pensé que les choses se termineraient de cette manière. Avec une grande famille à sa charge et des enfants à l’école, le défi était de taille. Mais des années d’étude de la Christian Science avaient développé en lui un sens de la réalité spirituelle. Il avait intériorisé le fait que Dieu, l’Esprit, l’Amour, était le seul employeur, et que son vrai travail était d’être fils de Son père, de refléter les qualités divines, dont la joie, l’amour, l’assurance, l’humilité, l’activité, etc. Il était conscient qu’il devait résister à la tentation de s’apitoyer sur son sort et de blâmer son ancienne organisation ou même l’économie de son pays. De même il ne se laissa pas aller aux critiques négatives qui fusaient de partout contre les autorités politiques pour leur mauvaise gestion du pays, ni contre les étrangers que l’on accusait de prédation. Plutôt, il priait pour recevoir des idées de Dieu, des idées enrichissantes. Lorsque l’inquiétude se présentait à sa pensée, il la chassait en s’appuyant sur ces paroles de Jésus Christ: « Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une coudée à la durée de sa vie ? » (Matth. 6:27) Il était clair pour lui que des inquiétudes ou des critiques négatives étaient plus que stériles. Elles ne pouvaient pas donner du pain à sa famille. Il savait que Dieu est Amour, et que l’Amour n’abandonne jamais Ses enfants. Un passage d’Ésaïe le réconfortait sans cesse: « Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle allaite ? N’at-elle pas pitié du fruit de ses entrailles ? Quand elle l’oublierait, moi je ne t’oublierai point. Voici je t’ai gravée sur mes mains. » (Ésaie 49:15, 16)
Peu de temps après, il eut l’idée de démarrer un petit élevage de poules. Mon ami refusa d’être « limité par son diplôme ». Son humilité lui permit de comprendre qu’un diplôme universitaire ne pouvait pas l’empêcher d’avoir un élevage qui pourvoierait aux besoins de sa famille. Mais suite à la concurrence des importations d’autres pays, son poulailler devint moins rentable, et il s’avéra nécessaire pour lui d’abandonner. Malgré le fait qu’il était confronté à ce qui semblait être une perte, il continua à comprendre que toutes les ressources sont en Dieu. Peu de temps après, sans effort de sa part, un autre ami l’appela pour lui dire simplement: « Apporte-moi ton CV. » Il le lui amena, et moins d’un mois après, il avait signé un contrat dans une autre organisation.
Comme cet exemple et bien d’autres le montrent, la perception spirituelle ouvre la porte de l’économie divine qui est à la portée de tous. Elle ne dépend pas du fait d’avoir un diplôme universitaire, d’être issu d’une famille riche, d’habiter une région du monde particulière, d’avoir des connaissances dans des milieux haut placés. Cette économie abondante est nôtre simplement de par notre qualité d’enfant de Dieu.