A l'âge de quatorze ans, j'ai vécu une expérience qui m'a beaucoup appris sur Dieu. Notre instituteur nous recommandait régulièrement d'aller dans la chapelle de l'école. Je savais que Dieu était Amour, mais c'était une torture pour moi d'y aller. Je ne supportais pas d'être dans ce lieu, même pendant deux minutes. Je ressentais quelque chose qui resemblait à de la peur, et je ne comprenais pas pourquoi.
Puis, un jour, à la sortie de l'école, j'ai vu un mendiant qui vendait des estampitas [des cartes illustrées] de saints catholiques. Elles avaient toutes trois petits points au recto. Le vendeur disait, d'une voix mystérieuse: « Si tu te concentres sur les points pendant une minute, puis si tu regardes un mur blanc, tu y verras l'image du saint projetée en grand. »
Je savais que ce n'était que l'effet d'une loi optique, mais j'ai acheté une estampita malgré tout. J'ai suivi les instructions de l'homme et j'ai vu l'image de sainte Thérèse projetée sur le mur. Cela ne m'a pas surpris, et je n'avais pas l'impression de prendre part à une expérience mystique, parce que, dans mon cours de physique, j'avais étudié la loi qui était à la base de cette illusion d'optique.
Le lendemain, je suis allé à la chapelle de l'école, comme d'habitude. Dès que je me suis mis à genoux, j'ai repensé à l'expérience du jour précédent. C'est alors que j'ai compris ce qui se passait. Le phénomène optique m'a fait comprendre pourquoi je me sentais mal à l'aise et craintif à l'église. J'étais un enfant très sociable, mais j'avais aussi un sens extrême de la compétition et j'étais égotiste. Ma mère m'avait enseigné que je devais être le meilleur en tout, le premier de la classe. Je dois dire que la personne que j'avais devant les yeux, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, c'était moi-même. C'était pour cela que je devais être silencieux et calme dans la petite chapelle. Ce qui était projeté dans ce lieu, c'était moi-même, démesurément aggrandi. C'était un « je » hypercritique envers les autres, rempli de vanité et de rancune, rempli de la peur de l'échec... Et c'était ce « monstre » énorme, devant lequel la peur me saisissait et qui me mettait mal à l'aise, que je prenais pour Dieu.
Ce matin-là, mon expérience optique a résolu la contradiction qui existait entre ma peur et le fait que je savais que Dieu était Amour et Père. Dès cet instant, je n'ai plus eu peur de Dieu. A partir de ce jour-là, chaque fois que je voyais ou que je ressentais quelque chose de négatif, je savais que cela n'avait rien à voir avec Dieu.
Depuis l'adolescence, j'aspirais à aider les gens. Quand j'ai eu dix-huit ans, j'ai décidé que, puisqu'il n'était pas possible de faire de la politique, en raison du régime dictatorial de mon pays, la meilleure façon de réaliser mon idéal, c'était de devenir prêtre jésuite, même si être éloigné du monde et soumis à des règles n'était pas le genre d'existence qui me plaisait ni celle que mes amis estimaient me convenir. Quand j'ai pris cette décision, tous les gens qui me connaissaient ont cru à l'une de ces farces dont j'avais l'habitude. Cependant, j'ai pris cet engagement très au sérieux, et j'ai fini par atteindre mon but.
J'ai toujours pensé qu'aller à la plage simplement pour se tremper les pieds est absurde. Il faut entrer dans l'eau complètement, pas petit à petit. Quand j'étais prêtre, j'ai essayé de faire la même chose. C'est pour cela que j'avais choisi l'ordre de la Société de Jésus. Cet ordre est le plus discipliné et le plus ouvert aux progrès technologiques et culturels. Au sein de cet ordre, j'ai essayé de vivre l'évangile de manière sincère et radicale, de tout mon cœur. Toutefois, ce combat pour atteindre la perfection me laissait fréquemment en proie à la frustration. J'étais conscient de mes défauts, mais j'étais aussi surpris par mon arrogance quand je réussissais.
Un jour, j'ai prié de tout mon cœur, en demandant à Dieu de me donner un signe.
J'ai consacré trente ans de ma vie à la vie religieuse, dont vingt comme prêtre jésuite. Pendant cette période, j'ai étudié de nombreuses matières. J'ai enseigné la philosophie, la littérature et la biologie dans un lycée. J'ai exercé de nombreuses professions et j'ai eu diverses responsabilités au cours des années, notamment j'ai enseigné en faculté, j'ai fondé une station de radio aux Iles Canaries et j'ai écrit pour des journaux locaux. J'ai aussi été curé dans divers endroits.
Je m'efforçais de tout accomplir du mieux que je pouvais, mais malgré cela je n'étais pas heureux.
Étant théologien, j'ai étudié les sacrements en profondeur. C'est cette étude qui m'a révélé que le véritable but de la prêtrise, et par conséquent de tout rôle de leader dans une communauté, n'était pas assez fondé sur la Bible. J'ai compris que c'est parmi les fidèles, au sein de l'église, que résident le caractère et le rôle de la prêtrise. J'ai commencé à me sentir en conflit avec mon rôle de prêtre. Et lorsque j'ai eu la certitude que mon mobile n'était pas de fuir mes responsabilités ni la crainte de devoir faire face à de plus grandes exigences spirituelles, j'ai abandonné ce travail qui avait été toute ma vie.
J'ai alors été psychologue et chef du personnel d'une multinationale. Je pensais que ma nouvelle occupation me permettrait d'aider les employés de la compagnie. Et au début ce fut bien le cas. Mais au bout de trois ans, le directeur est venu me dire que, pour réduire les coûts, j'allais devoir licencier un grand nombre de gens. Je trouvais cette décision très injuste. Alors, après un terrible combat intérieur, je n'ai renvoyé qu'une seule personne, moi-même. Pendant cette période, j'avais continué à beaucoup étudier de nombreux traitements médicaux et naturels et j'avais aussi fait d'autres recherches.
Quelle serait la prochaine étape ? Quand j'étais prêtre, j'avais toujours aimé aider les gens malades. Pour moi, une personne formait toujours une unité, et je comprenais que toutes les maladies étaient psychosomatiques. Je n'avais jamais accepté que la maladie provienne d'une bactérie ou d'un virus. Je trouvais extraordinaire le rapport que Jésus établissait entre la maladie et le péché. Quand Jésus restaurait la sainteté, la santé était immédiatement retrouvée. C'est pour cela que j'aurais aimé être appelé auprès des malades au début de la maladie, afin d'apporter la paix au patient et de l'aider à guérir grâce à la vérité évangélique. Mais dans mon pays, les gens pensent que lorsqu'un prêtre rend visite à un malade, la fin est proche. Ce qui fait que la terreur vient s'ajouter alors à la maladie. J'allais donc toujours au chevet d'un malade comme un médecin légiste, plutôt pour confirmer un décès que pour aider un vivant. J'avais l'impression d'être un messager de la mort, non un messager de la vie. Et à mes yeux, c'était une cruelle contradiction.
Pour toutes ces raisons, après avoir quitté la multinationale, et dans le but de continuer à servir mon prochain, je suis devenu naturopathe [la naturopathie se rapproche de l'homéopathie]. Cela me plaisait beaucoup. J'ai découvert que l'aspect le plus important du traitement, c'était l'interaction personnelle que j'avais avec le patient. Souvent, les patients me disaient qu'ils n'avaient pas pris ce que je leur avais prescrit, mais qu'ils allaient mieux simplement par le fait de m'avoir parlé.
J'avais de nombreux patients. Je me suis marié et tout allait bien. J'avais de l'argent, une carrière prestigieuse, une maison en ville et une autre à la campagne, comme j'en avais toujours rêvé. Pourtant, je n'en disais rien à personne, mais j'étais profondément déprimé. Quelle était la cause de ma souffrance ? Je sentais que la réponse et la solution étaient en Dieu. Quel plan avait-Il pour moi ?
Un jour, j'ai prié de tout mon cœur, en demandant à Dieu de me donner un signe. Deux jours plus tard, j'ai vu une petite affichette toute simple au milieu de nombreuses autres, plus grandes et en couleurs, sur le mur d'une herboristerie. C'était une invitation à une causerie sur la Christian Science.
D'habitude, je n'aurais pas fait attention à une annonce comme celle-là. Mais ce jour-là, je me suis dit que cela devait être un signe de Dieu. Sans rien dire à personne, je me suis rendu à la conférence. Bien que la conférence ait été en espagnol, j'ai constaté, à ma grande surprise, que la plupart des gens qui y assistaient ne parlaient pas ma langue. Je me suis assis au premier rang afin de ne pas être distrait et de pouvoir bien écouter la causerie. Dix minutes plus tard, je me suis rendu compte que j'étais le seul dans la pièce qui n'était pas scientiste chrétien et qui parlait espagnol. A partir de là, j'ai vraiment eu le sentiment que cette conférence m'était destinée en particulier. Je me suis dit que le conférencier n'aurait pas fait tout ce chemin depuis l'Amérique du Sud pour ne s'adresser à personne. Je ne me souviens pas exactement de ce qu'il a dit, mais je sais que la conférence a éveillé en moi un grand intérêt pour le livre qu'elle mentionnait, Science et Santé avec la Clef des Écritures, et pour son auteur, Mary Baker Eddy. Cela me suffisait. A la fin de la causerie, j'ai acheté Science et Santé.
J'avais une sensation de proximité par rapport à Dieu, que je n'avais jamais sentie auparavant.
Ce soir-là, j'ai passé des heures à le lire. J'avais la douce impression d'avoir déjà lu tout cela. C'était comme si les idées de ce livre avaient toujours été dans mon cœur. Et de voir ces idées écrites noir sur blanc m'a beaucoup réconforté. Je me suis rendu compte que chaque étape de ma vie m'avait mené jusqu'à ce moment. La dépression avait disparu. Je me sentais en paix avec Dieu, d'une façon très particulière. J'avais une sensation de proximité par rapport à Dieu que je n'avais jamais sentie auparavant. J'ai compris que la solution de mes efforts prométhéens pour être parfait n'était pas une question de volonté personnelle, mais d'acceptation de la vérité concernant Dieu et mon être réel.
Cela se passait en mai 2000. J'ai refermé le livre. J'avais besoin de digérer ce que je venais de lire. Je partais en vacances en août et j'ai décidé d'étudier le livre plus en détail à ce moment-là. Mais je n'ai pas eu le droit d'attendre. J'ai dû m'en servir immédiatement. Laly, ma femme, est tombée très malade, et bientôt elle entrait à l'hôpital. Son état était extrêmement grave. Il a été déterminé qu'elle était atteinte d'un cancer des poumons et des ovaires. (Voir son témoignage, p. 25.) Les médecins m'ont dit qu'elle ne survivrait probablement pas. Nous avons alors décidé que tout ce que nous pouvions faire, c'était de mettre la Christian Science en pratique. Nous avions déjà parlé ensemble des idées du livre, mais à présent l'urgence de la situation rendait la décision vitale.
Les six mois qui ont suivi ont consisté en des prières et en une étude intenses. Pendant ce temps, je continuais à m'occuper de mes patients, mais d'une autre façon. Je leur parlais de la Christian Science et je leur fournissais même le numéro de téléphone d'un praticien de la Christian Science. La plupart me demandaient de prier pour eux. C'est ainsi que j'ai abandonné ma profession de naturopathe. Je désirais toujours aider les autres, cela n'avait pas changé. Mais à présent je disposais de la meilleure médecine pour être vraiment utile: la Christian Science.
Le diagnostic était tombé en août 2000, et en février 2001 ma femme était complètement guérie. Deux mois plus tard, j'ai participé à l'organisation d'une causerie sur la Christian Science à laquelle 75 personnes ont assisté. 68 d'entre elles étaient d'anciens patients que j'avais soignés. A présent, ils lisent Science et Santé et aujourd'hui presque tous pratiquent la Christian Science.
Après cela, ma femme et moi sommes devenus membres de L'Église Mère à Boston et d'une église filiale. Aujourd'hui, mon existence gravite exclusivement autour de la Christian Science. Je suis praticien de la Christian Science et je prends soin de mes patients en leur donnant des traitements spirituels tels qu'ils sont décrits dans Science et Santé. Dans ma pratique, j'ai eu des preuves extraordinaires du pouvoir de la Christian Science notamment des guérisons de tumeurs de la prostate, de crises d'asthme, d'un cancer du sein (tous diagnostiqués médicalement) et de bien d'autres difficultés.
La Christian Science m'a finalement apporté non seulement la paix et la joie que je cherchais depuis de si nombreuses années, mais elle m'a aussi permis en particulier de me reposer vraiment malgré l'énorme quantité de travail que j'ai. Je n'ai plus besoin de bâtir ma propre perfection ni celle des autres. J'ai simplement besoin d'en prendre conscience et de l'apprécier. C'est la base de ma pratique de la Christian Science. Ainsi que Mary Baker Eddy l'écrivit à un élève: « La Christian Science est absolue. [...] A moins que vous ne perceviez pleinement que vous êtes l'enfant de Dieu, que vous êtes donc parfait, vous n'aurez ni Principe à démontrer ni règle pour le démontrer. » (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 242)
C'est ce que je recherchais depuis toujours.